AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,27

sur 384 notes
5
24 avis
4
12 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Comme dans un conte de fée, par un coup de baguette magique, la modeste demoiselle des Postes est propulsée dans le monde des nantis « l'accomplissement précède le désir encore informulé ».

Du jour au lendemain, toute se transforme pour cette petite provinciale timide : Christine Hoflehner devient Christina von Boolen . Des petites mains à son service modifient sa coiffure, la vêtent d'atours luxueux qui tels des talismans font d'elle une princesse admirée, courtisée par des princes charmants.

Tout aussi brusquement, neuf jours plus tard, le sortilège disparaît.
Devenue indésirable, dans ce lieu où elle avait connu l'ivresse de la métamorphose, elle retrouve ses tristes vêtements, quitte l'hôtel par la porte de service, revient chez elle où sa mère vient de mourir.

Grandeur et décadence ! Plus dure est la chute pour celle qui revenant dans le monde d'en bas a connu le monde d'en haut ! Elle sombre alors dans la misère, la solitude, dans une amertume qui se conjuguera ensuite avec la rancoeur de son compagnon de misère Ferdinand. Après l'ascension fulgurante, la lente descente aux enfers.

Somme toute, des situations bien romanesques qui n'ont rien à envier à celles des romans de gare , me direz-vous ……. Pourtant, ce qui n'aurait été ailleurs qu'une intrigue conventionnelle devient sous la plume de Zweig la trame d'un magnifique roman .

Une écriture souple et fluide qui épouse les méandres de l'analyse psychologique sublime le contenu de l'ouvrage, une écriture qui donne toute sa mesure lorsque Zweig évoque des sensations paroxysmiques, d'exaltation, au contraire, de profonde dépression. Une action dont l'intérêt ne faiblit jamais, que Zweig fait dépendre du contexte politique et social des années 1914 - 1926 et qu'il situe en des lieux dont l'atmosphère imprime fortement l'esprit des personnages.
La longue description –balzacienne- qui ouvre le roman, puis celle du grand hôtel où Christina rayonne, épanouie, et, comme en écho inversé, celle de l'hôtel borgne et sordide où Ferdinand et Christine vivent leur première et triste relation amoureuse en sont des exemples. Tout en évitant le manichéisme, Zweig se fait observateur de la comédie humaine, jetant un regard décapant sur les conventions, les préjugés des membres de la haute société qui hante les salons du grand hôtel .

Un roman riche, flamboyant dont la fin ouverte et troublante incite le lecteur à envisager lui-même l'issue du drame.
Commenter  J’apprécie          20
On a tous un vêtement dans lequel on se sent bien, fort et prêt à conquérir le monde. On sait tous ce que ça fait de sortir de chez le coiffeur en ayant l'impression qu'il a réussi à nous couper les cheveux comme on aime. Zweig part de ce sentiment de confiance en soi gagnée par un simple pull, une robe, un jean (ici, une splendide robe du soir), une nouvelle coiffure, pour raconter une métamorphose.

En accédant grâce à sa tante à un univers matériel qui lui était jusque-là inimaginable, Christine n'est plus Christine. L'employée de l'administration autrichienne est devenue une femme heureuse, épanouie, capable de rire avec des inconnus, de charmer des jeunes hommes, de danser avec d'autres. Elle goûte aux plaisirs de la vie, rattrape sa jeunesse perdue. Zweig se glisse sans peine dans la peau de son héroïne pour nous partager ses sentiments et son excitation au fur et à mesure qu'elle trouve ses marques et sa place dans ce monde.

Mais si la transformation si fulgurante, la chute risque de faire mal. Et elle finit par arriver pour Christine, qui doit quitter ce petit paradis comme une voleuse. Difficile de retrouver Klein-Reifling, son bureau de poste et son morne quotidien. Sans argent, pas d'avenir. Parce qu'elle ne voit pas comment ressortir de là, elle s'enfonce dans son malheur. Ferdinand, qu'elle croise un jour à Vienne, partage son amertume, mais deux êtres tristes ne peuvent pas s'aider à rebondir.

Dernier roman de Stefan Zweig, Ivresse de la métamorphose est une montagne russe où les sentiments sont extrêmes, les joies comme les peines. L'auteur nous laisse miroiter une vie heureuse pour mieux nous faire tomber. Si son histoire se déroule dans l'entre-deux-guerres, son regard sur la société d'une acuité impressionnante : le récit, et ce qu'à travers lui l'auteur raconte sur les hommes et l'Occident, est d'une modernité folle. Et peu réjouissante.
Chronique complète sur mon blog !
Lien : https://lamarmottealunettes...
Commenter  J’apprécie          21













