Dans
Les années, on retrouve le style narratif si particulier de
Virginia Woolf, qu'elle avait déjà imaginé dans
Mrs Dalloway, avec une successions de pensées et de monologues intérieurs passant d'un personnage à l'autre au fil des pages.
Mais à la différence du précédent, où le fil de l'histoire passe par des personnages sans lien les uns avec les autres, ici, nous suivons les membres d'une même famille, ce qui rend la trame un peu plus facile à suivre.
C'est donc une succession de scènes de vie de la famille Pargiter que va nous décrire
Virginia Woolf, entre 1880 et 1937.
A chaque changement de chapitre, le rideau se lève sur une nouv
elle saison, une nouvelle années, un nouveau décor. Et c'est au fil des dialogues entre les personnages que l'on devine que l'une s'est marié, l'autre a fait une brillante carrière universitaire etc..
L'ensemble a un rendu hyper-réaliste. Les conversations sont interrompues, on exprime pas toujours ce qu'on voulait dire ou maladroitement, on ne connait pas les pensées de l'interlocuteur..
En filigrane, on devine les grands évènements contemporains: la guerre de 14-18, les suffragettes, les conflits en Irlande, la colonialisme etc..
Mais ce sont les souvenirs individuels et les détails qui sont mise en avant.
La bouilloire capricieuse.
Une tache sur le nez de Sarah.
Un diner à la cave une soir d'alerte aérienne pendant la guerre.
Un parapluie avec une tête de perroquet en guise de manche.
C'est la place qu'elle accorde aux détails qui fait le charme de son écriture si particulière. Et sa vision clairvoyante et tellement d'actualité!
"Crois-tu qu'un de ces jours nous pourrons voir ce qu'il y a à l'autre bout du téléphone?" demanda Peggy en se levant.