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Sophie Rèfle (Traducteur)
EAN : 9782742790043
283 pages
Actes Sud (03/04/2010)
3.49/5   54 notes
Résumé :
Le 1er septembre 1923, peu avant midi, se produit le grand tremblement de terre du Kantô. De Tôkyô à Yokohama, tout n'est plus que désastre : un épisode de la vie du Japon qui laissa la population dans un extrême dénuement et le pays dans une situation économique déplorable. Le lecteur se trouve ainsi projeté dans le flot terrifiant des événements tout en découvrant l'attitude de toute une galerie de personnages face au drame, qu'il s'agisse d'un banal inconnu ou d'... >Voir plus
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Ce livre est un peu à part dans l'oeuvre d'Akira Yoshimura, il a l'allure d'un documentaire sur l'une des plus grandes catastrophes naturelles de l'histoire moderne, le tremblement de terre du 1er septembre 1923, un centenaire qui affecta la région de Tokyo-Yokohama, faisant près de 200 000 victimes humaines.

Le récit est en effet formidablement documenté, avec un flot continu de chiffres sur le nombre de victimes, de bâtiments, équipements et matériels détruits, et sur les lieux concernés, ville par ville et même quartier par quartier. C'est impressionnant de précision, ce qui finalement n'est pas tellement étonnant quand on connaît la minutie du détail des Japonais, les registres ont été tenus au millimètre, mais aussi celle de l'auteur, dont c'est une des marques de fabrique.

La quatrième de couverture nous promet un affrontement entre deux sismologues qui étaient en désaccord sur les risques encourus. L'un d'eux, Imamura, prévoyait dès 1905 un giga-tremblement de terre très meurtrier dans les cinquante années à venir d'après les enseignements de l'histoire, alors qu'Omuri, le plus expérimenté, qui ne niait pas le risque de survenance de l'évènement, ne croyait pas à des conséquences si graves, Tokyo étant devenue une ville moderne à l'occidentale, loin de l'ancienne Edo. Si ces points de vue sont exposés dans les premières pages, et que l'auteur revient vers ces personnages à la fin, ils sont totalement absents durant 90 % du récit.

L'intérêt principal du livre et de ses descriptions cliniques est de nous faire saisir, dans la totalité de ses conséquences, ce que veut dire subir un tremblement de terre hors normes. Car c'est sans doute toujours le même schéma. Les morts directs sous les décombres, mais aussi la détresse des survivants initiaux privés de toit, devant lutter contre le froid, la faim, les maladies, les pillages, puis l'inflation…Ici, l'écrasante majorité des morts a été victime des multiples incendies qui ont ravagé Tokyo. Dans la panique, les habitants ont quitté leur habitation sans éteindre leur cuisinière, propageant des feux qui se sont propagés en tourbillons infernaux. D'autres sont morts noyés, se jetant dans les rares points d'eau de la ville pour fuir la fournaise. Ce fut le cas des prostituées du quartier des plaisirs de Yoshiwara. Mais l'auteur n'oublie pas, longuement, avec un certain courage tant le pouvoir politique, encore actuellement, a du mal à l'admettre, que la responsabilité de biens des morts a été imputée aux Coréens, qui auraient profité du chaos pour se livrer à des massacres de Japonais. La presse a relayé et généré des rumeurs en ce sens dans la semaine qui a suivi le séisme, rumeurs qui ont enflé parmi la population, disposée à trouver des boucs émissaires tout désignés. Les autorités politiques et administratives ont eu un discours ambigu sur ce point durant ces quelques jours, avant de se ressaisir et d'indiquer que ces rumeurs étaient infondées. Ces autorités ont aussi participé aux accusations contre les socialistes, soi-disant complices de ces Coréens. Entre constitution spontanée de milices populaires provoquant des ratonnades de toutes sortes, assassinat d'une dizaine de syndicalistes et d'une figure politique communiste et de sa famille, commandité par des officiers militaires, l'anticommunisme est allé très loin. le Japon a accepté l'aide humanitaire en provenance des Etats-Unis, d'Angleterre et d'Europe continentale, mais ce fut un véritable psychodrame autour de l'aide proposée par l'Union Soviétique, le bateau affrété exprès et arrivé sur zone n'ayant finalement jamais pu débarquer sa marchandise, devant les soupçons du gouvernement nippon craignant d'être renversé par un projet de révolution bolchévique.

