Nouvel an

Ça ne va pas trop fort dans le couple que forment Henning et Theresa. Ils ont deux enfants, Jonas et Bibbi qui leur compliquent la vie malgré le bonheur qu'ils apportent. Aussi, Henning a cru bien faire en organisant un séjour sur l'île de Lanzarote (Canaries) pour y passer Noël et le Jour de l'An, deux semaines au soleil, au lieu de se geler à Göttingen.


Lanzarote est présentée comme « l'île aux vélos » et ça tombe bien car Henning adore pédaler. Malgré le grand vent qui perturbe beaucoup Theresa, le premier janvier, il décide enfin d'enfourcher le vélo qu'il a loué afin d'escalader le volcan Atalaya de Femès.


Tout en roulant, il pense à sa vie, revoit le réveillon de la veille au restaurant, tout ce qui cloche dans son couple, son enfance, ses beaux-parents, sa mère et Luna, sa soeur. Cette soeur, est un grave sujet de discorde avec Theresa car la relation fraternelle est fusionnelle et Luna en abuse, revenant vivre très souvent et longtemps aux crochets de son frère, ce que sa belle-soeur ne supporte plus. Enfin, il y a surtout cette Chose qui pourrit son existence, le rend malade et l'empêche d'avoir une vraie vie sociale.
Jusque-là, impossible de se douter, d'imaginer ce que nous réserve la suite car j'ai été littéralement happé par la seconde partie du livre, à partir du moment où Henning rencontre Lisa, Allemande elle aussi, qui lui fait visiter cette étonnante maison isolée, tout là-haut, dominant Femès et ses environs.


Sans divulgâcher, ce qui nuirait beaucoup à la lecture, je peux dire que ces paysages, cette maison, ces galets peints montrés par Lisa, cette citerne recueillant l'eau de pluie si précieuse, tout cela, Henning semble l'avoir déjà vu et c'est là le noeud du problème.


Dans Nouvel An, l'auteure allemande Juli Zeh démontre un talent évident pour détailler la psychologie de ses personnages. Elle les fait vivre avec précision, humour, causticité et connaît bien le vélo ce qui, pour moi, est très positif ! de plus, la traduction de Rose Labourie colle parfaitement au ton, au rythme et au déroulé de l'histoire.


Son roman est un véritable thriller et permet de révéler un énorme traumatisme subi par Henning durant son enfance. Il va très loin dans l'étude des relations familiales et montre bien comment des souvenirs peuvent être créés de toutes pièces soit avec des photos, soit, ce qui peut avoir de très graves conséquences, avec un récit adopté par celui qui l'écoute.


Complètement captivé par ce roman, j'ai souvent frémi et souri parfois tellement la terrible histoire fraternelle regorge de détails pertinents ou amusants. Ce Premier janvier, en vacances aux Canaries, sera une journée essentielle car elle révèlera l'origine du mal dont souffre Henning. Pour savoir s'il réussira à crever l'abcès, une seule solution : lire Nouvel An !

Livre lu dans le cadre des Explorateurs de la Rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..

Je lis peu de littérature allemande (Bernhard Schlink, Alina Bronsky) mais après la lecture ce court roman, j'ai très envie de m'y intéresser davantage. En effet, J'ai vraiment apprécié de découvrir Juli Zeh et son brillant sens du récit. L'histoire ici se découpe en 2 parties distinctes. Une première phase assez lente où l'autrice pose ses personnages : Henning sur son vélo en ce 1er janvier en vacances à Lanzarote qui semble fuir (qui, quoi ?) ; ses relations avec sa femme et ses enfants ; la « chose » en lui. Et une seconde partie tout en tension, inquiétante, qui m'a laissée à la fin du livre totalement essorée et ébahie par une issue surprenante. Tout ce que j'aime. Une belle découverte !

Henning en rêvait... Cette année, ils passeront les vacances de Noël et le nouvel an à Lanzarote, aux Canaries, avec sa femme Theresa et leurs enfants. Ça change de Göttingen !

Le premier janvier, Henning est motivé et monte enfin sur son vélo pour attaquer l'ascension du volcan de l'Atalaya, connu des cyclistes.

Au fil de sa montée, il pense à sa vie : la soirée de nouvel an avec sa femme, sa soeur avec qui il a une relation fusionnelle, son père absent... Il tente de comprendre pourquoi la Chose, depuis quelques années, le submerge et le pousse au bord du gouffre.

Exténué et mort de soif, il s'arrête chez Lisa et sa maison isolée lui révèle bien des choses...

On assiste un peu à une métaphore inversée. Plus Henning monte physiquement, plus il descend en lui, dans les profondeurs de son âme et c'est terriblement bien filé, jusqu'au bout.

J'ai adoré suivre les pensées de Henning lors de la première partie. J'étais incapable de lâcher le livre. On suit son flot tout en pédalant et en souffrant de la chaleur et de la soif avec lui. J'ai eu l'impression de devoir m'accrocher et de ressentir ses sensations. Quand il arrive chez Lisa, ça change. L'autrice nous amène à une autre époque. Je n'en dis pas plus !

