D'Edith Wharton, je n'avais lu que
le Temps de l'innocence qui m'avait beaucoup plu, et m'avait donné envie de découvrir d'autres ouvrages de cet auteur. Puis j'ai découvert par hasard
La Récompense d'une mère, et me suis plongé dedans. Et quel bijou que ce récit ! Sobriété, pureté et douceur, telles sont les qualités qui caractérisent la plume d'Edith Wharton qui fut la première femme dont un roman fut récompensé par le prestigieux prix Pulitzer. Dans
La Récompense d'une mère, nous découvrons Kate Clephane, mondaine déchue vivant dans une petite chambre d'hôtel sur la Riviera. Kate a vécu, a aimé, a joué, puis s'est lassée. L'Américaine s'interroge sur la vie de tumulte qu'elle a menée jusqu'à présent, alors que les remords lui étreignent le coeur. Puis, pareil à une étoile filante, un télégramme porteur d'une nouvelle inespérée vient chambouler la monotonie de Kate qui quitte l'Europe pour regagner le nouveau continent. En effet, dans sa jeunesse, Kate a eu une fille qu'elle a abandonnée pour des raisons fuligineuses, et qu'elle n'a jamais connue, et qui lui tend les bras. Mais à son arrivée, Kate doit affronter les démons d'un passé qu'elle croyait avoir ensevelis sous les amusements de sa folle vie passée en France. Voilà un roman très court qui vous heurte de plein fouet lorsque vous le lisez : je ne me suis pas ennuyé un seul instant. A bien des égards,
La Récompense d'une mère présente quelques similitudes avec
Gatsby le magnifique de
F. Scott Fitzgerald : tout comme Gatsby, Kate tente de reconquérir un passé révolu qu'elle ne peut pas modifier ; elle veut réécrire son histoire. Je n'ai jamais lu un roman qui démontre avec tant de cruauté combien le mensonge est destructeur dans une famille. J'étais parfois si saisis par certains passages que je frémissais en lisant les dialogues relatifs aux confrontation entre Kate et Anne. L'ouvrage illustre également l'éternel fossé entre les générations, dans un microcosme exclusif qu'est la bonne bourgeoisie de New York, qui s'agrippe désespérément à un univers de pacotille. J'aime beaucoup le personnage de Kate qui est une héroïne tragique, hardie et intrépide, du fait de son parcours hors-norme. D'autre part, le roman se présente à mes yeux comme un éloge de la solitude, car cette dernière est un véritable refuge pour Kate.
Edith Wharton critique le vernis des convenances qui poussent souvent les hommes à escamoter l'authenticité, au profit du paraître.