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Suite des aventures de Franz, avec pas mal de flash-backs sur sa vie et celle de ses proches, et sur les événements dont la maison a été témoin au cours des décennies précédentes. Donc des redites par rapport au premier volet, 'Abraham & fils'.
Nous sommes à la fin des années 60, Franz est au lycée et doit choisir son orientation. Pour certains, il va de soi qu'il sera médecin, comme papa. Mais grand lecteur, il se verrait bien devenir écrivain, lui. Dilemme !

On retrouve dans cette série et cet opus en particulier les thèmes de prédilection de Martin Winckler : cinéma, séries TV, littérature (SF et BD notamment), amour filial/parental et amitié, approches éducative et thérapeutique respectueuses basées sur l'écoute, tolérance, lutte contre les préjugés racistes et homophobes... Et bien sûr : gynécologie, droit des femmes, contraception, avortement.

Le récit est foisonnant, la construction foutraque (on se demande fréquemment qui est le narrateur), on ne voit pas très bien pourquoi tous ces témoignages sont compilés, et la surprise finale n'apporte pas grand chose, mais ça n'en était pas vraiment une pour moi, 'grâce' à un spoil sur Amaz*n, dès les premiers mots d'un billet - merci encore, p***** de b***** de m****... 😒
Le ton est souvent mièvre et les personnages sont trop manichéens - défauts que je n'avais pas constatés dans les autres textes de l'auteur, ou bien que j'ai oubliés.
Un peu trop d'effets de manche aussi pour ménager artificiellement un suspense et nous inciter à poursuivre cette lecture et celle des ouvrages suivants. Ça m'agace d'être tirée par la manche comme ça.

J'ai passé malgré tout de bons moments de lecture parce que Martin Winckler a toujours plein de choses à nous dire pour nous ouvrir l'esprit et il le fait très bien, même s'il dilue trop.
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On est en plein mai 1968. On retrouve toute la petite famille FARKAS. Chaque membre de la famille est raconté par Franz ainsi que l'âme de la Maison de Tilliers. Franz, Jeune ado, complexé par son acné, continue à observer les uns et les autres, ainsi que lui-même.

Comme pour le premier opus, j'ai aimé cette histoire, qui me rend nostalgique, bien que je sois trop petite à l'époque de mai 68. Mais le contexte, l'ambiance, les questionnements, tout me reporte à ma jeunesse. D'accord, la vie n'était pas facile à l'époque mais il y avait tellement d'espérance, de possibilité. Les gens étaient moins déprimés et savaient profiter du moindre moment de plaisir. Ils étaient beaucoup plus insouciants.

Martin WINCKLER réussit à décrire cette époque avec brio, sans rien cacher des problèmes de l'époque, notamment les rapports avec l'Algérie. Cependant, j'ai trouvé des redites En cela, je rejoins la critique de Canel. Notamment, en ce qui concerne le coma de Franz. Et je trouve Franz un peu trop mature et trop sage. Bien sûr Martin WINCKLER est plein d'humanité envers tous ses personnages et notamment les femmes.

