Envoûtante.
Si je devais définir d'un seul mot cette lecture, ce serait celui-ci, sans hésitation. Dès que je me plongeais dans les pages du roman, je n'arrivais plus à en sortir. Et loin d'en casser le rythme, l'alternance des chapitres le rend extrêmement addictif.
Cette alternance va nous faire suivre trois personnages, sur deux époques différentes.
Dans les années 1920, Opaline, jeune fille de bonne famille, a fait un choix : celui de fuir un mariage arrangé par un frère violent, pour vivre la vie qu'elle souhaitait, coupant tout lien avec sa famille et son milieu.
De nos jours, Martha a fui, elle aussi. Elle a fui la violence conjugale, et le triste destin qui lui semblait promis. Elle a trouvé refuge à Dublin, chez la vieille Mrs Bowden qui l'a embauchée comme employée de maison.
Elle va croiser la route de Henry, un universitaire à la recherche d'un manuscrit perdu.
En réalité, il y a un quatrième personnage dans cette histoire, qui lui donne son titre et qui fait le lien entre tous.
La librairie disparue, la librairie d'Opaline. Elle est le point d'ancrage de toute l'histoire, et autour d'elle flotte un parfum étrange. Des arbres et des livres, des mots et des histoires, des personnes et des lieux, qui apparaissent et disparaissent, comme par magie. Mais la librairie et le manuscrit sont toujours au centre de tout.
Ce que j'ai particulièrement aimé avec cette histoire, c'est qu'elle n'allait jamais là où je l'attendais. Quand on lit beaucoup, il devient de plus en plus difficile d'être surprise par un roman, les schémas sont souvent un peu récurrent d'une histoire à une autre. Mais pas cette fois. Que cela concerne Opaline, Martha ou Henry, l'histoire n'allait jamais dans la direction que j'avais imaginée.
Habituellement, dans les romans à double temporalité, j'ai toujours une préférence pour une époque ou une autre, que ce soit car je trouve les personnages plus attachants, ou l'histoire plus intéressante. Mais pas cette fois. Je serais franchement incapable de faire un choix, tant j'avais le sentiment que tout était lié, que les chapitres se répondaient les uns aux autres, et se faisaient écho indépendamment de leur temporalité.
Les trois personnages m'ont intéressée, je les ai trouvés complexes, et attachants à la fois. Tous ont eu à traiter avec la violence, familiale ou conjugale, verbale ou physique. Mais bizarrement, je n'ai pas trouvé que cela plombait le roman. Ce sont des personnages en pleine évolution, qui ont fui cette violence, qui cherchent à remonter la pente, à se reconstruire. J'étais réellement impliquée à leurs côtés.
La part de fantastique me faisait un peu peur, mais finalement, elle était parfaitement dosée à mon goût. Juste de quoi introduire une dose de mystère, et rendre le récit intriguant, lui donner ce côté intemporel des histoires merveilleuses. Il y a un charme particulier dans cette histoire, dans son style, auquel j'ai été particulièrement sensible.
Et puis, en tant qu'amoureuse des livres, j'ai proprement adoré toutes les considérations sur le monde des collectionneurs de livres rares, sur les manuscrits perdus, sur les écrits et la vie des soeurs Brontë. Et sur le pouvoir salvateur de la lecture, des livres, qui sont à mes yeux la véritable magie qui imprègne la librairie, qui réunissent ceux qui doivent l'être, qui offrent un refuge dans une réalité difficile.
Bref, vous l'aurez compris, cette lecture fut un coup de coeur. Au point que j'ai oublié de mentionner cette magnifique édition collector! Un écrin à la hauteur de la pépite qu'il renferme.