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Égoïste, cynique, misogyne, brutal et impitoyable. Voilà les "qualités" de l'aventurier Cizia Zyke, que l'on avait découvert chez Pivot, au milieu des années 80, lors de la parution de son précédent livre " Oro" ou les vicissitudes d'un chercheur d'or au Costa Rica armé d'un Magnum et qui ne veut donc pas se faire embêter.

"Sahara" raconte le convoyage illégal de voitures et de camions de Bordeaux à Mopti au Mali. le patron de l'expédition est bien sûr Cizia Zykë. L'intérêt de ce livre est, non seulement dans le ton ironique et insolent du personnage qui écrit comme il parle, mais aussi son récit sur le désert saharien.

Pour lui il est illusoire de plaquer les règles occidentales dans cette Afrique des années 70. Ici on est très loin de l'Europe et de ses lois. Or comme l'homme n'aime pas trop les règles de ces états, il va là où il peut se sentir libre de vivre comme il l'entend à 25 ans: à fond, tout en consommant de l'herbe, accompagné d'une équipe pour gagner un maximum d'argent afin de le dépenser dans les meilleurs lieux de perdition.

Comme il aime à le rappeler: en Afrique, il y a un contexte, et tout ce qui peut nous paraître choquant est courant là- bas. Pêle-mêle: le " no money, no fuck", la corruption, la violence entre ethnies, les dictatures...

L'auteur s'en accommode très bien. Pourtant, sa générosité, ne s'arrête pas aux fonctionnaires corrompus, aux prostituées ou à ses camarades de jeu, le bonhomme a aussi un peu de générosité: comme ça l'énerve de voir l'aide humanitaire détournée alors il se fait chevalier au grand coeur en distribuant la nourriture et les médicaments à l'arrière de ses camions quand ils s'arrêtent dans les villages.

L'argent n'est pas son maître, il claque tout pour recommencer une nouvelle aventure. Zykë est peut-être un faux méchant. Il est rafraîchissant de lire ce genre d'ouvrages autobiographiques écrit par un autodidacte.
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La poussière s'élève du néant. Une horde de camions fonce dans le désert. Immensité des lieux, le vide aux alentours, ils avancent sous une chaleur écrasante, comme une course contre la montre, contre la lune ou contre la casse. Ce ne sont pas des premières mains, ces camions récupérés dans quelques casses aux alentours de la banlieue bordelaise. A son bord, le chef de gang, Cizia Zykë. Il règne en maître sur ses ouailles, comme un dictateur despote tenant entre ses doigts la vie de ses serviteurs. Bokassa est un boucher cannibale, Cizia lui est une légende. Mais dans le genre, macho, avec les chaines en or autour de son torse velu, la chemise ouverte, le flingue pour le respect, dans le genre sévèrement burné, juste de quoi rouler des mécaniques.

Alors, oui, ce n'est pas de la littérature des plus fines, mais c'est qu'il n'est pas sectaire, l'ami. Fine ou pas, grosse ou laide, elles finissent toutes dans son pieu, lui de son pieu martèle le cul de ces pucelles de l'aventure. Mais, c'est une littérature de détente que je prends avec sourire, pensant aux sourires de cette brune, avec un verre de mauvais whisky, à défaut d'avoir rempli le coffre de caisses de Flag. Pris en flagrant délit, fragrant désir de ces culs noirs à la cambrure qui appelle au viol, pour reprendre son expression, Cizia trafique, des camions, des 504, du gas-oil, des pièces détachées. Il achète tout ça en France, et l'achemine, tel un contrebandier des temps modernes, au-delà des sables, traversant les déserts et les mirages – oh ce petit cul noir d'écolière – au Mali avec le sentiment du devoir accompli et un paquet de pognon à planquer dans son calebut.