Un bon moment tendre que je vous recommande.
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Le scenario imaginé par Martin Winckler pour raconter les Histoires de Franz est particulièrement original, il faut parvenir à la fin de la lecture pour découvrir qui est cette Alice Asher qui doit assembler les dossiers jaunes et les bleus, parmi lesquels celui que Franz a constitué , mais à quelles fins ?
L'intrigue s'est quelque peu essoufflée ce qui rend la lecture un peu moins captivante mais les personnages attachants sont animés et donnent vie au récit .
Il y a beaucoup d'éléments autobiographiques dans ce roman, comme d'ailleurs le précédent. L'Algérie est prégnante, floue par rapport aux souvenirs de Franz qui ne conserve de ce pays que des bribes éparses, mais on sent la souffrance mordante ressentie par le père Abraham , taiseux sur ce pan de vie, pour tenter , sans succès bien sûr, l'oubli , pour préserver son fils des atrocités vues, subies…
le docteur Marc Zaffran, alias l'écrivain Martin Winckler , s'est longuement préoccupé de la contraception féminine et du sort et du drame des femmes ayant dû assumer trop longtemps des grossesses non désirées . Cet intérêt majeur dans sa carrière médicale est mis en exergue dans ce roman.
Par ailleurs, c'est l'Histoire qui se décline au fil des pages et on retrouve avec plaisir et une certaine nostalgie ce qui faisait le quotidien de cette décennie 60-70 : l'actualité cinématographique, les chansons en vogue, les livres …
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Je crois que Martin Winckler fait partie de mes écrivains contemporains préférés. Pour le moment, je n'ai jamais été déçue.
Il s'agit ici de la suite "d'Abraham et fils". L'action se situe dans les années 1960-1970 à Tilliers.
Le docteur Farkas habite une grande maison avec son fils, Franz, il a épousé son assistante, Claire et avec sa fille Luciane, ils forment une famille recomposée qui s'entend très bien.
Le roman raconte le quotidien des membres de cette famille, c'est parfois Franz qui raconte dans son journal intime ou dans des lettres qu'il écrit à son "futur moi". Il évoque sa vie de lycéen, les patients de son père, l'engagement De Claire pour aider les femmes à ne pas tomber enceintes, la lutte de luciane pour gagner rapidement sa vie et ne pas dépendre d'un homme. On pourrait craindre que ce ne soit ennuyeux mais ce n'est pas le cas car les personnages sont touchants, attachants et bien incarnés.
C'est très bien écrit et il se dégage beaucoup de douceur et d'humanité de ce texte. J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture et j'ai hâte de lire la suite : "Franz en Amérique".
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Cher monsieur Winckler,
Je viens de finir votre roman et encore une fois, toute l'humanité et la générosité qui s'en dégagent m'ont rempli le coeur de bonheur. Que demander de plus à la littérature ? me direz-vous.
J'ai retrouvé avec un immense plaisir les personnages que j'avais rencontrés dans Abraham et fils : Abraham, le père, homme de pure bonté, de pure générosité, magnifique personnage qui porte un regard toujours bienveillant sur le monde, lui dont le souci est de savoir s'il a bien fait, entendez s'il a fait du bien.
J'aime aussi beaucoup sa nouvelle femme Claire qui lui ressemble : elle a les pieds sur terre, est à l'écoute des autres et s'occupe bien de Franz.
Ah, Franz … il a tout pour lui ce garçon mais il ne le sait pas (encore), quel amour ! Tiens, je lui présenterais bien ma fille et je le prendrais volontiers comme gendre (d'ailleurs, monsieur Winckler, il faudra que je vous reparle de tout ça, je veux dire de l'avenir de Franz, ça me préoccupe un peu vos histoires d'Amérique…)
Ah, Franz et ses histoires : on ne s'ennuie pas une seconde avec lui, c'est pour cela que je l'adore, il a toujours quelque chose à raconter, on a l'impression qu'il connaît toutes les histoires, celles de la littérature, du cinéma ou bien celles de la vie, des gens… Et puis, il a tellement d'humour, d'autodérision… (oui, décidément, il conviendrait très bien à ma fille qui adore se marrer...)
Il y a aussi Luciane : elle m'a sidérée, la gamine qui veut vivre sa vie et voler de ses propres ailes… Elle a du caractère, c'est bien, il faut savoir s'affirmer dans l'existence !
Oui, vraiment, je les aime beaucoup, vos personnages, monsieur Winckler (au point d'oublier un peu, parfois, qu'ils n'existent pas en vrai…) Les retrouver un peu tous les soirs (je lis au lit), le temps si court d'un roman, me donne le sentiment de retrouver des amis.
Si vous saviez le plaisir que j'ai eu à retourner dans la rue du/des crocus à Tilliers, de me balader dans la maison-personnage (je la visualise très bien maintenant, j'en connais toutes les pièces, parfaitement meublées par moi-même. Peut-être aviez-vous fait l'effort de les décrire, c'est vrai, c'est votre boulot, mais je suis désolée de vous dire que c'est MOI qui l'ai meublée, à l'aide de MON imagination... Vous pourrez toujours changer les papiers peints, je referai les peintures quand bon me semblera. Déjà que pour les raisons que vous savez, il a fallu remettre à neuf le bureau d'Abraham. Triste épisode. J'ai eu tellement peur pour lui, c'est égoïste mais je n'imagine même pas une seule seconde perdre Abraham. Ça aussi, monsieur Winckler, on en reparlera, si vous le voulez bien, parce qu'il ne faut pas vous imaginer tout puissant ! Et puis quoi encore !)
Les Farkas ont changé depuis le premier volume, les temps aussi (et c'est toute une époque que vous évoquez si justement ici, la France des années 60/70) que vous découpez en cinq parties : de la Préhistoire (présentation des personnages) aux Temps modernes (les projets d'avenir) en passant par Antiquité et Moyen Âge où l'on apprend que notre Abraham devient médecin responsable de la maternité de Tilliers (quelle chance pour les femmes de la région!) et nous découvrons que Soeur Evangéline se lancerait bien avec Claire dans des séances d'éducation à une sexualité sans risques (magnifique Cercle des sorcières!) - nous sommes avant 68… beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine, n'est-ce pas ?
