AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,42

sur 97 notes
5
7 avis
4
2 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un livre qui permet de mieux comprendre l'histoire américaine, notamment du point de vue du racisme et du sexisme. La première moitié est consacrée à l'esclavage, la seconde sur les luttes contemporaines. Un livre important pour remettre en question le féminisme "blanc". Quelques répétitions cependant, probablement pour permettre aux chapitres d'être lus de façon indépendante.
Commenter  J’apprécie          10
bell hooks, avec un style accessible et très fluide, évoque des sujets complexes avec une pertinence rare. En effet, l'autrice ne se contente pas d'aborder l'oppression sexiste en se cantonnant aux nombreuses oppressions commises par les hommes blancs.


Elle évoque l'oppression classiste et raciste des femmes blanches au sein des mouvements féministes, l'oppression sexiste des hommes noirs au sein des mouvements pour les droits civiques, et démontre les conséquences de tels comportements, trop souvent dissimulés. Elle s'attèle également à déconstruire avec justesse les stérétotypes racistes/classistes/sexistes qui contribuent à perpétuer l'oppression subie par les femmes noires.


En se refusant à cloisonner les luttes et à hiérarchiser celles-ci, bell hooks s'inscrit dans ce que l'on ne nommait pas encore l'intersectionnalité. de ce fait, Ne suis-je pas une femme ? est un très bon complément au brillant Femmes, Race et Classe d'Angela Davis - et inversement. En interrogeant les limites internes au mouvement féministe, l'autrice permet de faire avancer un combat qu'elle estime miner par les différentes oppressions qui y subsistent et par le manque de reconnaissances de ces oppressions.


Le choix d'une écriture simplifiée ne sacrifie aucunement la profondeur des analyses, et si certaines affirmations manquent de sources pour solidifier l'argumentaire, l'ensemble demeure d'une acuité saisissante tant il n'est pas qu'un travail universitaire exogène aux luttes qu'il décrit, mais également un témoignage précieux d'une militante noire prônant le féminisme, l'anticapitalisme et l'antiracisme.


Ne suis-je pas une femme ? est une oeuvre fondamentale et d'une extrême utilité tant les constats dressés dans l'ouvrage sont hélas d'une triste actualité plus de quarante après sa parution.

9/10
Lien : https://www.senscritique.com..
Commenter  J’apprécie          00
Un livre absolument précieux, qui m'a bien remis à ma place de minorité privilégiée en tant que blanche.
C'est simple à lire, extrêmement documenté, riche, si riche, qui parle du sexiste (des hommes blancs, des hommes noirs, des femmes blanches), ainsi que du racisme (des mêmes trois précédemment cité.e.s), du patriarcat, de tous ces schémas si ancrés aujourd'hui auprès de tou.s.tes.
Vraiment, j'y ai trouvé un intérêt immense.
bell hooks n'accuse pas, elle partage ses études, ses constats.
Bonne lecture les ami.e.s.
Commenter  J’apprécie          00
Dans ce livre de bell hooks, on apprend la triste histoire de l'exclusion des femmes noires du féminisme blanc bourgeois au début du XXème siècle. Comment les femmes suffragettes blanches ont-elles pu empêcher les femmes noires de voter, alors même qu'elles se disaient favorables au droit de vote des femmes ? le titre du livre est donc révélateur de son contenu. On voit que la superposition de plusieurs luttes chez les militantes était extrêmement difficile... En effet, si les femmes ont lutté aux États-Unis contre le sexisme, elles ne se liguaient pas contre le racisme. Longtemps tu, car le combat féministe est notoirement connu comme noble et courageux, on se rend compte ici que oui, être féministe et raciste est possible et qu'à son origine, dans les États-Unis des années 20, il n'était pas aussi pur qu'on pouvait le croire.

