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Vous avez lu la Griffe du chien ? Cartel ? Voici la suite, le dernier tome de la trilogie, un pavé de plus de 800 pages en grand format.
Un thriller lourd, lourd d'une guerre impitoyable, lourd de crimes et d'exécutions, de corruption et de mensonges, mais aussi d'amour, de bravoure et d'indéfectible loyauté.

Un roman qui sonne trop vrai, même si en intro on a la notice « … oeuvre de fiction… Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux. » Quand l'auteur mentionne les 43 étudiants innocents disparus à Tristeza au Mexique sur la route 95, on sait que ces événements se sont réellement produits, mais dans la ville d'Iguala. Et quand l'auteur cite des « tweets » d'un président corrompus qui aime limoger les procureurs trop efficaces, on fait facilement le parallèle avec un certain personnage politique…

En plus d'être un thriller captivant, le livre est un réquisitoire contre la façon de faire la guerre au trafic de drogue, une guerre couteuse et inefficace, qui n'empêche pas le mal de vivre et les overdoses des accros à l'héroïne ou au fentanyl. La guerre aux drogues laisse la production et la vente aux mains de cartels illégaux qui s'entretuent qui torturent et assassinent au passage des journalistes, des policiers et des milliers d'innocents au Mexique et en Amérique centrale.

Le roman dénonce aussi l'hypocrisie de la finance qui profite de l'argent des narcotrafiquants, qui profite de la vente d'armes et de matériel de répression ainsi que du système de détention privé, qui a tout intérêt à avoir le plus de clients possible, et à les garder le plus longtemps possible.

La conclusion d'une trilogie fascinante, qui ouvre les yeux sur une bien triste dimension du monde.
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La guerre entre les gangs de narcotrafiquants fait rage en Amérique centrale.
Art Keller, agent de terrain de la DEA (l'agence des USA en charge de la lutte contre le trafic de drogues) contribue à entretenir cette guerre pour des raisons personnelles : il veut la mort d'Adán Barrera, le chef du gang sorti vainqueur des dernières batailles.
Alors que Keller est nommé à la direction de la DEA, la disparition, puis la confirmation de la mort, de Barrera aiguisent les appétits au sein de son clan.
De son côté, le nouveau directeur envisage une nouvelle approche de la lutte contre le trafic : plutôt que se focaliser uniquement sur les filières qui apportent les drogues aux USA, pourquoi ne pas essayer d'interrompre le flux d'argent qui finance le trafic ?

Waouh ! Quelle histoire ! Quand on lit la dernière centaine de pages du roman (plus de 1500 pages en version numérique) tout paraît simple. Mais que de péripéties avant d'en arriver là. Entre les luttes de clans du côté des trafiquants, les manoeuvres pour devenir le revendeur dominant aux USA, les luttes d'influence politiques et les petites ou grosses compromissions entre ces cercles, on pourrait finir par se perdre... D'autant que l'auteur s'ingénie à raconter des histoires incidentes qui finissent plus ou moins par se croiser. N'y en a t'il pas un peu trop parfois quand même ?
Les personnages ont de l'épaisseur, souvent plein de contradictions, parfois droits et inflexibles (comme Marisol, l'épouse mexicaine de Keller, ou Rafael Caro, le vieux trafiquant qui se venge de ses années de prison en tirant les ficelles). Ils sont si nombreux qu'on finit par se demander comment l'auteur réussit à ne pas les confondre.
Même si les chapitres sont longs, voire très longs, le roman est très rythmé : beaucoup d'action et de changements de points de vue, des histoires secondaires, des retours dans le passé... On ne s'ennuie pas ! C'est bien écrit (et traduit) ; sans plus. Mais ce qui force l'admiration, c'est la capacité de l'auteur à mener à son terme une intrigue aussi alambiquée.
Pourquoi alors y a t'il un truc qui me chagrine ? Je dirais que c'est le ton et le discours moralisateurs que met Winslow dans la bouche de Keller. Que l'auteur ait envie de régler des comptes avec l'Amérique de Trump, je peux le comprendre. Mais pourquoi essayer de nous faire croire qu'il détient une, ou la, vérité sur la façon de traiter la question du trafic de drogues ? Un gros manque d'humilité, non ?


Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Je n'avais jamais rien lu de Don Winslow, cet auteur de romans policiers maintes fois primé, considéré comme un maître en la matière. Ceux qui recherchent de la littérature au contenu et au style délicats feront mieux de passer leur chemin, mais personnellement, je salue l'efficacité des mille pages de la Frontière, un volume publié en 2019 pour clore une trilogie (La Griffe du chien, Cartel) qui relate, sur quarante années, le combat du personnage principal, Art Keller, contre le trafic de drogue aux États-Unis et au Mexique.

Les péripéties de la Frontière commencent au début de 2014 et s'achèvent en avril 2017. Art Keller, un vétéran de la lutte contre les narcotrafiquants, a été nommé à la tête de la DEA, ou Drug Enforcement Administration, une Agence fédérale rattachée au ministère de la Justice, dont la vocation est de s'opposer au trafic et à la distribution de drogues aux États-Unis.

Pas de difficulté à découvrir La Frontière sans avoir lu les précédents tomes. le premier chapitre retrace à grands traits les principaux épisodes antérieurs et dresse le panorama des nombreux personnages.

Au Mexique, après la disparition d'un « Padrino » qui avait réussi à fédérer tous les cartels, ses héritiers et les chefs de ces cartels sont entrés en concurrence pour lui succéder. Un monde de psychopathes à peine matures ! Leurs compétitions ressemblent à des jeux de société, sauf que les perdants ne sont pas condamnés à un gage, mais à la torture et à la mort, avec femme et enfants. Les méthodes de management d'un cartel sont simples : intimidations, prises en otage des familles, assassinats épouvantables filmés et postés sur les réseaux sociaux… L'horreur ! Pas d'états d'âme ! Les meurtres inutiles d'innocents sont légion et les responsables politiques corrompus n'hésitent pas à les couvrir.

La drogue est en effet au coeur d'une filière économique très rentable. Elle génère de nombreux jobs et d'importants budgets dans sa production et dans sa distribution, mais également dans la police. « La guerre contre la drogue c'est aussi du business », reconnaît un homme politique américain. Quel serait l'intérêt de faire disparaître cette industrie ? On a pourtant dénombré 30 000 morts par overdose aux USA en 2014. (Des chiffres qui auraient doublé depuis.)

Art Keller constate l'échec des stratégies menées jusqu'alors. Fermer les frontières ? Elles restent des passoires. Arrêter les dealers ou les grands chefs ? Ils sont immédiatement remplacés. Alors il s'attaque à l'argent de la drogue, des surplus considérables, qui doivent être blanchis et investis. L'enquête passe par Wall Street et le financement d'opérations immobilières. Des agents de la DEA sont infiltrés...

Tel un Incorruptible du temps de la prohibition, Keller ne cède pas un pouce de terrain. Ses stratégies et son intransigeance ne sont cependant pas indolores. Elles entraînent la mort d'innocents, autant de sacrifices, comme dans n'importe quelle guerre.

La construction de l'ouvrage est complexe, mais très cohérente. La narration globale est séquencée et schématisée comme un manuel d'histoire. Elle est toutefois agrémentée de « zooms » sur le séjour carcéral de trafiquants, sur les rivalités de dealers de quartiers, ou sur les fêtes spectaculaires que de richissimes Jefes de cartels organisent à grands frais dans leurs somptueuses villas.

Ce thriller très instructif est trépidant tout en étant passionnant, à condition d'avoir le coeur bien accroché. Inspiré de faits avérés, le roman est tellement réaliste qu'on a parfois l'impression de lire un documentaire. Difficile de savoir où s'arrête la vérité et où commence la fiction.

Que penser notamment de ce personnage, candidat républicain à la présidence dans la première moitié du roman, président élu par la suite ? Un homme qui communique par tweets, qui promet de construire un mur à la frontière du Mexique et dont le gendre finance une opération immobilière avec de l'argent sale… Certes, toute ressemblance ne pourrait être que fortuite…

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Il aura fallu vingt ans à Don Winslow pour achever sa trilogie et décortiquer l'histoire vraie, violente et sulfureuse du « Je t'aime, moi non plus » entre les États-Unis et l'Amérique centrale au sujet de la drogue. Après La griffe du chien et Cartel, La frontière -traduit par Jean Esch- clôture magistralement ce qui est d'ores et déjà à ranger au rayon des oeuvres. Et des grandes !