Il sera question aussi de la guerre d'Algérie (là-bas et ici puisque dans les deux pays des hommes et des femmes ont beaucoup souffert), de mai 68 : ma grande copine, qui doit avoir à un chouia près votre âge, s'est complètement reconnue dans vos histoires, elle n'a pas cessé de crier en brandissant votre livre : « oui, oui, c'était exactement ça - elle était dans un établissement privé de Nantes - et lorsqu'elle est tombée sur le programme de cinéma des pages 358 à 361, elle a jubilé « oui, nous aussi, du jour au lendemain, on nous a emmenés au cinéma ! » Elle était folle de joie (quand je vous dis que vos textes rendent heureux !) Elle était prête à écrire au ministre de l'Éducation Nationale pour qu'il rende cette liste de films obligatoire…
Et je repense soudain (excusez-moi mais je saute un peu du coq à l'âne, c'est à cause de mon enthousiasme) à la description génialissime du spectacle de fin d'année - et dire qu'il n'aura pas lieu – vous auriez pu faire venir les gens du ministère pendant les grandes vacances, ils n'auraient vu personne et c'eût été parfait !
Mais, dites-moi, monsieur Winckler, où vous allez chercher toutes ces idées ? Votre cerveau est-il un volcan en éruption pour que ça fuse comme ça de tous les côtés ? Car c'est exactement ça, on pourrait développer chaque histoire et l'emmener jusqu'au bout et l'on aurait plein de romans... Cent mille milliards de romans...
Une autre chose me trotte dans la tête - décidément, tout ça est un peu décousu mais c'est la vie, n'est ce pas… Vous parlez de l'acné de Franz - vous auriez pu le faire quand même un peu moins souffrir , monsieur l'auteur, et lui trouver un moyen d'atténuer tout ça (on dit que le mélange miel/cannelle marche très bien, dites-lui d'essayer…), pauvre garçon, juste au moment où il découvre l'amour et toutes les transformations du corps…
Ah Franz, comme il est attachant, c'est vraiment mon chouchou, comme il est drôle, comme il est gentil, dirait ma vieille voisine que j'aime tant ! Quelle chance aura celle qui tombera amoureuse de lui, il faut qu'elle soit bien, monsieur Winckler (c'est pour ça que je vous parlais de ma fille, elle pourrait devenir personnage de roman, je lui poserai la question ce soir, il vaut mieux que je lui en parle avant, ce n'est pas rien de décider de devenir personnage de roman… je vous tiens au courant...), il faut, disais-je une fille à sa hauteur, autrement, je vous le dis tout net : je serais contrariée ! Après tout, les lecteurs ont bien un peu leur mot à dire, non ? Vous aurez la gentillesse de me la présenter avant. Si elle me plaît, feu vert, sinon, vous m'en trouverez une autre ! Non mais, on ne va pas lui donner n'importe qui à cet ange. Déjà que vous lui avez collé une acné monstrueuse (même dans le dos, je n'en reviens pas! Ce n'est plus de l'imagination, c'est du vice!) Je refuse que vous lui mettiez dans les pattes une harpie. Je veux qu'il soit HEUREUX cet enfant !
Voilà monsieur Winckler ce que je souhaitais vous dire avec d'autres choses que j'ai oubliées mais ce n'est pas grave.
Vous savez j'ai commencé votre roman par la fin car je voulais être sûre qu'il y allait y avoir une suite et quand j'ai lu « Franz en Amérique » j'ai été soulagée et j'ai pu commencer tranquillement les premières pages. Je suis d'un naturel anxieux et ces personnages sont comme de la famille maintenant alors, puisque vous êtes un peu Dieu en tant que romancier, je vous envoie ma prière, enfin mes souhaits si vous préférez :
- faites que Franz n'ait plus d'acné DU TOUT (si le mélange miel-citron ne marche pas, essayez en infusion : 5 g de fleurs de violette, 10 g d'écorces de bourdaine, 20 g de feuilles de noyer, 20 g de fleurs de souci, 30 gr de racine de bardane, 30 g de sommité de pensée et 30 g de feuilles et de racines de pissenlit. Il faut mettre 20 g de cette préparation dans un litre d'eau bouillante, laisser infuser dix minutes. En boire une tasse, trois fois par jour après les repas. C'était la recette de ma grand-mère. Elle aurait adoré Franz, vous savez… Alors ? Si elle peut lui être utile...
- Qu'il évite impérativement la bouffe américaine, autrement, la tisane, elle ne sert à rien !
- SVP, SVP : pas de mauvaises rencontres. S'il lui arrive quelque chose, on est loin, enfin… Abraham est loin et … Il aurait pu aller en Angleterre ou en Suisse, non ? Quelle idée de l'envoyer de l'autre côté de l'Atlantique !
- Trouvez-lui des logeurs gentils (ça m'inquiète de le voir débarquer comme ça chez des gens qu'on ne connaît pas). Je vais cet été à New-York, je ne sais pas où vous pensez l'envoyer mais je peux déjà aller voir si le quartier où vous imaginez le parachuter est sympa et pas trop risqué. (Il va réussir à dormir là-bas?) Par contre, si vous optez pour la côte ouest, je ne peux plus rien pour lui…
- Ça serait bien qu'Abraham, Claire et Luciane lui rendent visite, j'ai besoin de les retrouver eux aussi.
- Enfin, (et c'est le plus important), je ne veux EN AUCUN CAS mais EN AUCUN CAS qu'il arrive quelque chose de grave à un membre de la famille Farkas et surtout qu'ils ne meurent JAMAIS. Dé-brouil-lez-vous !!! Il faut que ce soit bien clair entre nous, cher monsieur, je ne suis plus toute jeune maintenant et s'il m'arrivait quelque chose vous en auriez lourd sur la conscience. Et ma fille (future personnage de roman) ne manquerait pas de vous le faire savoir, croyez-moi !
Allez, je vous laisse monsieur Winckler, je vous ai assez embêté comme ça et je vous remercie d'avoir eu la patience de me lire..
Vous êtes une belle personne, monsieur Winckler, et vous écrivez de belles histoires. Vous rendez les gens heureux et vous leur permettez de faire de magnifiques rencontres.
Merci monsieur Winckler.
MERCI.
Prenez bien soin de vous.
PS : ma fille veut bien tenter l'expérience mais elle a un peu la trouille… Faudra que je la rassure… Enfin rien n'est fait !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Les histoires de Franz est le roman qui fait suite à Abraham et fils paru l'année passée, si le second peut se lire indépendamment du premier grâce au résumé habilement intégré dans les premières pages (quoique un tantinet redondant pour moi qui aie été marquée par ce grand coup de coeur de l'année passée et qui n'avait rien oublié). Mais il serait vraiment dommage de ne pas vous plonger dans Abraham et fils, d'autant que sa version poche vient de paraître chez Folio, en chanceux que vous êtes, vous pourrez ainsi enchaîner la lecture des deux romans.
Un roman dans lequel les personnages font l'histoire