On lit cela, puis on lit aussi le statut de la femme noire à la période de l'esclavage, qui, décrite à tort par les historiens comme une prostituée, n'en était pas une puisqu'elle ne recevait pas d'argent pour ça et ne donnait pas son consentement pour aux activités sexuelles. Ainsi, la naissance de "mulâtres" est en fait le résultat de viols commis par milliers, centaines de milliers, par des "maîtres esclavagistes" blancs, mulâtres qui furent considérés comme des esclaves et travaillèrent leur vie durant, sans recevoir d'argent, pour des gens qui avaient le même patrimoine génétique qu'eux, à cinquante pour cent près. L'histoire des États-Unis est incroyablement odieuse, et il faut vraiment tout au long de la lecture se reprendre pour ne pas être désespéré. Un ouvrage essentiel en ce qu'il dévoile une page de l'Histoire demeurant une omerta pour beaucoup, en ce qu'elle remue de traumatisant, et de cruel.
Commenter  J’apprécie          20
Cela faisait un moment que je devais me pencher sur le sujet de l'afroféminisme. Trop longtemps ignoré par la recherche/littérature/société, j'admets moi-même avoir pris bien trop de temps à me renseigner sur le sujet alors qu'il est indispensable à la lutte féministe. Et j'insiste sur le mot indispensable, parce que le mouvement féministe ne peut avoir de sens que si toutes les femmes sont prises en compte, avec leurs histoires et revendications propres.

Pour commencer mon éducation, j'ai donc choisi bell hooks. Même si son oeuvre est centrée sur le contexte étasunien, elle donne déjà une première idée des diverses oppressions subies par les femmes noires, qui ont mené par la suite au Black Feminism, mouvement né dans les années 60-70, plus ou moins à la même période que l'afroféminisme en Europe.

Mais comment résumer en quelques phrases cet essai si important ? Cela n'est pas possible, mais je vais essayer d'en ressortir les principales idées.

Dans cet essai, l'autrice remonte à l'origine de l'assujettissement des femmes noires aux États-Unis, à savoir l'esclavage, pour montrer comment l'oppression s'est installée, physiquement, mentalement. Elle explique comment les femmes noires ont été placées dès le départ en bas de l'échelle humaine, et comment on les a forcé à y rester tout au long de l'Histoire.

Le plus fou/terrible/contradictoire, c'est qu'on a infligé aux femmes noires les pires horreurs, tout en leur reprochant. On a forcé les femmes noires à assumer des rôles d'hommes en travaillant dans les champs, tout en continuant d'enfanter, de s'occuper des enfants et du foyer, sans jamais se plaindre, sans jamais plier, pour à la fin leur reprocher d'émasculer les hommes avec leur rôle de "matriarche" (qui n'en était pas vraiment un d'ailleurs, voir chapitre 2). On a réduit leur féminité au maximum, les utilisant comme objet sexuel, pour plus tard leur reprocher de ne pas être aussi jolie que les blanches, aussi pure, aussi douce.

Et cette violence, cette oppression, vient d'abord des hommes blancs, mais elle a été perpétuée par les femmes blanches comme les hommes noirs. D'ailleurs, quand les premières revendications féministes ont éclaté, les femmes noires n'étaient jamais prises en compte. Quand les femmes blanches utilisaient le terme générique "femmes", c'était pour parler de la réalité des femmes blanches, pas des femmes noires. Et quand elle parlaient de "noirs", il était sous-entendus les hommes noirs.

Mais pourquoi les ignorer ? Pour garder un statut supérieur. Par vengeance contre les maris infidèles blancs (car il est toujours plus facile de se retourner contre les victimes que contre les agresseurs...). Par assimilation, parce que les hommes blancs étaient foncièrement sexistes et racistes, et que ce système a été perpétué sans réfléchir. Et tant d'autres raisons injustifiées...

De ce fait, les femmes noires ont vécu une double invisibilisation, une double discrimination de sexe et de race, de toutes parts. C'est pourquoi elles ont commencé à se mobiliser ensemble pour créer le Black Feminism. Car une femme noire ne peut pas choisir entre combattre le sexisme ou le racisme, les deux sont intrinsèquement liés. Et la liberté des femmes ne sera jamais acquise sans l'abolition des deux.

Ne suis-je pas une femme ? est donc une très bonne introduction à l'histoire des femmes noires étasunienne et à tous les combats quelles ont dû mener, et doivent encore mener. Cependant, comme nous le rappelle Amandine Gay dans la préface, le contexte est différent en Europe, beaucoup plus empreint par le colonialisme. Je pense donc que ma prochaine lecture sur le sujet se tournera sur le contexte français. Si vous avez des recommandations, n'hésitez pas à me les faire parvenir !
Lien : https://mangeonsleslivres.bl..
Commenter  J’apprécie          60
Un style précis, une analyse pointue et exigeante, une acuité sur les problèmes dans les approches historiques. bell hooks a écrit là un monument. mes premières pages sont noircies de notes qui renvoient au texte tellement il y a d'apports, de réflexion et de pertinence. une lecture et relecture toujours nécessaires pour que continuent de vivre ses messages. [rest in power | 15/12/2021]
Commenter  J’apprécie          10

Première lecture de l'année 2020 et de la décennie. Un seul mot : waouh !