La confusion a donc particulièrement troublé les esprits et a permis à certains d'en profiter, y compris quelques commerçants malhonnêtes qui ont fait flamber leurs prix.

Malgré tout, le récit de Yoshimura montre que les autorités sont parvenues, bon an mal an, à résorber progressivement les problèmes, en particulier d'insalubrité (gestion des cadavres, approvisionnement en eau potable, hébergements d'urgence, etc). de même, la cité a été rapidement reconstruite, et les enseignements de la catastrophe ont été tirés, notamment en termes de plan de ville.

Pour écrire ce livre, Yoshimura s'est fondé sur le témoignage de ses parents qui avaient connu le cataclysme, a lu quantité de documents et livres qui lui ont été consacrés, et s'est entouré de conseillers scientifiques. le livre est très instructif, intéressant. On lui reprochera justement son foisonnement informatif, le lecteur est assailli en permanence de noms de lieux, de chiffres de morts, et de beaucoup de répétitions. On a affaire à un catalogue, clinique, débordant d'horreurs de toutes sortes, mais le regard reste distancié, notamment faute de héros auxquels s'attacher.

Reste que le souvenir de ce tremblement de terre est encore bien présent dans la mémoire collective des Japonais, eux qui sont périodiquement confrontés à des drames sismiques, entre autres 5 000 morts en 1995 à Kôbe, et près de 20 000 morts en 2011 dans la région de Fukushima. C'est tellement vrai que le 1er septembre est devenu depuis 1960 un jour dédié à la prévention de ces cataclysmes, avec rappel de la conduite à tenir et des gestes qui sauvent.
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Ce livre n'est pas vraiment un roman, mais un « récit - document » décrivant les évènements survenus pendant et juste après le grand séisme, dit « du Kantô », du premier septembre 1923, qui frappa et détruisit Tokyo et Yokohama.
Akira Yoshimura (auteur par ailleurs de l'excellent recueil « la fille suppliciée sur une étagère ») réussit ici à mettre en lumière avec justesse et de façon subtilement romancée les différentes facettes de cette catastrophe naturelle et humaine.
Le récit est encadré par le destin de deux sismologues, Ômori Fusakichi et Imamura Akitsune. À une époque où la sismologie consiste surtout à enregistrer les mouvements du sol et à dresser des statistiques sur les séismes du passé, Imamura croit à la survenue d'un séisme majeur à Tokyo, et s'en alarme, car la ville, tout entière à sa modernisation, n'a guère retenu les leçons de l'ancienne Edo en matière de lutte contre les incendies : les constructions en bois sont trop rapprochées, les zones pare-feu manquent et le réseau d'adduction d'eau ne résistera pas à un séisme, laissant les pompiers démunis. L'éminent sismologue Ômori, lui, est bien plus réservé, ne tenant pas à paniquer la population.

Puis le premier septembre, juste avant midi, pendant quelques minutes, après quelques soubresauts, le sol se met à ondoyer violemment pendant quelques minutes, et Tokyo, Yokohama et de nombreuses villes côtières de la même région s'effondrent. Des trains sont ensevelis dans des tunnels ou précipités dans l'océan depuis des falaises. Les survivants sortent des bâtiments en ruines ou endommagés, et envahissent les rues. Ils ne savent pas que le pire reste à venir.

