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sur 727 notes
Le livre de l'ambiguïté par excellence que cette Promenade au phare. Monique Nathan évoque dans sa préface « le seul roman de Virginia Woolf qui fasse entendre en sourdine ce chant d'amour et de joie, le seul qui se termine autrement que dans l'angoisse d'une solitude implacable ». Pourtant, le roman teinté d'autobiographie de l'auteur décrit toute la difficulté des relations conjugales et familiales, comme le chemin très ardu de la création.
Mrs. Ramsay, accompagnée de son mari et de ses huit enfants, entourée de quelques invités, séjourne dans la maison de l'île de Skye qu'occupent les Ramsay l'été. La première partie du roman, intitulée La fenêtre, nous évoque une de ces journées estivales où le projet de faire le lendemain une promenade au phare est compromis par un changement météorologique. La déception du petit James est amplifiée par l'attitude de Mr. Ramsay qui refuse de laisser à l'enfant le moindre espoir sur l'excursion envisagée alors que sa mère lui parle d'un possible changement de temps. Délicatement, Virginia Woolf nous dévoile la complexité des relations au sein du couple Ramsay. le professeur Ramsay est obsédé par son oeuvre à accomplir, le legs intellectuel qu'il laissera à la postérité. Sa famille est souvent pour lui un fardeau qui lui prend de son temps, de son énergie, et l'oblige à une course incessante aux subsides. Son impatience, son mécontentement se manifestent par de violentes explosions de colère et il jette les assiettes par la fenêtre quand un petit incident domestique ou culinaire survient. En réalité, c'est Mrs. Ramsay qui assure le poids de la gestion familiale. Elle s'épuise à gérer un budget insuffisant pour faire face aux dépenses de la maisonnée (ah ! Les 50 livres nécessaires à la réparation de la serre dont elle n'ose parler à son mari et qui occupent sans relâche son esprit), à s'occuper de l'intendance (la délicieuse daube qui retiendra William Bankes, peu enclin à fréquenter les tablées familiales), tout en divertissant ses invités et surveillant sa nombreuse progéniture. Quand il lui reste un peu de temps, elle rend visite à des personnes dans le besoin ou tricote pour les pauvres. Bien souvent, elle vacille sous la fatigue et la lassitude qu'engendre son rôle essentiel dans les rouages domestiques et sociaux. Mrs. Ramsay n'a plus d'intérêt pour la lecture et se contente d'un vernis intellectuel, suffisant en société. Virginia Woolf sait très bien montrer l'ingrate place qui est faite aux femmes dans la société victorienne. Belles, elles sont admirées, courtisées (Mr. Ramsay ne sait rien refuser à la jeune Minta Doyle). Communes, elles deviennent transparentes, insignifiantes aux yeux des hommes (Charles Tansley ne reconnaît aucun talent créatif aux femmes et encore moins à Lily Briscoe qui peint). Mères, elles sont parées de toutes les vertus domestiques, mais doivent avant tout servir le confort de leur époux (Mrs. Ramsay veille à ce que rien ne dérange la lecture ou les promenades de son époux), pire elles peuvent mourir lors d'un accouchement comme ce qui arrivera à Prue Ramsay moins d'un an après son mariage. Mais, Virginia Woolf reconnaît un pouvoir à Mrs. Ramsay, celui de refuser à son mari de lui dire qu'elle l'aime. Une sorte de chantage amoureux qui ménage son dernier espace de liberté et ôte à l'époux la plus précieuse parcelle de son pouvoir, au bout du compte, en laissant place à un doute.
La fenêtre est celle devant laquelle se tient Mrs. Ramsay et son fils James, en fin d'après-midi, c'est celle qui est ouverte non pas sur l'extérieur, mais sur l'intérieur familial puisque l'oeil qui observe, c'est celui de Lily Briscoe qui peint la scène depuis le jardin. Ici, Virginia Woolf aborde le thème de la difficulté à créer et du regard des autres sur la création. Lily Briscoe est une jeune femme qui bute sur la manière de représenter exactement ce qu'elle conçoit. Elle est sans cesse trahie dans sa tentative d'exprimer de façon juste ce qu'elle veut. le jeune Charles Tansley, étudiant pédant et nécessiteux, méprise son travail non pas parce qu'il le trouve objectivement