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3,89

sur 554 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lecture éprouvante que celle de ce témoignage. C'est sans doute le but de l'auteur qui cherche ainsi à nous faire partager sa souffrance et ainsi, à la dénoncer avec plus de force.

Le souci c'est le ressassement continuel de la pensée de l'auteur tout au long de l'ouvrage. On a l'impression de s'engluer dans ses mots, de ne pas avancer et le récit perd du coup une bonne partie de sa force. Même si on se reconnait dans le récit, on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agit tout de même de "problèmes de riche". On assiste à une longue lamentation et j'ai failli ne pas oser trop dire de mal du livre ici, car comment critiquer le texte d'un homme qui souffre... mais ce que je fais ici n'est que l'estimation de la qualité littéraire du texte.

Ce qui reste en tout cas intéressant, c'est le miroir renvoyé à une société bourgeoise qui fabrique du malheur en cherchant à s'auto-préserver. Cela aurait sans doute été plus réussi avec des développements moins redondants, mais c'est tout le problème central pour ce jeune homme que de ne pas pouvoir sortir de l'auto-analyse, de ne pas pouvoir s'ouvrir aux autres. Le problème est que le lecteur est lui aussi un autre... et qu'il a besoin qu'on s'ouvre un peu à lui.
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Fritz Zorn est l'auteur d'un seul livre. Décédé à 32 ans en 1977, peu avant la publication de Mars, il a tenu à faire écrire et à faire éditer, avant de mourir ce livre-testament dans lequel il parle de son enfance et de son lymphome malin.
Elevé dans une famille bourgeoise fortunée de Zurich, il dénonce son éducation dans laquelle tout se devait d'être harmonieux, exempt de tout problème, de tout conflit et désaccord, et donc finalement dans une absence totale de discussion et de réflexion possible. Cette famille n'est pas sans rappeler celle que Jacques Brel évoque dans Mon Enfance, pour vous faire une idée.
Dans cette famille où finalement tout sujet sérieux ou presque était tabou, dont le sexe, Fritz Zorn a grandi dans l'incapacité de se forger une opinion, sans rien connaitre de la vie ni ressentir aucune vraie émotion. Adolescent puis adulte, il est coupé du sexe et de l'amour, vit en état dépressif, et finit, à trente ans par développer ce lymphome malin, d'abord sous forme de grosseur qu'il associe à un amas de larmes qu'il n'a jamais pu pleurer.
Il commence une psychothérapie en même temps qu'il se fait soigner de sa maladie et revient sur cette éducation qui en est, selon lui, responsable.
Il est dure de lire cette absence d'émotion que décrit cet homme de trente ans, cette souffrance de ne jamais avoir rencontré l'amour ni tout simplement avoir eu de relation sexuelle, celle de s'être toujours senti différent des autres. Il exprime la peur de peut-être arriver à la fin de sa vie avant d'avoir réussi à soigner son mental, espérant encore pouvoir un jour ressentir, vivre comme tout le monde.
J'ai trouvé ce roman dur à lire par rapport à cette lucidité presque clinique et franchement déprimante, même si en soit ce qu'il exprime sur le caractère psychosomatique de la maladie est intéressant et pose question et que le roman, en soit, est bien écrit.
La troisième partie m'a posé problème, il y analyse encore et encore son ressenti et tente de justifier sa réflexion par de multiples analogies qui finissent par lasser pour ne pas dire décrédibiliser petit-à-petit sa thèse.
Ca n'en reste pas moins un témoignage poignant d'un homme aux portes de la mort que la maladie, ironiquement, semble réveiller de sa torpeur et qui met en branle cette fureur contre ses parents en tant que tels.
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Une jeunesse, une éducation, une vie de famille, décortiquées par un intellect qui a aboli définitivement la sensibilité. Un parti-pris érigé en système de pensée et d'écriture, sans doute brillant, mais « ovnien ». Où est l'humain ?
La littérature comme une dissection anatomique, c'est intéressant du point de vue scientifique, psychanalytique. Mais le laboratoire est carrelé à blanc et à froid.