L'Afrique, c'est en ce temps-là, des culs, des petits culs noirs qui dansent, des gros culs noirs qui chantent, des culs à sodomiser, des culs à lécher, des morpions à se refiler, nivaquine et pénicilline le cocktail médical à ne pas oublier dans cette contrée. L'Afrique, c'est aussi le monde de la corruption, du petit douanier à la frontière imaginaire d'une dune de sable au grand ponte du village ou d'un pays, en passant par le fonctionnaire lambda qui voit en cette richesse spontanée l'occasion surtout d'accroître son harem personnel. L'argent n'est là que pour se payer le luxe de plusieurs femmes, et comme la femelle est vénale, elle n'est évidemment là, parce que le gras du bide et du cou a son portefeuille rempli de billets francs CFA ou convertis en dollars. C'est aussi un milieu fait d'homme pour les hommes, où l'homme sent l'homme et la chatte de la femme le poisson. Et ce livre est aussi un beau conte de la misogynie et de la mauvaise foi, c'est ça qui le rend au final si touchant et plaisant à lire, comme un petit moment de détente au milieu d'une oasis verdoyante. Une Flag, et la beauté d'un cul noir, luisant et suant de plaisir. L'Afrique, c'est aussi une ode à la cambrure de ces culs noirs.
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Après le succès d'Oro, Cizia Zykë a continué ses récits autobiographiques avec Sahara, toujours co-écrit avec Thierry Poncet, qui résume le livre ainsi : « Zykë y raconte comment il a découvert par hasard le commerce très lucratif de véhicules d'occasion entre l'Europe et l'Afrique noire dans les années soixante-dix et comment il a développé ledit commerce jusqu'à faire traverser le désert à des convois de camions tout en escroquant quiconque croisait son chemin. »


Nous voici donc entraînés cette fois dans une sorte de Paris-Dakar en solitaire, sans paillettes ni assistance, avec pour équipage quelques types plus ou moins en perdition, en mal de papiers ou ayant maille à partir avec la justice, sans permis poids-lourd, pour qui le convoyage de camions quasi en ruine sera une expérience infernale mais revancharde sur le destin.


On y traverse une Afrique colorée et corrompue, vibrante de chaleur et de poussière, où le passage d'un convoi de ce type est une manne de petits boulots pour une foule de toute sorte : fonctionnaires, marchands, mécanos, « graisseurs » (comprenez main d'oeuvre à tout faire, notamment désensabler), prostituées… Bien sûr, le convoi a contourné la douane et tout le trajet n'est qu'une suite de palabres, négociations, corruptions et « bouffages de têtes », pour pouvoir poursuivre la route, mais aussi pour écouler la marchandise déjà pas bien fraîche au départ, et donc carrément disloquée à l'arrivée.


La route du désert est éprouvante et dangereuse, les conditions extrêmes, l'équipe soumise à un train d'enfer. Les obstacles et les épreuves se multiplient, ainsi que de drôles de rencontres : pirates et voleurs, escrocs en tout genre, touristes naïfs, populations mourant de faim que Zykë ravitaille au passage…


Sexe et drogue à gogo, escroqueries, bagarres jalonnent le voyage de ces durs à cuire sans scrupule qui ont vite fait de nettoyer impitoyablement qui ne leur revient pas, mais qui, sous leurs dehors de brutes épaisses, cachent un sens profond de la fraternité. Ce sera pour Zykë le dernier trajet de ce genre, car il sera arrêté au Mali en 1975 pour divers chefs d'accusation et devra quitter l‘Afrique en catastrophe.


On retrouve le style et le ton caractéristiques de Zykë, que Thierry Poncet résume parfaitement : « le langage de Zykë ne souffre aucun relâchement. Jamais de pause. Pas de faiblesse ni de temps morts. Sont bannies toutes les suavités du « bien-écrire », toutes les formules coulantes qui embellissent le propos, toutes les miséricordes que me seraient les subordonnées, les comparaisons imagées et es formules poétiques. Non. C'est brut. Violent. Chaque phrase s'assène, coup à la tête du lecteur, sec, net et impitoyable entre ses deux points. »