La grande force des romans de Martin Winckler est la qualité de ses personnages, ce ne sont pas des personnages créés pour servir une histoire, ils sont et font l'histoire. Chacun dispose d'une véritable vie : une vie sociale et une vie intime qui leur est propre. L'auteur ne raconte pas ses personnages, il les fait vivre, et par la même permet au lecteur de s'y attacher. La qualité narrative des romans de l'auteur n'est plus a démontrer.
La grande Histoire vue à travers les yeux d'un homme en devenir

L'une des raisons qui a poussé l'auteur à se lancer dans l'écriture de ce cycle Farkas, de ce polyptyque (il a prévu un cycle de quatre romans autour de la famille Farkas) est de raconter l'Histoire à travers le regard de Franz. Dans Abraham et fils c'est la Première et la Seconde Guerre mondiale ainsi que la guerre d'Algérie qui étaient appréhendées à la hauteur d'un jeune garçon de huit ans, dans ce second roman ce sont les conséquences de la guerre d'Algérie mais aussi les évènements de mai 68 qui sont évoqués par le biais de la compréhension d'un adolescent, car Franz a grandi. Et c'est ce qui rend ce roman si vivant. Franz change, mûrit, il se tourne davantage vers l'extérieur, si ses amis sont toujours les mêmes, ses lectures, ses goûts littéraires évoluent, il découvre à la faveur d'un voyage à Londres la pop culture, les Beatles et le cinéma. Il souffre de cette acné persistante qui envahit son visage, et vit ses premiers émois amoureux.
Mai 68, les femmes et le militantisme