mauvais, mais parce qu'une femme est, selon lui, incapable de créer. Mr. Ramsay, trop préoccupé par sa propre oeuvre, ne voit rien. le seul qui regarde le tableau et essaie de comprendre est William Bankes, un ami de Ramsay, un veuf que Mrs. Ramsay aimerait rapprocher de Lily. Bankes est un esprit ouvert, prêt à discuter des hypothèses, à les étudier. S'il ne deviendra pas un mari pour Lily – qui ne le souhaite pas – il sera un ami fidèle, partageant avec elle visites et découvertes artistiques. L'autre figure de créateur qui traverse le roman est celle du vieux Carmichaël, homme solitaire, hôte silencieux de la famille, dont les poèmes connaîtront un grand succès après la guerre. Lily reconnaît que « Tous deux croyaient quelque peu à l'inutilité de l'action, à la suprématie de la pensée. » Alors qu' « on ne pouvait imaginer Mrs. Ramsay en train de peindre ou de s'asseoir pour lire toute une matinée sur la pelouse ». La troisième partie du roman, le phare, s'achève sur le tableau enfin abouti de Lily. « J'ai eu ma vision. » se dit-elle. Elle est arrivée à ce qu'elle cherchait, c'est ce qui compte. Elle comble le besoin qu'il y avait en elle d'exprimer une chose tout à fait particulière. Loin de se soucier de la postérité comme Ramsay : « On l'accrochera au mur d'une mansarde, songea-t-elle ; il sera détruit. Mais qu'importe ? » Mrs. Ramsay qui apparaissait jusqu'alors comme le personnage central du roman, s'efface car sa présence, son souvenir peuvent être dépassés par l'oeuvre elle-même.
La courte deuxième partie du roman, le temps passe, est merveilleuse de nostalgie, mais aussi de cruauté. La maison de vacances est désertée depuis des années, elle se délabre peu à peu, plus aucun des Ramsay ne s'en préoccupe. Une brève indication entre parenthèses évoque la disparition de Mrs. Ramsay, mais aussi la mort de suites de couches de son adorable fille Prue et celle, à la guerre, de son fils aîné Edward. L'annonce sèche de ces morts est d'autant plus violente que Virginia Woolf en les ramenant à un élément insignifiant dans le flot des événements de la vie, montre la vanité humaine à croire au bonheur. Mrs. Ramsay aurait voulu retenir le temps heureux de l'enfance pour chacun de ses enfants et c'est Virginia Woolf qui convoque sa jeunesse heureuse avant que les deuils ne disloquent sa famille.
Justement, le Phare permet de mieux comprendre ce que devient la famille après l'épreuve des deuils. L'impatient Mr. Ramsay (soixante et onze ans) a convoqué James et Cam pour une promenade au phare. Adultes maintenant, les jeunes gens ont fait le pacte de ne rien céder au père dont ils haïssent l'autoritarisme. Sur le bateau, ils ne desserrent pas les dents, certains que leur père se conduira à son habitude, assenant certitudes et griefs d'un air maussade. Puis, cette certitude s'efface peu à peu chez Cam avant d'abandonner James quand le bateau arrive au phare : son père lui a enfin adressé un compliment ! L'amour laisse la place à la haine quand le père peut enfin laisser s'exprimer son affection pour ses enfants.
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Quelle lecture pénible ! Voici un texte à la structure originale, mais d'une extrême lenteur. L'auteur nous fait entrer dans les pensées de chaque protagoniste si profondément et si longuement que l'histoire passe au second plan et est presque occultée. de nombreux allés-retour dans le passé, le changement de narrateur sans préavis, tout cela rend sa lecture ardue.
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Promenade au phare est composé de deux journées à dix ans d'intervalle.
Ce roman est une sorte d'histoire de fantômes, dans laquelle Woolf explore l'impact de la mort, en ne la représentant qu'indirectement alors qu'elle est présente dans toute l'oeuvre.
Peu d'action , essentiellement les pensées et observations des personnages principaux, dont Mme Ramsay la mère. Une exploration du temps et de la mémoire, des conventions victoriennes, l'importance des souvenirs de l'enfance.
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Je découvre Virginia Woolf par ce roman qui semble fort apprécié depuis sa sortie voici quasi un siècle.