C'est aussi macho, cru et provocateur, cynique et souvent méchant, politiquement tout à fait incorrect, mais ça se lit dans un seul souffle de sidération et d'authentique dépaysement.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Sahara est le deuxième volet des livres autobiographiques de Cizia Zikë. Il est composé de deux parties. Dans la première on retrouve « Charlie » Zikë au Tchad, affublé de Miguel un punk hurluberlu espagnol qui passe son temps à souffler dans un clairon. Ils n'ont pas un sous et font la route à pied, coupant leurs pantalons en shorts, troquant leurs chaussures abîmées contre des sandales. Ils sont hébergés par des notables africains, des missionnaires, des villageois ou des prostitués. C'est la découverte de l'Afrique des années 70 au terrible contraste entre capitales tentaculaires et grouillantes et authenticité des villages de brousse.
Même s'il quitte le continent en clôchard, il y reviendra dans la seconde partie en conquérant à la tête d'un gigantesque traffic de pièces automobiles de contrebande. Car de ce premier périple, au travers les rencontres fortuites qu'il a pu faire, Zikë comprend que tout se vend et tout s'achète en Afrique.
C'est du Zikë, donc forcément c'est excessif, violent, grossier, misogyne, outrancier. Mais c'est très drôle également. Si le style avait été différent, si les grossièretés avaient été gommées, le récit n'aurait ni force ni substance. Et puis qui n'a pas rêvé parfois d'être un homme comme Zikë ? de coller des tartes à un escroc prêt à abandonner un couple et leur nourrisson en plein désert ? de courir le monde en s'affranchissant des lois et des Dieux ?
Des 4 récits autobiographiques, Sahara est sans doute celui où l'auteur est le plus sincère. Il ne cache rien des ses travers, ses addictions, ses vices et ses failures. Cerise sur le gâteau, Sahara, c'est aussi les prémices du Paris-Dakar. Qui sait si Cizia Zikë, qui rêvait d'une course automobile dans le désert, n'aurait pas rencontré Thierry Sabine ?
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Avant de de critiquer librement « Sahara », il faut mettre un visage sur Cyzia Zyke. Cet homme, c'est une brute, un mastodonte vulgaire invité par Bernard Pivot sur « Apostrophe » en 1985 avec la chemise ouverte, une gitane au bord des lèvres, qui arrivait à tenir Olivier de Kersauson en respect en racontant à demi-mot ses viols et ses meurtres. Voilà, vous savez….désormais, à vous de choisir si vous ouvrez la couverture du bouquin pour découvrir, essayer de comprendre, mais attention….vous ne serez plus jamais vraiment la même personne après cette lecture (les critiques binaires en attestent d'ailleurs).

Qui est cet homme ? Un bandit notoire bordelais, habitué des séjours en prison avant sa majorité. Après ses 18 ans, un légionnaire ultraviolent rêvant d'aventures exotiques, après son licenciement de l'armée on le verra pilleur de tombes en Argentine, et il deviendra aventurier orpailleur en Amérique Centrale, une tranche de vie dont il publiera les mémoires dans « Oro ». Par la suite, on le verra roi des mafieux et homme de main à Toronto dont il racontera les anecdotes dans « Parodie », puis passeur clandestin et roi du marché noir automobile africain, épisode passé à la postérité dans « Sahara ». Il continuera ses pérégrinations criminelles jusqu'à son décès en 2011, avec, en fil rouge, une tentative de carrière littéraire concurrençant les SAS de Gérard de Villiers, dont il ne subsiste qu'une dizaine de navets.