Comme toujours de grands romans chez Stéphan Zweig, mais celui-ci est son dernier, celui qui annonce aux lecteurs sa fin proche, son suicide collectif avec sa femme quelques années plus tard, c'est selon.
Christine, petite employée des postes en Autriche après la première guerre n'a pas encore connu la belle vie, la richesse, l'amour jusqu'au jour où elle se fait inviter par son oncle et sa tante dans un superbe hôtel en Suisse pour découvrir un autre monde.... Elle peut alors comparer, commencer une autre vie.
Commenter  J’apprécie          20
ultime testament inachevé de Zweig qui donne une force et une intensité à son récit.
de son vivant il n' a eu de cesse de se battre contre une idéologie rampante arrivant à grand pas (de l'oie) dans son pays et a préféré tirer sa révérence.
Commenter  J’apprécie          10
Magistral !
Commenter  J’apprécie          10
La pauvreté n'est pas un simple état ; elle anime, accompagne à jamais celui qui l'a suffisamment intériorisée, et ce jusque dans la jouissance et le luxe.
Voilà ce que démontre Stefan Zweig dans ce court roman, où le lecteur assiste à l'éveil de la conscience de Christine, jeune fonctionnaire miséreuse qui se retrouve projetée dans un monde de luxe et de beauté. Ivre d'un bonheur inespéré, ivre de se voir métamorphosée en élégante demoiselle, elle ne se rend d'abord pas compte de la médiocrité et des intentions parfois malhonnêtes de son brillant entourage. Au cours de ces courtes vacances à la montagne (l'élévation géographique faisant ici écho à son élévation sociale), elle alimente le réservoir de ses frustrations futures. Car sa pauvreté est une maladie incurable et, une fois ébruité dans l'hôtel le secret de ses modestes origines, elle sera contrainte de quitter "son moi ailé pour réintégrer une larve amorphe, aveugle, rampante". Christiane van Boolen devra redevenir la quelconque Christine Hoflehner, auxiliaire des postes à Klein-Reifling. Une fois de retour dans son morne village autrichien, Christine se découvrira incapable de poursuivre son ancienne existence.
A bien des égards, cette oeuvre peut entrer en résonance avec un autre roman inachevé, qui lui aussi dévoile ce mystère qu'est l'impossibilité de cacher sa modeste ascendance. Cette oeuvre porte un nom ambigu : "Le Paysan parvenu". Comme dans "Ivresse de la métamorphose", le protagoniste (Jacob) n'a d'abord aucun mal à se fondre dans la haute société. D'une part, il adopte les codes en vigueur ; comme Christine, il sait qu'un simple nom peut ouvrir ou fermer des portes. D'autre part, il séduit par sa spontanéité et son enthousiasme, alors que ceux qui sont nés dans l'opulence et le plaisir y sont devenus presque insensibles. Mais ce visage à deux facettes ne suffit pas à sauver de l'opprobre ces deux héros continuellement rattrapés par leur passé.
C'est le double de Christine, sa propre tante, qui la chassera poliment du paradis où elle l'avait invitée. Sentant ressurgir en elle la crainte d'être démasquée (car comme sa nièce, elle doit son élévation à un heureux hasard), la respectable Claire van Boolen, autrefois Melle Clara, congédiera sa nièce sans savoir quels bouleversements elle aura provoqués chez elle.
Commenter  J’apprécie          10
Lu en 2017. L'oeuvre avait échappé à mes découvertes adolescentes de Zweig. Ce récit construit sur un drame aussi fatal que tragique traduit en fait le propre pessimisme de l'auteur, dont le roman inachevé fut publié à titre posthume (après son suicide en 1942).
L'épisode d'"ivresse" que vit Christine, telle une Cendrillon dans la lumière, symbolise toute l'hypocrisie politique et sociale de cet entre-deux-guerres, liée au pouvoir de l'argent d'une certaine catégorie de profiteurs, face à la misère et la désespérance des plus humbles...
Commenter  J’apprécie          00
Une postière à la vie rangée dans un petit village tranquille d'Autriche, sa mère malade, reçoit un télégramme de sa tante mariée aux États-Unis. Elle l'invite à venir la voir en Suisse. Hésitante, intimidée, Christine part en train et est reçue dans un Palace luxueux par sa tante qui entreprend de la coiffer, l'habiller, l'introduire dans le monde du luxe et de l'insouciance des gens riches. Christine se découvre belle et désirable, elle s'enivre de sa métamorphose jusqu'à modifier son nom, ce qui sème les germes du doute et amène sa tante à mettre fin abruptement à son séjour. Déprimée, elle refuse de se laisser mourir dans sa vie rangée alors que la mort de sa mère l'amène à rencontrer un ancien combattant ami de son beau-frère avec lequel elle se lie d'amitié. le partage du refus d'une vie de pauvreté et sans perspective de se libérer de leur destin les rapprochent. Oserons-t-ils réaliser leur projet ultime ?
Stefan Zweig nous plonge dans la passion, l'ivresse puis l'angoisse et la misère de ses rêves anarchistes qui l'ont hanté alors que la fascisme s'étendait en Europe dans les années 30 en mettant en scène le destin de cette jeune femme qui se découvre avec éclat lorsque plongée dans un autre milieu que le sien. Il décrit avec talent les dilemmes et conflits de valeur qui l'assaille. C'est beau, émouvant et illustre bien comment nous aimons et pouvons changer notre manière d'être, notre personnalité, notre vision de la vie lorsque nous changeons de milieu, de pays, de culture. Même si la fin sonne fataliste (choisir entre la soumission ou la révolte absolue), ce roman a une portée universelle sur les doubles qui nous habitent et qu'on oublie de cultiver au contact des autres. Un livre majeur qui fait réfléchir sur le courage d'être soi-même et de vouloir être libre.
Commenter  J’apprécie          00
Un roman qui a un siècle.
On est happé par le bouleversement de la vie de cette jeune femme et ça sent le drame dès le début.
Une peinture étonnante de la société autrichienne de l'entre deux guerres.
La deuxième partie du roman à peine moins passionnante que la première.
Un excellent moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Un peu long au démarrage, une fin par forcément passionnante, mais une sensibilité extraordinaire.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (1087) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1884 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}