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sur 7630 notes
Je sors de la lecture du roman émerveillé par la maestria dont fait preuve Zola dans la description des tissus, vêtements, agencement et vie d'un magasin de nouveautés parisien. La thématique textile n'est pas dans l'absolu mon sujet de prédilection, mais j'ai été impressionné par la diversité et la technicité du vocabulaire, le style qui parvient à transformer du textile intrinsèquement inerte en trame vivante régissant les rapports des différents protagonistes. Tout au long du roman, il m'a semblé voir ces dentelles, soieries, draps, toiles, velours, satins et autres lainages bruisser, s'animer, prendre vie, provoquer l'envie et la frénésie des clientes d'une part, dicter les comportements d'une fourmilière d'employés d'autre part.
Bien sûr, ce « substrat textile » sur lequel se trament ambitions, sentiments, grandeurs et mesquineries de l'âme humaine, est l'oeuvre d'un homme, Octave Mouret, qui en tire toutes les ficelles, et dont le génie visionnaire comporte une dimension effrayante.

Octave Mouret est un homme d'affaire(s), mû par la conquête des femmes et de l'argent. Les deux sont intimement liées puisque ce sont les femmes qui nourrissent son business.
La figure de Denise, la modeste vendeuse débarquée de sa province qu'aucun plaisir ou tentation ne détourne de son devoir de s'occuper de ses frères, représente le grain de sable qui grippe la machine de guerre Mouret. Aux combats que Mouret a l'habitude de livrer (et de gagner) contre des adversaires extérieurs (les femmes vues comme des moyens pour asseoir sa réussite) se substitue un combat dont il ne maîtrise pas les codes : un combat contre lui-même, contre un sentiment amoureux sincère et profond qui naît en lui. Denise demeure dans sa constance et sa tempérance, prête à renoncer à ses sentiments et à quitter le Bonheur des dames, tandis que Mouret est en proie aux plus vifs tourments. L'issue finale donne une très belle illustration de la force d'un amour désintéressé et authentique, et du « triomphe de la modestie » (je ne trouve pas l'expression heureuse, mais l'oxymore reflète fidèlement le dénouement du roman).

L'autre aspect marquant du roman réside dans l'exposition des mécanismes de la réussite économique d'Octave Mouret, point que je souhaite un peu développer.

