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4,03

sur 727 notes
Beaucoup d'introspection chez Virginia Woolf, dans ce roman, que je ne peux terminer. Les liens avec sa propre vie sont certainement au coeur de ses réflexions, dans une histoire de famille qui s'étend aux proches amis. Mrs Ramsay entend régner en maîtresse sur la vie des protagonistes, s'appuyant sur son mari, un homme dont elle est éperdument amoureuse, mais qui ne semble pas donner beaucoup de reflets à ses sentiments.
Chacun retient son rôle, avare d'excès qui me les auraient rendus sympathiques.
Je suis navrée de devoir arrêter ma lecture...
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hère lectrice, Cher lecteur,

J'ai décidé de lire Vers le phare de Virginia Woolf car M. Robert Benoit me l'a gentiment proposé. Alors, j'ai plongé dans ce livre en même temps que lui et je tiens à le remercier pour cette proposition. Je possède Romans, essais de Virginia Woolf de Quarto Gallimard alors j'ai lu Vers le phare à partir de ce bouquin.

Virginia Woolf et Madame lit

Il est des autrices et des auteurs dont il m'est difficile de parler sur ce blogue. Virginia Woolf fait partie de cette catégorie. Pourquoi? Je crois que je suis intimidée par elle et par son intelligence. Sa plume apparaît tellement magnifique, son talent s'avère incommensurable, ses personnages semblent inoubliables. Son génie est couché là, sur le papier. Qui d'ailleurs peut oublier le formidable incipit de Mrs. Dalloway : «Mrs. Dalloway dit qu'elle irait acheter les fleurs elle-même». Il suffit d'ouvrir un de ses romans et de prendre le temps de savourer chaque phrase qui appelle au recueillement. Je retiens mon souffle lorsque je lis ses mots et je plonge dans mon intériorité la plus sombre. Sa façon d'aborder la mort, le temps qui passe, les drames de la vie, m'atteint profondément. Je ressens sa douleur à travers ses mots. Pour moi, les univers de Virginia Woolf sont un peu cela et beaucoup plus… à l'image d'une cathédrale trop belle pour les yeux.

Et le phare (paru en 1927) ?

Le phare raconte l'histoire des Ramsay à des moments précis de leur vie et de certains de leurs amis. Quelque part sur une île située en Écosse, les Ramsay reçoivent dans leur maison de vacances des amis (peintre, scientifique, écrivain). Ce couple a 8 enfants et l'un d'entre eux, James, souhaite aller au phare. Une expédition se prépare mais cette dernière aura lieu dix ans plus tard.

Dialectique mer-mère

Dans ce livre, le lecteur suit le rythme de l'eau ou celui imposé par la figure maternelle. La mer/mère est toujours présente. Il peut s'agir parfois de la mère, la mère adorée, la mère aimante, la mère trop belle, la mère synonyme du paradis perdu. Cette mère est aussi prisonnière de l'autorité patriarcale, c'est une mère qui aime son mari, elle est au centre de tout l'univers. Mais encore, cette mère possède une intériorité riche. Elle perçoit la réalité, l'analyse, elle essaye de la modifier en créant à sa façon la beauté du monde (un jardin, une lecture); elle devient une «éponge imbibée d'émotions humaines». Cette mère, c'est bien entendu Mrs. Ramsay. Elle est partout, elle est 10 000 fois supérieure à son époux. Mrs. Ramsay apparaît comme un magnifique personnage qui sait où se trouve son bonheur, qui connaît le sens de son existence. le phare, est-ce elle qui éclaire par sa beauté, par sa bonté, par son amour son entourage? Ou encore, est-elle cette forme évoquant la solitude, la vérité de toutes choses?

Par ailleurs, la mer encercle les protagonistes. Sous la plume de Virginia Woolf, la nature participe à la description intérieure des personnages. À cet égard, la mer s'avère la métaphore des émotions humaines.

