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Citations sur L'ivrogne et la marchande de fleurs : Autopsie d'un m.. (31)

" Je voudrais vous nommer toutes par votre nom,
Mais ils ont pris la liste. À qui poser les questions ? "

Anna Akhmatova, "Requiem".
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Le 30 octobre 2007, à l'occasion du Jour du souvenir des victimes des répressions politiques et du 70e anniversaire de la Grande Terreur, l'association Mémorial a dressé un constat alarmant sur le silence qui, dans la Russie d'aujourd'hui, tend à effacer, une fois encore, le souvenir de ce massacre de masse. La « face sombre » du stalinisme s'efface de plus en plus pour laisser place à une vision « positive » de la période stalinienne, au cours de laquelle, conduit par un « manager efficace », l'URSS est devenu un grand pays industriel et une puissance militaire de premier plan. Aujourd'hui comme hier la victoire de 1945 efface le crime de masse de 1937-1938.
Il est indispensable, affirme Mémorial dans son manifeste 1937 et le Présent, « de lever toutes les restrictions d'accès aux documents d'archives traitant de la Grande Terreur ; d'éclairer largement ce crime de masse dans les manuels scolaires ; de rechercher activement les lieux de massacres et d'y ériger des mémoriaux à la mémoire des victimes ; d'ouvrir un musée national consacré à la violence de l’État Totalitaire ; d'édifier enfin, à l'initiative et sous la responsabilité de l’État, un grand monument national à toutes victimes des répressions de masse. (…) La Grande Terreur n'est pas seulement un événement majeur de l'histoire soviétique, c'est un événement majeur de l'histoire mondiale. Le Goulag, la Kolyma, 1937 sont, comme Auschwitz et Hiroshima, des symboles universels du XXe siècle. »
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Avant de clore ce rappel des politiques répressives mises en œuvre dans les années précédant la Grande Terreur contre un certain nombre de catégories d'individus stigmatisés, qui constitueront précisément les principaux groupes cibles des « opérations de masse » de 1937-1938, il me paraît opportun de revenir sur la question de la relation entre la Grande Famine de 1932-1933 et la Grande Terreur de 1937-1938. La relation entre ces deux plus grands crimes de masse soviétiques est complexe, indirecte, mais indéniable. Les famines, résultats des politiques d'inspiration idéologique mises en œuvre depuis fin 1929, collectivisation forcée, dékoulakisation, imposition du système kolkhozien, prélèvements démesurés sur les récoltes et le cheptel, intentionnellement aggravées, instrumentalisées et amplifiées dans le cas ukrainien pour briser la résistance nationale-paysanne ukrainienne, ont été un facteur majeur et déterminant de la brutalisation des rapports entre l’État stalinien et la société. L'arme de la faim fut une redoutable arme de guerre utilisée par le régime pour briser la résistance d'une partie de la société paysanne, ressentie comme ennemie et traitée comme telle. Expression extrême de violence et de régression, ces « man-made famines » (Cf James Mace) sans précédent dans l'histoire ont repoussé les limites du « possible », brisé des tabous – il suffit de penser à l'extension du cannibalisme et de la nécrophagie dans les campagnes affamées -, assuré une sorte de « sélection naturelle » d'un personnel politique et policier qui sera l'agent de la radicalisation paroxystique de la Grande Terreur. Totalement niée par le régime, la famine a aussi été un jalon majeur sur la voie de la fictionnalisation du discours politique.
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Déjà avant la guerre, il n’existait sans doute à Leningrad pas une seule famille qui n’ait perdu un proche dans la Grande Terreur. Chacun devait pleurer un proche, mais il fallait pleurer en cachette. Personne ne devait être au courant. Chacun avait peur. L’homme était devenu un loup pour l’homme (…) Puis vint la guerre. La douleur de chacun se transforma en une douleur universelle. On pouvait enfin parler de sa douleur, on pouvait pleurer sans se cacher, pleurer les morts et les disparus. On n’avait plus besoin d’avoir peur des larmes. »
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(extrait d'un entretien avec Molotov)