L'histoire redémarre là où elle s'était achevée : Adan Barrera mort, la 3e génération des patrons de cartels voit son heure arriver mais reproduit les méthodes de ses ascendants pour éliminer ses rivaux et agrandir ses territoires. de son côté, Art Keller reprend du service à la direction de la DEA, désormais persuadé que c'est à la tête et plus à la base, que la guerre contre la drogue se gagnera. Et il semble bien que cette tête soit moins au Mexique qu'à Washington ou New-York, au plus près du pouvoir américain…

Forcément, c'est un peu court pour résumer 842 pages impressionnantes de rythme, de construction alternée et de scènes d'une maîtrise inégalée : quand Winslow décrit l'univers carcéral américain, ou l'incroyable fuite de trois jeunes migrants sur le toit de la Besta -le train de la mort qui emmène vers le rêve américain-, ou encore la vie quotidienne des petits gangs mafieux new-yokais qui n'ont rien à envier dans leurs pratiques à leurs grands homologues mexicains, ce sont autant de moments d'anthologies littéraires qui se figent dans nos mémoires de lecteurs.

Comme naguère avec Barrera/El Chapo, Don Winslow ne résiste pas à introduire dans La frontière, une part de réalité actualisée, et quiconque suit un peut l'auteur sur Twitter ne sera pas étonné de retrouver dans le président Dennison, son gendre Lerner et la clique des proches de ces derniers, une ressemblance assumée avec les actuels occupants de la Maison Blanche. Comme une dernière volonté d'affirmer que c'est bien là désormais que tout se joue, pour le meilleur ou pour le pire, l'avenir le dira.

Car la morale finale de cette trilogie, Winslow la renvoie à la face de l'Amérique :

« Alors quelle est cette douleur, au coeur de la société américaine, qui nous fait rechercher une drogue capable de l'atténuer, de l'étouffer ?
Est-ce la pauvreté ? Les injustices ? L'isolement ?
Je ne détiens pas la réponse mais nous devons nous poser la vraie question…
Pourquoi ? »
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La Frontière de Don Winslow est la conclusion magistrale de cette trilogie mexicaine commencée il y quinze ans avec La griffe du Chien et Cartel dix ans plus tard. La plus longue guerre américaine avec des centaines de milliers de morts La Guerre a la Drogue. Il y a tellement de choses à dire sur ce dernier volet, comme je ne suis pas un écrivain et que le vocabulaire me manque parfois je vais faire de mon mieux pour inciter les gens à lire ce drame Shakespearien à la sauce mexicaine, nous côtoyons à la fois le marchand de Venise, Hamlet, Macbeth et Othello. Arturo Keller l'idéal du patriote américain qui veut sauver son pays de l'enfer et qui peu à peu voit ses élites être complice des narco-trafiquants avec le recyclage de l'argent sale à Wall-Street et les banques américaines. le gouvernement américain corrompu jusqu'au sommet car le président Dennison (Trump) et son équipe blanchit l'argent de la drogue, comme nous voyons l'auteur s'attaque à cette pourriture qui gouverne son pays avec des personnages fictifs plus vrai que nature. Il y a l'histoire de Nico un jeune guatémaltèque de dix ans qui survit en fouillant dans les vidanges et qui voit McDonald arrosé leurs hamburgers à l'essence afin que les pauvres ne puissent y gouter, Nico rêve de El Norte et son périple pour se rendre en Amérique est digne de l'Odyssée et ce qu'il trouve équivaut au racket de son pays, il y a Jacqui une junkie victime collatérale de cette guerre sans fin qui vend son âme pour l'héroïne une métaphore de l'Amérique qui souffre de ses mensonges. Lisez cette trilogie car c'est cela l'effondrement des idéaux et de la démocratie.
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Mais quel voyage dans lequel nous embarque cette trilogie entamée avec La griffe du chien ! La frontière clôt magistralement l'aventure.

On y retrouve bien sûr Art Keller qui est devenu directeur de la DEA et tous les affreux narcos mexicains rencontrés précédemment, ou plutôt leurs fils car on ne vit souvent pas très vieux quand on exerce cette profession. Comme dans les deux premiers tomes, il y a une foule de personnages qui se croisent, s'entre-tuent ou s'aiment. Dans celui-ci, un flic new-yorkais infiltré, une junkie, un gamin qui a grandi dans une décharge au Guatemala, une tueuse à gages etc. Chacun incarne un point de vue différent à l'égard d'un même problème : Ils sont producteurs, vendeurs, consommateurs de drogue ou luttent contre son trafic.

