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4,36

sur 4856 notes
Lu en 2019. Un prix littéraire mérité (à noter le travail remarquable sur les sources d'information) ; il m'avait beaucoup plu de découvrir la plume de l'autrice, à la fois juste et sensible, intime et universelle.
La petite histoire dans la grande. La guerre d'Algérie, un épisode plutôt survolé en année de terminale, l'ouvrage dense de Alice Zeniter m'en a donc appris bien davantage que le manuel d'histoire d'alors, notamment sur le sort des Harkis : une épopée familiale sur trois générations, des prémices de la guerre d'indépendance à 2016.
Un récit sur la perte, prégnant, lancinant et introspectif. Un récit également sur la peur, l'impuissance, l'injustice, la violence, l'exil, l'abandon, l'inconscient (refoulement des sentiments), l'héritage, la honte et le chagrin.
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Harki.

Naïma est issue d'une famille algérienne. Suite aux attentats de 2015, elle part à la découverte de ses racines. Mais son grand-père Ali est décédé sans avoir transmis l'histoire familiale. Quant à son père, Hamid, arrivé en France en 1962, il refuse d'en parler.

C'est un coup de coeur. Trois générations se succèdent. Ali le grand-père est un riche propriétaire terrien en Algérie française. Vétéran de la seconde guerre mondiale, il devra collaborer malgré lui avec l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Devenu harki, il est contraint à l'exil en France et perd toutes ses possessions. Son fils Hamid, né en Algérie, rejette progressivement l'héritage familial et cherche à s'intégrer dans la société française. Naïma, petite-fille d'Ali, ne connaît rien de la culture et du pays de ses ancêtres.

J'ai découvert un pan méconnu de l'histoire de France avec ce roman. Je ne connaissais les harkis que de nom. Pour avoir collaboré, plus ou moins volontairement, avec la France durant la guerre d'Algérie, ils sont considérés comme des parias par le Front de Libération Nationale. Condamnés à l'exil, ils arrivent en France en 1962. Envoyés de camps en camps, les harkis servent de main d'oeuvre sous-payée et corvéable à merci. L'intégration est difficile, parias en Algérie, ils sont à peine tolérés en France.

Ce roman propose une réflexion intéressante sur l'identité. Celle-ci se perd au fil des générations et tombe progressivement dans l'oubli. A première vue, il s'agit d'une immense perte, mais paradoxalement cette perte permet de s'émanciper d'un lourd fardeau. Il est ainsi possible de créer sa propre identité et de vivre pleinement. A l'inverse, ceux qui restent enfermés dans le passé ne peuvent pas s'en extraire.

Bref, une très belle lecture.
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Une saga "harkienne" ? Plutôt un roman familiale sur l'histoire d'une famille d'Algériens - devenus harkis pour les Français, traîtres pour les Algériens - et devenus Français de seconde zone.

L'art de perdre d'Alice Zeniter est une analyse somme toute sociologique d'une famille dont le drame de départ a été l'incertitude des choix du patriarche Ali au moment de la Guerre d'Algérie : devenir résistant ou collaborateur face au colonisateur ? Dans les deux cas, le dégoût du patriarche pour les deux camps est un élément clé du roman. Et à force de ne pas choisir, le patriarche fait un choix presque par défaut et finalement perd tout.

Le roman est ainsi découpé selon trois parties qui représentent les trois générations de cette famille évacuée en France en 1962 : Ali le patriarche indécis et taiseux, Hamid le fils révolté qui deviendra un père à son tour mutique, enfin Naïma la petite-fille à l'identité bien française mais qui pense à cette Algérie lointaine.

Le roman est agréable à lire, et rappelle des souvenirs similaires à toutes celles et ceux qui n'ont pas une origine clairement "gauloise" (terme horrible) dans le nom et/ou prénom (c'est le cas de votre serviteur).
Qu'est devenu notre terre natale ? Qu'est devenu ce village ou cette maison dont nos grands-parents nous ont parlés il y a si longtemps, de l'autre côté de la Méditerranée ?

Le roman propose des personnages attachants comme Clarisse la mère française de Naïma qui doit dompter cet étrange Hamid dont la colère intérieure envers ses parents fulmine dans l'ouvrage de bout en bout. Ali le patriarche forcément fait penser à ce grand-père apatride que l'on connaît si peu, qui nous impressionnait et qui est décédé si tôt quand nous étions petits, dont on imagine que la vie fut un roman mais dont on se rappelle surtout qu'il disparut dans un esprit de tristesse et d'amertume.

Le nombre de personnages fait parfois perdre le fil au lecteur. Certains passages sur le présentisme des attentats ou des détails sur la vie de plusieurs personnages ne semblent pas nécessaires pour apprécier l'ouvrage.

