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4,03

sur 730 notes
« La promenade au phare » est un des écrits les plus pertinents que j'ai pu lire de Virginia Woolf. En fait, j'ai retenu 3 "gros" points qui m'ont vraiment plu et intrigué dans ce livre.



Il y a tout d'abord la dimension autobiographique. On sait, de source sûre, que Virginia Woolf s'est inspiré de ses parents pour créer les personnages de Monsieur et Madame Ramsay.
Monsieur Ramsay est un personnage érudit certes, mais il est surtout très froid et autoritaire. Il veut aussi sans arrêt être rassuré sur son travail. Il considère les autres comme des choses que l'on peut contrôler ou qui sont là pour s'occuper de lui (notamment les femmes). Ses enfants semblent franchement le détester, et on les comprend aisément.

Quant à Madame Ramsay, elle est plus douce, et aime aider son prochain… mais pour certains, elle fait cela par vanité. C'est en lisant tout cela qu'une question se pose : y'a-t-il une limite entre la réalité et la fiction ? Est-ce que ces portraits sont fidèles à l'image que Virginia avait de ses parents ?
Le doute est encore plus fort quand on voit à quel point Lily Brescoe, une peintre, est inspirée de l'auteure. Lily n'a pas confiance en ce qu'elle fait, et ne souhaite pas que son travail soit vu par les autres. Elle souhaite créer, mais ce moment de création est en même temps une véritable source d'angoisse. Et cela fait écho aux doutes que Virginia avait constamment sur son travail.
Le flou entre la réalité et le livre est donc très intéressant. Je pense que l'on ne saura jamais la vérité (même si le journal de V.W en parle un peu) mais c'est aussi ce qui fait le charme de ce livre.


Virginia Woolf est une figure importante du mouvement féministe, et elle le démontre une nouvelle fois dans ce livre. Madame Ramsay est la femme au foyer, assez soumise (et plutôt inculte, d'après son mari), qui s'occupe des enfants quand le père pense à son travail et à ses lectures... C'est, ironiquement, aussi une marieuse car bon, une femme doit forcément être mariée (alors que l'on ne peut pas dire que son couple soit réellement un exemple)…Pour Andrew, les femmes ne peuvent pas contrôler leurs émotions et quant à Charles Tansley, il considère que les femmes sont incapables de créer… autant dire que ça sent l'ironie à plein nez !

Dans « La promenade au phare » (et comme souvent dans les textes de V.W), les personnages se parlent peu, mais ce qui est encore plus fascinant dans ce livre en particulier, c'est que tout semble se jouer sur les apparences. Les personnages s'observent (la partie sur le dîner est d'ailleurs très intense), s'imaginent des choses les uns sur les autres, contrôlent leurs propres aspects…Tout est lié à cette idée des apparences trompeuses. Il faut garder un certain contrôle. Et, en même temps, dire les choses telles qu'elles sont réellement semble être assez compliqué (par ex, le moment où les époux se retrouvent à deux). C'est une question intéressante sur les rapports humains dans notre société et la complexité des êtres.

J'ai quand même trouvé que certaines phrases sont parfois beaucoup trop longues : en effet, si on n'est pas totalement concentré, on peut vite devoir remonter jusqu'au début pour comprendre où V.W veut en venir. D'ailleurs, elle joue aussi sur la ponctuation pour nous perturber (comme des parenthèses qui s'ouvrent mais ne se ferment jamais). Il y a aussi certains passages qui sont trop « flottants » à mon goût, où l'on ne parvient pas forcément à comprendre ce qui doit être compris.