Chronique descriptive d'une dépression. Comment elle est née, comment elle a prospéré, comment elle n'a pas été repérée, et comment elle a même été niée, passée sous silence.
A la page 185, je crois que tous les tenants ont été énumérés, dans le détail, repris et répétés au fur et à mesure que l'enfance a fait place à l'adolescence, à l'âge étudiant, à une vie professionnelle, pourtant aussi protégée matériellement que toutes les étapes précédentes. Que seront les aboutissants ?

A la page 194, enfin, le constat de ce qui a manqué jusque-là ; ce qui a manqué à l'auteur, et ce qui fait tant défaut au lecteur dans la première partie du récit : « je ne connaissais à peu près aucun (…) sentiment. » Ni amour, ni amitié, ni tendresse ; aucun mouvement du coeur, ni dans ce qu'a vécu l'auteur - à ce qu'il dit - ni dans ce qu'il exprime. Ces écrits sont d'une sécheresse, d'une aridité que je ne sais interpréter : parti-pris de pudeur extrême qui veut à tout prix éviter l'émotion, ou véritable névrose catastrophique, inhumaine ?

Ces explications du malheur, fouillées à n'en plus finir, répétitives et d'une sécheresse austère, finissent par lasser. le début de la troisième partie du livre me semble une redite fastidieuse de tout ce qui a précédé. Cet homme souffre, dans son âme et dans son corps, et sa seule liberté est d'étudier et de mettre par écrit l'origine et l'évolution de ses souffrances.

Il s'attarde donc de nouveau sur la recherche et l'identification des responsables de son état : « ce qui est généralement parental, généralement bourgeois, généralement zurichois et généralement suisse ».

Et quand accuser la société ne suffit plus à cet homme épuisé de souffrances, il se tourne vers l'éventualité d'un dieu. Ne serait-ce que pour avoir à qui dire sa colère, à qui « casser la gueule ». Tentation de croire pour trouver un sens à ce qui n'en a pas...

