Une très jolie chronique intemporelle, jolie mais immorale, de la vie d'un village japonais en bord de mer à une époque indéterminée il y a sans doute un siècle ou deux.
Une vie très pauvre, faite de frugalité et de bols de riz, d'échanges de sel contre des céréales et de pêche de petits poulpes, sardines, encornets et maquereaux quand la saison s'y prête et que la mer le permet.
Une vie communautaire où tout est mis en commun et réparti équitablement entre les villageois, une vie cadencée par des cérémonies dédiées aux divinités pendant lesquelles hommes et femmes leur demande bienveillance et psalmodient en leur honneur des sûtras.
Une vie étriquée entre la crainte de la disette, la venue de fonctionnaires redoutés, la vente d' hommes et garçons, de femmes et fillettes pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et l'espoir que la mer leur apportera quelques inespérés bienfaits.
Une vie rythmée par le rougeoiement des feuilles des arbres sur les sommets marquant la fin de la pêche et le verdissement des champs, celui du renouveau et la reprise des activités de la mer.
Un jeune garçon responsable de sa famille est promu à l'occasion de son passage à l'âge d'homme, veilleur de feu la nuit un feu destiné à amener les bateaux sur la plage. Isaku devient cuiseur de sel et en conséquence naufrageur.
Une époque relativement simple ou on soignait la grippe, en fait la vérole, avec prune confite, étalée sur ses tempes et en allumant la lampe de l'autel des ancêtres…
Des valeurs rustiques mais non dénudées de générosité les villageois partagent tout équitablement, tous travaillent selon leurs possibilités, tous acceptent la loi du village et la comprenne et les responsables qui se trompent assument, présentent leurs excuses et de donnent la mort.
Des villageois qui, loin de tout fatalisme mais avec l'aide des divinités, s'activent pour assumer leur survie. Dans un monde inhospitalier ce sont des attitudes salutaires permettant de survivre.
Un monde archaïque bien loin de nos valeur occidentales si intellectuelles et nombrilistes
Comme dans «le convois de l'eau» il y a la même dureté du récit, des faits poignants et des personnages durs et pitoyables mais plein de dignité. Il y a quelque chose d'implacable qui englue cette petite communauté qui fait ce qu'elle a faire avec beaucoup d'état d'âme et n'a de recourt que vers les dieux qui n'écoutent pas souvent. La nature n'est pas généreuse et la vie est bien rude pour ces villageois pour lesquels on ne peut qu'avoir respect et compassion
Très bon livre :
Akira Yoshimura est un excellent écrivain