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Zède, un journaliste, rencontre Jérôme Dumont, un activiste « barebacker » (prônant le sexe sans préservatif) des années 80 tombé dans l'oubli, pour faire son portrait. A cette occasion, il va découvrir le monde du « chemsex », le sexe augmenté par des drogues de synthèse comme la 3-MMC et le GBL/GHB. ● Je le dis tout de suite, c'est un roman qui risque de choquer plus d'un lecteur, il faut donc être conscient, si on choisit de le lire, qu'on va être témoin de scènes très « hard », avec le vocabulaire qui va avec. ● Dans ce roman et contrairement à son habitude, le style de Zarca est très sage. On est loin des fulgurances de Paname Underground par exemple. Sans doute qu'en termes d'électrochoc délivré au lecteur, le sujet suffit. ● le roman est en effet d'une rare intensité et se lit d'une traite, sans aucun temps mort. La gradation sur laquelle il est construit est très bien menée, et permet de se rendre compte dans quel piège Zède est allé se perdre. L'univers du sexe chimique est implacablement décrit et le lecteur éprouve un effroi qui n'est pas sans se doubler d'une certaine fascination. La fin est à la hauteur du reste. Un roman coup de poing, magistral, qui va rester pour longtemps dans ma mémoire.
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Hum. Disons que c'est "L'herbe bleue" version hard. Très hard.
Zède est un jeune Parisien branché, qui fait des piges dans différents magazines (il a même été stagiaire aux Inrocks) et a écrit quelques livres underground. Ses sujets de prédilection sont toujours sulfureux et, en bon adepte du journalisme gonzo, il n'hésite pas à donner de sa personne pour rédiger ses articles. C'est ainsi qu'il s'initie au chemsex, à titre expérimental bien sûr, et que sa vie va exploser.

Au risque de paraître naïve, je voulais comprendre le phénomène chemsex de l'intérieur, savoir ce qu'apportent ces drogues de synthèse dans le cadre sexuel, et pourquoi certains éprouvent le besoin d'y recourir. Ce livre a répondu à toutes mes attentes. le fait que Zède en soit le narrateur lucide nous place au plus près de ses sensations et émotions, et le récit est très riche d'enseignements. Comme l'indique la 4e de couverture, il s'agit d'une "enquête romancée", où l'auteur ne juge pas, ne promeut pas, ne moralise pas : à travers Zède, il dispense toute ses connaissances sur le sujet en laissant le lecteur se faire sa propre opinion. En cela, c'est une vraie réussite.
J'ai été happée par le style de Johann Zarca, sec, nerveux, allant droit à l'essentiel ; c'est une lecture qui se fait en apnée. Pourtant, Zède n'a rien de sympathique (et ne cherche pas à l'être), mais on a envie de savoir comment tout cela finira. C'est brut, très cru, les scènes de sexe sont sans filtre, mais elles ne jamais gratuites ni racoleuses, et le processus de l'addiction est décrit sans commisération. Toutefois, on ne peut que s'interroger sur la position des pouvoirs publics, peu préoccupés par ce phénomène qui tend à se développer (parce qu'il touche essentiellement les gays ?).

C'est donc un roman très dérangeant, mais très intelligemment construit et écrit ; une double découverte : celle d'un auteur qui n'a pas peur et est doté d'un style captivant, et celle du chemsex présenté sans fausse pudeur, de ses attraits à ses dangers.
Bien loin de "L'herbe bleue", donc.
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Zède rencontre Jérôme Dumont, artiste homosexuel des années 80 désormais oublié, pour écrire un article à son sujet. Au fil de leurs rencontres, le chemsex est de plus en plus souvent évoqué, Jérôme en étant un fervent adepte, jusqu'à ce que Zède, consommateur régulier de diverses drogues et curieux de découvrir par lui-même ce que réservent les nouveaux produits de synthèse couplés au sexe, se lance dans sa première séance. Complètement embarqué par les effets produits, il décide de rédiger un nouvel article/reportage, et ainsi de plonger encore plus profond dans les méandres de ce nouveau mode de consommation, quitte à en devenir dépendant et à bouleverser toute sa vie, amoureuse, familiale, amicale, mais aussi professionnelle.