A. Yoshimura maitrise parfaitement son récit : bien qu'il fournisse quelques tableaux de données, il fait la part belle aux témoignages provenant de toutes les couches de la population, à des endroits divers. Les récits des écoliers, étudiants en pleine séance de cinéma, ouvriers des usines sont parfaitement retranscrits et donnent au récit toute son intensité dramatique. C'est alors, juste après le séisme, qui survient la seconde catastrophe : des centaines de foyers d'incendie se déclenchent et convergent pour former d'immenses fronts et des tornades de feu qui feront des dizaines de milliers de victimes, davantage que le séisme lui-même.

A. Yoshimura décrit parfaitement les réactions de la population, sa résistance, et balaie tout le spectre des émotions humaines, des policiers héroïques organisant les secours aux turpitudes de la kanpetai, la « gendarmerie militaire » aux accents de police politique, qui en profite pour liquider les opposants ayant échappé au séisme.

Nous suivons aussi comment se déclenchent et prolifèrent les rumeurs sur les exactions imaginaires des Coréens, et comment, en réaction, se mettent en place des milices aux actions qui, hélas, n'auront rien de virtuelles. Nous réfléchissons, avec les responsables, à la meilleure façon de rétablir l'évacuation des eaux usées, le logement d'urgence des habitants, de réaliser la « récolte » des cadavres et leur destruction…

Chacun des chapitres du livre aborde spécifiquement un aspect du séisme, et si l'ordre chronologique est respecté, chacun constitue toutefois un récit indépendant, l'ensemble se rapprochant un peu d'une sorte de recueil de nouvelles pour la forme. J'ai personnellement été impressionné par les deux chapitres sur l'assassinat d'Ôsugi Sakae, qui m'ont inspiré une nouvelle.

A. Yoshimura construit ainsi dans cet ouvrage un panorama complet du séisme qui à la force d'un grand roman, sans en être vraiment un. Un livre qui éveillera l'intérêt des non spécialistes, qui éclaire un évènement important de l'histoire japonaise marquant aujourd'hui encore les esprits des Tokyoïtes.

Paru chez Actes Sud en 2010, cet livre a été publié au Japon en 1973, soit 50 ans exactement après la catastrophe. Yoshimura a pu rencontrer et interroger, à l'époque, les témoins oculaires de ce séisme. Son récit n'en a que plus de prix.

La couverture choisie est assez allégorique (faut-il voir, dans cette belle corsetée regardant une mer agitée survolée d'oiseaux noirs, la personnalisation de Tokyo attendant que l'onde ne surgisse de la mer ? Mystère !) et la traduction de Sophie Refle excellente (il apparait toutefois qu'au début de l'ouvrage, elle avait pris le parti de noter les chiffres en toutes lettres, ce qui a été fort heureusement vite abandonné devant l'abondance de ces derniers, le texte de A. Yoshimura étant à la fois très lisible et très précis).

