Incontestablement le plus glauque de tous les romans du cycle que j'ai lus. L'Assommoir est le sordide récit d'une déchéance physique, sociale, morale. On pourrait croire que c'est par pur sadisme que
Zola laisse son héroïne Gervaise sortir la tête du trou et monter une blanchisserie car ce n'est que pour mieux la faire plonger ensuite. le roman décortique les mécanismes de la misère: la faim, la mesquinerie, la faiblesse, la laideur, l'abrutissement, l'alcoolisme, avec une sorte de voyeurisme et de complaisance qui deviennent ici vraiment pesants. Quelques scènes mémorables dans le roman: la scène du lavoir où Gervaise administre littéralement une sévère déculottée à la soeur de la maîtresse de Lantier (ch. I), la visite au Louvre de la noce désoeuvrée (ch. III), l'agonie pathétique de la petite Lalie Bijard, 8 ans (ch. XII) et la folie qui s'empare de Coupeau interné à Sainte Anne à cause de son alcoolisme (ch. XIII).
On découvre aussi l'enfance d'Etienne Lantier (héros de
Germinal), de Claude Lantier (héros de L'oeuvre) et de Nana (héroïne, comme son nom l'indique, de Nana): une illustration efficace de la théorie du déterminisme social et de l'influence du milieu sur l'individu.
Pour conclure, une lecture éprouvante!