Avec tous les retours que j'avais pu avoir sur Johann Zarca au sujet de ses autres romans – ce qui m'a donné justement envie de lire celui-ci en avant-première – j'avoue que je m'attendais à quelque chose d'un peu plus décalé et rentre-dedans stylistiquement parlant. Certes, certaines tournures mettent bien un peu à mal la syntaxe, certains termes argotiques sont bien présents, mais j'ai eu la sensation de lire un roman à la forme assez académique, en tout cas beaucoup plus lisse que nombre des auteurs anglo-saxons underground que je peux lire depuis de nombreuses années.

En soi, cela ne m'a pas empêché d'apprécier lire l'errance chimique et sexuelle de plus en plus foutraque que nous décrit l'auteur, entre défonces de plus en plus violentes et régulières, partenaires et pratiques sexuels de plus en plus nombreux et trash, descentes de plus en plus chaotiques et douloureuses, jusqu'à l'acmé d'un dénouement plutôt inattendu, menant au summum de la noirceur et de l'autodestruction. Errance que j'ai lue de fait d'une traite tant la construction narrative en est percutante et parfaitement rythmée, à tel point que certaines phrases pénètrent l'esprit avec force, nous laissant sur le carreau en même temps que Zède. Et c'est à ce niveau que j'ai davantage ressenti la patte underground de l'auteur, empreinte d'une crudité sombre et dérangeante, donnant lieu à un roman éprouvant, qui secoue son lecteur et l'entraîne dans les bas-fonds d'une âme humaine finalement assez banale.

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman qui, même s'il ne correspondait pas finalement tout à fait à mes attentes, a quand même été appréciable. Je lirai désormais volontiers Paname Underground, roman précédent de Johann Zarca, pour comparer et voir si le style y est moins sage, d'après ce que l'on a pu m'en dire.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Je me rends compte que ce livre s'adresse plutôt à un public "niche" et que, par conséquent, mon avis est un peu celui de la Candide de passage. Et pourtant pas tellement car j'ai voulu lire ce livre un peu en guise de "mise à jour" car j'ai très bien connu le milieu artistique assez versé sur les substances et l'alcool des années 80-90. de ce côté j'ai été servie. J'ai aimé le style, direct, pas si cru que ça et vivant, ce qui quelque part contrebalançait un petit peu le côté morbide de l'histoire. Ce livre est donc centré sur l'histoire d'un journaliste, Zède, représentant archétypique de la mouvance bobo parisienne (ce que l'auteur souligne lui-même à l'occasion), consommateur régulier de cocaïne, comme il se doit selon le bon conformisme pseudo rebelle du milieu, qui va basculer dans une addiction bien plus sérieuse lorsqu'il se lancera, sous les auspices de l'"ange noir" Jerôme Dumont, dans une série d'articles sur le chemsex (les pratiques sexuelles sous influence de drogues de synthèse dont je n'avais encore jamais entendu parler jusqu'à aujourd'hui). Zède a apparemment eu une enfance heureuse, visiblement pas de problèmes financiers, une compagne formidable, Mia, un petit garçon et une petite fille à venir et des parents aimants et attentifs. Il va s'employer à saccager tout cela avec une application qui fait rêver (ou cauchemarder, c'est selon). Car, certes, l'influence de Dumont fut importante mais on devine que Zède n'attendait que cela. Pourquoi ? Mystère, si ce n'est une certaine forme d'égoïsme masculin sur-déterminé par la testostérone, toujours plus de sexe et toujours plus trash. Oui, je sens que je vais en faire hurler certains que je devine passablement fascinés par ce bouquin, un genre d'attirance pour le vide. J'ai pensé par moments à "Requiem for a dream" (d'ailleurs cité dans le bouquin) mais sans la forme de poésie qui va avec. Quant à Mia, elle m'a fait penser, en beaucoup mieux quand même, à la copine du plongeur qui ne pense qu'à sa pomme dans le "Grand bleu" (un film que j'ai détesté, je l'avoue). Précisément le personnage de Mia, très beau personnage, aurait mérité d'être plus "écouté" par l'auteur mais bon, comme d'hab il ne sera question que de cette fascination pour le héros noir et auto-destructeur. le récit en lui-même n'a pourtant rien d'original car ces histoires de descentes dans l'addiction il y en a eu à la pelle depuis les années 60. Celui-ci est encore un peu plus noir car au noir de la descente dans le toxique on ajoute le noir de la descente dans des pratiques sexuelles elles-mêmes complètement destructrices. Noir de noir donc... Comme je le disais j'ai bien connu (et connais toujours les survivants) quelques anges noirs du milieu artistique d'une autre génération. Leur usage de drogues était cependant toujours provoqué par autre chose, l'approfondissement d'une quête artistique ou le besoin de soigner les blessures d'une enfance vécue dans les années 50-60 quand des parents se préoccupaient davantage de dresser à coups de ceinture ou d'enfermement dans des pensionnats que d'aimer et d'être à l'écoute de leurs enfants. Comme je le disais plus haut rien de tout ça ici : Zède n'a aucune raison de sombrer dans ces pratiques autre que de rechercher le plaisir pour sa pomme (c'est dit par l'un des personnages du bouquin), se fichant ou plutôt considérant comme hors de propos, en quelque sorte, sa compagne enceinte et son gosse. Addict completely without a cause... le nihilisme ultime, une sorte de luxe des nantis qui se croient, oh, so cool... Et il est vrai que considérer le reste du monde comme hors de propos voire hostile (paranoïa bien décrite par l'auteur) est propre aux addicts. J'avoue qu'à partir d'un "certain âge", c'est un monde qu'on n'a plus trop envie de connaître, quand on a déjà largement "donné" à tenter de venir en aide aux intéressés pour se rendre compte que c'est à eux de se prendre en charge sinon basta... La fin est habile mais parce que l'auteur a réussi, dans une démarche que certains trouveront peut-être un poil perverse ou en tout cas profondément noire (encore), à dépeindre le milieu des NA (narcotiques anonymes) comme peuplé de gens oscillant entre le sectaire et le gnangnan. Assez brillant, j'ai apprécié l'aspect documentaire et appris un certain nombre de choses nouvelles en lisant ce livre. Quant à dire que j'ai aimé, je pense que j'aurais mis cinq étoiles quand j'avais 18 ans mais l'expérience m'amène à l'appréciation que je laisserai ici...
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La première fois que j'ai entendu parler de la cathinone, c'était un beau dimanche matin ensoleillé, nous venions de laisser une jeune fille de 18 ans morte sur un matelas à même le sol, malgré toutes nos tentatives de réanimation. Alors évidemment, j'ai un biais quand il s'agit des drogues, j'ai ce regard d'infirmier urgentiste qui n'a jamais fumé ne serait-ce qu'un joint de toute sa vie.