Néanmoins, ce roman sera apprécié probablement par tous les descendants d'apatrides en France. Votre serviteur l'a apprécié comme tel et remercie son autrice de l'avoir rédigé et publié.

Est-ce d'ailleurs un roman semi-biographique ? Si l'autrice lit ses lignes, votre serviteur sera enchanté de lire sa réponse.
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Première fois que je relis un livre… parce que je ne me rappelais plus l'avoir lu.

C'est mauvais signe alors que les critiques sont élogieuses.

Tout pouvait me plaire dans ce récit teinté d'Histoire avec une majuscule.

- Un récit intéressant d'une famille de harkis sur 3 générations : l'Algérie coloniale et l'Indépendance, le fils en France, la petite-fille à la recherche de ses racines. J'ai dû mener des recherches pour développer certains points au fur et à mesure que mes lacunes apparaissaient.

- Des réflexions engagées de l'autrice, notamment sur l'intégration, la politique française et le comportement des personnages.

Toutefois, ce très long roman de 500 pages manque d'histoire, avec un h minuscule. Ce livre m'a paru ennuyeux par moments, sans force. Il manque une puissance dans le style qui m'aurait emporté ou réveillé. Lu jusqu'au bout car je ne savais plus où je l'avais abandonné… Finalement, je ne l'avais pas abandonné, Alice Zeniter est arrivée à me faire relire un livre qui ne m'a laissé un souvenir, mitigé, qu'à la deuxième lecture.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Récit sur 3 générations d'une famille algérienne.
Tout commence avec Ali qui commence sa vie et qui devient prospère dans une campagne algérienne. Ancien soldat de la seconde guerre mondiale, notable de son village il voit arriver les mouvements indépendantistes algériens puis la guerre d'Algérie avec ses horreurs, ses peurs en tant que père de famille. La lourde décision et l'opportunité de venir en France.
Puis on suit Hamid sont fils aîné. Ses difficultés d'enfant, d'adolescent et jeune adulte en tant qu'immigré et fils d'Harki.
Et enfin Naïma la fille d'Hamid qui ne connaît l'Algérie que part son nom et quelques récits grâce à sa grand mère mais qui finalement ne connaît rien même pas la langue et qui aura l'occasion grâce / à cause de son travail d'aller faire un séjour en Algérie avec tout ce que cela entraînera comme sentiments contradictoires.
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Il est des romans qui demeurent en tête de gondoles des librairies et qui méritent que l'on s'y intéresse. Étrangement avec l'art de perdre, le succès étalé sur la place public m'effrayait un peu. J'avais un peu peur de ne pas réussir à rejoindre la liesse collective à la fin de ma lecture. Néanmoins devant la persistance de ce roman à occuper ma pile à lire, je me suis résolu, presque résigné, à m'y plonger.

Cet état d'esprit à peut être joué sur ma perception globale de l'oeuvre mais force est de constater que la lecture fut longue. Cette saga familiale ne m'a pas particulièrement émue. J'ai trouvé que les partis manquaient de liens, se montraient trop distinctes les unes des autres pour créer un sentiment d'intimité.

Chaque personnage à son histoire, son vécu, et sa honte. le cycle se répète immuable et ne semble jamais s'interrompre, peu importe les générations. J'ai trouvé ça un peu poussif sur la fin.

Toutefois je me suis finalement laissé emporté dans L Histoire à travers cette histoire et c'est sûrement ce que je retiendrai de ce roman, qui offre un éclaircissement sur une période qui peut sembler lointaine mais dont on ressent encore les stigmates aujourd'hui.


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Magnifique fresque d'une famille kabyle qui commence dans l'Algérie des années 1930 puis est fracassée par la guerre d'indépendance . Comme l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs, Alice Zeniter elle-même d'origine kabyle, sort de l'oubli Ali, Hamid et Naïma les principaux personnages de cette émouvante saga familiale qui se déroule sur trois générations.
Le récit s'ouvre sur personnage de Naïma, jeune femme qui travaille dans une galerie d'art contemporain à Paris décide de s'intéresser à l'histoire de son père, Hamid, kabyle, arrivé en France en 1962 à dix ans. Elle remonte peu à peu l'écheveau de l'histoire de sa famille dont elle ignore presque tout car son père lui a très peu raconté l'histoire des siens.
Avec l'indépendance, Ali, sa femme, Yema, et leurs enfants doivent quitter l'Algérie en 1962. Ils s'installent dans les camps de transit qui tendent à devenir des lieux permanents d'installation. Ali, l'aïeul, devenu notable à force de travail n'a pas collaboré avec les français au moment de la guerre d'indépendance mais n'a pas combattu avec le FLN. Il a en revanche combattu dans les rangs des alliés durant la seconde guerre mondiale. Mais il ne sera pas vraiment reconnu appartenant au camp des vainqueurs, considéré comme un harki, donc un traître et un collaborateur, par les Algériens et comme un étranger par les Français. Son fils Hamid se marie à une française Clarisse qui soufre du silence de son mari qui enfouit son passé en lui-même et n'a pas la force de le partager avec sa femme. Leur fille Naïma va finir par retrouvé une ribambelle de cousins au cours d'un voyage qu'elle fera en Algérie et fera des photos pour sa galerie.
Ce roman en partie autobiographique, questionne sur les fondements de notre identité, sur les fantasmes et ses représentations mythiques, ainsi que sur la nécessité de pouvoir un jour transcender l'histoire familiale pour pouvoir avancer sereinement.


