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4,36

sur 4797 notes
Alors là j'ai pris une claque majestueuse. Un livre qui m'a tenue en haleine de bout en bout tant sur le fond que sur la forme. Si je lis beaucoup mes critiques sont rares car je ne vois pas l'intérêt d'écrire la même chose que d'autres.

Cependant, en l'occurrence, je me sens personnellement investie.

Mes parents ont quitté l'Algérie après l'indépendance. Ils n'étaient pas harkis mais l'histoire de ma famille n'était pas simple non plus. Elle fut traversée de pour et contre le fln ou la France. Il n'y a pas de blanc ou de noir. Que du gris. C'est là que je retrouve Albert Camus
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Voici un très beau livre qui parle de la transmission. Transmission dans son sens large, que ce soit d'une culture, des valeurs liées à ladite culture ou simplement des souvenirs liés à un endroit perdu à jamais.

3 chapitres pour 3 générations. Celle de l'Algérie à l'épisode coloniale et pendant la guerre, celle de la fuite et du déracinement, et l'actuelle en écho à ces vies passées à se demander quelle est leur place dans cette nouvelle société qui n'a jamais vraiment voulu d'eux.
Avec ce besoin de se réinventer pleinement pour avoir l'impression d'exister pleinement (sic)

Le choc est évident entre la culture arabe (kabyle, pour être juste) et la descendance qui grandit en France avec des valeurs nouvelles, s'opposant ainsi au père dont la décision est pourtant sacrée.
Mais quand la transmission est refusée ou se perd, que reste-t-il? Peut-on venir d'un endroit sans en être?

L'auteur parle admirablement bien de cette différence entre le droit du sang et le droit du sol. Dans un contexte d'après guerre(s) qui a vu quantités d'évolutions sociales pour encore mieux étayer l'écart pouvant se créer entre les générations alors que des choix ont simplement été posés pour une possibilité de vie meilleure.
Contexte actualisé jusqu'aux actes terroristes de ces dernières années ostracisants d'autant plus l'islam de nos vies européennes, prétexte malaisant à un racisme confondant culture ancestrale et dévotion archaïque.