Et il m'est arrivé, quelque chose d'assez rare pour moi... Après 5 jours de lutte et seulement 60 pages lues (sur 180 dans la collection La Pléiade), j'ai jeté l'éponge. Ce livre me plonge dans un ennui rarement atteint. Ce qui semble ravir nombre de lecteurs m'horripile par contre énormément : des phrases interminables qui vous laissent sur place et des passages d'un personnage à l'autre sans crier gare au point que je me perdais par moment.

V. Woolf n'est visiblement pas pour moi! En lisant plus attentivement ses critiques sur Babelio, il semble que je ne sois pas le seul dans ce cas. Ca passe (et on l'encense), ou ça casse (et on s'endort).

Il est par ailleurs assez difficile de prédire sa réaction face l'oeuvre de Woolf. Je pensais que mon passé de lecteur éclectique mais à tendance classique initiale m'ouvrait une voie royale pour savourer ce roman... Quelle erreur:)
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Virginia Woolf, pseudonyme d'Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais, groupe au sein duquel elle rencontrera Vita Sackville-West avec qui elle aura une liaison durant toutes les années 1920. Woolf souffrait d'importants troubles mentaux et présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui, troubles bipolaires. En 1941, à l'âge de 59 ans, elle se suicida par noyade dans l'Ouse, dans le village de Rodmell (Sussex), où elle vivait avec son mari Leonard Woolf, écrivain lui aussi. Elle avait commencé l'écriture comme activité professionnelle en 1905 pour le supplément littéraire du Times et un premier roman en 1915. Vers le Phare (qui connait d'autres titres proches selon les traductions) date de 1927.
Les Ramsay et leur famille nombreuse de huit enfants, ont l'habitude de passer les vacances sur une ile Ecossaise avec des amis. Au large sur un caillou, le Phare où l'on se promet d'aller demain selon la mère, projet sans cesse repoussé par le père avançant des contraintes météorologiques. Dix années s'écoulent, la mort a frappé la famille, la mère et deux enfants ne sont plus là, le reste de la tribu retourne sur l'ile et finit par aller au Phare, symbole de l'accomplissement et toujours écrit avec une lettre majuscule tout du long du texte.
Le roman est particulièrement complexe à lire, ce qui le réservera à un public averti ne le cachons pas. Il s'agit de ce genre de livre où il n'y a pas d'histoire mais une plongée en eaux profondes dans les sentiments et les pensées intimes des personnages, où la notion de temps est une succession d'instants éphémères. Tout comme le ferait Marcel Proust mais à cette différence – pour moi – que l'écriture du premier est fluide, coule avec facilité, tandis que chez la seconde le style est plus heurté, parfois dissonant si nous parlions musique, douloureux pour le lecteur pour tout dire et il faut s'accrocher pour suivre. le livre est fait de trois parties, ou plutôt de deux séparées par un court tunnel de liaison – le temps d'une Première guerre mondiale - entre les deux époques, comme une pause pour le lecteur éprouvé. La dernière partie du roman m'a été plus agréable à lire, le temps de m'habituer à l'écriture de Virginia Woolf peut-être mais aussi au fait qu'il y a plus de descriptions.
Etude de caractères, la mère toujours bienveillante et débordante d'empathie pour les êtres qui l'entourent même si avec son mari ce n'est pas toujours facile ; mari jamais très à son aise en particulier avec ses proches, « La vérité, c'est qu'il n'appréciait pas la vie de famille. » Ce qui en conséquence attise un esprit de révolte des enfants envers leur géniteur. Et puis il y a Lily Briscoe, l'une des filles, artiste peintre, qui observe et n'en pense pas moins.
Le roman s'achève sur une double finitude, le tableau de Lily Briscoe est terminé, le père et ses enfants atteignent le Phare. le temps a accompli son oeuvre.
Un très beau livre mais je le répète, duraille à lire pour les lecteurs occasionnels.
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Enfin! avec beaucoup de retard, je termine cette Promenade, promise, retardée et finalement réalisée.

J'avais pourtant commencé pleine d'enthousiasme : les Lectures communes sont toujours des occasions de partage, de confrontation de nos impression, d'enrichissement. Virginia Woolf est une auteure qui m'intéresse. j'ai gardé une très forte impression d'Orlando, si bien que j'avais acheté dans la foulée Les Heures et La traversée des apparences que j'ai sans doute lus (les livres ne sont pas neufs) mais qui ne m'ont laissé aucun souvenir. Troisième raison, non la moindre, j'ai beaucoup aimé Skye où nous avions loué un cottage.



Peut être ai-je été présomptueuse, j'ai téléchargé en anglais, To the Lighthouse. Depuis que j'ai la Kindle avec ses 4 dictionnaires, la lecture en VO s'impose.

Lecture toutefois ralentie par la consultation des dictionnaires, je ne me contente plus de comprendre le sens général, je vérifie chaque mot inconnu. Lecture laborieuse, non du fait de la richesse du vocabulaire, mais à cause du nombre de personnages, je me suis perdue pendant tout le début du livre entre les nombreux enfants et les nombreux invités. A cause du style parfois répétitif. Une phrase peut se retrouver à plusieurs reprises. Il ne se passe rien de notable. Mrs Ramsay tricote une chaussette, raconte une histoire au petit James, se préoccupe du bien être de ses invités, s'inquiète du retard que prendra le dîner si les jeunes amoureux en promenade tardent....Mr Ramsay passe, interrompt la lecture à James...Mrs Ramsay reprend le récit où elle l'avait laissé, reprend le tricot....et moi je reprends la lecture. J'avais pourtant l'impression que j'avais déjà lu cela avant!