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Naïma, issue de la 2nde génération immigrée d'Algérie, raconte l'histoire de sa famille qui longtemps, lui a été cachée.

Ali, son grand père, vivait sur les crêtes désertiques du Palestro en Kabylie.
Sa maison était pleine, sa famille prospère.
Des conséquences de la colonisation française et de la montée du FLN il n'a eu que des échos lointains, fragmentés, souvent incomplets et déformés.
Les deux camps usent de pressions similaires (menaces, rançonnage, vaines promesses de protection).
Comme la plupart de ses amis et voisins, Ali doute et cherche le sens du vent.
Il n'a ni convictions, ni ralliement et souhaite seulement poursuivre le cours de son existence et protéger les siens.
Après la signature des accords d'Evian, il décide d'émigrer en France (il aurait tout aussi bien pu opter pour l'autre alternative).

Les camps de transit, la précarité, une barre HLM en Normandie et le travail à l'usine, loin des oliviers.
Avec ses enfants, l'écart se creuse, il baragouine difficilement le français, ils oublient l'arabe et deviennent indispensables pour comprendre les courriers, feuilles de salaire et autres démarches administratives.
Une dépendance qui trouble le statut du patriarche puis lui vole son autorité et son rôle de guide pour assurer l'avenir de sa progéniture.
Il le vit mal.

Plus tard, la 2ème génération.
Naïma soufflée par l'attentat de Charlie Hebdo, les regards, la suspicion, la confusion des genres.
Son grand père est mort quand elle avait 8 ans, son père se ferme hermétiquement quand le mot "Algérie" est prononcé.
En quoi est elle la petite fille d'un Harki, quel sens cela a t-il ?
En pleine crise identitaire et à la faveur d'une mission professionnelle, elle découvre enfin la Kabylie.

Au delà de la brutalité et de la tristesse des faits, ce roman est une ode à la vie, à l'amour et à la tolérance.
Sa plume est si chaleureuse, tendre, drôle parfois. J'y ai pensé en m'endormant, j'y ai pensé le jour même quand je ne lisais pas, il ne m'a jamais vraiment quittée.
A lire, absolument.
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Une fresque familiale passionnante entre l'Algérie et la France. C'était pour moi un livre particulièrement touchant, à la fois car il m'a permis de m'intéresser et de mieux comprendre les liens entre l'Algérie et la France. Et également car il a mis des mots sur de nombreux ressentis liés à ma double-culture. C'est un livre précieux pour les « troisièmes générations ». Merci pour ça.
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Difficile pour moi de noter ce roman.
On va commencer par dire ce que j'ai aimé : La fresque familiale et historique.
Une part de l'histoire complètement méconnue pour ma part.
De mes cours d'histoire je me souviens surtout des deux guerres mondiales et de la guerre froide.
On a forcément abordé la guerre d'Algérie, mais très certainement pas assez pour que je m'en souvienne distinctement.
Je me suis donc sentie assez honteuse en lisant ce livre, honteuse de ne pas connaitre l'histoire d'une partie de mes concitoyens. Honteuse d'apprendre ce côté peu reluisant de mon pays.
J'ai lu ce livre assez "difficilement". En faisant des aller/retour pour aller chercher des définitions. C'est quoi exactement un arabe, un kabyle, un harki, un pied noir, sans parler des termes algériens. Puis aussi pour aller voir les fameux camps et sites nommés dans le livre. Bon bref, c'était une lecture intéressante, il m'a fallu plusieurs jours pour le lire car ça me demandait beaucoup de concentration contrairement à d'autres romans que je peux dévorer en un jour.
J'ai ressenti beaucoup de tristesse pour ces milliers de gens rejetés de leur propre pays et de leur pays d'adoption.
Concernant ce que j'ai pas aimé, eh bien je ne sais pas trop, peut être que j'aurai préféré une non fiction ?
Pas trop transportée par la partie de Naïma.
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