Juli Zeh a le talent de se mettre dans la tête de ses personnages, ce dont je raffole. Elle décortique les petites choses de la vie avec un souci du détail incroyable et un brin d'humour caustique.

Les paysages d'ocre et de poussière noire restent en mémoire. Difficile de ne pas avoir envie d'y aller ! Ça m'avait fait pareil avec Houellebecq.

C'est un roman très puissant sur la force des traumatismes passés. Une sorte de thriller introspectif ou psychanalytique. J'ai été bluffée et il m'a fallu un temps pour me ressaisir à la fin de ma lecture.

Que je regrette de ne pas avoir rencontrer Juli Zeh plus tôt et que je suis contente à l'idée de tous ses autres romans encore à découvrir ! 🤗

Il est des romans, des auteurs et des personnages dont nous n'aurions jamais croisé la route sans un Challenge Babelio ! Et ce roman en fait partie : je l'ai emprunté uniquement pour remplir la case de la lettre Z du Challenge ABC 2022-2023... et je ne peux que reconnaître que je suis heureuse de ce bel hasard ! Car j'ai beaucoup aimé cette histoire, entre présent et passé, entre souvenirs et oubli, une histoire d'introspection, de compréhension, d'acceptation, qui m'a bousculée.

Petit résumé : Henning, sa femme Theresa et leurs deux enfants partent passer les fêtes de fin d'année sur l'Ile de Lanzarote, destination prisée des Allemands. Après un réveillon qui lui a laissé un goût amer, Henning décide de partir en vélo à l'ascension d'un volcan de l'île, ascension longue, laborieuse, comme un défi lancé à lui-même, à ses peurs, à un mal-être qu'il ne s'explique pas et qui lui pourrit l'existence. Arrivé au sommet, il découvre une maison isolée et étrangement familière, qui va ouvrir dans sa mémoire tout un pan de son enfance, occulté, et lui apporter bien des réponses !

Si la première partie du roman peut sembler un peu lente et fade, la seconde partie happe littéralement le lecteur et j'ai eu bien du mal à lâcher ma lecture avant d'en découvrir la fin. C'est brillamment écrit et mené, cela pose beaucoup de questions sur la force de l'esprit, les processus innés d'autoprotection mais aussi sur leurs conséquences, souvent tout aussi inconscients l'un que l'autre !

Le récit commence plutôt lentement avec l'ascension à vélo de Henning, en vacances sur l'île de Lanzarote. Cette ascension est étrange d'ailleurs. Elle intervient sur un coup de tête, scandée sur un "premier janvier" répétitif, sans aucune préparation physique, mais comme mue par un besoin impérieux, comme une urgence.
On va découvrir la raison de cette urgence, cette angoisse montante et sa source. C'est une montée en puissance tout au long du récit. Un texte qui prend au tripes, avec lenteur, avec profondeur, réalisme. C'est une ambiance parfaitement réussie, avec des mots et des phrases simples, mais d'une efficacité redoutable.
Une belle découverte que cette auteure.

Encore une superbe lecture chez "Actes Sud". Une introspection au coeur d'un petit noyau familial, et en particulier au coeur de l'esprit d'un jeune père de famille.
Un jeune couple et ses 2 enfants partent à Lanzarote fêter le Nouvel An; c'est Henning ,le père qui a choisi cette destination. le repas du Nouvel An se passe , Theresa, l'épouse a l'air de flirter avec un français, les enfants , petits, parfois fatigants.
Ce Henning a quelques troubles psychiques qu'il espère transitoires mais qui même à Lanzarote l'envahissent fréquemment :Une "Chose" qui lui fait perdre pied. Moral en berne,
il décide de partir seul escalader en cycliste amateur les pentes d'un volcan très proche.
Pendant cette rude ascension, lui reviennent des images , du déjà vu en quelque sorte.
Ces sensations ne feront qu'augmenter quand il se reposera là haut dans une grande maison blanche. Puis le roman continue sur un évènement traumatique subi pendant l'enfance(une lecture a en perdre le souffle). Et là, l'île magnifique et ensoleillée prend des allures bien plus sombres et tourne au thriller émotionnel.
Henning, qui "veut être un homme qui vaut le coup d'être aimé" lâche prise et renvoie les lecteurs à leurs propres névroses.Les souvenirs vrais ou faux peuvent se fabriquer à partir de rien, d'une photo , d'une araignée par exemple, c'est ce qui rend ce roman "vertigineux".

Passer les fêtes de fin d'année sur l'île de Lanzarote a été son idée. Peut-être que le dépaysement va le guérir de ses crises d'angoisse et lui permettre de retrouver un équilibre au sein de son couple.

Sur un coup de tête, Henning décide d'entreprendre l'ascension de la montagne à vélo. Une épreuve physique qu'il se lance comme un défi. Seul il peut se vider la tête et se livrer à un profond questionnement sur lui-même.