Je me lasse et prends Télérama, pour changer. Pourtant je suis incapable d'abandonner la Promenade. Je reprends ma lecture, pour l'interrompre avec le Monde...Et je reviens à Skye sans que rien de notable ne se soit passé. de fil en aiguille, la lecture a traîné. Est arrivée la Grande Guerre, de nombreux personnages ont disparu, Andrew mort à la guerre, Prue en couches, Mrs Ramsay, on ne sait comment. Je me suis familiarisée avec le livre, j'ai envie de poursuivre jusqu'au bout.

Que rajouter au billet très fouillé de Claudialucia?

J'aime beaucoup l'expression impressionniste qui décrit si bien le style de l'auteure, touche après touche, elle fait surgir l'impression générale, sans s'appesantir dans des analyses psychologiques. Impressionniste le roman, et peut être aussi la peinture de Lily Briscoe.



Je me suis d'ailleurs plus attachée au personnage de la vieille fille avec ses yeux bridés et son visage un peu chafouin moins séduisante, mais tellement plus existante. Lily peint et sa peinture occupe une bonne partie du roman. Se mariera-t-elle avec William Bankes? Mrs Ramsay favorise ces rencontres. Je l'ai trouvé plus intéressante que la belle, la solaire, la merveilleuse hôtesse, la mère attentionnée de famille nombreuse, l'épouse modèle, parfois rudoyée. En creux, la personnalité de Mr Ramsay, le chef de famille, le professeur émérite, le père autoritaire, assez odieux. Les autres sont esquissés sans que je m'y sois vraiment attachée.








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Dans la Promenade au phare, les phrases s'étirent et se délayent comme pour retenir la fuite du temps, en retarder impossiblement son cours, pour évoquer toutes les possibles contenus dans une fraction temporelle. La première section intitulée la Fenêtre couvre la longueur d'une unique journée, représentant le quotidien d'une famille nombreuse des Iles Hébrides. Mrs Ramsay est une mère occupée, ayant des velléités de bontés sociales, et qui, régente de son foyer, en représente la puissance de cohésion. Son mari est un philosophe non dénué d'une certaine causticité et huit enfants pas toujours sages complètent la famille. En y rajoutant les invités qui y demeurent, la maisonnée est un véritable microcosme gravitant autour de Mrs Ramsay; ses ramifications multiples et les points de vue personnels représente une autre mesure du temps. Dans la deuxième partie, le Temps passe, on apprend que la "châtelaine" est morte; la force d'union et d'harmonie de sa présence évanouie, le temps opère, avec ses ferments de dissolution, la lente dégradation de la maison abandonnée, des meubles et des objets. Enfin dans le Phare, dix ans ont passé, avec sa kyrielle de mutations et de pertes : une fille est morte en couche, un garçon a été tué d'un éclat d'obus durant la Grande guerre, un mariage a couronné une idylle, alors que pour d'autres personnages rien ne semble extérieurement avoir changé : mais tous se souviennent, et dressent des bilans, des comparaisons, devant le spectacle qui s'offre à leurs yeux au sein de la maison retrouvée.

Virginia Woolf est l'écrivaine de l'introspection; la narration est quasiment privée d'action et le propos tend vers l'abstraction. Parfois de grave pensées existentialistes, d'irrésistibles réminiscences, sont interrompues abruptement et ironiquement par des considérations du présent notoirement plus prosaïques. La lecture demande un grand effort d'attention et de bonne volonté, et la lassitude gagne. Certains aimeront la manière de l'auteur, aux réminiscences proustienne; d'autres abandonneront la lecture, rebutés. A lire avec parcimonie.
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Quand un simple projet de promenade au phare cristallise toutes les désillusions, les peurs, rancoeurs et désirs inassouvis des membres d'une famille et de son entourage proche ... on est dans un chef d'oeuvre de Virginia Woolf, ou plutôt devrais-je dire un de ses nombreux chef d'oeuvre. Roman sur l'art (la souffrance de Lily, peintre qui n'arrive jamais à fixer sur la toile la richesse du tableau qu'elle a dans la tête), la conscience du temps qui s'écoule (dans la lignée de Proust, auteur adoré par Woolf et qui lui donnait même des complexes), mais aussi sur l'amour, l'enfance et la mort.
Dans ce très beau roman écrit à 45 ans et qu'elle considérait elle-même comme son livre le plus réussi, Virginia Woolf rend également un hommage à peine détourné à sa mère disparue à travers le personnage de Mrs Ramsay : c'est elle le vrai phare du livre, lumineuse et bienveillante.
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1ère partie " La fenêtre "
Dans une maison de vacances sur une île, la famille Ramsay et les huit enfants sont accompagnés d'amis ou collègues de travail de monsieur. Tandis que madame Ramsay s'efforce de tenir la maisonnée, élabore des projets (de mariage) pour ses enfants et amis, d'autres sont tout à fait égocentrés : leurs livres, leurs carrières, leur importance, leur façon tranchante d'évoquer un mauvais temps qui empêchera la promenade au phare et la visite aux gardiens.

