Beaucoup, beaucoup de politique dans ce roman qui est sans contexte celui que j'ai le moins aimé jusqu'à présent. L'intrigue amoureuse avec Clorinde vient, pendant un temps, apporter un peu de légèreté et de fraîcheur au récit, mais globalement il est surtout question de magouilles diverses pour accéder au pouvoir (et y rester).
Ce qui m'a le plus marquée, ce sont les "amis" de Rougon qui gravitent autour de lui, le poussant sans cesse à tel ou tel poste afin de pouvoir ensuite bénéficier de sa position pour obtenir des avantages ("Vous avez trop d'amis, monsieur Rougon. Tous ces gens vous font du tort"). Et lui, en "taureau assoupi", force de la nature mais bonne pâte, se laisse (mal)mener. C'est un personnage étrange, "morne et hésitant", qui semble plein d'ennui. D'ailleurs il cherche à plusieurs reprises à démissionner, mais soit sa bande parasite le ramène sur la scène politique, soit elle le délaisse et il s'ennuie encore plus ("La santé lui était revenu avec le pouvoir"). Finalement Rougon trouve "le pouvoir trop désirable, trop nécessaire à ses appétits de domination, pour ne pas l'accepter, sous quelque condition qu'il se présentât".
J'ai apprécié le personnage de Clorinde, femme perspicace et (elle aussi) manipulatrice qui oeuvre dans l'ombre à défaut de pouvoir exercer un pouvoir politique effectif ("Son continuel frottement aux personnages politiques dans l'intimité desquels elle se glissait, avait fini par aboutir à une influence indiscutable"). Clorinde est peut-être la seule rivale réelle de Rougon, s'évertuant à contrecarrer ses plans en tirant les ficelles d'hommes marionnettes qu'elle met en travers du chemin de ce "grand homme" qui, au fil du temps et de sa notoriété, deviendra un "gros homme" ("Il tombait, miné, rongé, dévoré par sa bande").
D'ailleurs au bout d'un moment on s'y perd, on ne sait plus trop qui est dans quel clan tant les uns et les autres retournent leur veste dans leur propre intérêt ("Tout le monde vous a poussé, les événements eux-mêmes vous ont servi"). J'ai aussi été marquée par le personnage de l'empereur, qui semble sans consistance et très influençable. J'ai trouvé qu'il n'avait aucun charisme ni aucune prestance, sorte de pantin mou également manipulé par ses "serviteurs dévoués".
C'est assez consternant au bout du compte... Mais le pire est peut-être d'avoir le sentiment que, au fond, rien n'a vraiment changé depuis cette époque.
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