Epuisé sur ces routes en lacets, il a la sensation étrange de déjà vu. Son douloureux passé va alors resurgir au sommet de la montagne.

Par cette fiction, l'auteure analyse parfaitement les symptômes des crises d'angoisse tant physiques que psychiques. Un roman qui ne laisse pas insensible.

Premier janvier, un jour comme fait pour les défis. Henning va montrer à la nouvelle année de quel bois il se chauffe... Car lors de la précédente, il a analysé toute la banalité de sa vie professionnelle, conjugale, et paternelle. Et pour compléter le tableau, il souffre d'handicapantes crises de paniques. Il y a trop longtemps qu'il ne sait plus comment s'occuper seul, faire du vélo, lire, écouter de la musique, voir des amis, il est devenu une émanation de sa femme et de ses enfants. Cette semaine de vacances familiales à Lanzarote pour le jour de l'an est propice aux bonnes résolutions. C'est décidé, il va se remettre à la bicyclette et pour tester sa forme, décide de grimper jusqu'à Femes, village perché de l'île. A mesure qu'il lutte contre un violent vent de face, le couvercle de la boîte de Pandore des souvenirs se soulève, et une fois son ascension difficilement accomplie, Henning découvre qu'il a rendez-vous avec son passé.


Magnifique portrait d'un homme qui fait comme il peut, victime des séquelles d'un traumatisme d'enfance dont l'oubli a été une bénédiction pour sa mère, Nouvel an est un roman émouvant, parfois poignant, écrit à hauteur d'enfant par une romancière à la plume sensible, qui tord le cou à l'idée reçue assénant que ce dont on ne parle pas n'existe pas. Tout est beau dans cette histoire, à commencer par le lieu où elle se déroule. Une île est possiblement anxiogène, elle souligne l'enfermement, réveille la claustrophobie, exacerbe les difficultés de fuite. Celle de Lanzarote est un écrin parfait, désertée par les touristes hors saison estivale. Juli Zeh en livre des descriptions à couper le souffle, qui donne soit envie de la visiter, soit de ne jamais mettre les pieds dans ces paysages lunaires, arides, volcaniques, noirs, éloignés des clichés d'îles paradisiaques et luxuriantes. Choisir la bicyclette et une pente si raide à gravir symbolise toute la force nécessaire à Henning pour remonter le cours du temps jusqu'à son enfance. Plusieurs fois le vent, la fatigue, les crampes, l'impréparation, l'oubli d'eau et de nourriture auraient pu l'amener à renoncer, mais il a tenu bon.


Un titre et un roman de circonstance ; l'occasion de découvrir une romancière allemande talentueuse. Bonne année 2024, pourvu qu'elle soit douce !

Henning et Theresa sont les heureux parents de Jonas 4 ans et Bibbi 2 ans. Afin de leur assurer une présence, ils travaillent chacun à mi temps, Theresa dans un cabinet d'expertise comptable et Henning dans une maison d'édition. L'histoire est vue à travers les yeux d'Henning : ils sont tous les deux épuisés (mener de front deux emplois prenants et deux enfants en bas-âge ..)
Sur un coup de tête et sans consulter Theresa, Henning réserve une maison sur l'ile de Lanzarote (Canaries)
Après une soirée de réveillon éprouvante (Theresa flirte avec un vacancier français, le couple semble en crise), Henning le lendemain matin prend son vélo et entame l'ascension vers le volcan voisin.
Mêlant fatigue et hypoglycémie, Juli Zeh nous fait part de la vision d'Henning sur son couple, ses parents à lui, sa soeur qui est son opposé, les parents de Theresa. Une fois arrivé au sommet, Henning assiste à une expérience exceptionnelle : il « revit » une partie de son enfance : un épisode qu'il a vécu lorsqu'il avait l'âge de son fils et sa soeur l'âge de sa fille.
L'écriture de l'autrice est très prenante et je me suis vue embarquée par la détresse d'Henning (actuelle et passée)

Coup de coeur !!! Pourtant le roman commence plutôt lentement, Henning pédale, pédale, pédale, un virage, puis un autre, et encore un autre, en repensant à tout ce qui part en vrille dans sa vie depuis quelques mois, notamment ses accès de panique qu'il nomme la Chose. Mais vu de l'extérieur, et pour le lecteur, il ne semble pourtant pas à plaindre particulièrement. Et puis, au détour d'une conversation, une première phrase qui semble anodine devrait faire comprendre au lecteur qu'un truc énorme se prépare, un truc qui cloche et qui va exploser. Un peu plus loin, des scènes du présent et du passé s'entremêlent, et les souvenirs de Henning refont surface. Une construction habile et efficace, pour replonger quelques années en arrière. Mais le lecteur doit longtemps se contenter du regard de Henning alors enfant, qui ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Les briques vont s'agencer les unes après les autres. Un livre puissant sur les blessures de l'enfance, un huis-clos haletant que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher.