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3,63

sur 178 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce n'est pas le contexte historique et géographique (que j'ai eu beaucoup de mal à situer : 1919, guerre civile aux confins des Pays baltes et de la Russie) qui attire l'attention ici, mais la prodigieuse étude de caractère des personnages, surtout celle du narrateur Eric von Lhomond.

Quel personnage incroyable, froid, calculateur, insondable parfois, colérique, en parfaite harmonie avec la guerre qu'il essuie. Ne sachant véritablement plus distinguer les valeurs humaines, ni croire en l'homme ou en la femme.

C'est depuis le château délabré de Kratovicé, devenue forteresse assiégée, où il a passé ses vacances avec Conrad et sa soeur Sophie, que Lhomond est en garnison pour combattre les bolchéviques.
La guerre est longue, lassante. Les conditions climatiques difficiles. La faim, l'ennui règnent pesamment sur ce décor lugubre. Mais le combat le plus intense est celui qui oppose Sophie à Lhomond. Sophie est amoureuse, prête à se donner, capable des pires folies pour faire réagir son bel officier. Et celui-ci la dédaigne, la repousse, la méprise aussi...

Les trois héros de ce court roman sont jeunes, beaux et issus d'une vieille aristocratie ruinée. Les descriptions de Conrad et Sophie ne reflètent pas leur genre. Conrad est quelqu'un de doux et gracieux alors que sa soeur est plutôt volcanique et lourdaude. du moins est-ce ainsi qu'Eric nous les dévoile. Ce qui laisse penser que celui-ci est bien plus attiré par le frère que par la soeur, mais sans jamais se l'avouer vraiment.
Eric von Lhomond, au-delà de ce cynisme voulu et cultivé, est d'une infinie lucidité sur lui-même et combat autant l'ennemi guerrier que l'amour qui pourrait le faire fléchir.

Ce récit prend le lecteur pour témoin de cette longue montée émotionnelle jusqu'au drame final, de ces ravages psychiques et physiques causés par la guerre. Un récit poignant qui laisse dans la mémoire une trace marquante bien après la fin de la lecture.
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Un court et magistral roman de Marguerite Yourcenar inspiré d'une histoire authentique.

En 1919, dans un pays Balte pris dans l'engrenage de la violence d'une guerre civile liée à la révolution russe, trois jeunes privilégiés vivent une histoire d'amour, une passion qui s'apparente à une tragédie. C'est Eric, un jeune officier, qui en raconte les conditions extérieures et tente d'expliquer, avec subjectivité parfois, les événements passés.

Un récit qui met en scène des êtres complexes dont les aspirations sentimentales n'entrent pas forcément en concordance, réunis face aux dangers, semblables dans leur intransigeance mais aux allégeances politiques différentes. Presqu'un détail qui mènera au drame final, un coup de grâce porté sans haine.
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La littérature française du XXème siècle doit beaucoup aux marguerites... Non que je cherche la métaphore entre l'écriture de romans et l'effeuillage romantique des petites fleurs pour comprendre ses sentiments, mais il faut avouer que Duras et Yourcenar sont indubitablement deux grandes figures de notre littérature.

J'ai lu Duras assez jeune, le film L'amant m'ayant suffisamment troublé pour que je veuille en découvrir l'origine écrite. En revanche, mon chemin littéraire ne m'a jamais fait croisé Yourcenar alors que les envies n'ont pas manquée. J'ai un certain respect des institutions (voire mon amour des Nobels) et le titre de première femme élue à L Académie Française ne peut donc me laisser indifférent. C'est peut-être mon erreur impardonnable dans un jeu télévisé il y a quelques années (attribuer les Mémoires d'Hadrien à Duras... hum...), qui aura été le déclencheur de cette lecture qui arrive finalement quelques années plus tard.

Le choix du Coup de grâce est surtout motivé par le hasard des bibliothèques puisqu'il était disponible en rayon. Sa brièveté a été également un appel du pied, on prend moins de risque en se jetant à l'eau pour à peine plus de 100 pages.

La lecture de la préface rédigée par l'auteure est pleine d'enseignements, notamment confronté à mes impressions. le côté dramatique de l'histoire m'a parfois semblé presque excessif, l'auteure confie qu'elle est inspirée du réel... le choix d'écrire en 1938 sur un jeune allemand presque frustré de ne pas avoir participé à la Grande Guerre me semblait audacieux, Yourcenar minimise le contexte, les nationalités, arguant que c'est dans la confrontation des caractères, dans la peinture d'une histoire intime que doit se juger son roman... L'utilisation de la confession à la première personne m'a semblé particulièrement touchant, la future académicienne dénigre presque ce mode de narration, indiquant à quel point il est factice et éloigné de ce que serait une réelle confession...

Cette modestie continuelle, les précautions prises dans cette préface n'effaceront malgré tout pas le génie de ce roman, petit par la taille mais certainement pas par le talent. le style recherché qui cherche régulièrement le contrepied des expressions habituelles et des formules toute faites est très agréable. le trio amoureux, même s'il n'est pas novateur comme le dit elle-même Yourcenar, trouve ici des combinaisons intéressantes. Les occasions non pas manquées mais clairement refusées mettent en exergue une frustration de l'amour qui fait presque autant enrager le lecteur que les personnages. le dénouement tragique maintes fois annoncé au cours du récit parvient néanmoins à surprendre dans son extrême jusqu'au-boutisme.