«Ils venaient là régulièrement chaque soir, poussée par quelque besoin intérieur. Comme si l'eau faisait flotter, voguer des pensées devenues stagnantes sur la terre ferme, et procurait à leurs corps mêmes une espèce de détente physique. D'abord, la vibration de la couleur inondait la baie de bleu et le coeur se dilatait lui aussi et le coeur ondoyait librement avant d'être aussitôt freiné et glacé par la noirceur épineuse dont se hérissait chaque vague.» (p. 245-246)

Il y a de sublimes passages sur les vagues, l'eau. Les vagues rythment le récit. Elles deviennent la puissance lyrique de ce dernier au gré des émotions de l'un, puis de l'autre.

Lily Briscoe

Par le biais de ce personnage peintre que j'ai adoré, le lecteur est amené à percevoir l'univers des protagonistes. Lily cherche à rendre compte de l'endroit où elle se trouve car elle est amoureuse de la perfection de ce dernier. Elle aime voir, percevoir, chercher un sens. Grâce à elle, le lecteur a accès à de très beaux questionnements sur la mort, sur la vie, sur la vérité de toutes choses.

«Quel est le sens de la vie? Rien d'autre – une question simple, qui semblait se faire plus pressante au fil des années. La grande révélation n'était jamais arrivée. En fait, la grande révélation n'arriverait peut-être jamais. C'étaient plutôt de petits miracles quotidiens, des illuminations, allumettes craquées à l'improviste dans le noir ; en voici une. Tout cet ensemble; elle-même, Charles Tanslay et la vague déferlante; Mrs. Ramsay les rassemblant; Mrs. Ramsay disant : «Qu'ici la vie s'arrête»; Mrs. Ramsay faisant de cet instant quelque chose de permanent (tout comme Lily s'efforçait de le faire dans un autre domaine)- cela tenait de la révélation.» (p. 351)

Lily la vieille-fille occupe, entre autres, la troisième partie du livre. Elle offre une manière de comprendre le travail d'un artiste tout au long du récit. C'est en quelque sorte une façon de rendre hommage aux artisans qui tentent de dévoiler la beauté de l'existence par le biais de leurs oeuvres. Il faut lire son questionnement par rapport à sa quête de la perfection. C'est touchant.

Vous l'aurez sans aucun doute compris, j'ai adoré ma lecture. Pour moi, lire un bouquin de Virginia Woolf, c'est toujours une aventure existentielle. Parfois je me perds, mais chaque fois, je reviens, comme une vague se couchant sur le sable après la tempête.

