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sur 727 notes
J'ai découvert Virginia Woolf il y a quelques années avec "Mrs Dalloway", que j'ai beaucoup aimé, mais qui n'a pourtant pas réussi à me défaire totalement de l'appréhension, liée à la vague conviction de son inaccessibilité, que j'éprouve à l'idée de la lire.
L'intrigue de "Vers le phare", minimaliste, orbite autour d'une certaine Mrs Ramsay, qui ressemble d'ailleurs à Mrs Dalloway. La grande maison de vacances un peu décrépite qu'elle loue avec son époux sur une île écossaise, où prolifèrent les livres et où s'entassent tables et chaises bancales ayant fait leur temps à Londres, grouille d'une multitude d'hôtes de passage. On a là, entre autres, un universitaire insupportablement poseur et condescendant, une vieille fille artiste-peintre au physique ingrat, un poète méconnu… il y a aussi les huit enfants du couple Ramsay, dont leurs filles, qui rêvent secrètement d'une vie plus indépendante que celle de leur mère, que vénère par ailleurs sa progéniture.

Il est question d'une balade au phare ardemment espérée par James, le plus jeune de la fratrie, que ne permettra sans doute pas la météo, au grand dam de sa mère qui ne veut pas le décevoir. Il est question d'un diner avec du boeuf en daube…

Une seconde partie nous projettera, dix ans plus tard, au même endroit, aux côtés de certains des mêmes protagonistes.

Mrs Ramsay étend sur ce microcosme un singulier magnétisme, fait d'un mélange de courtoisie et de sévérité, d'élégance et de simplicité. Elle est le pivot de cette communauté temporaire dont elle assure la gestion, à la fois boussole et intendante, portée par la volonté de créer un moment de réunion qui restera dans les mémoires, de fixer le temps.

Comme un courant virevoltant, la narration passe d'un personnage à l'autre, non pour le dépeindre, mais pour capter le flux de son énergie spirituelle, intercepter l'enchevêtrement de ses pensées, qu'elles soient fugaces ou construites. L'auteure donne ainsi à voir l'opposition ou le décalage qui existe parfois entre ce que l'on montre et ce que l'on pense, et crée un surprenant contraste entre la nature souvent éphémère de nos agitations et la profusion mentale qu'elles suscitent.

La vie en collectivité, en multipliant les interactions, nourrit les intériorités des émotions, des doutes ou des observations que suscite le regard de l'autre. Là aussi, surgit parfois un décalage, lorsqu'on croit deviner les intentions ou les réflexions d'un proche… Les sentiments éprouvés les uns pour les autres, troubles ou extrêmes, tendres ou haineux, s'entrechoquent dans le texte mais ne sont en réalité traduits que par la vague gêne que provoque l'inévitable incommunicabilité qui sépare les êtres.

Les considérations matérielles, l'anodin, s'entremêlent au surgissement des questionnements existentiels : le sujet des frais de réparation de la serre ou de l'éradication des lapins pullulant dans le jardin s'invite sans transition parmi des considérations sur le caractère éphémère de l'existence ou la violence du monde. Chaque instant semble ainsi se boursoufler, se remplir à la fois d'une portion d'universalité et de ces contingences qui entre autres constituent le quotidien de chaque individu.

Les grands événements qui viennent fracasser les inoffensives routines -la mort, la guerre, la maladie- ne sont évoqués que par ellipses, avec une extrême brièveté qui s'oppose à ce foisonnement mental, la persistance de la vie, notamment dans ses manifestations psychiques, contrant la brutalité du mal et du néant.

Comme j'ai bien fait de dépasser une deuxième fois mon appréhension ! : j'ai adoré...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Mrs. Ramsay est la pierre angulaire du roman et ce n'est pas sans raison. C'est une femme à la fois si ordinaire (par son quotidien, sa condition, la charge mentale qui lui incombe) et si incroyable (par sa force, sa beauté [parfois trop lourdement soulignée], son intelligence y compris émotionnelle). Elle a de quoi résoudre les mommy issues de tout le monde.

Les pleurnicheries et péripéties de la bourgeoisie britannique du début du XXe siècle ne sont pas ma tasse de thé. Mais là, avec Woolf, c'est différent. Elle a une manière d'aviver ce récit et de le rendre si captivant alors que s'il avait été réalisé par un autre auteur, j'aurais abandonné rapidement ma lecture.