2è partie : " le temps passe "
Dix ans passent, la première guerre mondiale a fait des ravages. Madame Ramsay est morte, la maison de vacances est à l'abandon.

3è partie : " le phare "
Le retour sur l'île de monsieur Ramsay, accompagné cette fois de moins de monde : deux de ses enfants adolescents, Lily Briscoe une amie de longue date peintre, un vieux poète, l'occasion cette fois de faire la promenade au phare tandis que le tableau autrefois inachevé de Lilly, une amie de Madame Ramsay, finit par s'achever.

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Roman dense qui fait la part belle à l'introspection, le lecteur papillonne autour des personnages et leurs pensées, leur espérances, leur désarroi, leurs ressentiments.

L'intrigue est assez simple : des personnages sont en vacances, d'autres sont à leur service dans la maison, dans le jardin ou encore sur le bateau. L'essentiel ici est la réflexion sur le temps qui passe, témoin des espérances, des bonheurs, mais aussi des drames, des regrets, des morts, des mariages malheureux et des non-mariages. de l'inexactitude aussi de certaines convictions : notre perception de la vérité n'est pas la vérité : il ne faut pas s'aveugler par des paroles, des gestes, ou nos propres envies : chacun doit faire lui même son chemin même s'il est contrarié.

Tout le récit s'apparente ainsi une des réflexions philosophiques sur qui on est par rapport à qui nous voulions être, ce que nous voulions faire. de nombreuses pages consacrées à madame Ramsay, la cinquantaine, très belle et admirée par ses enfants, son mari, certains de ses amis, qui fait figure de proue en tant que mère de famille cherchant à désamorcer toute tentative de son époux à faire gronder son mécontentement, à calmer son caractère autoritaire et despotique, à tel point que ses enfants eux-mêmes le compare à une Harpie déchirant sa proie de ses griffes acérées (ses réflexions, sa mauvais humeur, son comportement sont ses griffes).

La dernière partie s'attache aux sentiments de Lily Briscoe, l'artiste, qui se révèle être très touchée par la mort de madame Ramsay, et qui, perdue dans ses réflexions, se met à peindre sans relâche sur le motif.

Il résulte de ce roman des chapitres de longueurs inégales, un peu comme le mouvement de la mer ou celui du temps qui peut passer vite ou lentement. Mais tout revient à la même énigme : qu'est-ce que vivre et pourquoi ?

Une très belle lecture, poétique et très inspirante, des réflexions sur l'art aussi : la création d'une oeuvre, un tableau, où sera-t-il dans quelques années ? roulé sous un canapé ? à quoi bon créer ?

pour un plus grand confort visuel, je vous invite à lire mon résumé, avis et extraits placés comme argument sur mon blog :

Lien : https://lecturesencontrepoin..
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C'est un roman...sans histoire. Je l'ai trouvé assez difficile à lire ou plutôt à comprendre car j'ai beaucoup aimé la poésie et l'ambiance qui s'en dégagent

On se trouve d'abord dans une maison de vacances avec la famille Ramsey et quelques autres invités. L'auteure nous fait part des états d'âme de chacun ainsi que de leurs réflexions les uns sur les autres. La nature est belle et l'ambiance est plutôt heureuse.

Ensuite Virginia Woolf nous décrit la longue dégradation de la maison abandonnée et de la nature qui redevient sauvage. Ces longues descriptions sont entrecoupées du signalement de faits: la mort de Madame Ramsey, le mariage puis le décès de sa fillerue, celui de son fils tué par un obus...

Dix ans ont passé et Lily Briscoe décidé de rouvrir la maison. Tout est remis en état. Mr Ramsey et certains des protagonistes d'il y a 10 ans reviennent aussi.

Que fait le temps qui passe sur nos souvenirs?
Peut-on retrouver nos sensations d”antan?

Chacun va y répondre à sa manière.







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