Franz appréhende le monde différemment, avec (la suite sur www.meellylit.com)
Lien : http://www.meellylit.com
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Un très bon roman d'ambiance sur la fin des années 60 rendant hommage à l'actualité : mai 68, les fantômes de la guerre d'Algérie, la libération des moeurs, l'émancipation des femmes au travers du destin d'une famille progressiste. Abraham, le père, médecin généraliste, sensible à la condition féminine et à l'éducation sexuelle, sa femme Claire, engagée dans une démarche de planning familial avant l'heure, leur fille Luciane, jeune femme créative se formant au métier de coloriste et leur fils Franz amoureux de littérature, de théâtre, de cinéma et d'histoires en général.
Il y a une très grande polyphonie dans ce récit... peut être un peu trop pour le coup. Les cahiers de Franz dominent ce choeur qui est tour à tour habité d'enregistrements du père à l'issue de ses consultations, de témoignages de camarades. Même la maison prend la parole. C'est à la fois tendre, drôle, mais par moment le lecteur se demande où l'on va. Rassurez-vous tout se passe bien et on est heureux d'être balloté ainsi de voix en voix où mort, amour, acné et passions adolescentes prédominent dans un contexte sociétal lourd.
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Martin Winckler a commencé en 2016 un ambitieux cycle romanesque dont voici les deux premiers tomes. Abraham et fils(T1) débute en 1963 lorsqu'Abraham Farkas originaire d'Algérie vient s'installer avec son fils de 8 ans Franz, dans la petite ville (imaginaire) de Tilliers où il reprend le cabinet du médecin généraliste et s'installe dans une grande maison, dont ils découvriront l'histoire secrète.Tout est raconté à hauteur des yeux d'enfant de Franz. Dans les histoires de Franz (T 2) l'histoire couvre les années 1965 à 1970.
Le talent de conteur de Martin Winckler n'est pas à démontrer et une fois encore il fait mouche. Les personnages sont merveilleux, terriblement attachants et les chapitres se succèdent avec un plaisir de lecture jamais démenti. J'avais lu le 1er tome l'an dernier et c'est avec bonheur que j'ai retrouvé la famille Farkas. Ces romans sont aussi l'occasion pour l'auteur de parler des causes qui lui tiennent à coeur, le fil rouge de toute son oeuvre: le respect de l'autre, l'éducation bienveillante, l'écoute attentive des patients, le droit des femmes à maitriser leur sexualité et leur fécondité... N'ayez pas peur de ces gros pavés , ce sont de vrais page-turner, de véritables feuilletons, un mot un peu désuet mais qui convient parfaitement. Ou si vous préférez, une sorte de série au sens télévisuel du terme, d'ailleurs Martin Winckler étant un grand amateur de séries il n'est pas étonnant que la construction de ses romans y fasse penser. Vous l'aurez compris, je suis fan de longue date de cet auteur dont je ne peux que vous conseiller tous les romans!
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Certains livres sont des cadeaux.
De purs objets de sincérité, de pureté, de spontanéité. Des textes qui font l'effet d'un enchantement, d'un ajout soudain à son existence dont on ne réalise qu'après-coup combien il a toujours été nécessaire.
Les Histoires de Franz est de ceux-là.

