Le bikini de diamants (Fantasia chez les ploucs)

RÉCOMPENSE !!

FILLE NUE PERDUE DANS LES MARAIS !!

RÉCOMPENSE ! 500$ DE RÉCOMPENSE !

MLLE CHOO-CHOO CAROLINE, CÉLÈBRE DANSEUSE EXOTIQUE, PERDUE

Cinq cents dollars en liquide seront versés contre le retour en bonne santé de Mlle Choo-Choo Caroline, stripteaseuse de renommée mondiale, perdue dans la vallée sauvage à l'arrière du terrain de la ferme Noonan, à huit kilomètres au sud de la ville de Jerome, dans le comté de Blossom.
Mlle Caroline a disparu depuis cinq heures de l'après-midi, ce mardi, quand elle a été surprise et attaquée à l'arme à feu par des gangsters pendant qu'elle nageait, vêtue d'un simple bikini en diamants. Elle est parvenue à s'échapper dans les bois alentour mais risque de souffrir rapidement du froid, compte tenu de son absence de vêtements.

Description de la victime :
Poitrine : 92
Taille : 60
Hanches : 91

Élue trois fois reine de beauté, star de natation synchronisée à seize ans, ex-mannequin. Reine du Festival de Ski Nautique en 1955. Adorable brunette d'une beauté à couper le souffle, yeux bleus profonds et cheveux noir de jais. Dix-neuf ans. Bronzage parfaitement doré sur tout le corps. Reconnaissable à son tatouage de plante grimpante sur le sein droit, agrémenté d'une petite rose au centre.

AIDEZ-NOUS À RETROUVER CETTE JEUNE FILLE, S'IL VOUS PLAÎT !

Pop mâchonnait son crayon.
— Hmm ! Vingt-deux ans… il a dit comme s’il parlait tout seul. Non. On va plutôt dire dix-neuf ans. Ça nous ramènera des chercheurs plus sportifs. Bon. Elle est sur quel sein, sa plante grimpante ?
— Sur çui de droite, j’ai dit en attrapant d’autres lettres. Et juste au milieu, y a une petite rose…
— Bon Dieu, Billy… il a fait en essuyant la sueur sur son front. Peu importe. (Il a soupiré et a continué à marmonner.) Une rose grimpante – un bronzage doré sur tout le corps – les hanches – bon Dieu, si j’arrête pas de lire ce que je suis en train d’écrire, je vais me retrouver dans la vallée à la chercher moi-même.

— Hmm, il a fait. Elles sont pas vilaines, les poulettes qu’il a ramassées. Y pourront pas résister. Tu sais, fiston, j’ai eu l’occasion de voir des sacrés organisateurs dans ma vie, mais il est de loin le meilleur.
— Qui ça ? j’ai demandé.
— Qui ça ? Mais qui d’autre que ton oncle Sagamore. Fiston, te laisse jamais avoir par son numéro, les pieds nus, la salopette et tout, c’est un génie. Le seul, le véritable et l’unique génie que j’aie jamais croisé. Ça fait un bail que je l’regarde fonctionner, et il a un sacré coup de main. Ça sert à rien de s’entraîner, faut être né avec. Le bon vieux Barnum aurait jamais pu organiser cette foire aussi bien que l’a fait Sagamore.

Williams nous parle de ces « pauvres blancs » du Sud, du contraste entre la ville et la campagne, reprenant à son compte le poème de William Cowper « Dieu a créé la campagne, l'homme a créé la ville », en y ajoutant le complément du Révérend Vernon McGee : « Et le diable créa la petite ville de province. » (François Guérif)

- Mais peut-être que si j'arrive à les convaincre qu'ils se sont fait entuber par ce vieux gredin, qu'il les a poussés à dépenser leur argent et se mettre leurs femmes à dos...

- Vous croyez que vous pourriez y arriver? a demandé Booger en montrant un peu d'intérêt pour la première fois.

- Je peux essayer, ça c'est sûr. Ils doivent tous commencer à se demander pourquoi une armée entière d'hommes a pas réussi à retrouver une fille dans un terrain de cette taille.

- Mais enfin, a dit Otis avec un sourire rudement mauvais, on peut pas faire une chose pareille. Ils risqueraient de le lyncher.

- Oh, bien sûr que non, a dit le shérif. Comment qu'y pourraient ? On est quatre agents de police pour le protéger, et y sont à peine huit mille en face.

Faut pas rigoler, avec le Texas. Y a pas de champ de courses à mille cinq cents kilomètres à la ronde. Si un type tombait en panne d’essence en plein milieu, il serait peut-être obligé de trouver un travail ou un truc dans le genre. C’est vraiment pas un coin sûr.

— Eh bien, m’sieur, c’est rudement sympa de la part du shérif, ça, a dit l’oncle Sagamore avant de regarder Pop. C’est exactement ce que je te disais, Sam. Y a tout un tas de foutus politiciens à gros bide qui restent assis sur leur gros derrière dans les tribunaux, les deux mains dans les poches des contribuables et qui font rien pour gagner leur argent. Mais les gars du shérif, là, c’est différent. Regarde-les, comment qu’y protègent le pauvre contribuable, c’est comme ça qu’ça devrait être, ils sont là à surveiller les avions et les feux d’forêt, et y s’inquiètent de la typhoïde et y r’gardent dans leurs jumelles pour être sûrs qu’il tombe pas ou qu’il meure pas d’insolation pendant qu’il trime du lever au coucher du soleil pour payer ses impôts et remplir leur frigo. Ça rend un homme sacrément fier, de savoir qu’y a des types pour faire du bon boulot comme ça. Alors les gars, allez-y, puisez un seau de mon eau et je vais aller voir si je peux pas vous trouver un vieux bocal de confiote ou quèquechose comme ça pour l’y mett’ dedans.

Ma boisson préférére, il dit, c'est la solution de tannage au vieux Sagamore !

Mlle Harrington ? Oh, c’est elle qui avait la plante grimpante dont on a fait tout un foin. Vous vous en souvenez sûrement. C’était dans tous les journaux. Une plante tatouée avec des petites feuilles bleues qui s’enroulaient autour de son sein comme un sentier qui grimpe sur une colline, et il y avait une fleur toute rose en plein milieu. Pop m’avait engueulé parce que je lui en avais pas parlé plus tôt, mais crotte à la fin, comment j’étais censé savoir que tout le monde navait pas un tatouage comme ça ?

Fiston, il me dit, quand tu seras grand, souviens toi que c’est Murph qui a été le premier à te le dire. Me dire quoi? Que c’est un génie. , le seul, l’unique génie qu’il m’ait été donné de voir.