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3,49

sur 135 notes
Comores, fuite, écriture, original, départ
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Lu dans le cadre de l'opération « le grand trip » qui consiste à découvrir en avant première des textes, la même chose que pour le cinéma, mais là pour des lectures. Ce livre a donc été lu en avant première et je l'ai reçu non massicoté. Ce qui veut dire que j'ai dû m'armer de mon coupe-papier et au fur et à mesure de la lecture, j'ai dû découper les pages. A l'époque du numérique, c'est un plaisir de découper des pages.. Les livres de la maison d'édition « le tripode » sont aussi de beaux objets et j'aime beaucoup leur couverture, sobre et la typographie qui facilite la lecture. Ce livre est l'un de mes coups de coeur de cet été. J'ai beaucoup apprécié suivre le dialogue d'Anguille, qui nous interpelle et nous raconte sa courte vie. Elle vient d'avoir 17 ans et on va au fils des pages apprendre à la connaître et sa famille, son environnement. Nous sommes dans une petite île de l'Océan Indien ; nous allons apprendre à connaître Connaît Tout, le père, « un piètre philosophe perdu dans une île de l'Océan indien », Crotale, sa soeur jumelle, la tante Tranquille, qui a élevé les deux filles après la mort en couches de leur mère, Vorace, le plus beau des pêcheurs et qui devient son amant clandestin, Désirée, la copine de lycée qui a un joli sac Chanel rempli de produits Dior, L'Oréal, Yves Rocher, Voilà, l'ami alcoolique de Vorace mais qui s'y connaît très bien en vin, français en particulier.. Un texte qui donne envie d'être lu à haute voix, les phrases claquent et de belles images de cette île nous apparaissent. Des termes ont été inventés et on est bien dans ce texte anguilliforme. de belles pages sur le désir, l'amour. Des pages d'amour et des images correspondant aux tableaux d'Archiboldo. L'auteur nous donne une belle leçon de vie dans le portrait de cette jeune fille volontaire. « ..mais romantique ne veut pas dire romanesque, parce que romanesque signifie rêve, et romantique folie, je préfère donc la folie au rêve. » (p161). Puis nous allons nous retrouver sur un bateau en partance pour Mayotte, ces sans papiers changent d'île pour trouver une vie meilleure sur celle de Mayotte, territoire français. L'auteur nous décrit avec humour, ironie, la vie des expulsés et qui le lendemain remontent sur un bateau pour revenir sur Mayotte. « Je bénéficie toujours de voyages gratuits, au moins une fois par an, pour rendre visite à ma famille, la différence, c'est que je me trouve toujours menotté comme un voleur avant qu'on m'embarque comme un prince suivi d'une forte escorte.. » (p295) Ce texte m'a fait penser à des lectures d'oeuvres d'auteurs haïtiens ou québecois. Il s'agit de textes francophones qui magnifient le « français classique », on y trouve de beaux mots imagés et poétiques : maussaderie, babillarde, une langue vipérine… Un réel plaisir de lecture et Anguille reste en mémoire lorsqu'on a fermé ce magnifique livre. L'auteur nous parle avec une belle langue poétique la vie d'humbles, qui rêvent d'une vie meilleure. « Je suis un chauffeur de mots » (p183). Les pages sont jalonnées de philosophie, de références culturelles (mythologie ou tradition locale). Les noms des personnages sont eux aussi très imagés : « Crotale veut dire serpent à sonnette, tu ne dois faire du bruit que pour effaroucher les voyous qui tenteront de t'approcher mais pas pour me casser les nerfs et m'infliger des déceptions après tant d'efforts que j'ai déployés. » « ..Mais il avait compris que la vie est un chemin chimérique, oui, la vie est une espèce de chemin à la fois long et court qui ne prend sens que dans le rêve collectif, nous rêvons tous sans le savoir et quiconque essaie de se réveiller pour s'en échapper échoue tragiquement, parce qu'il ne faut pas exclure ce de rêve fatalement vital, » (p40) « …c'est çà la vie, bah, quoi, vous le savez vous-même, il faut savoir jouer son rôle, leurrer les autre et se faire leurrer pour pimenter le spectacle, rien que çà, » (p74) « Tout est poison dans la vie, la vie est elle-même est poison » (p95)
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