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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hum. Disons que c'est "L'herbe bleue" version hard. Très hard.
Zède est un jeune Parisien branché, qui fait des piges dans différents magazines (il a même été stagiaire aux Inrocks) et a écrit quelques livres underground. Ses sujets de prédilection sont toujours sulfureux et, en bon adepte du journalisme gonzo, il n'hésite pas à donner de sa personne pour rédiger ses articles. C'est ainsi qu'il s'initie au chemsex, à titre expérimental bien sûr, et que sa vie va exploser.

Au risque de paraître naïve, je voulais comprendre le phénomène chemsex de l'intérieur, savoir ce qu'apportent ces drogues de synthèse dans le cadre sexuel, et pourquoi certains éprouvent le besoin d'y recourir. Ce livre a répondu à toutes mes attentes. le fait que Zède en soit le narrateur lucide nous place au plus près de ses sensations et émotions, et le récit est très riche d'enseignements. Comme l'indique la 4e de couverture, il s'agit d'une "enquête romancée", où l'auteur ne juge pas, ne promeut pas, ne moralise pas : à travers Zède, il dispense toute ses connaissances sur le sujet en laissant le lecteur se faire sa propre opinion. En cela, c'est une vraie réussite.
J'ai été happée par le style de Johann Zarca, sec, nerveux, allant droit à l'essentiel ; c'est une lecture qui se fait en apnée. Pourtant, Zède n'a rien de sympathique (et ne cherche pas à l'être), mais on a envie de savoir comment tout cela finira. C'est brut, très cru, les scènes de sexe sont sans filtre, mais elles ne jamais gratuites ni racoleuses, et le processus de l'addiction est décrit sans commisération. Toutefois, on ne peut que s'interroger sur la position des pouvoirs publics, peu préoccupés par ce phénomène qui tend à se développer (parce qu'il touche essentiellement les gays ?).

C'est donc un roman très dérangeant, mais très intelligemment construit et écrit ; une double découverte : celle d'un auteur qui n'a pas peur et est doté d'un style captivant, et celle du chemsex présenté sans fausse pudeur, de ses attraits à ses dangers.
Bien loin de "L'herbe bleue", donc.
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Zède rencontre Jérôme Dumont, artiste homosexuel des années 80 désormais oublié, pour écrire un article à son sujet. Au fil de leurs rencontres, le chemsex est de plus en plus souvent évoqué, Jérôme en étant un fervent adepte, jusqu'à ce que Zède, consommateur régulier de diverses drogues et curieux de découvrir par lui-même ce que réservent les nouveaux produits de synthèse couplés au sexe, se lance dans sa première séance. Complètement embarqué par les effets produits, il décide de rédiger un nouvel article/reportage, et ainsi de plonger encore plus profond dans les méandres de ce nouveau mode de consommation, quitte à en devenir dépendant et à bouleverser toute sa vie, amoureuse, familiale, amicale, mais aussi professionnelle.

Avec tous les retours que j'avais pu avoir sur Johann Zarca au sujet de ses autres romans – ce qui m'a donné justement envie de lire celui-ci en avant-première – j'avoue que je m'attendais à quelque chose d'un peu plus décalé et rentre-dedans stylistiquement parlant. Certes, certaines tournures mettent bien un peu à mal la syntaxe, certains termes argotiques sont bien présents, mais j'ai eu la sensation de lire un roman à la forme assez académique, en tout cas beaucoup plus lisse que nombre des auteurs anglo-saxons underground que je peux lire depuis de nombreuses années.

En soi, cela ne m'a pas empêché d'apprécier lire l'errance chimique et sexuelle de plus en plus foutraque que nous décrit l'auteur, entre défonces de plus en plus violentes et régulières, partenaires et pratiques sexuels de plus en plus nombreux et trash, descentes de plus en plus chaotiques et douloureuses, jusqu'à l'acmé d'un dénouement plutôt inattendu, menant au summum de la noirceur et de l'autodestruction. Errance que j'ai lue de fait d'une traite tant la construction narrative en est percutante et parfaitement rythmée, à tel point que certaines phrases pénètrent l'esprit avec force, nous laissant sur le carreau en même temps que Zède. Et c'est à ce niveau que j'ai davantage ressenti la patte underground de l'auteur, empreinte d'une crudité sombre et dérangeante, donnant lieu à un roman éprouvant, qui secoue son lecteur et l'entraîne dans les bas-fonds d'une âme humaine finalement assez banale.