Alors il est certain que Don Winslow n'est pas un grand styliste : c'est efficace et basique. Mais il a un vrai talent de narration, entremêlant les histoires et les personnages pour au final, nous dresser un tableau passionnant. C'est réellement une lecture addictive et on ne voit pas passer les 850 pages ! Attention toutefois, le milieu des narcos est ultra-violent et certaines scènes ou certaines descriptions de meurtres peuvent choquer les âmes sensibles.

L'autre intérêt est que l'auteur s'est vraiment bien documenté et s'est inspiré de faits réels. La lecture des trois romans permet de comprendre ce qui se passe au Mexique et dans une moindre mesure aux USA. Dans ce dernier tome, il aborde le problème du blanchiment de l'argent de la drogue et le président des USA qu'il décrit, ressemblant étrangement à Trump, fait froid dans le dos… Idem pour le milieu des financiers qui navigue autour.

Don Winslow prend cette fois franchement position, via Art Keller, en stigmatisant la politique sécuritaire de son pays qui envoie en prison un petit trafiquant mais qui laisse les financiers complices du blanchiment profiter de leur argent en toute impunité. Il s'interroge aussi sur le mal être de son pays qui a besoin de telles drogues et sans lequel les horreurs commises au Mexique n'existeraient pas. Une lecture des statistiques récentes confirme ses propos puisque lors de la dernière année, c'est plus de 100.000 morts par overdose qui ont été constatées. le fentanyl est passé par là….

Un grand roman noir, passionnant et sombre.
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L'année 2021 ne pouvait pas bien commencer si je ne finissais pas la trilogie d'Art Keller !

En janvier 2020, Cartel me mettait sur les genoux tant il était puissant et dévastateur.

La Frontière le fut tout autant et ça me donne envie d'aller lire un livre tout doux pour les petits…

20 ans ! 20 ans qu'il aura fallu à l'auteur pour mettre le dernier point à sa trilogie consacrée à la poudre blanche… Après cela, vous serez incollable sur les gangs, les cartels, le Sinaloa, les drogues, la misère humaine, les meurtres, les massacres.

Le point fort de ce dernier tome c'est qu'il n'est jamais chiant à lire, malgré ses 1.000 pages en version poche (848 en GF) et que l'auteur fait en sorte de vous mettre dans la peau d'un tas de personnages aux antipodes l'une de l'autre.

Mon C.V pourra s'enrichir car une fois de plus, durant ma lecture, j'ai été : agent de la D.E.A, agent de police infiltré, trafiquant de drogue, droguée, membre d'un gang, de plusieurs cartels, porte-flingue, assassin, en prison et migrant clandestin en provenance du Guatemala, chevauchant La Besta (train de la mort), après avoir fouillé une décharge.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que tout est d'un réalisme saisissant, comme si l'auteur avait été, tour à tour, ces différents personnages. Avec autant de pages, Winslow a le temps de les façonner, de leur donner une histoire, de leur donner de l'épaisseur et j'ai été franchement triste de quitter certains.

Winslow ne pratique pas le manichéisme avec ses personnages car ceux-ci ont tous des nuances de gris, certains salopards ayant même un coeur ou des règles morales.

Art Keller, le héros, a commis des atrocités aussi, la fin justifiant ses moyens et feu Adan Barrera, el padrino, interdisait la prostitution de mineures sur son territoire, mais n'hésitait pas à flinguer des gens sans aucune once de pitié. Tout le monde a la morale à géométrie variable, qu'on soit de papier ou de chair. Moi-même j'ai eu de l'empathie pour le trafiquant Darius Darnell lorsque je l'ai vu avec sa grand-mère ou son fils…

La construction du roman est aboutie car l'auteur nous fait passer d'un univers à l'autre d'une manière habile et introduit dans son roman une part d'actualité, comme la mort tragique des 49 étudiants qui avaient détourné un bus et celle d'une accession à la Maison-Blanche par un certain Dennison qui adore gazouiller et attraper les femmes par la chatte.

Chez Winslow, rien n'est laissé au hasard… Lorsque subitement vous vous retrouvez à Bahia sur une plage paradisiaque, ce n'est pas pour faire un interlude agréable, mais pour introduire une nouvelle donnée à son drame Shakespearien (sauce mexicaine et américaine) et il en est de même lorsque nous plongeons dans une décharge avec Nico Ramírez, un jeune gamin de 11 ans.

