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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cherche-ton le bonheur au soleil ? La narratrice fuit vers le Nord, là où on ne la cherchera pas. Pas équipée pour ce nord du monde.

Cette femme dans sa fuite effrénée n'emporte rien. Rien que le vide. Juste le besoin d'éprouver le corps dans une course de poulain. le trot est le remède.

Nathalie Yot m'a embarqué totalement dans cette fuite en avant, tendue vers l'absence de l'homme-chien, la reconstruction de trop d'amour.

De chrysalide à papillon noir, la narratrice pousse ses limites, creuse l'écart pour mettre la peur en pause. La chaleur et l'amour la pousseront à avancer toujours plus loin.

Ce roman est terriblement dérangeant. Cependant la poésie du texte adoucit la dureté du propos. Road trip habité par l'énergie du désespoir, celui de sortir de la solitude, de ne pas être cassée, de se prouver qu'on peut se guérir par le mélange des corps, qu'on peut partager. Perturbant, captivant tout à la fois, un peu comme lorsque l'on regarde une scène trop difficile au travers de ses doigts.

Le nord du monde est une déchirure poétique, une quête de l'amour absolu. un récit glaçant, une glissade vers la folie des sentiments.

Un roman élégant par son style, consternant par la violence du sujet, j'ai été désarmée devant l'audace des sujets évoqués autour de la relation à l'autre : dépendance, fuite en avant, déconstruction-reconstruction de l'être, dépression, recherche d'un amour toujours plus absolu, détachement-enchevêtrement des corps pour thérapie.

Difficile de prendre position, il faut simplement se laisser bousculer, digérer ce texte. S'interroger. S'autoriser à perdre le nord pour suivre l'auteure, combattre le jugement.

Aurèle disait : "Vivre chaque jour comme si c'était le dernier ; ne pas s'agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant". L'auteur nous offre une histoire sans concessions, fait basculer son héroïne dans une quête d'amour sans compromis. Vivre furieusement, égoïstement, hors tabous. Un roman marquant !


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La narratrice fuit une déception amoureuse, elle fuit "l'homme-chien" qui l'a quittée. En prenant la route vers le Nord, elle veut atteindre le mur du fond du Nord du Monde, aller le plus loin possible pour oublier en trottant comme un poulain. Sa fuite vers le Nord va la mener, tel un road movie, à Lille, en Belgique, à Amsterdam pour finir en Norvège. Elle enchaîne les rencontres jusqu'à sa rencontre avec Isaac, un jeune garçon de neuf ans qui lui fait découvrir l'amour maternel de façon fulgurante. "Je reconnaissais le mal de l'attachement, et des noeuds se formaient partout dans mon ami le ventre."

Fragilisée par sa rupture amoureuse, dévorée par la colère, elle va perdre tout repère naviguant aux frontières de la folie... "Sans retenue, je me perds tous les jours un peu plus. Je soupçonne un abandon planifié", son déséquilibre va s'accentuer jusqu'à commettre une faute.

C'est l'histoire de la transgression d'un tabou qui parait étrangement normale, un impensable dépassement des limites qui semble naturel. "Les limites, on ne sait pas toujours quand on les passe, de quel côté de la limite on se sent le mieux. Chaque côté est un territoire."

L'auteure nous raconte une femme en perdition, son errance et les dérives qu'elle peut engendrer. J'ai aimé la tension narrative de ce texte puissant et âpre, j'ai aimé son écriture fiévreuse, poétique et charnelle, j'ai aimé les dernières pages très fortes. le sujet troublant et extrêmement dérangeant nous questionne sur notre rapport à la morale. Un premier roman qui remue et qui reste à l'esprit bien longtemps ... La littérature est parfois là pour déranger aussi...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un premier roman étonnant et parfois envoûtant, une écriture qui se démarque et parvient à créer une atmosphère singulière. Pour toutes ces raisons, il faut avoir la curiosité de s'aventurer dans les chemins moins empruntés, la "contre-allée" (voilà un livre qui colle parfaitement au nom de sa maison d'édition :-) ), et passer les piles de best seller et autres mastodontes de l'édition pour aller dénicher ce petit volume bleu.
La narratrice décide de partir vers le Nord, prendre du champ, laisser derrière elle les séquelles d'une douloureuse rupture amoureuse. Un voyage improvisé, peut-être une fuite. Nord de la France, Allemagne, Pays-Bas puis enfin la Norvège et le cercle polaire. Un effort physique qui favorise l'introspection et une sorte de dépouillement intellectuel. Entre pèlerinage (ça aurait pu être le chemin de Compostelle) et vagabondage (le début pourrait être celui de Patagonie Express de Paul Théroux). Des rencontres la retiennent parfois pour quelques jours ou quelques semaines. Elle s'oublie, tente de mettre la douleur à distance. Jusqu'à la rencontre qui la fait basculer vers un ailleurs totalement inconnu en lui montrant la possibilité d'un amour maternel... mais sera-t-elle capable de la reconnaitre ?
L'auteure nous offre une exploration des ravages de la dévastation des sentiments, jusqu'à la perte de tout repère. L'héroïne se perd, se réinvente dans ce nouvel amour, s'enferme dans une nouvelle exclusivité qui devient une exclusion.
Un texte très dérangeant, des fulgurances d'écriture. Une vraie découverte.
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Pas vraiment convaincue par ce premier roman qui a pourtant du charme. Une jeune femme trotte comme un poulain pour fuir l'homme-chien...l'écriture trotte aussi, phrases courtes et rythmées. La jeune femme me paraît à la dérive et ses relations avec un enfant, bien troubles.
ps l'autrice lit très bien ses textes!
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Je ressors de cette lecture perplexe, abasourdie comme on dit. Je ne sais pas si je dois l'aimer ou le détester, le comprendre ou me fermer. Et pour finir je crois que le plus beau reste encore qu'il me questionne, m'interroge sur mon rapport à la lecture, la littérature, dans son fond et dans sa forme.