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman qui, même s'il ne correspondait pas finalement tout à fait à mes attentes, a quand même été appréciable. Je lirai désormais volontiers Paname Underground, roman précédent de Johann Zarca, pour comparer et voir si le style y est moins sage, d'après ce que l'on a pu m'en dire.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Je découvre Johann Zarca avec ce roman Chems qui me rappelle mes années soirées parisiennes mais en bien plus trash. Un journaliste bobo parisien découvre le chemsex et se conforte dans l'idée de continuer à consommer sous prétexte d'écrire un article sur le sujet. L'auteur décrit cet univers qui s'est notablement répandu dans le milieu LGTB mais pas seulement. Un sujet sérieux. L'auteur donne le ton dès les premières pages.
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Ce récit est tout simplement captivant.
D abord en ce qu il décrit un « phénomène » réel mais mystérieux le fameux chems et surtout car la construction narrative est parfaite.
Une spirale de descente aux enfers totale sans arrêt et toujours plus profonde.
Tout est pensé pour accentuer cette pression et il en ressort un livre énergique et percutant.
On en ressort sonné c est forcément le signe d une pépite !
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Chemsex. Contraction de chemical sex, ces marathons sexuels sous stupéfiants sont considérés comme le “fléau des pédés”. le principe ? pimenter les partouzes en utilisant des substances psychoactives en tout genre.

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💥 Zède, un jeune journaliste parisien, rencontre Jérôme Durant, artiste homosexuel et fervent pratiquant du chemsex. Il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité de Zède, qui se lance dans une enquête vertigineuse sur cette pratique qui en fait rêver plus d'un. Zède ne se doute pas que sa vie va basculer le jour où il accepte le cocktail explosif de 3MMC et de GBL de Jérôme, deux substances psychoactives censées stimuler les performances sexuelles.

☻ Dans “Chems”, Zarca nous montre la face cachée d'une pratique mal connue et fantasmée. Qui n'a jamais rêvé de lever ses inhibitions, de se laisser complètement aller pour atteindre l'extase sexuelle ultime, la jouissance extrême ?

💊 le roman de non-fiction de Zarca déconstruit le mythe autour du chemsex et met en avant les risques associés : dépendance, humiliation, exclusion sociale. Sur un ton humoristique et léger, en dépit d'un sujet sérieux et inquiétant, Zarca livre un roman objectif, qui ne montre pas uniquement les mauvais côtés de la drogue. Parce que oui, la drogue, c'est aussi la quintessence absolue.

♠️ Une histoire poignante et brutale, où Zarca ne nous épargne aucun détail sur les partouzes de chemsexeurs et l'addiction grandissante du narrateur. On devient les témoins d'une bipolarité naissante chez Zède, à la fois enivré par le chems et anéanti par l'addiction. Un récit saisissant qui donne envie de réagir, de lui tendre la main, et qui en même temps agace sur son comportement compulsif et son manque total de contrôle. La construction narrative est percutante et rythmée, le narrateur nous tient en haleine tout au long du récit. Nous non plus, on arrive pas à décrocher.
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Underground : (anglicisme) Se dit d'un mouvement artistique d'avant-garde indépendant des circuits traditionnels commerciaux. Se dit également de tour ce qui est sous terrain, dans l'ombre. Paris revêt ainsi ces deux visages. Celui policé des grandes avenues aux cafés prisés dans le monde entier pour leur élégance, dans lesquels déambulent des gravures de mode. Et l'autre, glauque, sombre et sale, mais plus intéressant. Un entre deux existe bien évidemment, mais la vraie vie peut se révéler être d'un ennui.