Il y a tout de même quelques moments de longueurs. Néanmoins, les descriptions sont somptueuses et les nombreuses réflexions émises par les protagonistes ont un ton universel, en plus d'être contées si poétiquement.

Ce que je regrette toutefois c'est la lourdeur de certains passages, comme lorsque Lily est décrite comme ayant des « yeux de Chinoise » et que c'est pour cette raison qu'elle ne trouvera pas d'époux... C'est comme une piqûre de rappel de l'antisémitisme infâme qui caractérise Woolf et de ses biais racistes et impérialistes.
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Un classique de la littérature britannique que j'avais commencé il y a au moins cinq ans et que j'avais laissé tomber au bout de quelques pages pour je ne sais plus quelle raison. Je lui ai donc redonné sa chance. Il ne se hissera certes pas sur le podium de mes livres préférés de l'autrice, puisqu'il ne détrône ni Flush, ni Une chambre à soi ni Mrs. Dalloway, mais j'ai quand même apprécié cette lecture. On y suit le couple Ramsay et leurs enfants qui reçoivent toute une galerie de personnages dans leur maison de vacances sur l'île de Skye, en Ecosse.

Je ne sais pas si ma capacité de concentration était défaillante quand je l'ai commencé mais j'ai eu beaucoup de mal à me retrouver entre les différents invités, à les différencier, à les associer chacun à une identité qui leur était propre, à leur individualité. La seule qui m'a réellement marquée et dont j'ai beaucoup apprécié le portrait est Lily Briscoe. Celle-ci commence un tableau au début du roman mais le regard des autres sur son oeuvre et son propre jugement critique l'inhibent et l'empêchent de se plonger pleinement dans son art. Finit-elle son tableau lorsque le roman s'achève 10 ans après ? Je laisse ce suspense si toutefois l'envie vous prenait de lire ce roman.

Ce serait mentir si je disais que je ne me suis pas du tout ennuyée à plusieurs moments en le lisant, tant certaines actions sont étirées et que quelques minutes paraissent durer des années, mais j'ai malgré tout beaucoup aimé la réflexion qu'offre Virginia Woolf sur le passage du temps justement ainsi que le lien entre l'Homme et la nature.
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L'histoire se passe sur une île en Ecosse, dans la famille Ramsay, une famille nombreuse.
Un livre sur le temps qui passe, où l'on suit les pensées et les sentiments (sur les choses ordinaires de la vie) de chaque personnage, leur destin.
Une très belle écriture, raffinée et poétique.
Un vrai bonheur de lecture.
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Valider l'item 14 "L'action de ce roman se situe essentiellement en bord de mer ou de lac" dans le cadre du Challenge Plumes Féminines 2024 : l'occasion était trop belle de relire : To the Lighthouse – Au Phare, de Virginia Woolf, une de mes autrices préférées, pour ce qu'elle représente par son engagement, pour avoir été l'une des écrivaines ayant révolutionné l'écriture avec sa technique du flux de conscience, pour la poésie de son style et juste pour le bonheur de lire une belle plume. Je me dis qu'il est trop difficile de choisir seulement six livres que j'emporterais sur une île déserte, mais To the Lighthouse, assurément, en ferait partie, pour Mrs Ramsay – comment ne pas tomber sous son charme - et pour cette maison des Hébrides, ouverte à tous les vents.

L'action se situe au Sud de la mer d'Ecosse, dans l'archipel des Hébrides, sur l'île de Skye.

La famille Ramsay et ses invités séjournent dans la villa d'été et le roman s'ouvre par une première partie intitulée "La Fenêtre" (il est découpé en trois parties : La Fenêtre, le Temps passe et le Phare) et sur ces mots "Oui, bien sur, s'il fait beau demain", dit Mrs Ramsay. "Mais, ajouta-t-elle, il faudra que tu te lèves à l'aurore". Cette phrase est adressée au plus jeune de ses garçons, James, impatient à la perspective d'aller faire la promenade au phare promise.