"1937 était indispensable. Depuis la Révolution nous n'avons cessé de combattre et de se battre, grâce à quoi on avait vaincu. Néanmoins les restes défaits de nos ennemis n'étaient pas morts et, encouragés par la menace de l'agression fasciste, ils pouvaient encore rassembler leurs forces. Grâce à 1937 nous n'avons pas eu de 5e colonne pendant la guerre.
Je ne pense pas qu'il fallait réhabiliter tous ces militaires réprimés en 1937. Sans doute ces gens n'étaient pas tous des espions, mais ils avaient assurément des contacts avec les services de renseignement étrangers, et – c'est là le principal -en cas de danger on ne pouvait compter sur eux.
Iejov avait bien commencé à travailler, à couper selon le plan, et puis il a commencé à en faire trop, on ne pouvait plus l'arrêter ! Staline avait parfaitement raison : coupe quelques têtes en trop, mais au moins il n'y aurait pas de flottement pendant la guerre, ni après !"
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À partir de la guerre d'Espagne, Staline a la perception aiguë du danger imminent d'un conflit international auquel l'URSS ne pourrait se soustraire. En novembre 1936 l'Allemagne, l'Italie et le Japon signent le « pacte anti-komintern », clairement dirigé contre l'URSS. Durant l'été 1937, le Japon attaque la Chine. La perspective, de plus en plus probable, d'une nouvelle guerre mondiale rappelle à Staline l'une des grandes leçons politiques léguées par Lénine : le rôle profondément déstabilisateur de toute guerre pour un régime politique, et la nécessité d'éliminer à l'avance tous les « ennemis intérieurs ».
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Lors de son "Rapport secret" prononcé dans la nuit du 24 au 25 février 1956 devant les délégués du XXe Congrès, Khrouchtchev n'évoque que les "purges" des dirigeants et des cadres politiques, économiques et militaires de la nomenklatura communiste, passant totalement sous silence les "opérations de masse", auxquelles, nous avons vu, il avait pris, comme tous les hauts responsables du Parti et du NKVD, une part active. En circonscrivant le champ des répressions aux seuls dirigeants communistes, victime de la dictature personnelle de Staline, le "Rapport secret" éludait la question cruciale : celle de la responsabilité du Parti, dans son ensemble, dans la mise en œuvre du plus grand massacre d’État jamais mis en œuvre en temps de paix.
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il me donna un chiffre minimal d’individus à arrêter dans un premier temps. Quand je lui fis remarquer que dans le cours de l’instruction, on risquait d’avoir du mal à alimenter l’accusation d’espionnage, Petrov me dit : Faites ainsi : écrivez vous-même le protocole, imaginez en fonction du lieu où travaillait l’individu le type d’espionnage qu’il pouvait faire, ou bien incriminez-lui des actes de diversion. Allez-y, ne craignez rien, nous ne serons pas regardants. Si l’individu ne veut pas signer le protocole, battez-le jusqu’à ce qu’il signe.
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« L’instructeur me présenta un protocole d’interrogatoire déjà tout prêt à signer, dans lequel il était écrit que j’avais reconnu avoir communiqué à des agents des services étrangers des renseignements sur la production des divers ateliers de l’usine no 46 où j’avais travaillé en 1935. L’instructeur ne me laissa pas continuer la lecture en me disant : à quoi bon continuer, ça vous fera peur. Quand je lui dis que tout ceci n’était qu’un tissu de mensonges, il me répondit : nous le savons bien au NKVD et nous n’avons rien contre vous personnellement, mais il faut que vous signiez le protocole, vous n’y échapperez pas, vous êtes arrêtée tout simplement parce que vous êtes d’origine polonaise et que nous devons remplir la ligne. »
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« Mes mains sont dans le sang jusqu’aux coudes, et c’est bien ainsi que je vais m’illustrer dans notre district », déclarait, non sans fierté, devant ses subordonnés un responsable de district au début de 1938.
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