La drogue c'est mal. Cela rend dépendant, te détruit la santé ou pire encore. Qui n'a jamais entendu ce discours (vrai de surcroit) me jette la première pierre. La drogue c'est mal. La preuve en est Vincent Vega est quand même bien à côté de ses pompes quand Mia Wallace manque de mourir d'une overdose. La preuve en est quand Harry Goldfarb se voit amputer d'un bras suite à une septicémie et que Marion Silver doive se prostituer pour subvenir à sa consommation. La preuve en est Mark Renton voit un bébé mort marché sur son plafond en pleine désintoxication. Passons sur le côté inquiétant que je connaisse les plus grands dépendants et amochés du septième art.

La drogue c'est mal. le cinéma pullule d'exemples de contre indication, tout comme la littérature. Comme tout ce qui est mal et illégal, donc interdit, cela crée l'effet inverse chez certain, cette envie d'essayer malgré tout. Les interdits lèvent des questions, comme tout tabou, qui méritent parfois de se pencher sur la réponse. Cette envie de se dire que toutes ses histoires sont des légendes urbaines et que rien ne lui arriver, car lui/elle sait. Certes. C'est ainsi que la dépendance peut faire voler des certitudes en éclat. C'est ainsi que Zède voit sa vie partir en fumer dans Chems, le dernier opus de Johann Zarca : « Quand Zède, le narrateur, journaliste connu pour ses papiers sur le milieu underground parisien, décide d'écrire un article sur Jérôme Dumont, artiste homosexuel ayant connu son heure de gloire dans les années 80, il n'imagine pas que ce portrait risque de lui coûter la vie. Il sort plus et plus tard, multiplie les plans et rentre chez lui à l'aube sous le regard ahuri de sa copine, enceinte de leur deuxième enfant et celui, apeuré, de son fils. Ses parents s'inquiètent de le voir maigre et gris lors des repas dominicaux. Ses amis s'écartent quand ils le voient rôder, drogué, dans les fêtes parisiennes, pour proposer des plans douteux à des femmes qu'il connait à peine. Isolement, manque, rechute, dégoût, reprise, plans à trois, quatre et plus, bienvenue dans l'enfer du chemsex. »

« Who is Zed? – Zed is dead, baby Zed is dead« * est la réplique qui m'est venue en tête lorsque j'ai fait connaissance avec le narrateur, ce dénommé Zède. Par contre la scène associée, La Crampe qui sort de sa boite tout de latex vêtu. La fin des Z sera inéluctablement la même. Maccabre à souhait, dans une quête de plaisir de plus en plus ardue, de plus en plus malsaine, de plus en plus déconnectée de la réalité. On sombre peu à peu dans une nuit qui vous happe et qui ne vous recrachera pas indemne.

De Johann Zarca je n'avais lu que Success Story écrit à quatre mains avec Romain Ternaux. J'avais aimé cette pensée acerbe, ce contre pied des romans feel-good, cette irresponsabilité qu'il en émanait. J'ai retrouvé ce parlé cru qui m'avait plu, avec Chemsex. J'ai une appétence pour l'irrévérence et ce depuis toujours. La littérature me le rend bien. Ames sensibles s'abstenir.

Bonne lecture à vous !
Lien : https://lesjolismotsdeclem.c..
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Écrit dans un style oral, Chems propose une description très réaliste de l'univers du chemsex, pratique mêlant sexe extrême et prise de drogues, mais également du milieu social dans lequel baigne le héros du livre. Évoluant entre deux eaux, Zède est un journaliste et auteur spécialisé dans le Paris interlope et underground. C'est aussi un père de famille trentenaire, hétérosexuel et plutôt bien intégré dans les quartiers gentrifiés de la capitale, où il cotoie journalistes pour Libé ou Vice, jeunes adultes travaillant dans la culture ou la communication ... Jusqu'à sa terrible chute dans l'univers du chemsex.