« Sahara » est moins populaire qu' « Oro ». Pour être honnête, l'effet de surprise est passé après la découverte de cet aventurier véreux ! A quoi s'attendre après tant d'actes abjectes, tant de dédain et de mépris pour la race humaine. Et pourtant, malgré l'absence totale de talent littéraire, et le manque de maitrise technique, Cyzia Zyke accomplit l'exploit de nous transporter dans un autre monde, l'Afrique. Devant la vulgarité de ses lettres et son illettrisme manifeste, on aurait pu croire à une transposition d' « Oro » sur un autre continent. Et bien non. La force de Cyzia, c'est son honnêteté. Bien conscient de ne pas être un homme de lettres, il raconte sa nouvelle quête sans structure, sans logique, mais en toute chronologie, sans jamais calculer quoi que ce soit. Aucune technique littéraire ici, juste une tranche de vie sincère.
Cette fois, il traversera l'Afrique et le Sahara plusieurs fois, à la tête d'un cortège de voitures et de camions
à refourguer au Mali. Poursuivi par la douane, recherché par les flics, il slalomera entre politiciens véreux, et villages africains miséreux. On découvre ici une once de sentiment et de culpabilité. Autant, il dénigrait les costaricains, les traitait comme des bêtes, autant les africains l'apitoient, suscitent sa sympathie. Une autre aventure qui, malgré les apparences, n'évoque pas du tout les précédentes aventures de Cyzia ! Incontournable également.
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Un road-book de vacances sorti en 1987, voici comment je qualifierais ce livre ou, pour résumer, les aventures de Charlie en Afrique.
Ce livre sans prétention et sans style raconte les aventures de Charlie, homme au passé de petits délinquants, en Afrique. Tout y passe : ses préparatifs, ses rencontres avec des européens plus ou moins paumés ou déjantés, ses traversées du désert pour aller vendre des voitures, sa « cueillette » de filles pour quelques plaisirs, l'alcool et la drogue en quantité. Sur un ton à la fois caustique vis-à-vis de certaines personnes mais aussi plein d'humour, il brosse un tableau de l'Afrique des années 1970 qui me semble assez réaliste : le vol, la corruption, le cannibalisme, l'excision, la prostitution, le vol mais aussi le sens de l'accueil, le partage et l'entraide.

La suite ici :
http://arcetciel.canalblog.com/archives/2008/09/09/10218232.html#comments
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Hop hop hop on embarque dans une bagnole à Begles pour finir dans une prison en taule au Mali... excellent... Ca vaut toutes les aventures du monde.. Et m'a donné envie de croiser des femmes qui pilaient le manioc...
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Ho ! hé, tous les machos, les musclés, les fonceurs, les goulus d'aventure, les forcenés de la chose, votre messie est de retour... En voiture !
(Jean-Pierre Fueri, France-Soir )
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Boeuf ; malhonnête; macho ; misogyne ; Cizia Zykë n'avait pourtant pas que des qualités.
D'abord un style sans grande envergure qui nous rappelle qu'on est censé lire l'autobiographie d'un délinquant et pas un chef d'oeuvre de la littérature. Puis il y à l'idéologie : La fin justifie les moyens, toujours. Tout est bon pour s'enrichir et si possible tout dépenser en une nuit d'ivresses et de débauches. Des valeurs sûrs s'il en est...
Pourtant, malgré cela, le plaisir de lecture est là, bien présent et c'est d'un plaisir coupable dont il s'agit mais y à t'il de plaisirs qui ne soit pas coupable ?
Si l'on est pas obligé de croire à l'authenticité des évènements qui sont décrits, le récit sent le vécu, sentiment renforcé par l'absence de politiquement correct, cette notion étrange qui ne semble pas avoir de prise sur l'auteur et encore moins sur la réalité. L'indifférence au quand diras t'on dans les salons Parisiens, voila une bonne raison pour lire du Zykë, un auteur à prendre pour ce qu'il était c'est à dire du divertissement pure.
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Les livres de Cizia Zykë et en particulier Sahara me plongent systématiquement dans un état de perplexité et d'admiration coupable.
Dans ce livre j'ai apprécié encore une fois l'aventure décomplexée et la figure de l'aventurier qui n'a peur de rien et surmonte toutes les épreuves. La peinture de l'Afrique saharienne est prenante, criante et puante mais aussi brute et sincère.
Mais le sentiment que j'ai eu dès les premières pages ne m'a pas quitté et s'est même parfois renforcé : la honte ! La honte de lire certains propos et de tout de même continuer à lire ce bouquin malgré tout. C'est souvent très immoral, illégal et Cizia Zykë est un enfoiré de première, mysogine, violent et pédophile, et il ne s'en cache pas une seconde ! La sincérité et la complexité du personnage, la sensation d'être face à quelqu'un d'hors normes me tiennent malgré tout en haleine. Dommage tout de même que le livre se termine de façon assez abrupte, comme inachevé.
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