D'abord cet ouvrage est un classique du Black Feminism. Bell Hooks a vulgarisé avec brillo des concepts très complexes rendant cette oeuvre très facile à lire, très fluide car elle voulait que ce livre puisse être lu par toutes les générations, à tout moment.

Ce livre est sorti en 1981 et n'a été traduit qu'en 2015, et ce grâce aux nombreuses femmes en francophonie qui s'élèvent pour rétablir les choses que nous devons savoir et comprendre en tant que femmes de toutes origines.

Je tiens particulièrement à souligner l'excellent travail de Amandine Gay qui a préfacé le livre. En la lisant j'ai vraiment compris quelle était la définition de préface. C'est ouf ! Elle a tellement bien replacé la lecture de ce livre dans notre contexte d'afro-descendante évoluant en francophonie.
Une ex-ce-llente préface !

Je ne m'y attendais pas, mais ce livre contient des passages difficiles à lire. À certains moments je devais faire des pauses telles des minutes de silence tellement que la souffrance subie par la femme noire reste inouïe...

Bell Hooks nous donne des excercices simples mais qui corrigent notre pensée à jamais. Elle place certains textes ou faits où on ne voit pas forcément le sexisme ou/et le racisme, puis prend le même passage et le corrige...là tu te dis : mince comment ai-je pu rater cette insulte faite envers les femmes noires ?

Elle n'épargne personne, hommes blancs, femmes blanches, Martin Luther King, Malcolm X etc. Elle t'ouvre les yeux sur toutes les oppressions subies et les erreurs commises également par les femmes noires en acceptant certains faits ou discours et qui nous ont encore plus enfoncées.

Ce livre est non seulement une analyse simple claire et nette ! Mais aussi une critique sévère et salée envers le patriarcat et le féminisme des femmes blanches. J'aime le ton et l'audace de Bell Hooks, de la dynamite.

Ce livre m'a donné envie de relire Un féminisme décolonial de Françoise Vergès. Je pense que mon esprit en saisira encore mieux la portée.

Ne suis-je pas une femme, un MUST READ puissance 1000.
Commenter  J’apprécie          21
Ne suis-je pas une femme ? 1981 (traduction : 2015)

Cet ouvrage a été publié dans la collection sorcières chez Cambourakis. C'est dans cette même collection qu'avait été publié Sorcières, sages-femmes et infirmières dont je vous parlais dans l'article "lectures féministes 2018".

"Ne suis-je pas une femme ?" est le premier essai que je lis en écriture inclusive et je n'ai eu aucune difficulté à le lire.

Voici comment il est présenté en 4ème de couverture :

« Ne suis-je pas une femme ? », telle est la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, lança en 1851 lors d'un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes, sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppressions subies par les femmes noires : oppressions de classes, de race, de sexe,. Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre paru en 1981 aux Etats-Unis les processus de marginalisation des femmes noires. Elle livre une critique sans concession des féminismes blancs, des mouvements noirs de libération, et de leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées.

Un livre majeur du « Black Feminism », un outil nécessaire pour tou-te-s à l'heure où, en France une nouvelle génération d'Afroféministes prend la parole. »

Bell hooks est une auteure et activiste féministe contemporaine . Elle enseigne l'anglais, l'histoire afro-américaine et les études féministes dans différentes universités.

Je vais ici aborder la préface et vous présenter un extrait de l'ouvrage.

Dans la préface, Amandine Gay parle de l'importance de la recherche afro féministe états-unienne et des scissions qu'il y a pu avoir chez les féministes françaises entre les afro féministes et les autres. A. Gay est auteure et réalisatrice française. Elle a notamment réalisé « Ouvrir la voix » un documentaire sur les afro-descendantes en France et Belgique.

Voici d' autres ouvrages majeurs de blackfeminism des années 80 évoqués en préface :

Angela Davis : Women, race and class, 1981

Patricia Bell-Scott, Gloria T Hull et Barbara Smith : All the women are white, all the blacks are men, but some of us are brave : black women's studies, 1982

Audre Lorde : Sister outsider : essays and speeches, 1984Des afro féministes françaises ont pourtant marqué les années 70 mais ne sont malheureusement pas assez connues. Ces dernières années, l'afro-feminisme français s'est développé sur les réseaux sociaux. Elle cite de nombreux sites dont : https://mrsroots.wordpress.com/ et http://manychroniques.blogspot.com/.