https://madamelit.ca/2022/01/19/madame-lit-vers-le-phare-de-virginia-woolf/


Lien : https://madamelit.ca/2022/01..
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Mais quel bouquin! Bon clairement, Virginia Woolf ce n'est pas n'importe qui, on le sait sans même avoir lu son oeuvre, parce qu'on nous l'a assez dit. On aborde donc cela avec le respect que l'on doit aux grands, et on découvre vite que notre respect sera vite dépassé par notre admiration.
"To the lighthouse" est une oeuvre incroyable, j'ai trouvé, dont l'essentiel du charme tient à la technique qu'emploie Virginia Woolf pour nous laisser entrevoir des fumerolles de sentiments, des micro-secondes de prise de conscience, des bribes d'éphémères rêveries.
L'histoire est très ténue, mais aussi solide que de la toile d'araignée. le livre, partagé en trois parties, nous propose tout d'abord une soirée dans une maison en bord de mer où des bourgeois se prélassent, qui en peignant, qui en se promenant, qui en allant à la plage. Madame Ramsay, femme solaire et protectrice, règne sur ses huit enfants, son mari inquiet, ses amis intellos. Il ne se passe rien de plus que des moments de contemplation et des hypothèses sur les relations changeantes entre ces gens.
Cette partie du livre est de loin la plus longue et la plus difficile à saisir. Elle brille dans le roman moins par ce qui y est raconté que par l'extraordinaire technique que déploie Woolf pour nous faire entrer dans la conscience de ses personnages. Besoin d'amour, inquiétudes, convenances sociales, espoirs et drames enfantins, tout passe dans ces pensées en mouvements. Ce qui frappe, en plus de la prose étonnante, c'est la capacité presque surréelle qu'ont les personnages de penser les mêmes choses aux mêmes moments et parfois même de répondre aux pensées des autres. Il y a plus qu'un "flux de conscience" dans la technique de Woolf, elle instaure comme une télépathie entre ses personnages, rendant son propos presque fantastique...
La deuxième partie est la plus réussie et curieusement la plus courte : il s'agit d'une époustouflante description de la maison des Ramsay, qui se délabre, désertée, dix ans plus tard, dans le vent du nord. On parcourt les années en compagnie d'une vieille dame, on découvre entre parenthèses, comme un after-thought, les drames des dix dernières années . C'est absolument magnifique, un des plus beaux passage surement de la littérature anglaise et cela me laisse sans mots pour la décrire....
Enfin la troisième partie , excellente, est une re-visitation de la soirée originelle au début du livre, au travers des souvenirs de Lily, une jeune femme qui continue à peindre son paysage (et peindre ici, c'est en fait arrêter et recréer le monde). Une croisière vers le phare voisin, contrariée dans le premier chapitre, va enfin s'accomplir, fournissant à chacun son épiphanie personnelle tandis que les fantômes du passé , de la famille, de la guerre même, se résolvent en une acceptation du présent.
Livre singulier et étonnant, à la lecture assez ardue au départ, qui vous récompense heureusement par la luminosité des ses intuitions sur nos sentiments et par sa magnifique écriture. Un chef d'oeuvre, aucun doute là-dessus...
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A lire vos critiques, je me rends compte qu'il faut que je relise ce livre. Sans doute résonnerait-il différemment et beaucoup plus intensément que lors de ma première lecture. J'étais alors une jeune maman tellement différente de Mrs Ramsay. Je n'avais guère le loisir d'écouter ma petite voix intérieure.
Il y a souvent un temps particulier dans la vie où certains livres nous parlent intimement. J'aime voir ce livre dans ma bibliothèque ; alors, peut-être est-ce le moment de l'ouvrir à nouveau.
Aujourd'hui, je me permets de flâner dans la lande écossaise avec Virginia Woolf, certains passages surgissent en désordre, je me surprends à les relire et à entendre un écho en moi.
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Difficile mais magnifique, dans une très belle traduction, l'édition folio de ce roman est dotée des notes qui figurent dans l'édition de la Pléiade (ou à peu près). Il s'agit d'un roman très original qui décrit des promenades vers le phare. Les événements ici, ce sont les pensées dans leur flux continuel. On ne s'intéresse pas tant à ce qui se passe qu'aux sensations et aux réflexions sans cesse changeantes et déviées qui traversent les consciences. On ne dévoilera pas les quelques minces événements mais, contrairement à ce que ce qui précède pourrait faire penser, il s'agit d'un roman poignant sur la fuite du temps, l'éphémère des relations humaines.
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Ce livre est un poème. le rythme lent du livre nous entraîne dans ce monde un peu nébuleux de la rêverie, de la pensée. L'auteur nous fait ressentir ce que vit chaque personnage, se mettant à la place des protagonistes principaux au fil de l'eau.
On est rapidement plongé dans l'atmosphère de ce bord de mer, dans ce voyage vers le phare… On entre dans le coeur des différents personnages, et l'auteur nous fait sonder non seulement leur coeur, leurs pensées mais aussi leur âme.
Le texte tourne finalement beaucoup autour de Mrs Ramsay et de sa relation avec les autres protagonistes de l'histoire, en particulier avec son mari, Mr Ramsay. Ils sont tous les deux les hôtes et les personnages pivots de l'histoire. Même dans la deuxième partie du roman, centrée sur la perception du monde par Lily Briscoe, l'absence de Mme Ramsay hante toutes ses pensées.
J'ai trouvé aussi très intéressante la description du lien unissant Mr et Mrs Ramsay. Une relation d'amour réservée, sur la retenue et le non-dit, qui cache finalement une vraie passion...
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Le rapport au temps est Proustien, sans le coté affecté que prend parfois celui-ci et la peinture tiens plus du cubisme que du surréalisme; mais le sentiment dominant reste,que peut-être pour la première fois, la féminité s'empare de thèmes masculin.
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Un roman très fluide. Une héroïne attachante, Mrs Ramsay, aux aspirations artistiques contrariées par une vie quotidienne pesante.
On a l'impression de s'enliser dans le monologue intérieur des personnages mais on se laisse prendre facilement par cette musique particulière.
Ce livre explore aussi l'affrontement entre les principe masculin et féminin. On a parlé d'"écriture féminine" à propos de Virginia Woolf mais, anticipant les grands mouvements féministes à venir (le roman a été écrit en 1927), Virginia Woolf parvient à brouiller les limites entre féminité et masculinité.
Un roman à lire et à relire..
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Virginia Woolf, par son écriture, le flottement de son fil narratif de personnage en personnage parvient réellement à écrire quelque chose de l'intime, de la pensée personnelle des êtres, de leur propre flottement entre l'être qu'ils sont et celui que le moule de la civilisation voudrait leur voir les voir revêtir.
La visite au phare n'aura pas lieu du vivant de Mrs Ramsay, mais bien des années plus tard, après sa mort, soumise à l'impérieux désir de Mr Ramsay. Deux journées s'opposent dans le roman, l'une sous l'égide de la mère, douce et persuasive, certaine du rôle dévolu à son sexe, la seconde sous celle du père, flottant entre assurance et demande impérieuse de la sympathie des femmes. Toutes deux perçue à travers une mosaïque de pensées appartenant aussi bien aux adultes qu'aux enfants présents, aussi bien aux protagonistes de premier plan qu'aux personnages sans action tels Lily Briscoe, vieille fille et peintre.
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Après L'art du roman qui m'avait enthousiasmée, j'étais mûre pour me lancer dans la lecture d'un roman de Virginia Woolf et avais sollicité les avis de blogueuses averties; conclusion: Mrs Dalloway devait attendre un peu.

