Habituellement, j'accroche facilement à ces romans où un personnage erre dans sa ville ou au loin, revisitant ses souvenirs, repensant aux gens qui l'ont marqué, aux rendez-vous manquées, etc. Mais
Les âmes soeurs n'a pas réussi à m'émouvoir ni à m'intéresser. Pour être complètement honnête, le début m'a un peu accroché. La protagoniste Emmanuelle raconte comment Malik est entré dans sa vie et comment il l'a changé. Il était l'étincelle. de quoi ? D'un changement, bien qu'elle ne sache pas encore lequel. Ceci dit, Malik était plutôt une étoile filante car il est reparti aussi subitement. Mais ce fut suffisant.
Puis, Emmannuelle enchaine en décrivant sa vie d'épouse et de mère, qui l'absorbe presque complètement, un automatisme qui ne la satisfait plus autant. Puis parle de quelques unes de ses amies, dont Héloïse, qui se bat contre le cancer. On découvrira assez rapidement qu'elle y a succombé – il n'y a rien de mieux qu'une maie mourante pour sympathiser avec un personnage, et pousser ce dernier à reconsidérer sa vie. Et Malik, dans tout ça ? C'était avant, ou après selon le cas. Voyez-vous, la chronologie n'est pas linéaire. Ce n'est pas le genre de trucs qui me dérange – en fait, j'aime plutôt cela – mais, dans le cas de
Les âmes soeurs, je ne vois pas en quoi cela constitue une plus-valeur. Quoiqu'il en soit, Emmanuelle pense à Malik de temps à autre, son nom fait quelques réapparitions mais seulement pour signaler qu'elle s'ennuie, rêve de plus. Il faut croire que leur brève liaison l'a transformée.
C'est que, voyez-vous, je croyais que Malik était l'âme soeur d'Emmanuelle. En fait, il constitue l'une de ses âmes soeurs, tout comme d'autres dont elle se sentira obligée de raconter la rencontre et la relation. Ça m'a pris du temps à m'en rendre compte car pendant une bonne partie de ma lecture, j'attendais vainement le retour de Malik (à cause de la chronologie non linéaire). Ce n'était qu'un déclencheur, rien de plus.
Plutôt que raconter une liaison palpitante qui a transformé sa protagoniste,
Valérie Zenatti tient à décrire avec moults détails sa vie quotidienne, une vie qui tourne autour de ses enfants et de son époux qui me semble vraiment antipathique. Que fait-elle avec un type comme lui ? Il n'est pas méchant ni violent mais il semble absorbé par lui-même, peu à l'écoute aucunement aidant. Mais je suppose que c'est réaliste, Élie était un gars qu'elle a aimé puis marié trop rapidement, il avait montré le meilleur de lui-même pour l'impressionner mais la routine s'est imposée, il est retombé dans ses vieilles habitudes égocentriques. Emmanuelle semble la seule à tenir la famille mais, soudainement, cette famille qui est encore important pour elle ne suffit plus.
C'est drôle, plus j'écris cette critique, plus le roman me semble meilleur que l'idée que j'en avait d'abord tiré. Dans tous les cas, c'est très réaliste. le lecteur entre dans la tête de la protagoniste et partage ses peines, ses joies, ses frustrations, ses désirs inassouvis. Il est clair que les personnages sont réussis, complets, vivants !
On apprend en cours de route qu'Emmanuelle est photographe. Depusi le début, on n'avait vu que sa vie de famille, ses amies et son amant, c'était à se demander si elle n'était pas seulement mère au foyer. Mais, elle est photographe. Elle a même travaillé en Bosnie pendant la guerre ! Vraiment ? Je ne sais pas pourquoi mais j'avais de la difficulté à le croire, ça ne me semblait pas coller avec ce personnage. J'avais contamment l'impression que Zenatti lui a collé ce métier pour boucler son roman. Elle voulait que ça se termine avec les photos du massacre des Juifs à Kovno pendant la Seconde guerre mondiale et ça a été son moyen. C'était une façon d'imbriquer le sujet de l'holocauste, des Juifs, de la recherche des origines, de la famille, etc.
Ce sont des trucs comme celui-là qui me font décrocher, quand ça me semble forcé. Ou peu utile. Vers la fin, Emmanuelle se sent obligé de raconter comment elle est devenue amie avec Héloïse, et même un peu son histoire. C'était quand elle s'est inscrite à une chorale amateure. Eh oui, la protagoniste s'est essayé à ça également ! Malheureusement, je me suis assoupi durant le chapitre où elle a tenté de briguer la présidence…
Valérie Zenatti avait tous les ingrédients pour produire un roman volumineux et fascinant mais, dans un bouquin d'à peine 172 pages, tous les petits éléments qui auraient pu être fort intéressants sont disséminés ça et là et perdent leur importance. En fait, certains semblent inutiles. Ils n'apportent pas de profondeur, ils donnent une impression de survol superficiel. Dommage…