Je me lançais donc dans une aventure un peu étrange en débutant Chems, roman où un journaliste parisien (oui c'est important parce que ce qui existe dans un certain microcosme parisien est souvent déconnecté de ce qui passe dans le reste de la France) part à la rencontre de la pratique du Chem Sex (pour chemical sex, le sexe sous drogues) et de ses adeptes pour une série de papiers.

Le trentenaire est hétéro, père d'un petit garçon de deux ans et vit avec sa copine qui est enceinte. Pour débuter son investigation, il rencontrera un homo mis au ban de la communauté gay pour avoir pratiqué et défendu des années plus tôt le sexe sans protection (bareback) alors qu'il est séropositif. Avec lui, il testera ces mélanges synthétiques qui font perdre pied et prendre tous les risques, sans plus aucun contrôle. 3MMC, 4MEC, MDPV, Alpha-PVP, poppers, fist, orgies bisexuelles, putes, trans, je vous passe le recueil complet de tout ce qui se mélange dans ces pages et je vous laisse l'imaginer.

Je ne peux pas dire que j'ai été mal à l'aise dans ma lecture, je suis un grand garçon que pas grand chose ne choque, mais quand un collègue m'a dit "tu lis quoi, c'est bien ?", je me suis contenté d'un "bah euh, c'est particulier" pour toute réponse. Je ne sais pas trop quelle est la part de la fiction dans ce récit mais la longue descente aux enfers, l'addiction, les prises de risque et le déclin social sont abordés sans tabous et c'est à ce titre presque du roman-enquête. Une bonne lecture mais qui sera difficile à faire lire à tout le monde.

Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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#Chems
#NetGalleyFrance

Tout d'abord, il ne faut pas être prude pour lire ce livre car l'auteur ne mâche pas ses mots, il s'adresse quand même à un public averti.
Nous suivons Zéde, journaliste, écrivain, futur papa d'un deuxième enfant, bien dans sa peau et surtout dans sa vie conjugale et professionnelle, il arpente tous les bas fonds de la capitale pour écrire ses textes, qui lui vaut un réel succès. Un jour, il doit interviewer Jérôme Dumont, ancienne star homosexuelle des années 80, mais cette rencontre va bouleverser sa vie, en effet, Jérôme Dumont va lui faire découvrir le Chemsex, c'est à dire des orgies no limit pratiquées sous l'emprise de drogues spécifiques aux plaisirs sexuels. Quand une personne prend ces drogues, ses fantasmes sont décuplés et elle est prête à pratiquer toutes sortes d'expériences sexuels (multi-partenaires, homosexualité, scatologie...) tout devient permis et surtout extrêmement jouissifs.
L'histoire est racontée par Zéde lui-même, son parler est assez cru, il n'hésite pas à employer les mots qui faut pour choquer le lecteur, sa descente aux enfers est d'une extrême violence, et nous ne pouvons qu'être happé par son histoire et surtout on a envie de connaître très rapidement la finalité de tout cela.
Je pense que l'auteur a voulu nous mettre en garde contre les effets de la drogue, j'avais déjà entendu parler du Chemsex dans des interviews, et les témoignages sont vraiment troublants, tant le sevrage est vraiment difficile pour la personne tombée dans cette horreur.
Vraiment un très bon livre, que je recommande volontiers, par contre, je le redis, il n'est pas à mettre entre toutes les mains.
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La descente aux enfers ! Beark, dégeu !
Il faut de la tripaille bien accrochée pour lire ça. Bon, c'est un peu fait pour, semblerait-il, mais quelle chute !

Zède, journaliste gonzo s'intéresse au chemsex. Et quoi de mieux que de goûter pour en parler ?

Et c'est un engrenage extrêmement rapide qui l'attend et tout y passe, tout s'y perd : la thune, la dignité, le couple, les enfants, les amis, la santé, la famille… il ne restera rien. Juste un écoeurement et un mal de crâne au milieu des ruines… ou encore plus bas

Bienvenue aux NA
Lien : https://www.noid.ch/chems/
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Je découvre Johann Zarca avec ce roman Chems qui me rappelle mes années soirées parisiennes mais en bien plus trash. Un journaliste bobo parisien découvre le chemsex et se conforte dans l'idée de continuer à consommer sous prétexte d'écrire un article sur le sujet. L'auteur décrit cet univers qui s'est notablement répandu dans le milieu LGTB mais pas seulement. Un sujet sérieux. L'auteur donne le ton dès les premières pages.
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BORDEL.

Ce livre est aussi addictif que les drogues dont il parle. C'est un récit exaltant et jouissif qui fout des palpitations et donne envie de succomber au chaos. L'auteur autopsie avec brio tous les aspects de la dépendance.

C'est glaçant, dérangeant et putain de puissant.
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Magnifique roman sur le chemsex qui ne se veut ni moralisateur ni éducatif. Johann Zarca arrive à nous faire vivre de l'intérieur la montée du désir du sexe sous drogue, la naissance du besoin et les ravages lents et sinueux qui commencent à décimer la communauté homosexuelle.

L'intelligence de ce roman, selon moi, réside dans le fait qu'il ne s'agit pas d'un roman gay. Comme son protagoniste Zède le dit bien, nous avons commencé à entendre parler du sida lorsqu'il a débordé la communauté gay pour atteindre les hétérosexuels. Là, on comprend que Johann Zarca essaie de faire la même chose, de montrer que le chemsex n'est pas un épiphénomène qui ne touche que les homosexuels, mais un démon qui envahit l'ensemble de la société.

Au-delà du message qu'il transmet, il y a bien sûr cette histoire prenante. Je l'ai dévorée en deux séances de lecture seulement, tellement les scènes sont exaltantes, voire jouissives.

Je le conseillerais à tout le monde, mais son style très brut peut en rebuter certains. Je les inviterais néanmoins à essayer de s'y plonger tout de même. Cette histoire peut hélas être celle de beaucoup de gens…
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