"Un diamant pur", "Ahurissant de beauté", "C'est magnifique", "C'est une claque", "Quel souffle, quelle fièvre", "Le livre le plus fort de cette rentrée." Bon, n'en jetez plus, l'enthousiasme est général, le consensus avéré : avec
Anguille sous roche du comorien
Ali Zamir, la planète francophone tient son chef d'oeuvre de l'année, voire de la décennie. le récit est celui d'une jeune femme qui se noie et nous raconte en flashback les événements qui l'ont conduite à ce sort peu enviable. Question : on fait comment quand on n'est jamais entré dans ce livre au flot logorrhéique, avec une histoire qui est du registre du mélodrame, riche en digressions multiples et dont le dispositif : une seule et unique phrase qui serpente plus de 300 pages est diablement étouffant ? D'autant que c'est tout de même un procédé qui tient plus de l'exercice de style que de la nécessité. Là où Zamir impose des virgules, ce sont des points qui logiquement devraient y figurer et il se permet même des pauses entre les différents chapitres alors que la phrase continue. Alors oui, l'auteur possède une verve terrible et un vocabulaire luxuriant mais pas plus que Mabanckou ou
Bofane auxquels il fait penser. Et s'il est intéressant de voir le livre évoquer l'exil des comoriens vers Mayotte, l'île voisine, ce n'est qu'un élément parmi d'autres dans le roman, alors que ce flux migratoire, vu de l'autre côté, est abordé de façon frontale, mais avec moins de gouaille, certes, par
Nathacha Appanah dans le magnifique
Tropique de la violence. Parfois, cela arrive, l'on sent seul à aimer un livre peu goûté par la plupart de ses lecteurs. Là, c'est un peu le cas inverse. Que faire ? Tourner la page et partir vers de nouveaux horizons littéraires. Ce ne sont pas les livres qui manquent et qui ne demandent qu'à être aimés.