Incontestablement, par sa forme et sa prose, par son élégance dans sa plume, par son phrasé haché, le roman vous séduira. Ces phrases décousues vous donneront des ailes, vous poursuivrez la narratrice, tantôt « homme-chien », tantôt « nord », vous vous fondrez dans son personnage comme on se fond dans un moule, vous deviendrez cette femme qui fuit vers le Nord, qui court vers le Nord, qui s'accroche au Nord. J'étais tellement attentive, tellement à l'intérieur du texte et du personnage…que j'en ai rêvé. Bercée par ses phrases qui n'en sont presque plus, je me suis endormie petit à petit et j'ai fini par rêver, d'être là, dans ce Nord immense et sans nuit. Autant vous dire que le Nord du monde m'a fait son petit effet !

La narratrice fuit. Un homme, la fin d'une aventure de plusieurs années, la fin de l'amour qui la gifle la fin d'autre chose peut-être. On ne comprend pas bien ce qui la pousse à fuir mais on comprend la fuite. Ce désir de Nord. D'ailleurs et puisqu'il faut bien une direction, pourquoi pas le Nord. Peut-être même que c'est un choix que j'aurais pu faire. le Nord, le froid, la nuit et le jour sans fin, le blanc, le paisible. Cette quête de paix. On suit donc la narratrice à travers l'Europe : Lille, Bruxelles, Anvers, Meerle, la France, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne… Autant de villes qui sous ses pas, passent, durent un moment, puis disparaissent, à mesure qu'une douce folie commence à s'emparer d'elle.

Et puis brusquement : la maternité. Cet amour si grandiose qui la submerge, lui tord les tripes, doucement l'entraîne vers ce qu'elle nomme elle même « l'infamie », « la faute ». Et là je me réveille et je comprend qu'il y a autre chose que la forme, autre chose que cette plume qui t'emporte et te perd, autre chose que cette poésie brute, âpre qui t'entraîne vers le Nord du Monde, il y a le fond. Cette femme qui de ville en ville se perd un peu plus. La déraison s'installe. Les repères se délitent. Mais les vôtres ? Les miens ? Et c'est là que le questionnement commence. Les derniers chapitres sont des envolées, des escaliers qui emportent lecteur et narratrice dans un gouffre au fond duquel… quoi ? la faute ? la morale ? l'amoral ? l'immoral ? Je pense que l'autrice a vu juste et je parlerai donc de « désaxement », de « déplacement ».

La fin arrive, comme une énième machette qui tombe et rompt les liens.

En résumé

Par le biais de son écriture, qui joue beaucoup sur le style et sur le rythme, Nathalie Yot réussit son pari. le Nord du Monde questionne, interroge, le rapport au corps, à la chair, au désir, mais aussi à la folie, à la perdition. Je ne savais pas quoi en penser, sur la fin. Et puis, là, au fur et à mesure de ma chronique, je peux vous le dire, ce roman, c'est un bijou.
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Cela commence par une fuite, celle d'une femme qui se sépare d'un homme que l'on le soupçonne violent. Son obsession : partir au plus au nord du monde. Sur la route, elle fait des rencontres mais ne souhaite que du passager, fuyant de nouveau lorsque les choses deviennent une habitude. Elle ne veut pas d'attaches ; jusqu'à ce qu'on lui impose le jeune Isaac, récemment orphelin. Elle le repousse, mais très vite ne peut plus se passer de lui, de son odeur et de sa peau. Elle fuit encore, mais avec cet enfant qu'elle appelle son fils. Elle déborde d'affection pour lui, au point de dépasser les limites de l'amour filial.
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« Je voudrais simplement m'installer dans la fuite »