Ce livre est une pépite qui parvient parfaitement à parler des conflits de la vie tout en lui préservant une âme bienveillante.
Et qui mérite amplement tous ses prix littéraires!
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L'art de perdre /Alice Zeniter (Prix Goncourt des lycéens 2017)
Six cent pages dévorées en quatre jours : un roman qu'il ne fallait pas manquer. Bouleversant d'une émotion qui vous tient jusqu'à la dernière ligne.
Naïma, immigrée de troisième génération, l'héroïne de ce beau roman avait toujours considéré avec distance l'Algérie dont est originaire sa famille. La Kabylie, c'était une autre planète.
Cependant en une époque où la société française est traversée par les questions identitaires, les hasards de la vie vont la conduire à revoir sa position, celle d'ignorer ce pays dont elle ne connait rien ou presque, ses parents étant toujours restés muets sur le sujet.
Harkis, le mot que l'on ne prononce presque jamais, ses grands-parents étaient des harkis. En 1962, avec leurs enfants dont le père de Naïma ils avaient choisi la France.
C'est d'abord l'histoire d'Ali, le grand-père de Naïma, un montagnard kabyle, racontée durant la première partie du livre qui se passe en Algérie. Il n'a jamais voulu ou pu lui dire pourquoi en 1962 il avait choisi la France. Quant à la grand-mère, Yema, la barrière de la langue était un obstacle majeur. Naïma ne parle pas l'arabe, et Yema ne parle pas le français.
Hamid, un des enfants d'Ali, est le père de Naïma et lui non plus n'a jamais été bavard sur le sujet. L'arrivée en France et l'installation dans des camps de transit sont restés des sujets tabous, peu connus des quatre filles d'Hamid, dont Naïma. Cet épisode fait l'objet de la seconde partie du livre.
La dernière partie concerne Naïma, ses études, son éducation, son travail dans une galerie d'art, ses conquêtes, sa quête d'identité et ce voyage en Algérie, voyage de tous les dangers pour une fille de harki, mais aussi peut-être voyage de tous les espoirs pour savoir…
Un livre magistralement construit avec des personnages que peu à peu au fil des chapitres vous voyez en chair et en os : Ali cultivant ses oliviers dans les montagnes de Kabylie après avoir connu la France dans le cadre de la Seconde Guerre Mondiale, puis les événements du premier novembre 1954 à Alger entrainant la guerre, 1962 l'indépendance et le choix d'Ali. La France et les camps. Hamid, l'homme blessé à jamais. Et Naïma sa fille, qui se sent française avant tout.
Un roman poignant abordant avec circonspection et subtilité les séquelles de la colonisation, le déracinement et le lien familial. le tout dans un beau style, sans pathos ni amertume.
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Un très beau livre qui interpelle sur la responsabilité de la politique de la France coloniale. Pour avoir été durant 2 ans assistant à l'université d Oran ( 78-80), j ai pu apprécier le décalage qui existait entre nos cultures (pour autant, je me suis très bien intégré dans la vie locale); j'imaginais alors le terrible désarroi que devaient ressentir les algériens (harki et travailleurs immigrés) en posant le pied sur le sol français et pour lesquels la vie communautaire était la seule planche de salut. le destin des Harkis est particulièrement douloureux (j'en ai connus). Je n'ai pas visité le musée de l'immigration, j'espère qu'il leur réserve une place de choix. La plume d Alice Zeniter est très agréable
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J'ai trouvé ce livre inadéquat dans le sens que le style de l'auteur assez plat mais lisible ne permet ni le souffle épique ni la personnification. Aussi, on s'ennuie assez vite de ces personnages dont l'aventure est terne (pas de souffle épique) et dont le quotidien est décrit de l'extérieur (on ne ressent rien pour eux). Je dirais que c'est le mauvais sujet pour le style de l'auteur. Un auteur d'un autre talent aurait pu faire quelque-chose d'épique, de voyage initiatique ou d'analyse géopolitique ou encore quelque-chose de l'ordre De Balzac ou Zola. Ici, l'histoire tombe à plat. J'ai abandonné ma lecture à mi parcours. L'effort pour finir n'en valait pas la peine. Je ne lirai pas d'autre livre de cet auteur. Son style est intéressant et elle peut raconter l'histoire la plus passionnante sans remuer de sentiment. C'est un don mais pas de ceux que je recherche chez un auteur.
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Un livre que j'ai découvert grâce à Babelio ! Une merveilleuse lecture avec des temps très forts. Forts : émotionnellement, historiquement et un art d'écriture qui se fait rare. Un coup de coeur.

Trois temps dans ce livre au fil des personnages. En ce qui me concerne le premier et le deuxième ont été mes préférés de par leur apport en connaissance, de par leur apport en émotion. L'auteure a su nous mener au coeur des personnages, de leur vécu, de leur ressenti. Sublime.

Le troisième temps a été beaucoup plus mitigé et cela reste mon opinion l'auteure a dû avoir un peu de mal à exprimer ses émotions. Il y a beaucoup plus de retenue et un éloignement avec le lecteur. Toutefois, la fin de cette troisième partie est un feu d'artifice malgré la gravité du sujet.

Un thème qui peut faire prendre connaissance ou conscience des descendants harkis et de leur positionnement face à deux terres séparées par la Méditerranée.

L'écriture est irréprochable et de qualité. J'ai hâte de lire les autres livres de l'auteure. Un livre à lire et à ressentir.
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Un régal, un pur plaisir de lecture. On ne peut pas décrocher.
On se prend à aimer successivement Ali et son dilemme dans son « Algérie à Papa », Hamid prisonnier de son silence, venu s'émanciper à Paris et enfin Namïa, libre mais sans racines ou croyant ne pas en avoir.
L'histoire d'une famille de Harkis sur trois générations : c'est fort, délicat, plein de force et de tendresse.
J'ai particulièrement aimé le premier volet « l'Algérie de Papa » et le personnage du patriarche Ali, propriétaire paysan aisé du bled qui se voit entraîné malgré lui dans le tourbillon des « évènements » et se voit imposé un choix déterminant, la France, qui va lui faire tout perdre : ses biens, sa dignité, son fils…
La description des barrières sociales et des préjugés raciaux est parfaitement réussie : elle s'effectue au détour d'anecdotes du quotidien, sans être pesante et moraliste.
Le style est simple, direct et vivant. En un mot, ce roman est captivant.
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Livre plaisant, touchant. Il parle de famille, d'individus, de soi, de bouleversements, de perte, de recherches.
Le contexte colonial avec avis et partis pris non unanimes est très intéressant
J'aurais préféré des ellipses au besoin systématique de "psychologisation".
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Comment ce livre sélectionné parmi les quatre finalistes n'a pas obtenu le Goncourt en 2017 ?
J'ai pourtant lu “L'Ordre du jour” d'Eric Vuillard, il n'y a pas photo !
Je vais lire les autres titres de la short list car cette année-là le jury du Goncourt n'avait pas voulu saluer des histoires exotiques (Véronique OlmiBakhita”).
Les lycéens ne s'y sont pas trompés en décernant à Alice Zeniter leur Goncourt.