Martin Winckler avait déjà su créer une galerie de personnages infiniment précieux et infiniment touchants dans son très réussi Abraham et fils, mais il parvient ici à transformer l'essai avec une justesse à laquelle on n'est tout simplement pas préparé. Abraham et fils pouvait en effet parfois faire preuve d'une certaine lenteur, et était jalonné de passages peut-être plus poussif (mais là, c'est vraiment du chipotage, dans les faits ce roman était déjà fabuleux), mais avec Les Histoires de Franz, on passe à un tout autre niveau.
C'est renversant.

L'auteur est toujours particulièrement doué pour cumuler/alterner/enchaîner les points de vue, et permettre à tous ses personnages et à tous ses narrateurs de se répondre et de se compléter les uns les autres. On a ici les voix d'une administratrice, de Franz lui-même, de son père, de sa belle-mère, de la maison, des voisins, des amis, des inconnus et des camarades d'école. Ces voix sont belles, discrètes, lancinantes, chargées de tous les souvenirs que le jeune garçon distingue sans encore comprendre, toujours ancrées dans une bienveillance inouïe. Il y a des voix d'hommes qui font attention et s'éduquent pour mieux comprendre ce à côté de quoi ils peuvent passer, de femmes qui s'organisent et se soutiennent, d'enfants qui tentent de grandir et d'artistes qui se découvrent. Il y a des voix d'objets, de ceux qui retiennent sans capturer, témoins attendris de l'adolescence de Franz : le miroir dans lequel il contemple l'acné qui le désole, le lit dans lequel il lit plus qu'il ne dort, les murs qui laissent résonner tout un tas d'histoires qui le bercent tout autant qu'elles l'interrogent.

Le roman défile dans un seul et unique souffle, plus encore qu'Abraham et fils, et avec une cohérence de ton et de propos absolument hallucinante. Cette histoire est un cadeau, je le répète, un ensemble si bien pensé et construit qu'on en perd de vue le fait qu'il s'agit d'un récit et qu'on le suit avec tout juste ce qu'il faut de recul pour réaliser sa qualité et son ambition, et la dose de surprise et d'enthousiasme nécessaire pour s'abandonner aux événements décrits, et surtout à la magnifique maturation des personnages. Entre Franz qui cultive sa vocation d'écriture, Abraham qui s'élève au rang de médecin de village aimé et dévoué, Claire qui se lie aux autres femmes autour d'elle et Luciane qui décide de vivre sa vie comme elle l'entendra, sans parler de tous les personnages secondaires infiniment réussis, on peut dire qu'on est servi niveau attachement.