Une lecture agréable et informative qui va bien au-delà de la description d'un séisme meurtrier, mais plonge dans les ressorts de la société japonaise de l'époque, de ses côtés sombres, de ses non-dits, mais aussi de sa résistance obstinée à l'adversité des êtres et de la nature.
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C'est avec une certaine déception que je viens de terminer ce récit.
En introduction, Yoshimura énumère les récents grands séismes qui ont secoué le Kanto avant celui-ci. Pour celui de 1923, il se réfère à de nombreux témoignages pour décrire l'horreur et la confusion qui régnaient dans la région pendant et après. Récit assez rébarbatif, voire ennuyeux.
J'ai trouvé la 2ème partie plus intéressante. Il y décrit les rumeurs qui ont circulé après le seisme. Notamment les massacres de Coréens qui étaient accusés, sans raison, de profiter de la situation pour attaquer, piller et violer.
Très intéressant également, le passage sur les exactions de la police et de l'armée à l'encontre des socialistes et comunistes, le gouvernement ne voulant pas prendre le risque que le pays bascule à gauche. Le refus des secours et marchandises provenant d'un bateau soviétique est à cet égard, édifiant.
Sur le même thème, le meurtre de Osugi Sakae, célèbre anarchiste et militant de gauche, et de sa compagne est un autre point instructif.
Pourtant, ce récit ne m'a pas passionné et j'ai du me forcer pour en terminer la lecture.
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Ce récit document, l'auteur, nous plonge dans un tragique événement naturel qui a eu lieu au Japon voilà bientôt 100 ans . le tremblement de terre du Kanto s'est produit en 1923. À cette époque, les connaissances étaient plus basées sur des statistiques que sur des observations. Rien n'avait été prévu ni annoncé malgré des hypothèses. Il y eut d'innombrables victimes et beaucoup de dégâts matériels, conduites d'eau détruites, communications coupées, incendies, épidémies. La reconstruction fut une immense tâche et l'aide apportée n'a pas toujours été acceptée. Il y avait en particulier une grande peur du communisme et on craignait également les réactions des Coréens. L'imagination a fait son travail, les rumeurs circulaient à grande vitesse, il y a eu des massacres, des exécutions, des crimes. Tout est ici rapporté, analysé. C'est intéressant, bien documenté, avec de nombreux chiffres à l'appui dans la première partie. Akira Yoshimura nous offre une belle réflexion sur un moment dramatique de l'histoire du Japon. La description de ce chaos absolu est très instructif.
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La tragédie qui a ravagé la région de Tokyo à Yokohama en septembre 1923 m'était totalement inconnue. Ce tremblement de terre a fait entre 100 000 et 200 000 morts sans compter les énormes dégâts matériels. L'auteur retrace le film du séisme avec une précision chirurgicale sous forme de récit-document. Il n'y aucune place pour la fiction; tout est vrai, atroce, déchirant.
Des divergences entre scientifiques, des problèmes de communications, des règlements de compte politiques. Rien n'a changé. Il faut s'accrocher car le texte est sans complaisance.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Bientôt des bourrasques de vent provoquèrent de véritables cyclones ardents dus au phénomène des tourbillons de feu. Ils soulevèrent de terre des plaques de tôle, des couvertures, des meubles, et parfois des êtres humains et des chevaux.
Yamato Matsu, qui avait alors dix-huit ans, vit s'envoler un homme qui portait sa vieille mère sur le dos, et une carriole qui s'éleva en tournoyant dans les airs avec le cheval qui la tirait.
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L'armée et la police qui avaient tenté de dissimuler le massacre de Kameido voulurent cacher un autre crime barbare, l'assassinat d'Osugi Sakae, de sa compagne Ito Noe, et de son neveu Tachibana Munekazu, par le capitaine Amakazu Masahiko, commandant de la gendarmerie militaire de Shibuya et de Kojimachi, et plusieurs de ses subordonnés.
Il fut commis le 16 septembre, et le ministère de l'Armée s'evertua à le tenir secret.
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C'était stupéfiant.L'étang était rempli de corps de courtisanes .Elles étaient en tenue de nuit ,à moitié dénudées,recouvertes en partie par l'eau.Les cadavres n'étaient presque pas brûlés,certaine avaient conservé leur belle coiffure.Ce n'était plus un étang mais un amas de corps enchevêtrés . Les couleurs gaies de leurs vêtements rendaient cette vision encore plus insupportable.
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Juste après le séisme, de nombreux tenanciers empêchèrent les prostituées de quitter le quartier et elles perdirent ainsi la seule occasion de le faire. Elles n'auraient d'ailleurs pas su où aller car elles ne connaissaient pas Tokyo, n'ayant pas le droit de quitter le quartier réservé.
Elles se précipitèrent dans le parc lorsque les flammes se rapprochèrent. Beaucoup d'entre elles étaient pieds nus, en vêtements de nuit.
Lorsque le feu gagna les matériaux de construction entreposés là et que la chaleur devint insupportable, elles se jetèrent dans l'étang.
Il était par endroits profond de 4 mètres et son eau était boueuse. Les femmes y sautaient en hurlant et en pleurant.
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