Disons le simplement et tout net “L'art de perdre” est un livre fort, un roman puissant. Naîma, le personnage principal contemporain essaie de reconstituer ses origines et son identité via l'histoire de son père Hamid et de son grand-père Ali.

La première partie n'a pas beaucoup été racontée.
C'est l'histoire d'Ali, celle des Harkis, ces militaires autochtones d'Algérie qui servaient comme supplétifs aux côtés des Français.
Ces Algériens ont combattu durant la première et la deuxième guerre mondiale et seront pris entre les exactions du FLN et les manoeuvres des militaires français pour obtenir des renseignements : “la mort menace tout un chacun, qu'importe le côté d'où elle vient.”
“L'Algérie les appellera des rats. Des traîtres. Des chiens. Des apostats. Des bandits. Des impurs.”
En creux, c'est aussi l'attitude de notre société qui défile quand ils arrivent en France : “ La France ne les appellera pas, ou si peu. La France se coud la bouche entourant de barbelés les camps d'accueil.”

Et même si les couleurs sont moins vives dans la deuxième partie, - et pour cause car elles se passent dans le camp de Rivesaltes, dans les préfabriqués à Jouques ou dans le HLM neuf à Flers -, l'auteur sait décrire ce que certains appellent l'intégration (voir citation).
Troisième partie, troisième génération, Naîma nous emmène à la quête de ses racines au vingt et unième siècle et cette partie aurait pu faire un livre en soi, c'est dire la richesse de ce que nous propose Alice Zeniter.

Le style est efficace, sans fioritures mais habité pour traduire un ressenti sensible.

J'ai beaucoup aimé comment l'autrice évoque les situations (la rencontre de chacun des enfants avec les parents de l'autre sont des scènes “éclairées”).
De nombreuses situations sont mises en scène mais ce n'est pas du cinéma, juste de la grande littérature !
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Naïma nous raconte l'histoire de sa famille kabyle originaire des montagnes d'Algérie. D'abord la vie avant 1962 et ce qui va conduire au départ vers la France, puis les camps, l'installation dans une cité, une tranche de jeunesse de ses parents. Enfin, sa propre recherche, son propre retour aux racines pour comprendre, face au mutisme du grand-père et du père, cette histoire lourde de bouleversements et de traumatismes.
J'ai particulièrement aimé la première partie qui décrit la montée de la violence, l'obligation de faire des choix malgré soi.
En tant que fille de pieds noirs, cette lecture est entrée en résonance avec la propre histoire de ma famille. Les non-dits, la rupture, le regard accusateur des français sont un héritage que je partage. J'y trouve un côté un peu thérapeutique. J'ai même offert le livre à mes parents pour pouvoir en discuter avec eux, peut-être ouvrir des portes.
Dans tous les cas l'écriture est d'une grande qualité. Elle n'est ni larmoyante ni détachée. Elle conte cette histoire avec un angle d'attaque et une justesse de ton admirables.
Le lecteur peut être plus ou moins proche des événements racontés, peut importe. A un moment ou un autre de sa vie, il sera inévitablement proche de cette recherche d'origine.
Et même s'il n'est pas dans cette phase, il pourra apprécier la description d'une tranche d'histoire de la France, un éclairage sur notre société d'aujourd'hui à travers le vécu de ces trois générations.
Ne cherchez pas de jugement politique ici, vous ne trouverez qu'une histoire d'êtres humains pris dans la tourmente d'événements historiques et les conséquences limitantes sur leur vie, en particulier sur le développement personnel de Naïma. Vous trouverez un réalisme dans les sentiments qui me laisse admirative. Il y a certainement beaucoup de l'auteure dans Naïma, beaucoup d'héritage de sa propre famille dans Ali, Hamid, Yema...
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