Pas plus de 120 pages, mais quel beau texte ! Sur fond de combats en 1919 dans une contrée, Courlande, au bord de la Mer Baltique, une jeune femme, Sophie concentre sur elle tous les regards. Fille facile, désespérée, écorchée vive ? de son frère, Conrad, un peu paumé, à Eric, qu'elle cherche à séduire tandis qu'il s'écartèle entre son attirance et sa méfiance, elle agit comme un catalyseur des passions au sein d'un groupe de soldats que la guerre décime. Déçue, puis vengeresse à l'encontre d'Eric, elle l'entraîne dans sa volonté de mourir de ses mains pour qu'ad vitam aeternam il en nourrisse un ineffaçable remord.
L'écriture est ciselée du premier au dernier mot et l'on se prend à rêver de n'ouvrir de livres que de cette tenue.
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Le language, le lieu, la complexité politique, l'époque : tout semble fait pour nous éloigner des protagonistes. Et pourtant, il se dégage une modernité de ces destins. Au début on s'attend à quelque chose de déjà vu, soit du côté de l'inceste, soit un triangle amoureux classique. Et au fil de l'histoire, le personnage de Sophie se développe pour amener à une fin palpitante.
Point de héros, de bons, ou de beauté, mais plutôt du sordide, du lâche et de l'impossible. le narrateur est une tête à claques.
Un livre très court à relire pour en saisir les nuances.
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Les Pays Baltes pendant la guerre civile avec les bolchéviques qui viennent d'accéder au pouvoir. Trois jeunes gens de bonne famille se sont engagés dans cette guerre pour défendre leurs valeurs, le héros Eric, son ami Conrad et la soeur de cet ami, Sophie. Cette dernière est follement amoureuse du héros ; celui-ci ne partage pas cet amour ou du moins n'en est pas sûr, ne veux de toute façon pas s'engager. Réfugiés dans un village aux avants-postes de la guerre, ils en vivent toutes les horreurs et les dangers. Sophie est prête à tout pour qu'Eric succombe à ses charmes, y compris à se livrer au plus offrant devant lui, mais rien n'y fait. Finalement elle part rejoindre un ami d'enfance qui combat pour l'ennemi communiste pour lequel elle n'a jamais caché un certaine attirance. Elle est considérée comme morte pendant que la guerre poursuit son cour ; Conrad meurt à son tour. Un jour, Eric et ses hommes font prisonniers les restes d'une escouade ennemie. Il n'est plus le temps où l'on fait des prisonniers : quand on attrape un ennemi on l'interroge et on lui loge une balle dans la tête. Parmi les prisonniers, il y a Sophie. Tous la reconnaissent, y compris ses anciens domestiques. Elle ne faibli pas et accepte son sort. Eric de son côté ne faiblit pas non plus. Les prisonniers sont exécutés un à un. Quand vient le tour de Sophie, elle demande comme une faveur que ce soit Eric qui la tue. Il le fera presque sans ciller, la ratant la première fois même. Depuis il continue une vie de mercenaire sans plus être rattaché à rien de la vie, bravant la mort plus pour la rencontrer que pour ce qui lui reste de conviction y compris quand il part combattre pour les troupes de Franco en Espagne. Un livre très beau et qui prend un tour ultime à la dernière page...
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