Tout se tient, tel un mur magistralement construit et c'est glaçant à mourir !

On devrait ajouter en bandeau-titre ce que Dante avait lu sur le fronton de la porte menant aux Enfers "Lasciate ogni speranza, voi ch'intrate" (Abandonnez toute espérance, vous qui entrez ici).

Dans ces pages, c'est noir, sombre, c'est la misère humaine, l'exploitation de l'Homme par l'Homme, le chantage, les menaces, les massacres, l'illogisme de la justice qui met en cabane des petits trafiquants, des consommateurs mais laisse courir librement les blanchisseurs de fric, les banquiers, les hommes hauts placés.

Le seul moment de détente est celui avec le concours de celui qui pisse le plus loin que les gamins migrants, arrivés aux States seuls, organisent dans leur centre de détention… Si jamais, messieurs, apparemment, faut mettre la bite à 45°…

Winslow nous a livré une trilogie éclairante sur le trafic de drogue où les méchants ne sont pas QUE les vilains Mexicains qu'un type aux cheveux orangés a traité de voleurs, assassins et violeurs car dans l'équation, faut aussi ajouter les Américains qui se droguent, les puissants qui laissent faire car ça rapporte, la guerre de la drogue, les gouvernements qui ferment les yeux sur ce qui les arrangent et sur les investisseurs qui aiment l'argent, qu'il soit sale ou propre. Et j'en oublie.

Une trilogie sombre, glaçante, sans concession, sans manichéisme, d'un réalisme à couper le souffle. Une trilogie qui va trôner dans les hautes étagères de ma biblio, avec les autres grands romans coups de poing dans la gueule.

Maintenant, j'ai envie d'aller lire un livre avec les Bisounours qui iraient prendre le goûter chez Oui-Oui et où l'horreur absolue serait Petit-Loup se cassant une dent en dégustant une couque de Dinant…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La lecture de ce pavé de plus de 800 pages m'a immergé durant deux semaines dans le monde de la drogue. Don Winslow s'intéresse à l'ensemble des acteurs de cette tragédie moderne. J'ai donc observé l'histoire d'un point de vue omniscient et ai découvert toutes les facettes de cette guerre dévastatrice.

Au fil du texte, on assiste aux combats des chefs des cartels, aux infiltrations des agents de la DEA, aux manigances des politiques et des financiers, aux trafics des petits dealers et même aux destins tragiques des consommateurs. La boucle est bouclée. Ils sont tous liés par cette économie à part entière qui ne semble pas vouloir décliner parce qu'elle se nourrit de notre capitalisme débridé.

Même si les camps sont différents, à l'intérieur de chacun, les hommes ont des ambitions similaires. Ils veulent remplir leurs missions coûte que coûte. Pour se faire, ils sont prêts à dépasser les limites, quitte à aller à l'encontre de leurs propres convictions. Ce monde est tellement brutal et instable que la survie passe par ces entorses. Tous les coups sont permis et ces actes nourrissent l'engrenage de la violence.

Si vous avez, comme moi, aimé la série télévisée « Narcos », vous serez comblés. D'ailleurs, avec tout le travail de recherche effectué, le fait que ces deux oeuvres se ressemblent tant est peut être une preuve que la réalité ne doit pas être si différente…et ce n'est pas forcément rassurant !

Alors oui, je dois l'admettre, je n'avais jamais lu de Don Winslow. Et oui, maintenant que j'ai fini « La frontière », je mesure l'importance de cette lacune. Voilà un auteur d'un talent prodigieux, qui maîtrise sa multitude de personnages et sa narration. Il les met au service d'un sujet important et nous éclaire sur un mal destructeur, fruit de nos politiques actuelles. C'est du pur roman noir, dense, immersif et passionnant de bout en bout !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Fin de la trilogie sur les cartels de drogue mexicain avec cet excellent dernier opus.
Don Winslow arrive encore une fois à nous tenir en haleine, sans se répéter, et intégrant parfaitement des évènements tirés de faits réels dans son roman.
En fil rouge on retrouve Art Keller, l'agent de la DEA, qui a bien évolué depuis la griffe du chien. Son combat : endiguer l'épidémie d'overdose qui fait rage dans son pays, avec tout le pouvoir, ou non, qu'il possède depuis sa nomination au poste de directeur de la DEA.
Les cartels sont toujours aussi violents, toujours présents et ils inondent les USA d'héroïne couplé au fentanyl.
Véritable fléau en Amérique du Nord, cette drogue provient essentiellement du Mexique où tout est bon pour être l'exportateur de mort numéro un, surtout depuis la disparition du jefe emblématique du cartel du sinaloa, Adan Barrera.
Quand les hommes les plus puissants du monde se mettent à côtoyer les cartels les plus dangereux, qui aura assez de courage, d'audace et de témérité pour essayer de les faire tomber ?
Cette saga littéraire, qui aura demandé 20 années de travail à son auteur, restera l'une des plus prenantes et marquantes que j'ai lu à l'heure actuelle.
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J'avais déjà envisagé de lire Don Winslow au temps de Cartel, puis de la griffe du chien. J'avais dans les deux cas reculé face aux pavés produits par l'auteur américain. La frontière, qui clôt la trilogie, présente pourtant le même aspect extérieur : massif et écrit petit ; et le même thème un peu angoissant : la violence née du trafic de drogue entre le Mexique et les États-Unis.