La fenêtre, vers laquelle convergent tous les regards afin de s'enquérir de la météo : fera-t-il beau demain ? Ira-t-on au phare ? Impossible par "gros temps". La fenêtre, ouverture vers un avenir incertain (l'action se déroule avant la première guerre mondiale). La fenêtre vers laquelle se tient Mrs Ramsay, personnage central du roman, qui veille à tout et sur tous, dans cette grande maison de vacances "ouverte à tous les vents", alors que le déferlement des vagues ponctue les pensées de Mrs Ramsay et lui fait songer à l'éphémérité de chaque chose, que le lecteur est emporté par le flot de conscience des différents personnages (leurs pensées, leurs sensations), les changements de point de vue, la perception du temps par chacun, ces instants de vie que l'on essaie de capturer par les mots – Virginia, par la peinture – le personnage de Lily Briscoe, l'une des invité-es, artiste-peintre qui travaille au portrait de Mrs Ramsay "à la fenêtre", avec James.

La maison de l'Île de Skye, "ouverte à tous les vents", accueille famille et amis, les réunit autour du fameux boeuf en daube, "le chef d'oeuvre de Mildred". Chacun y a sa place à table, sa chambre, y bénéficie de l'attention bienveillante de la lumineuse Mrs Ramsay, y pose ses valises, y participe à de longues discussions, appartient à la maisonnée, le temps d'un été.
Autour du couple Ramsay, Mrs Ramsay, figure maternelle qui s'oublie pour les autres, qui admire son époux, Mr Ramsay, philosophe assez tyrannique, gravitent les enfants – ils sont 8 – les amis dont l'artiste-peintre Lily Briscoe, Charles Tansley, étudiant de Mr Ramsay, William Bankes, ami de Mr Ramsay, Mr Carmichael etc.

La Promenade au Phare aborde les relations humaines - que connaissons-nous des autres ? - que laissent-ils percevoir ? "nos manifestations, les choses par quoi vous nous connaissez, sont tout simplement puériles. Au-dessous tout est noir, tout est tentaculaire et d'une profondeur insondable ; mais de temps à autre, nous montons à la surface et c'est à cela que vous nous voyez" - tout ce que nous ne parvenons pas à leur dire, le temps qui passe, le travail de l'artiste...

La première partie : "La fenêtre" relate une journée qui s'étire sur 150 pages environ, Tous les personnages sont réunis dans la maison de l'Île de Skye...., l'espace-temps se dilate par le flot de leurs pensées nous berçant comme le ressac, nous immergeant dans l'univers si singulier de Virginia Woolf.

La deuxième partie "Le temps passe" ne représente qu'une vingtaine de pages. "Ici Mr Carmichael, qui lisait du Virgile, souffla sa bougie. Il était minuit passé". Puis le temps passe très vite. Les ténèbres de la nuit qui suit cette journée où tous étaient encore réunis, les ténèbres de la guerre qui rugit au dehors tout comme la tempête "Les nuits à présent sont pleines de vent et de saccage ; les arbres plongent et se courbent et leurs feuilles tourbillonnent pêle-mêle avant de tapisser la pelouse, de s'entasser dans les chéneaux, d'engorger les conduits et de joncher les sentiers détrempés. La mer aussi se soulève et se brise (...)" et les ténèbres de la mort – 3 protagonistes meurent – Et puis, il y a l'écriture de la maison vide : "La maison était abandonnée ; la maison était désertée. Abandonnée comme un coquillage sur une dune, à se remplir de grains secs et salés à présent que la vie s'en est retirée. La longue nuit semblait s'être installée ; les tout petits airs grignoteurs, les souffles humides et fouineurs, semblaient avoir triomphé. La casserole avait rouillé et la natte pourri. Des crapauds s'étaient frayé un passage. Nonchalamment, futilement, le châle oscillant se balançait d'un côté à l'autre. Un chardon surgit entre les carreaux du cellier. Les hirondelles nichaient dans le salon ; le plancher était jonché de paille ; le plâtre tombait par pelletées entières (...)";

La maison reprendra vie dans la troisième partie "Le Phare" et les protagonistes survivants la feront cette promenade au phare et c'est Lily, l'artiste qui conclura le roman : "C'était fait ; c'était fini. Oui, se dit-elle, reposant son pinceau avec une lassitude extrême, j'ai eu ma vision."

Une relecture à nouveau avec un immense bonheur et ravie d'avoir pu associer Virginia à mes lectures pour ce challenge.

