Naïma, issue de la 2nde génération immigrée d'Algérie, raconte l'histoire de sa famille qui longtemps, lui a été cachée.
Ali, son grand père, vivait sur les crêtes désertiques du Palestro en Kabylie.
Sa maison était pleine, sa famille prospère.
Des conséquences de la colonisation française et de la montée du FLN il n'a eu que des échos lointains, fragmentés, souvent incomplets et déformés.
Les deux camps usent de pressions similaires (menaces, rançonnage, vaines promesses de protection).
Comme la plupart de ses amis et voisins, Ali doute et cherche le sens du vent.
Il n'a ni convictions, ni ralliement et souhaite seulement poursuivre le cours de son existence et protéger les siens.
Après la signature des accords d'Evian, il décide d'émigrer en France (il aurait tout aussi bien pu opter pour l'autre alternative).
Les camps de transit, la précarité, une barre HLM en Normandie et le travail à l'usine, loin des oliviers.
Avec ses enfants, l'écart se creuse, il baragouine difficilement le français, ils oublient l'arabe et deviennent indispensables pour comprendre les courriers, feuilles de salaire et autres démarches administratives.
Une dépendance qui trouble le statut du patriarche puis lui vole son autorité et son rôle de guide pour assurer l'avenir de sa progéniture.
Il le vit mal.
Plus tard, la 2ème génération.
Naïma soufflée par l'attentat de
Charlie Hebdo, les regards, la suspicion, la confusion des genres.
Son grand père est mort quand elle avait 8 ans, son père se ferme hermétiquement quand le mot "Algérie" est prononcé.
En quoi est elle la petite fille d'un Harki, quel sens cela a t-il ?
En pleine crise identitaire et à la faveur d'une mission professionnelle, elle découvre enfin la Kabylie.
Au delà de la brutalité et de la tristesse des faits, ce roman est une ode à la vie, à l'amour et à la tolérance.
Sa plume est si chaleureuse, tendre, drôle parfois. J'y ai pensé en m'endormant, j'y ai pensé le jour même quand je ne lisais pas, il ne m'a jamais vraiment quittée.
A lire, absolument.