On juge parfois la grandeur d'une oeuvre à l'aune de l'actualité qu'elle conserve au fil des années. Force est de constater que Zola décrit, dès 1883, les principaux ressorts de la société de consommation contemporaine. Mouret est un as du marketing (il flatte l'ego de son client et crée un besoin constamment renouvelé) et de la communication (il a compris avant tous les autres la nécessité d'occuper l'espace et les esprits, et y consacre un budget important), le pionnier de l' « expérience client » (quelle innovation incroyable d'offrir à ses clientes la possibilité de rapporter en magasin une marchandise qui ne conviendrait pas !), un dieu du merchandising (il a conçu bien avant IKEA et les supermarchés le parcours du client au sein du magasin). En termes d'optimisation des flux et des tâches à l'intérieur du magasin, de gestion financière (intuition géniale de la vente de grandes quantités à faibles marges, rotation du capital), de gestion des ressources humaines (domaine qui est peut-être le plus daté…quoique la politique d'intéressement des salariés soit très moderne !), il n'est pas en reste.
Et pour compléter le tableau des similitudes avec l'époque actuelle, Zola met en scène de façon terriblement poignante et réaliste la déchéance des petits commerçants du quartier, impitoyablement concurrencés par le bonheur des dames. Condamnés, ils se murent dans une obstination aveugle qui les rend farouchement opposés à toute innovation. Ils préfèrent diaboliser à longueur de journée le monstre qui les dévore plutôt que de chercher à faire évoluer leurs pratiques. La posture n'est pas sans rappeler celle de certains de nos petits commerçants actuels face aux géants de la grande distribution et du commerce en ligne…
Alors indubitablement, Au bonheur des dames est une grande oeuvre !
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Ce long roman de Zola, très complet, est celui qui m'a fait aimer son style. Un des rares happy end d'Emile Zola, qui en tant que naturaliste s'intéressait surtout aux vices de la société.
Au Bonheur des Dames, c'est l'histoire d'une jeune femme qui arrive à Pairs. Emerveillée par les grands magasins, elle arrive à postuler pour y travailler, malgré la désapprobation de sa famille qui voit d'un mauvais oeil ces rivaux qui ruinent leur petite boutique. Nous suivons au cours des années qui passent le quotidien des héros, et l'amour naissant entre deux personnages dans ce contexte social réaliste, dramatique et vivant.
Un roman lumineux, qui donne envie de découvrir ces grands magasins du XIXe siècle. Je le conseille à tous ceux qui hésitent à se lancer dans la lecture des classiques français.
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Que dire de cet incroyable roman plein de couleurs, de matières, de textures, caractéristique du tout début de la société de consommation (grand magasin) et des prémices de la mondialisation (lien entre l'Orient d'où viennent les tissus et l'Occident caractérisé par Paris, coeur du monde à l'époque) ?
Que dire de l'histoire d'amour entre Denise (prémices du féminisme car elle refuse les avances de son patron) et Octave Mouret ? Une modernité éclatante.
Pas besoin de préciser que la plume de cet auteur est prodigieuse. Mais je n'apprends rien à personne : on connaît tous Zola;.
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les premiers pas d'une vendeuse dans le premier grand magasin de Paris, son ascension, sa transformation.
vu aussi en version théâtre avec l'école, l'histoire rendait aussi bien sur scène.
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C'est sans réserves un coup de coeur depuis toujours, et Emile Zola , le grand classique que j'ai découvert étudiante, restera le bonheur permanent de la redécouverte, dans le style, les histoires, les personnages, le témoignage d'un siècle. C'est un siècle stupéfiant, où découvertes techniques révolutionnaires et changements sociaux bouleversent la vie à tous les niveaux et où la concurrence fait prospérer les uns, les plus forts, mais détruit en même temps les faibles, les petits commerces.
Au bonheur des dames est le onzième roman de la série des Rougon-Macquart et là en grand visionnaire, Emile Zola a vu comment l'illusion et l'éclat peuvent être des pièges, le brillant comme attrape-oeil et attise-coeurs. Tout est alléchant, pour le grand bonheur des dames, dans ce magasin cathédrale. Une symphonie de couleurs et lumières éclatantes, une rivière abondante de tissus, du coton doux à la soie magique et aux velours caressants, dentelles, rubans ondoyants et ensorcelants, fils à coudre et à broder, comme des petits lutins à nombreuses tentations caressent doucement la vanité des bourgeoises parisiennes.
Denise Baudu, la femme qui voit s'écrouler le commerce de son père, entre dans le monde des puissants et rencontre son patron Octave Mouret, homme d'argent et d'action. Choc entre deux mondes. La douceur et la ténacité de la jeune femme, fascinent l'homme fort et ambitieux. Complexe et contradictoire, le monde nouveau naît et grandit vite et les deux personnages évoluent, se complètent et construisent ensemble, avec énergie, patience, persévérance, enthousiasme et amour par la bienveillance de l'auteur.
Magique, instructif, bouleversant, émouvant. Un chef d'oeuvre.
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J'ai beaucoup apprécié cette lecture. le roman est abordable à lire, sans difficultés. L'écriture est fluide. Et l'histoire est vraiment passionnante à suivre !

Au bonheur des dames c'est un magasin pour femmes (vêtements, tissus, broderie,...) qui ne cesse de grandir et de mettre en difficultés les petits commerces du quartier parisien qui l'entoure. Cette enseigne est dirigée par Mouret et il a beaucoup d'ambition. Mais voilà qu'arrive Denise, personnage central du roman, avec ses deux frères. Elle n'a connu que la province et ses débuts parisiens sont compliqués. Elle va alors rencontrer les employés du Bonheur des Dames mais aussi les autres commerçants du quartier...