Ce choix pour l'item 14 "L'action de ce roman se situe essentiellement en bord de mer ou de lac"
# Challenge Plumes Féminines 2024
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Waw belle claque et pourtant il ne se passe pas grand chose d ou le nom sens de ce roman.

Simplement la vie retirée du boucan et de la masse que chacun a choisi pour une raison de réflexion ou je ne sais quoi ...
Mais wallah :⁠-⁠) on s en fout de ça faut pas rester kéblo sur ça si non bordel on va la perdre ! Car je suis sur que l histoire en elle même est dans les sens cachés.

Je lis assez rarement pas littéraire je pense que j' ai fait une bonne pioche sur ce livre pour recommencer tout ce passe dans la psychologie des personnages comme les cicatrices des sous couches d une peinture 😉

Je l ai lu alors à l'envers elle écrit de manière somptueuse avec rondeur, fertilité comme si dans sa vision tout était liquéfaction aspirant le moindre suc d une île et d un paysage lunaire au delà des mots ...

Mystère pour moi ce phare; l'éclat du temps, la lumière, la mort, l aventure, la fragilité de la vie, la finitude ?

Pour moi le style des phrases sont comme des ondulations qui s éclatent sur la perception des émotions humaines passant d un état solide l instant même à l état gazeux; Voyance de la pensée !

C est là où Mme Ramsay devient jubilatoire pourvoir lire les lignes de chaque individu avec l'éclair de son imagination et son optimise couvrant ses enfants de la négation tyrannique masculine. l'espoir d aller au phare un jour ...

Comment peut t'on rendre une histoire banale aussi attachante et nostalgique c est tout simplement de l art supérieur je n aime pas ce terme mais bon ...
C est un écrivain de grande envergure pour faire ce tour de passe passe !

Je me tâte à prendre la traversée des apparences mais je pense le niveau à l air trop haut pour un lecteur qui ne lit pas ou rarement.

Bref Merci Virginie pour m avoir redonner goût à la lecture que tes cendres soient comme des fantômes virevoltants sans souffrance comme tu le voulais.

Si vous avez des noms en littérature féminine de ce niveau là n hésitez je suis un peu Inculte












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Que dire d'un roman où il ne se passe presque rien, sinon qu'une suite d'impressions et de réflexions dans la tête des personnages? D'abord que cela est déroutant. Ensuite que le lecteur doit s'astreindre à rassembler les pensées de chaque personnage pour s'en faire une idée, en même temps qu'il doit aussi procéder à un autre assemblage, sur les thèmes abordés cette fois-ci, afin de cerner le propos. Et cela, tout en extrayant ces informations d'une écriture sinueuse, sans référence temporelle ni séparations claires entre les cogitations de l'un et l'autre. Autrement formulé, il faut être attentif et concentré. Et j'ajouterais fortement motivé, car rien n'est donné gratuitement ici.

Rendu là, l'effort en vaut-il la peine? À chacun sa réponse. Quant à moi, oui, pour le dépaysement, pour affronter sa paresse mentale, à titre d'expérience nouvelle, pour la découverte d'une écriture atypique. Mais je n'en ferais pas ma tasse de thé. Si les autres romans de l'auteure sont du même type, je laisserai à d'autres ce genre de casse-tête. Reste que l'exploration m'a plu d'une certaine façon. L'ironie de l'écrivaine sur la place des femmes, les contradictions internes de Mme Ramsay, le rapport à la peinture de Lily et le personnage du père, prisonnier de son propre caractère, sont autant d'éléments que j'ai savouré. Bref, une lecture étonnante et exigeante, lumineuse par certains aspects, qui constitue en soi une expérience mémorable.
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« Au Phare » est un livre cadeau de mon mari que j'ai apprécié à double titres : le plaisir de découvrir enfin un roman de Virginia Wolf et la symbolique d'un plaisir commun qui consiste à photographier les phares qui sont donc souvent les buts de nos escapades amoureuses.
Ici les propos tiennent plus à l'introversion et aux pensées intimes qu'aux excursions mais Virginia Wolf nous emmène sur le chemin de la réflexion du sens que l'on donne à sa vie et c'est une plaisante promenade.