Pourtant, cette fois, je me suis lancé et j'ai été rapidement été happé par cette version romancée des guerres internes aux cartels mexicains, qui alterne héritages, trahisons, vengeances, corruption et guerres de territoires… Tout sonne vrai (et l'est malheureusement souvent, car Winslow utilise largement les évolutions réelles du trafic de drogue). Chaque scène est prenante, avec notamment des passages en prison qui impressionnent, des aveux extorqués aux « balances » suite à des séances de torture d'un sadisme infini, ou l'étalage de mauvais goût et la suffisance des fils des patrons des cartels claquant l'argent le plus sale qui soit.

Art Keller, le héros des deux tomes précédents, reprend du service : il est cette fois propulsé à la tête de la DEA. Avoir lu les deux premiers livres est inutile, Winslow prend soin d'apporter par touches un résumé des événements précédents dans la première partie de son ouvrage. On situe rapidement les liens qui unissent / opposent Keller à la famille Barrera qui dirige le cartel du Sinaloa (soit à peut prés les héritiers d'El Chapo / Joaquin Guzman, baron de la drogue, qui passait, et continue de passer, pour un bienfaiteur auprès des pauvres à coup de dons n'entamant pas le millième de son argent sale).

Arrêter les flux de drogues se déversant dans les rues américaines semble impossible. D'autant que les trafiquants, jamais pris au dépourvu, ont au fil du temps modifié leurs propositions : du cannabis mexicain, désormais concurrencé par les productions US légalisées par certains États, ils sont passés à la cocaïne colombienne, puis quand le marché a été saturé (ce qui a conduit à plafonner leurs profits), ils ont enchaîné avec un vieux produit, bien connu, l'héroïne...
Tout pour maximiser les bénéfices, qu'importent les familles endeuillées, les jeunes à la ramasse. C'est un business.

Keller observe les luttes de pouvoir entre clans. Mais les disparitions internes n'arrêtent pas le trafic. La nature a horreur du vide : d'autres chefs émergent, souvent plus violents. Il tente cependant d'infiltrer la distribution côté américain afin de remonter les circuits d'évacuation de l'argent sale. Et là, Don Winslow, utilisant la liberté qu'offre le roman, fait fort.
Par moments, le lecteur se dit que Winslow exagère. Mais la réalité rattrape la fiction. L'auteur mentionne l'assassinat d'étudiants partis manifester, arrêtés par la police et exécutés par les trafiquants du cartel Guerreros Unidos. le tout avec le blanc-seing des autorités politiques. A peine la dernière page du livre tournée, voilà que l'ex-procureur général du Mexique est arrêté avec 64 policiers et militaires et des trafiquants pour pour avoir participé à cette horreur.

L'une des forces du livre est d'alterner les points de vue et de montrer l'envers du décor. Comme ces gamins qui quittent l'Amérique centrale pour tenter leur chance aux USA. Mais le système, entre indifférence et incapacité à proposer des solutions, les conduits à se placer sous la protection des clans mafieux qui gangrènent leur pays d'origine.

Dense, puissant, le récit de Winslow fait froid dans le dos et fait réfléchir. Que se passera t-il dans nos cités quand le cannabis sera légalisé ? Comment peut-on croire que les trafics s'arrêteront d'eux même ? Faut-il pour autant abandonner la partie ?
Un grand livre sur un problème sociétal qui n'est pas qu'américain ou mexicain.
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