C'est un livre précieux, parce que c'est l'histoire de personnages qui apprennent à être heureux. Je suis la première à aimer les livres glauques, les livres tristes, les livres dramatiques, mais force est d'admettre qu'on a besoin d'histoires comme celle de Franz, de familles qui se (re)construisent, de parents qui apprennent et ne font que rendre leur présence plus douce et plus apaisante pour leurs enfants, d'adolescences un peu solitaires qui finissent par trouver un sens, d'amitiés sublimes qui éclosent sans que rien ni personne n'ait été en capacité de les voir venir, de professeurs passionnés et passionnants qui révèlent des dizaines d'élèves à eux-mêmes. Les Histoires de Franz procure un sentiment inouï de confiance, cette envie d'aller se plonger dans son existence à soi pour mieux en savourer les beautés, et éveille un élan sincère de reconnaissance envers tous et toutes les médecins, professeurs et professeures, pères et mères, écrivaines et écrivains, artistes, amoureux et vivants en général qui ont contribué à rendre le monde un peu plus doux en acceptant de s'écouter et de se porter les uns les autres vers des projets enthousiasmants.

Les mots me manquent pour exprimer combien ce roman m'a rendue heureuse, et combien il a su m'insuffler cette confiance dont je parlais plus haut. Je l'ai lu exactement au bon moment, à un stade de ma vie où j'ai besoin de ça, de projets un peu fous qui fonctionnent, de petites vies en apparence anodines qui parviennent à devenir extraordinaires en prenant tout simplement l'habitude de se construire dans l'honnêteté et l'enthousiasme. C'est peut-être naïf dit comme ça, mais en refermant Les Histoires de Franz, on se sent capable de croire en "un monde meilleur", on n'a même plus envie d'utiliser de guillemets pour en parler, en fait, on veut le construire, ce monde meilleur. On décide qu'il sera là, maintenant, tout de suite, ce monde meilleur. Et on décide d'y faire venir ceux qu'on aime.
Lien : http://mademoisellebouquine...
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vez-vous un ou des auteurs qui vous font acheter leurs livres sans même regarder le résumé en couverture sachant que vous ne serez pas déçu ? Personnellement j'en ai plusieurs, et le plus souvent ces auteurs comme John Irving ou Fred Vargas sont souvent synonymes de temps de sommeil écourté tant j'ai du mal à lâcher leurs univers. Martin Winckler fait parti des élus, depuis que je suis tombée par hasard sur La Maladie de Sachs. Autant vous dire que le dernier en date, Les Histoires de Franz, aussitôt aperçu en vitrine d'une de mes librairies fétiches s'est retrouvé tout en haut de ma pile à lire (grâce à un cadeau d'anniversaire tardif).
Ce nouveau roman est la suite d'Abraham et Fils et reprend les mêmes personnages : Abraham, le père médecin rapatrié venu d'Algérie reprendre un cabinet dans la Beauce, Franz son fils, Claire sa deuxième épouse et Luciane, la fille de cette dernière. Et là où le premier roman décrivait l'installation du père et du fils au milieu des années soixante dans une petite ville de province, le deuxième s'intéresse plus particulièrement à l'adolescence du fils à la fin de cette même décennie, avec les changements radicaux entre la période pré-Mai 68 et la bourrasque de liberté post-Mai 68 qui retombera bien assez vite.
La construction du roman est particulièrement intéressante : il s'agit d'un dossier d'inscription envoyé par Franz à un mystérieux organisme (dont nous ne saurons de quoi il s'agit qu'à la fin). Retranscrivant ses journaux intimes, des extraits de ses fictions, ou les lettres de recommandation adressées par ses proches, le portrait de Franz et de sa famille se dresse par touches impressionnistes, même si certaines scènes sont plus chargées en action et en émotion. La seule chose qui ne m'a pas semblé indispensable sont les passages contés par la maison elle-même. La touche de fantastique qu'elle apporte semble un peu hors de propos par rapport au reste du récit, tant par la forme que par le fond.
Notons qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu Abraham et Fils pour apprécier Les Histoires de Franz. Avec les mêmes personnages et se suivant chronologiquement, les récits restent largement indépendants l'un de l'autre et les quelques références sont expliquées directement sans accrocs. Vous pouvez même lire le premier après Les Histoires de Franz si ce dernier vous a plu. Ou le relire en attendant le troisième volume des aventures de Franz Fargas. Changement de continent, changement de décennie, j'ai déjà hâte de connaître la suite.
Lien : https://www.outrelivres.fr/h..
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