La conversation était ensorcelante, non par son contenu mais par la cadence des paroles, par le rythme dans lequel nous retombions lorsque nous nous retrouvions seuls, ce jour-là comme par le passé. Toute conversation entre amants ou amis crée ses propres rythmes naturels ou forcés, une conversation cachée courant comme une rivière souterraine sous l'échange le plus ordinaire.
Le Spin, à son arrivée, a dû lui sembler une monstrueuse justification de la manière dont Jason voyait le monde… d’autant plus que le phénomène obsédait son frère. Il existait manifestement une autre forme de vie intelligente dans la galaxie, et tout aussi manifestement, elle ne ressemblait en rien à la nôtre. Elle était d’une puissance immense, d’une patience terrifiante et d’une indifférence totale envers la terreur qu’elle avait infligée à notre monde.
Notre génération, à Jason et à moi, était peut-être condamnée, mais ce ne serait ni la sclérose en plaques, ni la maladie de Parkinson, ni le diabète, ni le cancer du poumon, ni l’artériosclérose, ni la maladie d’Alzheimer qui nous tueraient. La dernière génération du monde industrialisé serait sans doute la mieux portante.
Je lui ai dit que les noms ressemblaient aux habits : soit on les portait, soit c’est eux qui vous portaient. « Ah vraiment, Tyler Dupree ? » a-t-elle répliqué, et j’ai souri d’un air penaud.
Nous allons terraformer et coloniser Mars, avait dit mon ami Jason, et il ne souffrait pas de délire... du moins, pas plus que les dizaines de personnes intelligentes et puissantes qui semblaient partager sa conviction.
We're all born strangers to ourselves and each other, and we're seldom formally introduced. (p.343)