1931. A neuf ans, Lilly ne connait du monde que ce qu'elle en voit de sa fenêtre sous les combles de Blackwood Manor, où elle demeure à l'insu de tous. Ses parents ne l'ont jamais autorisée à quitter sa petite mansarde. C'est pour son bien, car elle est différente, elle risquerait de faire peur, et on pourrait lui faire du mal.
Pourtant un soir, sa mère la conduit soudainement par delà la forêt, là où un cirque vient de s'installer.
1956. A 18 ans, Julia se retrouve orpheline et seule héritière du domaine de Blackwood Manor. Elle avait quitté les lieux pour fuir la rigidité de ses parents, qui sait ce qu'elle va découvrir en revenant...
Premier roman de
Ellen Marie Wiseman a être traduit par les éditions Faubourg Marigny, et première découverte de l'autrice pour moi. J'ai repoussé un moment la lecture de ce gros bébé, car pour être honnête, tant son côté "pavé" que son sujet me faisait peur. J'ai plutôt l'habitude des romans historiques prenant part à des époques difficiles, des guerres souvent, et ici je craignais un peu de manquer d'action, de trouver des longueurs au récit. Avec ce thème du cirque, je craignais aussi un peu une intrigue trop voyeuriste.
Finalement, j'ai dévoré le roman très rapidement. L'autrice sait rendre son récit addictif et donner envie de tourner les pages, et je n'ai ressenti aucune lenteur dans le récit.
Je me suis surtout beaucoup attachée au personnage de Lilly, que l'on voit grandir en traversant les épreuves. Comme le dit le résumé, les vrais monstres ne sont parfois pas ceux que l'on croit... Avec cette histoire, j'ai été souvent bouleversée: j'ai été émue par Lilly et ses compagnons du musée des monstres tout j'ai eu des envies de meurtre envers d'autres personnages. Certaines scènes m'ont amenée au bord de la nausée.
La partie concernant Julia est beaucoup moins développée et je n'ai pas réussi à m'y investir de la même façon. J'avais un peu l'impression qu'elle était davantage un prétexte pour susciter la curiosité du lecteur, pour que l'on se demande ce qui s'était passé pendant ce laps de temps, pendant ces vingt ans, pour en arriver là. Et finalement, la révélation finale est assez simple à imaginer.
Même si je pense qu'une simple temporalité aurait pu suffire pour ce récit, je comprends que cette alternance ait pu être souhaitée pour rythmer le récit. Pour ma part, ce n'était pas indispensable, mais ce n'est pas problématique non plus, étant donné que ces passages sont assez courts.
Historiquement j'ai beaucoup apprécié ces réflexions sur la place des "monstres" dans les cirques de l'époque. La façon dont ces personnes sont traitées, vendues, possédées, comme des sous-êtres humains, pire que des animaux.... et en parallèle, la façon dont les animaux sont traités dans le roman, que ce soit dans le cirque ou dans le haras de Blackwood manor...
Dans cette histoire, si les monstres ne sont pas ceux que l'on croit, les animaux sont souvent bien plus humains que les hommes. J'ai toujours du mal lorsqu'on voit des animaux souffrir dans des films ou des romans, et ici ca n'a pas raté, j'ai souvent versé des larmes pour eux.
Tout cela amène une réflexion intéressante par rapport aux préoccupations de notre société actuelle sur le sujet. Ce qu'on a considéré comme normal à une époque est aujourd'hui heureusement vu comme quelque chose d'inhumain et de barbare; il n'est donc jamais trop tard pour essayer de faire changer les mentalités sur ce qui se fait encore trop aujourd'hui.