Déshabiller les jours
Déshabiller les jours
me donne du courage
aujourd’hui pour demain et après demain
jusqu’à devenir amoureuse de la nuit
et ensuite du jour
comme si c’était ma première révérence
envers la vie.
Car je ne peux pas avoir peur
de la première ombre qui paraît
ou de la blessure qui saigne à peine.
Alors je marche pieds nus
parmi les choses
je trébuche je tombe je me relève
je m’abîme les yeux à scruter le ciel
pour ne rien perdre ne fût-ce qu’un instant
de la lumière naissante
ou du soleil en son déclin le soir.
Je conserve aussi l’odeur des ruines
et le poids des larmes
sur mes joues
sans cesser d’aimer
ce peu qui suffit
à donner un sens à la fleur
ou à la branche qui se brise.
J’existe, j’existe sans me soustraire au temps
et je viens au monde à toute heure
en devenant l’air que je respire
en m’accrochant telle une enfant
à la main d’un destin
qui me demande où aller
avant de s’orienter tout au fond de mon cœur.
La solitude mexicaine te cherche encore
à Jacques Kerouac
La solitude mexicaine te cherche encore
qui a fait de toi un étranger sans profil
sur les routes du monde
au regard et aux éraflures
aussi vastes que l’éternité.
Dans tes paupières
le poids d’une vie avide
et damnée,
une méditation excessive
qui épuise l’esprit
au point de le réduire à une patrie sans histoire.
Et tu détournes des mots
dans les coups de tonnerre hystériques de l’époque
dans l’aube sans poésie
qui regarde l’instinct s’enfuir
à toute allure vers les sens.
Tu tombes et la raison cède
comme la marguerite qu’on arrache
ou la pluie qui décoiffe la poussière.
Je sais, il ne sert à rien d’être sauvé
d’une obscurité nécessaire
comme un blues qui fait claquer les doigts
avant que le silence ne remue les lèvres
pour inventer autre chose.
Riez - disais-tu - et jouez du trombone
jusqu’à l’épreuve du feu
jusqu’à scander la mort
dans une atmosphère dénuée de vie.
Apro la pelle ai giorni
Apro la pelle ai giorni
e mi faccio coraggio
oggi per domani e domani ancora
fino ad innamorarmi della notte
e poi del giorno
come se fossi al primo inchino
alla vita.
Perché non posso spaventarmi
della prima ombra che appare
o della ferita che sanguina appena.
Allora cammino a piedi scalzi
tra le cose
inciampo cado mi rialzo
e consumo gli occhi ad esplorare il cielo
pur di non perdermi nemmeno un attimo
della luce che nasce
o del sole che si spegne nella sera.
Conservo anche l’odore delle macerie
ed il peso delle lacrime
sulle guance
senza smettere di amare
quel poco che basta
per dare un senso al fiore
o al ramo che si spezza.
Esisto, esisto senza ritirarmi dal tempo
e vengo al mondo ogni ora
diventando l’aria che respiro
aggrappandomi come una bambina
alla mano di un destino
che mi chiede dove andare
prima di orientarsi dentro al cuore.
Je viens respirer
Je viens respirer
de tes lointaines frontières
et j'y retrouve tout l'amour que je n'ai jamais compris
moi, qui te sentais maman trop tard, la
terre pétrie dans le brouillard
fait de cieux jamais clairs et aux prises avec le temps.
Je regarde où même le vent s'arrête
dans les semailles qui ont le goût du blé mûr
et je referme dans mon cœur cette couleur
qui a l'odeur du pain et les pièces de la maison.
Je te sens enraciné dans mes
méta veines que j'ai quittées trop tôt en
espérant trouver
le sens de ma chanson ailleurs .
Et en attendant
je vais avec mon esprit là où la rivière se réveille
dans ce silence qui parcourt les champs
jusqu'au soir.
Et je reste parmi les distances pour chercher ce petit soleil,
toujours incertain,
qui me rappelle qu'un jour je reviendrai
parmi les brins d'herbe et les rues de poussière
où j'étais enfant.
Ti cerca ancora la solitudine messicana
a Jacques Kerouac
Ti cerca ancora la solitudine messicana
che ti ha reso straniero senza forma
per le strade del mondo
di occhi e crepe
ampi come l’eternità.
Nelle palpebre
il peso di una vita avida
e dannata,
un meditare all’eccesso
che sfianca la mente
fino a ridurla ad una patria senza storia.
E fai deviare parole
nei tuoni isterici del tempo
nell’alba senza poesia
che guarda l’istinto fuggire
a precipizio sui sensi.
Cadi e cede la ragione
come la margherita che si strappa
o la pioggia che spettina la polvere
Lo so, non serve essere salvati
da un buio necessario
come un blues che fa schioccare le dita
prima che il silenzio curvi le labbra
a inventare altro.
Ridete – hai detto – e suonate il trombone
fino a provare il fuoco
fino a scandire la morte
nell’aria già vuota di vita.
Vidéo de MICHELA ZANARELLA