Les personnages sont intéressants à suivre. Chacun d'entre eux parait véritablement réaliste. Chacun a ses spécificités et son caractère. Les vendeurs du Bonheur des Dames ont chacun leur lot de soucis, d'ambition, de rancune,... Les descriptions de ce roman ne m'ont pas gêné, elles décrivent essentiellement les allées des rayons du Bonheur des Dames, les bourgeoises qui y font des emplettes, la noirceur et la misère d'autres commerces avoisinant qui peinent à survivre.

L'histoire est presque intemporelle, puisque des grands commerces qui en écrasent des petits, on le voit et l'entend régulièrement. Ce n'est pas nouveau et toujours d'actualité... L'histoire d'amour qui se dessine est bien mis en valeur et est très plaisante à suivre.
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J'ai beaucoup aimé cet ouvrage. J'ai eu du mal à le lâcher et j'avais hâte de le retrouver. J'ai dévoré les 600 pages en quelques jours. le plus étonnant est que dans cet ouvrage publié en 1883, on découvre tous les rouages du commerce moderne. Certaines pratiques sont encore on ne peut plus d'actualité comme l'utilisation des remises, l'importance de l'agencement des rayons ou encore le commissionnement des vendeurs.
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L'époque décrite est passionnante, et le portrait de Paris qui se transforme suffit à écrire un livre, et Zola l'a bien compris ! Les premières pages, avec l'arrivée dans la capitale de cette pauvre Denise et de ses deux frères, sont très prometteuses. Pourtant les longues descriptions qui suivent pendant plus de deux cents pages ont failli me faire lâcher le roman, malgré la qualité incontestable de la plume et du détail historique. Puis les personnages, qu'ils soient du côté des vainqueurs ou des vaincus, deviennent de plus en plus attachants. Et j'ai poursuivi ma lecture dans l'espoir de tel ou tel événement, d'un dénouement attendu... Belle fresque !
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Premier roman de Zola que j'ai lu à l'âge de 13 - 14 ans. Comment décrire ce que j'ai ressentie ? Un émerveillement, comme fascinée. J'ai ensuite lu toute la saga. Obligée. J'ai a-d-o-r-é-e. Ni plus ni moins. Certains auteurs vous laissent une trace indélébile et avec Emile Zola, c'est ce qui c'est passé.
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Fin des années 1860, le succès du Bonheur des Dames apparaît comme une profonde rupture au sein du commerce parisien. Malgré une tendance à l'entêtement et au déni, beaucoup des commerçants du quartier voient leurs ventes progressivement s'éroder, entraînant bon nombre d'entre eux vers une fermeture inéluctable. À l'intérieur du grand magasin, on pointe du doigt la folle pression et le rythme de travail infernal pour les employés.
Fin des années 2010, le succès d'Amazon apparaît comme une profonde rupture au sein du commerce de détail partout dans le monde occidental. Malgré une tendance à l'entêtement et au déni, beaucoup de magasins physiques voient leurs ventes progressivement s'éroder, entraînant bon nombre d'entre eux vers une fermeture inéluctable. À l'intérieur du grand groupe de e-commerce, on pointe du doigt la folle pression et le rythme de travail infernal pour les employés.
Ce que décrit Zola dans ce roman, c'est exactement ce que vit notre monde actuel avec l'avènement des nouvelles technologies et l'émergence de nouveaux géants de l'internet. Et tout ceci se résumé à cette question posée par Denise Baudu : « Était-ce donc vrai, cette nécessité de la mort engraissant le monde, cette lutte pour la vie qui faisait pousser les êtres sur le charnier de l'éternelle destruction ? »
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