Cependant, malgré ces dernières remarques, j'estime que c'est vraiment un bon (et émouvant) texte sur de nombreux points… Il faut juste le lire loin de toute distraction, pour pouvoir saisir les éléments qui en font un bon livre !
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Vers le phare est l'un des romans les plus autobiographiques de Virginia Woolf. le couple Ramsay s'inspire directement des parents de l'autrice, et de nombreux souvenirs d'enfance y sont transposés. le flux de conscience et le monologue intérieur, techniques narratives récurrentes dans l'oeuvre de Woolf, retranscrivent le flot des pensées qui viennent à l'esprit des personnages, évoquant le plus justement possible la myriade d'impressions et de réflexions qu'ils éprouvent en observant le monde. Les portraits sont enrichis des points de vues et jugements des différents personnages, d'où une grande subjectivité et de riches descriptions. La trame introspective et les changements de perspectives introduisent une réalité mouvante, ainsi l'on découvre la complexité de Mrs Ramsay, à la fois admirée de tous, cherchant à tisser des liens entre les êtres, mais qui suscite des sentiments ambivalents. Les réminiscences de l'enfance, sa fragilité, la conscience douloureuse du temps qui fuit sont exprimées par la tendresse de Mrs Ramsay pour ses enfants. L'écriture précise et poétique rend compte du monde de manière picturale à l'instar de la peintre Lily Briscoe qui cherche à capturer l'instant et l'harmonie. La construction du récit en trois parties témoigne du traitement particulier du temps : le début sur l'île écossaise où le couple Ramsay séjourne avec ses huit enfants et leurs hôtes, échangeant sur les rapports homme-femme, le mariage, la politique, le besoin d'indépendance des femmes, le patriarcat, les conventions. le petit James veut aller au phare mais il est rabroué par son père Mr Ramsay. La deuxième partie est la plus terrible, elle condense les dix années qui se sont écoulées : la Grande Guerre a éclaté, un des fils a été tué, d'autres deuils ont assombri la vie de la famille. On retrouve la maison sur l'île, délabrée, marquée par le temps qui passe, remise en état par les employées de maison, ce qui donne lieu à de beaux portraits. La dernière partie voit le retour de quelques personnages, James et sa soeur vont enfin aller au phare avec leur père, Lily se remettre à son tableau et se souvenir.
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Un livre incroyable. D'abord on attend la promenade, mais elle ne vient pas. Ne vous inquiétez pas, elle viendra ! Oui elle viendra, mais entretemps il se sera passé quelque chose d'énorme, d'essentiel et qu'on ne peut révéler. Dans cet entre-deux du récit, Virginia Woolf nous décrit les objets, les meubles, les choses dans une maison vide, et le vent qui s'engouffre là-dedans. Sur le deuil je crois n'avoir rien lu de plus juste. Pas le roman de Virginia à lire en premier car il est très déroutant.
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Je n'ai pas terminé ma lecture. Je ne comprenais rien à l'histoire de ce livre
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A partir d'une toute petite question, une parfaite platitude (Va-t-il faire beau temps demain pour aller se promener au phare ?), Virginia Woolf a encore écrit un beau roman, avec l'intelligence émotionnelle qui lui est propre. Les habitants d'une maison de vacance, un couple et ses enfants, ainsi que leurs domestiques et quelques amis, sont des gens simples et complexes en même temps, avec leurs caractères et leurs histoires personnelles. Chacun raconte sa vie ou celles des autres à travers leurs flux de conscience qui s'entremêlent ; des enchaînements d'idées parfois saugrenues, éloignés de la temporalité du monde extérieur. Woolf a scruté avec acuité mais aussi une réelle empathie, les relations familiales, conjugales, amoureuses, sociales de tout ce petit monde.
C'est très embêtant d'évoquer, de juger des personnages que l'auteur a manifestement voulu rendre complexes par leurs non-dits, et même peut-être aussi impénétrables que dans la réalité. Sont-ils soumis, orgueilleux, amoureux, égoïstes, perdants, heureux, malheureux ? Ils le sont. D'autres choses aussi, qu'on perçoit à peine. Mais s'il y a bien une chose qu'ils partagent tous, c'est d'être seuls avec leurs consciences. Mrs Ramsay, la mère et l'épouse, est le personnage central autour duquel gravitent les autres. Elle est ce foyer chaleureux qui peut également être oppressant, fait d'amour et de dévouement. Elle a cinquante ans, huit enfants, un mari philosophe, elle est encore belle ; autant dire que c'est une femme presque accomplie. Presque, car personne n'est aussi simplement définissable, et elle a grandement conscience du temps qui passe, avec ce que cela peut avoir de dévastateur. Entre son pessimisme, le pressentiment d'un avenir sombre (les deuils, les amours perdus, les blessures incurables) et sa volonté d'espérer, elle essaye de retenir le présent.
Cette première moitié du roman, qui ne dure qu'une journée, est très semblable aux « Vagues », avec une multiplicité de personnages perdus dans leurs pensées. Toutefois, on peut noter quelques légères nuances. Les émotions exprimées m'ont paru plus douces que dans « Les vagues », avec moins de moments de profondes contemplations ou de violentes tristesses.
Ce n'est que dans la deuxième partie que Virginia Woolf déploie tout son lyrisme et se permet des descriptions rêveuses et inspirées. Dix ans plus tard, une guerre est passée, la famille a connu plusieurs décès et ce n'est plus l'avenir qui préoccupe - cette simple petite promenade au phare qui n'avait finalement pas eu lieu -, mais le temps révolu. Cette fois le temps est beau, dix ans après cette promenade peut enfin se faire.
Une histoire très inspirée par l'enfance de Virginia Woolf.

Au sujet de la traduction par M. Lanoire, je n'ai pas bien compris l'usage exclusif du vouvoiement, même entre parents et enfants, frères et soeurs. Dans un sens, cela permet de souligner la solitude et l'éloignement de tous les personnages, mais c'est à mon avis passer complètement à côté de leur caractère non-extraordinaire et du thème central : le foyer familial.
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Mrs. Ramsay est la pierre angulaire du roman et ce n'est pas sans raison. C'est une femme à la fois si ordinaire (par son quotidien, sa condition, la charge mentale qui lui incombe) et si incroyable (par sa force, sa beauté [parfois trop lourdement soulignée], son intelligence y compris émotionnelle). Elle a de quoi résoudre les mommy issues de tout le monde.

Les pleurnicheries et péripéties de la bourgeoisie britannique du début du XXe siècle ne sont pas ma tasse de thé. Mais là, avec Woolf, c'est différent. Elle a une manière d'aviver ce récit et de le rendre si captivant alors que s'il avait été réalisé par un autre auteur, j'aurais abandonné rapidement ma lecture.

