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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Égoïste, cynique, misogyne, brutal et impitoyable. Voilà les "qualités" de l'aventurier Cizia Zyke, que l'on avait découvert chez Pivot, au milieu des années 80, lors de la parution de son précédent livre " Oro" ou les vicissitudes d'un chercheur d'or au Costa Rica armé d'un Magnum et qui ne veut donc pas se faire embêter.

"Sahara" raconte le convoyage illégal de voitures et de camions de Bordeaux à Mopti au Mali. le patron de l'expédition est bien sûr Cizia Zykë. L'intérêt de ce livre est, non seulement dans le ton ironique et insolent du personnage qui écrit comme il parle, mais aussi son récit sur le désert saharien.

Pour lui il est illusoire de plaquer les règles occidentales dans cette Afrique des années 70. Ici on est très loin de l'Europe et de ses lois. Or comme l'homme n'aime pas trop les règles de ces états, il va là où il peut se sentir libre de vivre comme il l'entend à 25 ans: à fond, tout en consommant de l'herbe, accompagné d'une équipe pour gagner un maximum d'argent afin de le dépenser dans les meilleurs lieux de perdition.

Comme il aime à le rappeler: en Afrique, il y a un contexte, et tout ce qui peut nous paraître choquant est courant là- bas. Pêle-mêle: le " no money, no fuck", la corruption, la violence entre ethnies, les dictatures...

L'auteur s'en accommode très bien. Pourtant, sa générosité, ne s'arrête pas aux fonctionnaires corrompus, aux prostituées ou à ses camarades de jeu, le bonhomme a aussi un peu de générosité: comme ça l'énerve de voir l'aide humanitaire détournée alors il se fait chevalier au grand coeur en distribuant la nourriture et les médicaments à l'arrière de ses camions quand ils s'arrêtent dans les villages.

L'argent n'est pas son maître, il claque tout pour recommencer une nouvelle aventure. Zykë est peut-être un faux méchant. Il est rafraîchissant de lire ce genre d'ouvrages autobiographiques écrit par un autodidacte.
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Après le succès d'Oro, Cizia Zykë a continué ses récits autobiographiques avec Sahara, toujours co-écrit avec Thierry Poncet, qui résume le livre ainsi : « Zykë y raconte comment il a découvert par hasard le commerce très lucratif de véhicules d'occasion entre l'Europe et l'Afrique noire dans les années soixante-dix et comment il a développé ledit commerce jusqu'à faire traverser le désert à des convois de camions tout en escroquant quiconque croisait son chemin. »


Nous voici donc entraînés cette fois dans une sorte de Paris-Dakar en solitaire, sans paillettes ni assistance, avec pour équipage quelques types plus ou moins en perdition, en mal de papiers ou ayant maille à partir avec la justice, sans permis poids-lourd, pour qui le convoyage de camions quasi en ruine sera une expérience infernale mais revancharde sur le destin.


On y traverse une Afrique colorée et corrompue, vibrante de chaleur et de poussière, où le passage d'un convoi de ce type est une manne de petits boulots pour une foule de toute sorte : fonctionnaires, marchands, mécanos, « graisseurs » (comprenez main d'oeuvre à tout faire, notamment désensabler), prostituées… Bien sûr, le convoi a contourné la douane et tout le trajet n'est qu'une suite de palabres, négociations, corruptions et « bouffages de têtes », pour pouvoir poursuivre la route, mais aussi pour écouler la marchandise déjà pas bien fraîche au départ, et donc carrément disloquée à l'arrivée.


La route du désert est éprouvante et dangereuse, les conditions extrêmes, l'équipe soumise à un train d'enfer. Les obstacles et les épreuves se multiplient, ainsi que de drôles de rencontres : pirates et voleurs, escrocs en tout genre, touristes naïfs, populations mourant de faim que Zykë ravitaille au passage…


Sexe et drogue à gogo, escroqueries, bagarres jalonnent le voyage de ces durs à cuire sans scrupule qui ont vite fait de nettoyer impitoyablement qui ne leur revient pas, mais qui, sous leurs dehors de brutes épaisses, cachent un sens profond de la fraternité. Ce sera pour Zykë le dernier trajet de ce genre, car il sera arrêté au Mali en 1975 pour divers chefs d'accusation et devra quitter l‘Afrique en catastrophe.