Récit répétitif, obsessionnel, d'un ratage intégral. Une lecture qui enferme et, par contrecoup, une fois achevée, donne envie de grand air et d'horizon large.
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Voici un livre pour ceux que la psychanalyse intéresse .
Un homme d'une trentaine d'années atteint d'un cancer, diagnostiqué névrosé, entreprend de raconter ses jeunes années.
Il y recherche la cause de sa névrose, qui d'après lui, aurait déclenché son cancer. Un livre à l'ambiance très sombre, où l'on se noie dans les tréfonds de l'âme humaine. Pour amateur du genre.
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Fritz Zorn (1944-1976), pseudonyme de Fritz Angst, est un écrivain suisse de langue allemande. Fils d'une famille patricienne très austère, après le lycée il étudie la philologie allemande et les langues romanes. A l'université, il obtient le titre de docteur et pendant une brève période, il a été professeur dans un lycée, jusqu'à ce que son cancer le force à abandonner cette profession. Il entame alors une psychothérapie et commence à écrire. Fritz Zorn est l'homme d'un seul livre, Mars, un essai paru en 1979.
Je dois vous dire que ce bouquin m'avait profondément marqué quand je l'avais lu pour la première fois, à l'époque de sa parution en France, car cet essai autobiographie très dur, révélait chez son auteur quelques points qui m'étaient communs et de les voir écrits-là noir sur blanc, comme une révélation, j'en étais sorti chamboulé. le relire aujourd'hui, avec plus de recul, m'a permis de l'aborder avec un oeil plus serein.
A première vue on pourrait penser que Fritz Zorn a eu la belle vie, fils d'un architecte aisé, ses parents vivent dans le rupin Zurich et le Fritz a fait de brillantes études. Mais alors qu'il arrive à la trentaine, on lui découvre un cancer. le lecteur alors est sensé se retrouver avec entre les mains un bouquin classique, du genre jérémiades, déni puis éventuellement combat contre le crabe. Vous ne connaissez par l'auteur ! Au contraire, il déclare crânement : « la chose la plus intelligente que j'aie jamais faite, c'est d'attraper le cancer. » Haussement de sourcils et yeux ronds.
A partir de sa maladie, l'écrivain va remonter dans ses souvenirs et revenir sur sa vie et son éducation, pour en déduire que ce passé ne pouvait que le conduire à cette adversité fatale. Selon sa théorie – car c'est de cela qu'il est question ici, la construction d'une théorie expliquant sa maladie -, son éducation bourgeoise dans une Suisse trop pépère, où l'on ne fait jamais de vagues, où l'argent et la sexualité sont des mots et mêmes des idées tabous dont on ne parle jamais, tout cela ne peut mener qu'à la dépression, à la névrose et in fine au cancer. « Je crois que le cancer est une maladie de l'âme » et que cette pathologie découle des frustrations accumulées depuis l'enfance avance l'auteur. Si la façade est en bon état, il fait bonne figure pour les autres, derrière les murs tout est en ruine, il ne peut réellement pas communiquer, donc pas de femmes et une sexualité en berne.
Le texte est en trois parties, la première et la plus longue nous restitue le type d'éducation qu'il a reçue et le milieu social dont il est issu, la seconde en vient au but du livre, le récit se muscle et Zorn nous interroge, « Vaut-il mieux, soixante ans durant, mijoter à mort sur la petite flamme de la frustration ou plutôt, par désespoir, déjà mourir à trente ans, du cancer ? ». La dernière partie, en antithèse, vient contredire ce qu'on aurait pu mal comprendre, à savoir qu'il ne condamne pas ses parents pour l'éducation qu'ils lui ont donné, il leur pardonne car il considère qu'eux-mêmes étaient le fruit d'une éducation vérolée.
Le lecteur relèvera de nombreuses répétitions mais elles sont voulues pour mieux enfoncer le clou. Par contre, à relire cet ouvrage aujourd'hui, il m'a semblé un peu long sur la fin car très typé d'une rhétorique années 70 (tout est politique, Dieu est mort etc.). Il n'empêche que c'est un très bon livre, très émouvant finalement car Fritz Zorn aura séjourné sur Terre une trentaine d'années, sans pourtant avoir jamais vécu.
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Un livre témoignage des pensées qui assaillent un jeune homme issu de la bonne société de Zurich lorsqu'il apprend qu'en plus de sa dépression jamais nommée ni avouée, il souffre d'un cancer.
Il fait la genèse de son histoire de vie, courte mais pleinement analysée dans sa solitude morale, sa terrible lucidité face à ses parents bien-pensants et à son entourage bourgeois.
Cet ouvrage, livre unique d'un désespoir maîtrisé, peut servir de levier pour la compréhension des maladies qui adviennent lorsque la vie, le vivant en l'homme sont niés.
C'est aussi une sorte de jugement à postériori sur l'éducation donnée aux enfants, la part de responsabilité de chacun dans ce qui risque d'advenir et une dénonciation du mensonge et du conformisme étouffants.
Le style et le ton souvent drôle malgré le propos en font une lecture difficile à classer tout en y reconnaissant sa grande vérité humaine.
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" Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul" en guise d'incipit, voilà qui donne le ton de ce livre autobiographique. Confession d'un enfant de la rive dorée de Zurich. Elevé dans un milieu bourgeois, il règle ses comptes avec ses parents et son milieu délétère. Ses parents ne lui ont pas appris à aimer, à s'exprimer, à être sincère, à développer une personnalité. Pour eux primaient l'harmonie, l'absence de conflits, les apparences, la bienséance. Le sexe était évidemment tabou (ainsi que la politique et la religion).
Son impossibilité à aimer, à communiquer l'a empêché d'avoir des relations sexuelles, amoureuses hétérosexuelles ou homosexuelles, il a développé une dépression chronique, conséquence du vide de sa vie et "évidemment" dit-il, un cancer en grande partie psychosomatique, manière acceptable d'exprimer son mal être dans son milieu. Ce livre est une confession parue en 1977 peu de temps avant la mort de son auteur.
J'ai beaucoup aimé la première partie (la plus longue) mais les deux autres, plus théoriques m'ont semblé très longues. Un long ressassement voulu mais pesant et ennuyeux à la longue.
Un être préparé à ne pas aimer, à ne pas vivre, "éduqué à la mort".
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Je comprends la détresse de cet individu dont l'existence, formatée par une éducation où le paraître et surtout la volonté de ne pas se compliquer plus qu'il ne le faut la vie, n'a été qu'une longue dépression.
Mais il y a ceux qui dispensent l'éducation et établissent le cadre dans lequel elle s'exprime et ceux qui la reçoivent. Je ne peux m'empêcher de penser, sans vouloir diminuer ou ne pas reconnaître la souffrance de l'auteur, qu'il est dommage qu'il n'ait pas pu trouver en lui un soupçon de révolte, qu'il n'ait pas su mettre en oeuvre l'intelligence dont il n'est pas, peu s'en faut, dépourvu, pour trouver un moyen de s'ouvrir aux autres Trop centré sur lui-même et sur ce qu'il éprouve il est incapable de dresser un portrait de la société dans laquelle il évolue, d'en faire une critique sociale exprimée plutôt qu'esquissée.
Cela m'aurait peut-être permis d'éprouver à son égard plus de sympathie sinon d'empathie et de faire de cette interminable autoanalyse une lecture moins lassante et ennuyeuse.
C'est d'autant plus dommage que je reconnais et apprécie la qualité de l'écriture, la justesse des observations et les pointes d'humour sarcastiques qui parsèment cet ouvrage.
Tandis que je referme le livre, je ne peux m'empêcher d'être envahie par un profond sentiment de gâchis alors que mort trop tôt, Fritz Zorn n'a pas pu profiter de ce qu'il avait finalement découvert et mis en mots.

