Chronicles of Conan Vol. 1: Tower of the Elephant and Other Stories

Ce tome reprend les épisodes 1 à 8 de la série initiale de Marvel Comics, publiés en 1970/1971. Les couleurs ont été refaites à l'infographie (il ne s'agit pas des couleurs originales rehaussées, mais d'une nouvelle colorisation), et ce tome ne contient pas les couvertures de ces épisodes. Il y a une postface de 8 pages écrite par Roy Thomas qui retrace la genèse de cette série. Tous les scénarios sont de Roy Thomas et les dessins de Barry Windsor Smith (en abrégé BWS).

Chaque épisode constitue une histoire indépendante et complète. Dans le premier épisode (encrage de Dan Adkins), un jeune Conan mercenaire rejoint un groupe d'Aesir pour combattre des guerriers de Vanaheim. Ils sont attaqués également par des êtres humanoïdes surnaturels ailés. Épisode 2 (encrage de Sal Buscema), Conan est capturé et emmené dans une cité souterraine où des humains servent d'esclave à des monstres gorilles intelligents. Épisode 3 (encrage de Sal Buscema), Conan participe à une bataille meurtrière dans laquelle apparaissent des jeunes femmes chevauchant des chevaux ailés et récoltant l'âme des guerriers courageux. Épisode 4 (encrage de Sal Buscema, "Tower of the elephant"), Conan et un autre voleur pénètre dans une tour pourvu d'un revêtement de vitraux scintillants. Épisode 5 (encrage de Frank Giacoia), Conan arrive dans un village payant un lourd tribut de pièces d'or à une manifestation surnaturelle. Épisode 6 (encrage de Frank Giacoia, "Devil-wings over Shadizar"), Conan s'infiltre dans un culte vénérant un monstre pour sauver une belle en détresse. Épisode 7 (encrage de Sal Buscema et Dan Adkins), Conan est manipulée par une noble pour récupérer un trésor sans prix. Épisode 8 (encrage de Tom Sutton et Tom Palmer), Conan pénètre par hasard dans une cité abandonnée où sommeille un fabuleux trésor, sous l'oeil de terribles gardiens.

En 1970, Roy Thomas convainc Martin Goodman (le PDG de Marvel Comics) de payer les droits aux gérants des oeuvres de Robert E. Howard pour publier un comics ayant comme personnage principal Conan. Cette première série s'est arrêtée au numéro 275, en 1993, soit une durée de vie de plus de 20 ans, sans compter les série dérivées comme The Savage Sword of Conan (format magazine, en noir & blanc, 235 numéros de 1974 à 1995) ou King Conan (format comics en couleurs, 55 numéros de 1980 à 1989). Roy Thomas a écrit les scénarios de la série "Conan the barbarian" pendant 10 ans jusqu'en 1980.

La lecture de ce tome s'est révélée laborieuse. Non seulement il s'agit d'un mode de narration du tout début des années 1970, donc des pages chargées en bulles au style pseudo littéraire, avec certaines dans lesquelles le personnage décrit ce qu'il est en train de faire, mais en plus Roy Thomas essaye de garder l'esprit du texte d'Howard. Ça aboutit à des cases de texte pesantes, et des dialogues lourdauds, irréalistes et étouffe-chrétien. À force d'utiliser des figures de style ampoulées, et de rajouter des comparaisons inutiles, Roy Thomas lasse le lecteur le plus patient devant autant de verbiage inutile. Malheureusement ce mode d'expression des personnages et des commentaires n'apporte rien, ni à l'intrigue, ni à l'ambiance. Même les personnages ne s'en trouvent pas développés.

Fort heureusement, il reste les illustrations. Dans un premier temps, elles trahissent elles aussi la nature de l'adaptation. Conan se promène systématiquement avec la même tenue : pagne en moumoute (véritable imitation de fourrure), sandales d'été, magnifique casque avec 2 cornes et collier avec 3 énormes médaillons. le lecteur reconnaît bien là le concept de costume de superhéros toujours identique quelles que soient les aventures : Conan se promène en slip de fourrure qu'il se trouve en plein désert sous un soleil de plomb, ou dans un champ de neige. Deuxième stigmate Marvel : Barry Windsor Smith dessine à la manière de Jack Kirby. C'est flagrant pour les postures des personnages, et même la composition de certaines cases dans les premiers épisodes.

Et puis d'épisode en épisode, BWS affine l'apparence des personnages, peaufine les décors, utilise un style plus précis, plus minutieux que celui de Kirby, mais tout aussi flamboyant à sa manière. À plusieurs reprises, Conan abandonne les poses à la Kirby, pour prendre des poses de rock-star, avec sa chevelure qui évoque les belles ondulations des rockers de cette époque. Petit à petit, il s'insinue une grâce délicate dans les personnages et les décors : la légèreté diaphane des pseudo-valkyries, le fin maillage d'une cotte de mailles, les magnifiques vitraux délicatement ouvragés de la tour de l'éléphant, les pavages auxquels il ne manque pas une dalle, le magnifique palais de Kallian, la somptueuse salle au trésor de la citée fantôme, etc. BWS donne une apparence singulière et enchanteresse à ces aventures d'heroic fantasy, loin des clichés habituels.

Il s'agit donc des débuts de Conan chez Marvel Comics et ces histoires souffrent d'une prose pataude, mais elles bénéficient d'illustrations de plus en plus inspirées. Ces épisodes ont également été réédités dans Barry Windsor-Smith Conan Archives 1. Les épisodes suivants 9 à 13, et 16 se trouvent dans Rogue in the house and other stories.