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1ère partie " La fenêtre "
Dans une maison de vacances sur une île, la famille Ramsay et les huit enfants sont accompagnés d'amis ou collègues de travail de monsieur. Tandis que madame Ramsay s'efforce de tenir la maisonnée, élabore des projets (de mariage) pour ses enfants et amis, d'autres sont tout à fait égocentrés : leurs livres, leurs carrières, leur importance, leur façon tranchante d'évoquer un mauvais temps qui empêchera la promenade au phare et la visite aux gardiens.

2è partie : " le temps passe "
Dix ans passent, la première guerre mondiale a fait des ravages. Madame Ramsay est morte, la maison de vacances est à l'abandon.

3è partie : " le phare "
Le retour sur l'île de monsieur Ramsay, accompagné cette fois de moins de monde : deux de ses enfants adolescents, Lily Briscoe une amie de longue date peintre, un vieux poète, l'occasion cette fois de faire la promenade au phare tandis que le tableau autrefois inachevé de Lilly, une amie de Madame Ramsay, finit par s'achever.

***************************

Roman dense qui fait la part belle à l'introspection, le lecteur papillonne autour des personnages et leurs pensées, leur espérances, leur désarroi, leurs ressentiments.

L'intrigue est assez simple : des personnages sont en vacances, d'autres sont à leur service dans la maison, dans le jardin ou encore sur le bateau. L'essentiel ici est la réflexion sur le temps qui passe, témoin des espérances, des bonheurs, mais aussi des drames, des regrets, des morts, des mariages malheureux et des non-mariages. de l'inexactitude aussi de certaines convictions : notre perception de la vérité n'est pas la vérité : il ne faut pas s'aveugler par des paroles, des gestes, ou nos propres envies : chacun doit faire lui même son chemin même s'il est contrarié.

Tout le récit s'apparente ainsi une des réflexions philosophiques sur qui on est par rapport à qui nous voulions être, ce que nous voulions faire. de nombreuses pages consacrées à madame Ramsay, la cinquantaine, très belle et admirée par ses enfants, son mari, certains de ses amis, qui fait figure de proue en tant que mère de famille cherchant à désamorcer toute tentative de son époux à faire gronder son mécontentement, à calmer son caractère autoritaire et despotique, à tel point que ses enfants eux-mêmes le compare à une Harpie déchirant sa proie de ses griffes acérées (ses réflexions, sa mauvais humeur, son comportement sont ses griffes).

La dernière partie s'attache aux sentiments de Lily Briscoe, l'artiste, qui se révèle être très touchée par la mort de madame Ramsay, et qui, perdue dans ses réflexions, se met à peindre sans relâche sur le motif.

Il résulte de ce roman des chapitres de longueurs inégales, un peu comme le mouvement de la mer ou celui du temps qui peut passer vite ou lentement. Mais tout revient à la même énigme : qu'est-ce que vivre et pourquoi ?

Une très belle lecture, poétique et très inspirante, des réflexions sur l'art aussi : la création d'une oeuvre, un tableau, où sera-t-il dans quelques années ? roulé sous un canapé ? à quoi bon créer ?

pour un plus grand confort visuel, je vous invite à lire mon résumé, avis et extraits placés comme argument sur mon blog :

Lien : https://lecturesencontrepoin..
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Je me découvre un amour infini pour ces romans hors du temps, ces récits au ralenti, qui m'horripilaient tant il y a quelques années. On suit chaque réflexion, chaque émotion de Mme Ramsay mais également quelques passages dans la tête de ses invités et ses enfants.
Un roman assez déstabilisant puisque la première partie nous berce tranquillement dans le quotidien doux et calme de la maison d'été des Ramsay, alors que la deuxième partie nous fait faire un saut dans le temps où, à l'inverse des deux autres parties, les émotions ne semblent pas avoir une grande part. On finit ensuite avec un retour au rythme calme du début, mais agencé à des émotions beaucoup plus prenantes et même envahissantes.

On sort difficilement du récit lorsqu'on réussit à s'y plonger entièrement. Un court roman avec pourtant un bagage intense d'émotions et de réflexions.
Woolf maîtrisait toutefois beaucoup mieux l'écriture de personnages féminins que ces personnages masculins qui, pour moi, tombaient un peu à plat. Peut-être un retour du balancier en ayant, pour une fois, des personnages féminins riches et nuancés, alors que les hommes sont un peu ridicules et unidimensionnels ...? C'est ce que je choisis de croire.
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