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C'est la lecture de "nos vies romancées" d'Arnaud Catherine qui m'a donné envie de connaître "Mars" de Fritz Zorn.
Il s'agit du récit-confession autobiographique d'un jeune homme né avec tous les avantages de la fortune, mais malheureux et névrosé.
Le ton est donné à la page 261 : "tout le monde est névrosé mais moi je le suis un peu plus" .Ses parents qu'il accable avec des expressions lapidaires
(ma pauvre mère, mon pauvre père ) seraient à l'origine de tous ses maux car il faut bien désigner un coupable : l'éducation austère et frustrante de son milieu familial..
Au delà de sa confession accusatrice, on peut se demander si l'origine de son mal-être est surtout imputable à sa nature profonde (l'inné) ou à son milieu bourgeois et répressif (l'acquis). le cocktail des deux s'avérant affligeant.
L'autre aspect de son questionnement psychanalytique est le rapport entre son état mental et l'émergence de sa maladie mortelle. Certains cancers sont-ils le fruit d'une mélancolie grave et persistante ?
Un récit poignant, dérangeant, autoapitoyé, réservé aux lecteurs particulièrement sensibles aux méandres du psychisme.
A déconseiller aux dépressifs.
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La tentative d'un homme en phase terminale d'un cancer de se réconcilier avec la dépression qui le ronge depuis toujours et avec la déception de n'avoir pu vivre mieux. L'auteur poursuit une démarche très analytique, partageant de nombreuses réflexions et interprétations sur son enfance, ses parents, son milieu social, ses études, et malgré de nombreuses contradictions il parvient à caractériser une certaine génération et façon de vivre dans un milieu bourgeois de Zurich. On apprécie son courage et son honnêteté face aux difficultés de s'affronter soi-même, même si de nombreux passages suggèrent que tout expliquer rationnellement et que tout relier ensemble, pour enfin parvenir à comprendre pourquoi il va mourir, devient le but principal de l'auteur, quitte à perdre en perspicacité, en sagesse et en véracité. Ses confessions en restent toutefois touchantes et sincères, et on ne peut contempler cette existence qu'avec un amer goût de gâchis.
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