Bref, les ingrédients qui font de ce livre une réussite sont nombreux, et même sa brièveté est plus un atout qu'un défaut. L'expérience méritera d'être tentée à nouveau, pourquoi pas avec ces Mémoires d'Hadrien que j'ai autrefois faussement attribuées et qu'une lecture pourrait permettre de bien ancrer dans ma propre mémoire.
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Une court récit fluide, une écriture sobre et riche à la fois. pour une approche de cet auteur, cette nouvelle est parfaite...On y sent la profonde analyse des personnages, leurs envies et tourments...Un très bon moment de littérature, sans artifices...
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Sans pouvoir me l'expliquer j'avoue que je n'aime pas beaucoup le style de Marguerite Yourcenar. Elle a des formulations assez riches qui doivent séduire ses lecteurs mais pas moi. Pour autant, ce court roman publié en 1939 intitulé "Le coup de grâce" est plutôt une bonne surprise même si je n'approuve pas la position du narrateur qui refuse l'amour.
Le roman est écrit à la première personne, forme littéraire qui permet de montrer un homme face à sa vie et qui s'efforce de l'expliquer avec plus ou moins d'honnêteté.
Au début du 20ème siècle, le prussien Éric von Lhomond à toujours pris part aux divers mouvements qui aboutirent en Europe à l'avènement des fascistes, Hitler et Franco. de retour en Allemagne à la suite d'une blessure, il se souvient de sa jeunesse passée à Kratovicé dans les Pays baltes en 1919-1920 durant la guerre civile russe.
Il combat les bolcheviks en tenant une position dans le vieux château de son ami Conrad et de sa jeune soeur Sophie. La jeune fille amoureuse s'offre à Eric qui se refuse. Il se sent plus lié à son frère Conrad d'où des relations ambiguës alors qu'ils sont tous soumis aux mêmes privations et aux mêmes dangers.
Il y a une atmosphère d'amour impossible dans ce décor de guerre ce qui en fait un roman psychologique bien plus que politique avec une fin bien sombre.


Challenge ABC 2021-2022
Challenge Coeur d'artichaut 2022
Challenge Riquiqui 2022
Challenge XXème siècle 2022
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Le coup de grâce n'est sans doute pas le chef d'oeuvre de Marguerite Yourcenar. mais un véritable hors d'oeuvre qui régalera le lecteur affamé, impatient et désireux de se faire rapidement une idée du style de l'auteure.
Cette nouvelle est un prélude, une bande annonce, un essai avant les Mémoires d'Hadrien.
La narration est omnisciente, sans rien de désagréable. La présence de l'écrivaine est palpable à chaque phrase lue, chaque page tournée. Malgré ce que laisse croire la quatrième de couverture, il n'est nullement question d'histoire d'amour. Oublions là, le récit de Antinoüs et son impérial amant.
De fait, l'intrigue est construite autour d'un jeu de séduction, une approche romantique depuis longtemps oubliée.
Quel plaisir de lire tant de mots bien sentis. Ceux-ci sont bien plus subtils que d'ordinaire.
L'intrigue permet de s'intéresser à une époque et à un conflit oubliés ou du moins plus oubliés que connus.
(Pour la version complète c'est pas ici-bas...)
Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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Courlande, région de la Lettonie au sortir de la Grande Guerre, sur fond de guerre civile entre bolcheviks et Blancs, trois amis, Eric le narrateur, Conrad et sa soeur Sophie vont vivre une histoire digne d'une tragédie grecque. Marguerite Yourcenar nous livre une oeuvre courte mais souvent intense. La fin est superbe, l'émotion est au rendez-vous. le roman est court, le destin des héros est tragique. Seule certitude au final, l'amour ne tient pas à grand-chose, la vie encore moins.
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Un livre court, puisqu'une nouvelle, mais si long parfois...

J'ai eu quelques absences et je m'en suis voulu, mais bon, la lecture s'y prête.
C'est très bien écrit, la trame est bien amenée, mais cela nous traine dans des analyses si profondes que le sommeil nous gagne malgré l'envie.

Mon premier Yourcenar !!
Non, je ne compte pas rester sur ce sentiment afin de me faire une idée, mais le regard que je m'en fait après cette première lecture n'est plus du tout le même.

Je ne peux me résoudre à mettre une note trop mauvaise, car quoi qu'un mauvais ressenti, il n'en reste pas moins que c'est un bel ouvrage, hormis l'ennui s'entend.

Je me fais fi de reprendre une lecture de l'auteure au plus vite, afin d'effacer ce sentiment de mauvais oeil.

J'espère revenir sur de meilleures critiques.

Pour conclure, je reprendrai une autre fois cette lecture, qui ne fût peut-être pas tentée au moment opportun, je n'aime pas rester sur un échec. Même si cela devait faire de moi un têtu.....
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En 1919, dans les pays baltes, la guerre poursuit son cours. Eric von Lhomond est un soldat à l'univers bien défini. C'est aussi un aristocrate. A Kratowicé, il rejoint une grande demeure seigneuriale où n'évoluent que deux femmes : la fantomatique tante Prascovie et Sophie, vingt, ans, soeur de Conrad qui combat avec Eric. Sophie éprouve pour Eric une passion que seule la mort pourra dénouer (pour elle du moins). Langue extraordinaire de concision et d'intelligence, intrigue qui renvoie à la tragédie classique ( unité de lieu et de temps, héroïsme des personnages face à leur destin...) et grande pureté du propos. Dans "Le coup de grâce", tout est à la fois dur et étincelant. Un texte magnifique.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Dans ce court roman, Marguerite Yourcenar brosse le portrait d'un trio amoureux poignant, dans le cadre peu banal de la Courlande, en 1919. Cette région de Lettonie fut le théâtre d'événements et d'enjeux méconnus entre l'Allemagne, la Pologne et la Russie. Ce cadre triangulaire se projette sur les protagonistes et l'on se plait à tenter dénouer les relations d'amitié, d'amour, de haine et de suspicion.
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