Monsieur et Madame Ramsey sont installés pour l'été dans une grande villa sur la côte, à quelque distance d'une ile ou s'élève le fameux phare du titre. Dans une première partie où Madame Ramsey est quasi omniprésente, est en balance une promenade au phare, "s'il fait beau demain". Madame Ramsey tricote, s'occupe de la bonne marche de la maison, préside un dîner, joue les marieuses.
Sans crier gare, dans une deuxième partie extraordinaire, la maison est abandonnée pendant dix ans aux éléments, aux animaux et à la végétation. A trois reprises, en passant, le destin de trois personnages est révélé brusquement. Les femmes de ménage reviennent, la vie va reprendre.
Enfin en troisième partie, la promenade au phare longtemps différée a enfin lieu, cependant que leur hôte Lily Briscoe vient à bout de son tableau.
Evidemment ce n'est pas l'histoire qui est essentielle, n'est ce pas?

Je me suis laissée bousculer par le style de Virginia Woolf. Oh rien de très difficile à suivre. On passe d'un personnage à l'autre, d'une action, d'une bribe de dialogue, à des réflexions, parcourues de réminiscences. Les personnages dansent une sorte de ballet sous nos yeux. Au fil des pensées une autre s'impose, disparaît, revient. Une ironie très très subtile parcourt le texte. C'est surtout une lecture d'impressions, baignée de poésie, et mine de rien chaque personnage peut montrer plusieurs facettes et être rendu sympathique. du grand art!

Conclusion? I survived my first Virginia Woolf, et je vais continuer. C'est un grand moment dans la vie d'un lecteur d'être encore étonné par une sublime découverte.

Lire la suite: http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-promenade-au-phare-41330093.html#ixzz0cClaj1YY

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