Intérieur du chalet. Noir absolu dans une pièce sans fenêtre. Edward avait les mains et les pieds liés. Dans la bouche, un chiffon. Dans la tête, une certitude. Dans le cœur, un soulagement.
Il n'était pas fou.
Il ne l'avait jamais été.
Il le savait maintenant.
Il crut à cette histoire. A ce beau conte de fée qui allait l'emporter pour toujours loin de cette vie moche, triste et blafarde. Il s'accrocha à ses épaules et sortit du gymnase avec le désir fou de tourner la page, de tourner des dizaines d'autres pages, pour accéder enfin à un destin paisible. Une vie dans laquelle on ne crève pas chaque jour. Une vie sans combat, sans honte ni haine. Une vie calme et réjouissante où chaque matin se fait léger comme un nuage de crème fouettée. Une vie qui donne envie de vivre.
« Elle savait élever la voix. Elle savait trancher, ordonner, orienter. Il y avait quelques jours, quelques mois, ces nouvelles capacités l’auraient sans doute rassuré. Il se serait attaché à cette maman libérée de ses fantômes et enfin sortie d’un coma de quinze ans. Mais les contes de fées n’existaient pas et la Belle au bois dormant qui s’éveillait dans son monde en lambeaux lui donner envie de la tuer. De l’éliminer. Ca bouillonnait en lui, il avait peur. Peur de cet amour qu’elle lui exhibait sous le nez et qu’il ne pouvait pas supporter parce que cet amour aurait pu lui donner envie de vivre et d’espérer, de s’attacher et peut-être d’oublier le visage de son père ». (citation choisie par Eddy)
La chair humaine se remettait plus vite que les sentiments.
Lui aussi se sentait mort, détaché du monde réel, à mi-chemin entre le présent et le futur, entre la vie et l'enfer.
Il courut sans arrêt, ne sachant où trouver refuge, persuadé que personne ne le croirait. Que personne ne pourrait envisager une telle horreur. [...] parce que l'inhumanité était insupportable aux yeux des hommes. Qu'elle soulevait le coeur, l'âme, et déchiquetait la peau à rendre fou. Valait-il mieux détourner les yeux que de regarder en face la monstruosité dont les humains étaient capables?
Sa famille avit une salle gueule. Des pièces de puzzle dans une demeure de luxe...
(Edward vient d'apprendre le décès de son père)
Il appuya sur le bouton d'appel et, quelques minutes plus tard, une infirmière vint l'aider à boire et lui ôter son goutte-à-goutte.
- Comment vous sentez-vous, jeune homme ?
- Orphelin.
Depuis la mort de son père, blesser les autres était à peu près la seule sensation vivante qu'il ressentait. Pas tout à fait du plaisir, mais quelque chose en lui qui se remettait à vibrer dans ces moments-là.
Je hais ma mère et elle me hait depuis toujours. Mon père vient de mourir dans un accident de voiture. Je n'ai pas d'amis à part quelques relations de gamers. Je pense que je vais me tuer. Ce sera plus facile
Les gosses n'étaient pas toujours en sécurité dans leur maison, car c'était là que pour certains leur vie se faisait bousiller à jamais. Une violence sans témoins, bien calfeutrée derrière les doubles rideaux.