Le joueur d'échecs ou comment les échecs se font politiques.
Dans les années 40, un bateau relie New York à Buenos Aires. A son bord, de riches passagers dont Mirko Czentovic, champion du monde des échecs. Agé de 20 ans, cet homme se révèle odieux, taiseux, pédant et mal élevé (rien que ça!).
Le narrateur et un des passagers, curieux, lui proposent une partie. Czentovic n'accepte que s'il est payé (il est obsédé par l'argent, une autre de ses qualités). Ce grand joueur gagne facilement et, alors qu'une deuxième partie débute, un inconnu s'avance et prodigue des conseils permettant de contrer Czentovic... et de faire match nul.
Czentovic, très orgueilleux, exige une revanche contre ce joueur talentueux. Ce dernier, paniqué, s'enfuit.
C'est le narrateur qui va le convaincre de jouer à nouveau. Avant cela, ce personnage mystérieux (monsieur B.) va lui révéler qu'il a été séquestré par les nazis et qu'il a appris les échecs à partir d'un livre volé à son geôlier.
Ce qui devait être un salut à son enfermement finira par le rendre fou et le jeu qui devait lui permettre l'évasion (mentale) va devenir une addiction. Pour lui, jouer représente à présent un danger.
Au cours de la partie, seul le narrateur sait ce qu'a vécu monsieur B. Alors que les autres n'y voit qu'un jeu et que Czentovic, dénué de psychologie, d'intelligence et de respect n'en comprendra pas l'enjeu, le narrateur (et le lecteur) vont en saisir toute la portée.
Deux récits s'intercalent: l'ascension fulgurante de Mirko Czentovic, être détestable et stupide, et l'enfer du mystérieux monsieur B. dans sa chambre d'hôtel autrichienne.
L'opposition de ces deux esprits évoque l'opposition entre deux pouvoirs, deux pays: l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne nazie. Comme à la guerre, la victoire aux échecs passe par le déplacement stratégique.
En 1938, l'Allemagne a annexé l'Autriche-Hongrie et
Stefan Zweig s'est réfugié au Brésil. Il rédige ce roman en 1941-1942. Désespéré par ce qui se passe en Europe, ce pacifiste autrichien se suicide en février 1942. Ce roman a été publié à titre posthume un an plus tard.
Lorsque je l'avais lu au lycée, ce livre, bien que court, m'avait rapidement ennuyée... et je n'en avais pas gardé un grand souvenir. Après sa relecture, j'en ai mieux saisi les enjeux et l'intérêt d'une fin aussi abrupte. Mais cela n'aura pas été suffisant pour me captiver... Je suis restée sur ma faim.
Ce livre a été adapté au cinéma.