Le réalisme de Chems est avant tout porté par la langue de Zarca, qui agrège l'argot propre au milieu social de Zède, aux consommateurs de drogues et adeptes du chemsex. le récit est, par ailleurs, émaillé de nombreuses références aux applications sur lesquelles s'organisent les plans chems, d'extraits de forums où des psychonautes partagent leurs expériences, etc. L'ensemble est très didactique : on sent effectivement que l'auteur a voulu éclairer chacun des aspects de la pratique du chemsex et dessiner, à travers le récit de Zède, une sorte de “parcours exemplaire”. Décrites en italique, comme pour marquer le passage d'un état à un autre, les scènes de sexe enchaînent, de manière brutale, des actes stéréotypés, dénués d'érotisme et de sensualité. Au delà de l'influence des drogues, l'auteur a peut-être voulu montrer celle de la pornographie sur la sexualité.

L'aspect didactique de Chems est, paradoxalement, ce qui m'a un peu gêné à la lecture de ce roman. le côté explicatif était, parfois, trop présent à mon goût, et les rebondissements et réactions de Zède, prévisibles. Par conséquent, j'ai eu un peu de mal à trouver de la profondeur aux personnages. Chems reste, toutefois, un de ces livres que l'on renferme en ayant eu l'impression d'avoir énormément appris. Les nombreuses réflexions développées par Zarca valent, par ailleurs, le détour, que ce soit sur les changements qu'induisent le chemsex sur la sexualité : prise de risques, dépassement des limites, peur du retour à une sexualité sans substance (dans tous les sens du terme !), etc. Ou encore sur l'évolution de notre société, et notamment l'essor des applications de rencontres.

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Puritains, passez votre chemin. Roman choc de ce début d'année 2021 avec Chems où un journaliste un peu underground décide de tester la drogue du sexe. Pour faire un article ou fuir sa vie rangée toute tracée?
Le narrateur explore, goûte, dérive, dérape, consomme et se laisse consumer. Direct, pas de temps mort, pas de pause, mais un enchaînement de sexe. On est entraîner dans cette excitation permanente, du désir au dégoût, du toujours plus. Un roman qui ne laisse pas indifférent, un délire total que l'auteur assume jusqu'au bout. Quel est l'intérêt? Montrer les dérives, l'abus de confiance, les penchants des drogues sur le moral et le regard des autres. Ce dernier devient de plus en plus omniprésent sur l'affect du héros qui devient parano. Et tombe de plus en plus bas. Choquant de la première à la dernière ligne, ce livre fait mal, excite, rebute, révulse. Tout ne peut pas se lire d'un coup tant le propos est édifiant et effroyable. En un rien de temps, la drogue agit et fait des corps & des esprits des zombies.
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Samedi soir, couvre-feu, canapé, plaid et feu de cheminée ... Autant vous dire que cette lecture m'a sortie de ma zone de confort !

En effet, les soirées de Zede, journaliste et narrateur de ce roman riment plutôt avec alcool, drogues et interdits. Familier du milieu underground parisien, il en a fait sa spécialité. Souci d'authenticité pour ses papiers, Zede se contente rarement d'observer ... Quand au détour d'une interview, on lui propose de tester de nouvelles substances utilisées pour décupler le plaisir, cette curiosité malsaine le pousse à dire oui. Ce soir-là, il ne dira pas juste oui à un nouveau sujet sulfureux ... Il dira oui au chemsex, pour le meilleur (plaisir), mais surtout pour le pire. Commence alors la descente aux enfers que rien ne saurait arrêter, ni sa femme, enceinte de leur deuxième enfant, ni les potes, ni ses parents.

J'ai dévoré ce roman en apnée. Les mots sont crus, les scènes tout autant. J'ai trépigné de rage en voyant Zede s'enfoncer, j'ai rêvé le secouer pour qu'il se ressaisisse. Ce roman est une claque, un mal nécessaire et je ne peux que vous le conseiller.
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Wahou !
Grand fan de Zarca (j adore et possède toute sa production ) celui-ci est vraiment différent.
Style encore différent décidément il peut tout écrire, ici il est journaliste et ce mélange de fiction et d expériences persos est bluffant.
Plus journalistique il me rappelle beaucoup Geoffrey le Guilcher (cf éditions de la goutte d'or) dans l écriture .
Après la grosse déconnade bien poilante de "braquo sauce samouraï" Johann Zarca revient très fort .
On parlera beaucoup du chemsex à l avenir
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