Un drame, une rencontre, cet « homme chien » destructeur. Un seul but : le Nord.
Ce roman nous conte la chute vertigineuse d'une jeune femme qui semble avoir touché le fond et ne peut compter que sur elle-même pour s'en sortir. Son périple l'amènera à traverser l'Europe à pied mais le plus long chemin sera intérieur. Comment vivre après l'indicible? La reconstruction doit elle passer par la destruction ?
C'est en tout cas ce que l'auteure, Nathalie Yot, suggère.

L'écriture est incisive, implacable, efficace et traduit avec justesse l'état émotionnel de la jeune femme.
Il s'agit vraiment d'un roman coup de poing car cette lecture ne peut que nous faire réagir et ensuite il faut se relever…
Pour ma part je reste dubitative, je ne sais si j'ai aimé ou non, j'ai été poussée dans mes retranchements, mes idéaux mais peut être que c'est à ça que sert la lecture !

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La narratrice s'est séparée d'avec son conjoint, un type sans visage qu'elle nommera « L'homme chien » tout le long du récit. Écrasée par la vie, elle va prendre le chemin du nord, irrémédiablement, conjurer le sort, tenter d'aller jusqu'à ce mur dressé tout au sommet du globe terrestre, qui ferait que l'on ne peut plus passer, que l'on doit faire demi-tour et enterrer ses espoirs.

Durant ce voyage, quelques rencontres improvisées, sans lendemain, amicales, sexuelles. L'une d'elles va pourtant bouleverser son quotidien : aux Pays-Bas, ce concours de circonstances avec trois polonais, mais c'est un quatrième, Isaac, polonais lui aussi, un enfant d'une dizaine d'années qui va faire battre son coeur plus vite qu'à l'habitude, perdu, orphelin, « offert » par l'un des trois autres, à la fois une épine dans le pied et de nouvelles sensations à assumer. C'est peut-être à ce moment-là que le voyage prend une vraie tournure initiatique, à deux, elle avec son nouvel enfant, lui avec sa nouvelle mère. le désir, peut-être.

Puis c'est l'arrivée au nord, enfin, en Norvège, là où la nuit n'existe pas (le jour-nuit de la narratrice), pour remettre un peu mieux les compteurs à zéro dans une vie jugée ratée. Pas de nuit, pas d'obscurité. Sans lumière tout crève, sans nuit tout doit être pétillant de vie. Se perdre dans le nord pour mieux se retrouver, métamorphosée.

La nature va jouer un rôle, celui de chambre d'écho : « Un sentier où tous ceux qui ont voulu crier sont allés. On voit l'herbe aplatie sur vingt centimètres de large. Ce sont les pas des crieurs qui ont marqué le sol. Ma gorge enfle à force de. Je continue pourtant de. Je cherche l'épuisement tout en regardant mes cris remonter le long des rochers et s'échapper ». Les cris viennent du ventre, ce ventre qui possède une importance toute particulière dans le récit, celui qui a faim, faim de nourriture, mais surtout de vie, de sensations, d'événements, ce ventre qui n'a pas porté Isaac, mais qui aurait aimé l'héberger. C'est aussi celui qui a fin, fin de la routine, fin de la lassitude.

La narratrice a entrepris ce travail sur elle-même en 1999. Coïncidence ou plutôt volonté d'enterrer un millénaire de souffrances afin d'être mieux disposée à accueillir le nouveau ? Faire table rase du passé, oublier l'homme chien, sentir d'autres mains, d'autres peaux, d'autres odeurs, profiter d'une date sur le calendrier pour renaître.

Un court roman de cette rentrée 2018, aidé par une écriture délicate et pleine de souffrance en même temps, poétique et écorchée. Peu de dialogues (les personnages ne parlent pas toujours la même langue), une recherche d'un avenir en forme de Saint Graal, un rôle de mère, improvisé, sans connaître la partition : « Je fais ce que je peux. Je suis une remplaçante. Ce n'est pas facile d'être une remplaçante. Je n'ai pas pris l'histoire au début. Je m'adapte au rôle. Complètement ta mère, c'est vrai, je ne peux pas ». Nathalie YOT signe un beau roman sensible, d'allure simple, épurée, un « roadbook » mélancolique et sombre sorti par La Contre Allée, et l'on ne peut que les en remercier.
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