Il y a tout de même quelques moments de longueurs. Néanmoins, les descriptions sont somptueuses et les nombreuses réflexions émises par les protagonistes ont un ton universel, en plus d'être contées si poétiquement.

Ce que je regrette toutefois c'est la lourdeur de certains passages, comme lorsque Lily est décrite comme ayant des « yeux de Chinoise » et que c'est pour cette raison qu'elle ne trouvera pas d'époux... C'est comme une piqûre de rappel de l'antisémitisme infâme qui caractérise Woolf et de ses biais racistes et impérialistes.
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Waw belle claque et pourtant il ne se passe pas grand chose d ou le nom sens de ce roman.

Simplement la vie retirée du boucan et de la masse que chacun a choisi pour une raison de réflexion ou je ne sais quoi ...
Mais wallah :⁠-⁠) on s en fout de ça faut pas rester kéblo sur ça si non bordel on va la perdre ! Car je suis sur que l histoire en elle même est dans les sens cachés.

Je lis assez rarement pas littéraire je pense que j' ai fait une bonne pioche sur ce livre pour recommencer tout ce passe dans la psychologie des personnages comme les cicatrices des sous couches d une peinture 😉

Je l ai lu alors à l'envers elle écrit de manière somptueuse avec rondeur, fertilité comme si dans sa vision tout était liquéfaction aspirant le moindre suc d une île et d un paysage lunaire au delà des mots ...

Mystère pour moi ce phare; l'éclat du temps, la lumière, la mort, l aventure, la fragilité de la vie, la finitude ?

Pour moi le style des phrases sont comme des ondulations qui s éclatent sur la perception des émotions humaines passant d un état solide l instant même à l état gazeux; Voyance de la pensée !

C est là où Mme Ramsay devient jubilatoire pourvoir lire les lignes de chaque individu avec l'éclair de son imagination et son optimise couvrant ses enfants de la négation tyrannique masculine. l'espoir d aller au phare un jour ...

Comment peut t'on rendre une histoire banale aussi attachante et nostalgique c est tout simplement de l art supérieur je n aime pas ce terme mais bon ...
C est un écrivain de grande envergure pour faire ce tour de passe passe !

Je me tâte à prendre la traversée des apparences mais je pense le niveau à l air trop haut pour un lecteur qui ne lit pas ou rarement.

Bref Merci Virginie pour m avoir redonner goût à la lecture que tes cendres soient comme des fantômes virevoltants sans souffrance comme tu le voulais.

Si vous avez des noms en littérature féminine de ce niveau là n hésitez je suis un peu Inculte












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Difficile de faire une "critique" d'un tel classique. Quelle balade, quelle claque!
Je découvre Virginia Woolf par ce roman à la puissance narrative incroyable.
Publié en 1929, le livre est séquencé en trois actes, le second étant une vision extérieur à l'action. Les différentes perspectives, la description des sentiments et leurs complexités rend le roman profondément grave et nostalgique.
Nous sommes ici à l'opposé de ce qu'on rencontre parfois de caricature à gros traits, de psychologie sans nuances, ici tout est délicat, complexe et peint avec de nombreux détails et contraste.
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Nous qui sommes en ce moment un peu prisonniers, nous pouvons comprendre ce souhait d'aller au phare et la frustration des héros de l'oeuvre qui ne réussissent pas à combler ce désir de mer et de phare!
Virginia Woolf peu faire naître une sorte de crainte chez le lecteur potentiel, ce "stream of consciousness" peut a priori donner le vertige, mais il faut accepter d'être un peu dérangés dans une routine rassurante de lecture, et se lancer.
On entre par effraction dans cette demeure qui abrite une grande famille et quelques autres personnages en vacances.
L'atmosphère est calme en surface mais les passions contenues par la bonne éducation affleurent et les tensions deviennent vite palpables.
Les pages qui décrivent l'amour maternel sont admirables. Mais tout en fait est admirable et le lecteur est rafraîchi par la brise de mer et l'air parfumé du jardin, il se sent gagné par une forme de sérénité et le rythme du coeur ralentit.
Substituez à cette impossible promenade au phare vos propres attentes et prenez patience!
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Cette façon d'enfiler les pensées comme des perles, de naviguer entre les points de vue avec une telle justesse - comme ils sont vivants, tous ces Anglais ! Woolf nous place sans effort dans l'esprit de chaque membre de la famille et de leur entourage. Chaque idée (à laquelle elle accroche des atmosphères, la gaucherie touchante des uns et des autres, des marmites de potage) est ressentie au plus profond de ses os.
Et comme d'habitude, le doigt est posé tout juste sur ce qui démange quand au fait d'être une femme, sur ce qui chatouillait juste hors d'atteinte - les sacrifices, les hésitations, le ridicule aussi - tout ça transmis par Mrs. Ramsay et Lily.
Un livre formidable, qui, une fois qu'on y est rentré, ne nous laisse plus repartir.
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