On retrouve le style et le ton caractéristiques de Zykë, que Thierry Poncet résume parfaitement : « le langage de Zykë ne souffre aucun relâchement. Jamais de pause. Pas de faiblesse ni de temps morts. Sont bannies toutes les suavités du « bien-écrire », toutes les formules coulantes qui embellissent le propos, toutes les miséricordes que me seraient les subordonnées, les comparaisons imagées et es formules poétiques. Non. C'est brut. Violent. Chaque phrase s'assène, coup à la tête du lecteur, sec, net et impitoyable entre ses deux points. »


C'est aussi macho, cru et provocateur, cynique et souvent méchant, politiquement tout à fait incorrect, mais ça se lit dans un seul souffle de sidération et d'authentique dépaysement.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Avant de de critiquer librement « Sahara », il faut mettre un visage sur Cyzia Zyke. Cet homme, c'est une brute, un mastodonte vulgaire invité par Bernard Pivot sur « Apostrophe » en 1985 avec la chemise ouverte, une gitane au bord des lèvres, qui arrivait à tenir Olivier de Kersauson en respect en racontant à demi-mot ses viols et ses meurtres. Voilà, vous savez….désormais, à vous de choisir si vous ouvrez la couverture du bouquin pour découvrir, essayer de comprendre, mais attention….vous ne serez plus jamais vraiment la même personne après cette lecture (les critiques binaires en attestent d'ailleurs).

Qui est cet homme ? Un bandit notoire bordelais, habitué des séjours en prison avant sa majorité. Après ses 18 ans, un légionnaire ultraviolent rêvant d'aventures exotiques, après son licenciement de l'armée on le verra pilleur de tombes en Argentine, et il deviendra aventurier orpailleur en Amérique Centrale, une tranche de vie dont il publiera les mémoires dans « Oro ». Par la suite, on le verra roi des mafieux et homme de main à Toronto dont il racontera les anecdotes dans « Parodie », puis passeur clandestin et roi du marché noir automobile africain, épisode passé à la postérité dans « Sahara ». Il continuera ses pérégrinations criminelles jusqu'à son décès en 2011, avec, en fil rouge, une tentative de carrière littéraire concurrençant les SAS de Gérard de Villiers, dont il ne subsiste qu'une dizaine de navets.

« Sahara » est moins populaire qu' « Oro ». Pour être honnête, l'effet de surprise est passé après la découverte de cet aventurier véreux ! A quoi s'attendre après tant d'actes abjectes, tant de dédain et de mépris pour la race humaine. Et pourtant, malgré l'absence totale de talent littéraire, et le manque de maitrise technique, Cyzia Zyke accomplit l'exploit de nous transporter dans un autre monde, l'Afrique. Devant la vulgarité de ses lettres et son illettrisme manifeste, on aurait pu croire à une transposition d' « Oro » sur un autre continent. Et bien non. La force de Cyzia, c'est son honnêteté. Bien conscient de ne pas être un homme de lettres, il raconte sa nouvelle quête sans structure, sans logique, mais en toute chronologie, sans jamais calculer quoi que ce soit. Aucune technique littéraire ici, juste une tranche de vie sincère.
Cette fois, il traversera l'Afrique et le Sahara plusieurs fois, à la tête d'un cortège de voitures et de camions
à refourguer au Mali. Poursuivi par la douane, recherché par les flics, il slalomera entre politiciens véreux, et villages africains miséreux. On découvre ici une once de sentiment et de culpabilité. Autant, il dénigrait les costaricains, les traitait comme des bêtes, autant les africains l'apitoient, suscitent sa sympathie. Une autre aventure qui, malgré les apparences, n'évoque pas du tout les précédentes aventures de Cyzia ! Incontournable également.
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suite des aventures biographiques de cizia, cette fois ci en afrique, toujours prenant mais moins percutant que oro
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