Pour parler de ce roman-là, il faut trouver les mots et je dois avouer qu'ils me manquent.
Je sais que ses lecteurs sont assez divisés : soit c'est un grand oui, soit c'est un grand non. Pour moi, vous l'aurez peut-être deviné, ça a été un grand oui.
Finalement, j'ai trouvé exactement ce que j'attendais en ouvrant ce livre : une écriture belle, recherchée, sérieuse, des personnages attachants, incroyables, diversifiés, une histoire douloureuse, dure, pas facile à lire. Attention, cette oeuvre n'est pas à mettre entre toutes les mains : c'est de l'angst pur, fait pour ça. Ça retourne le coeur, ça fait pleurer, ça met en colère. Si vous n'appréciez pas les lectures difficiles, qui vous mettent dans un mood affreux pendant des semaines, ce n'est pas pour vous. Si vous êtes légèrement fragiles, ce n'est pas pour vous. Si vous craignez certains trigger warnings, quel qu'ils soient, ce n'est pas pour vous.
Quand on ouvre ce livre, il faut être prêt, il faut désirer lire sur des personnages qui souffrent, qui s'en prennent réellement plein la tronche, qui sont mis face à un destin terrible qu'ils ne peuvent éviter. Des personnages traumatisés, qui ne s'en remettront jamais.
Pour moi, ça a été un coup de coeur.
C'était prenant, et si certains avis que j'ai lu disaient que c'était long (c'est le cas, plus de 200 000 mots c'est beaucoup) personnellement ça m'a permis de m'attacher encore plus aux personnages. Je les ai aimé, sincèrement. J'ai tout lu en quelques jours tellement il m'a été impossible de le lâcher : l'ordre de narration était bon, la chronologie présentée également. le temps qui passe est douloureux et nécessaire. Chaque chose prend son temps, de sorte à ce qu'on comprenne bien l'évolution de chacun, leur passage à l'âge adulte, leurs changements.
Je reviens un instant sur l'écriture car c'est un aspect très important : les phrases sont belles, longues, recherchées. le rythme en est sublimé et finalement on se retrouve rapidement entraîné. Je pense que ce genre de style va parfaitement avec l'histoire, avec l'époque, avec l'atmosphère. Ça permet de créer quelque chose de spécial. le choix de la troisième personne est judicieux car ainsi on ne s'attache pas qu'à Jude, mais à presque tout le monde.
Ah, Jude. Dès le début, j'ai su qu'il allait être mon préféré (avec William, bien sûr). Ses traumatismes étaient touchants, prenant à la gorge, sa manière d'avancer avec un oeil vers le passé, son comportement logique. Tout était incroyable avec lui, et chaque effort de sa part me donnait envie de pleurer. William et lui étaient, très franchement, la représentation parfaite de l'amitié d'une vie. J'ai été ravie par leur évolution, car pendant toute la moitié du livre je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que personne ne se méritait autant qu'eux.
Les personnages secondaires aussi étaient incroyables. Harold ? Andy ? Malcom ? JB ? Ils m'ont tous touché, énormément, et si je devais me prononcer je dirais que le coup de coeur paternel de Harold m'a renversé, et que les terribles choix que devait prendre Andy m'ont détruite. L'évolution de JB, son parcours, la vie de Malcom.
Tout était là, pour moi.
Une vie comme les autres, malgré ses critiques selon lesquelles le drama est “trop”, que toutes les choses qui font mal sont là uniquement pour faire mal (oui, c'est sans doute le cas, mais moi c'est ce que je voulais, ce que j'attendais, je voulais ressentir des choses, je voulais que ça soit cathartique, je voulais que ça fasse mal) était quasiment parfait. Quasiment, car rien ne l'est jamais vraiment, mais à mes yeux ça s'en rapprochait énormément.
C'était un livre sur la vie, sur l'amitié, sur l'amour, et la peur, l'impossibilité de se reconstruire, la douleur, la mort.
J'ai passé un moment incroyable en lisant ce livre. Mais pour autant, je ne le recommande pas, car je ne sais pas entre quelles mains il peut finir : soyez sûr. Et si vous l'êtes, alors j'espère que vous passerez le même moment que moi.