Amandine Gay parle de son expérience personnelle, des impressions qu'elle a ressenties en lisant cet ouvrage et a quel point elle a pu s'y identifier. Elle évoque aussi le racisme vécu lorsqu'elle intègre Sciences Po et pourquoi elle a quitté Osez le féminisme.

D'après Amandine Gay, Bell hooks avait vraiment la volonté d'être la plus accessibles pour toutes, comme si sa mère était son « auditoire idéal ». Cela se ressent vraiment dans son écrit et c'est ce qui m'a énormément plu !

Cet ouvrage m'a vraiment marqué. Des passages sont, certes, difficiles à lire (notamment sur la condition des esclaves noires dans les bateaux qui allaient vers les Etats-Unis) mais très puissants. Elle témoigne des représentations et des attendus sur les femmes noires etats-uniennes.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          20
J'avais très envie de découvrir cet ouvrage, ce que j'ai pu faire grâce à la lecture commune du club littéraire féministe Une chambre à nous. En tant que blanche, je ne vis pas le racisme, que je connais très mal, et il me semblait important d'être plus informée afin d'être une meilleure alliée dans la lutte contre le racisme. Bell Hooks retrace ici le combat des femmes noires face à la double discrimination qu'elles vivent : le sexisme et le racisme. En partant de l'esclavage, pour arriver à l'époque contemporaine, l'autrice évoque la lutte pour la libération noire et les droits des femmes, et comment les femmes noires ont pu être exclues et oubliées dans ces luttes.

J'ai appris énormément de choses. J'ignorais complètement ce que les racisées avaient pu vivre durant l'esclavage, notamment. J'ai enragé de savoir à quel point les féministes blanches avaient pu exclure du mouvement les femmes noires, alors que le féminisme, c'est se battre pour TOUTES les femmes.

J'ai par ailleurs apprécié que la traduction - faite par Olga Potot - soit faite de manière inclusive, avec le point médiant (opprimé.e.s) et le pronom neutre iel(s). Contrairement à ce que nous pourrions croire de prime abord, l'écriture inclusive n'est pas illisible et ne m'a absolument pas dérangée (au contraire !) durant ma lecture.

Ce qui m'a hérissé le poil, c'est plutôt l'oppression que les femmes afro-descendantes vivent encore aujourd'hui, et le rejet des féministes blanches (notamment à l'époque des suffragettes) envers les personnes racisées. Il y avait là une parfaite hypocrisie, puisque ces féministes se battaient en fait uniquement pour les blanches. C'est ainsi que sont nées les groupes de militantes afro-féministes, ou même les groupes de féministes noires lesbiennes. La parole doit être entendue de toutes, et intersectionnalité est primordiale dans cette lutte.

C'est un essai très intéressant, qui m'a aidée à être plus consciente de certaines choses que je ne vis pas en tant que personne blanche, et du privilège qui m'est accordé avec ma couleur de peau. Je pourrais écrire des lignes sur ce livre, mais je veux surtout vous dire qu'il est indispensable, et qu'il faut absolument le lire.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
Commenter  J’apprécie          20
Il me semblait particulièrement opportun de partager cette chronique aujourd'hui, journée internationale des droits des femmes. Sur ma liste de livres à lire depuis un moment, je me suis lancée dans la lecture de Ne suis-je pas une femme ? puisqu'il fait partie de la sélection de février-mars du club de lecture « Une chambre à nous ». Mille mercis aux organisatrices d'avoir proposé ce livre.

Un petit mot sur l'édition tout d'abord : si j'apprécie Cambourakis (et particulièrement la collection « Sorcières »), ce n'est pas seulement pour leurs titres pertinents et intéressants, mais aussi pour leur engagement. Ainsi, le livre a été traduit en français en écriture inclusive (dont des points médians), les pronoms neutres quand nécessaires et des noms de métiers féminisés.

De plus, le livre est préfacé par Amandine Gay (qui est, entre autres choses fabuleuses, la réalisatrice du film Ouvrir la voix) qui fait le point sur l'afro-féminisme français, ou plus particulièrement sa timidité au siècle dernier. Mais cela lui permet également de mettre ne lumière les militant·e·s qui se battent aujourd'hui pour que les voix afro-descendantes soient entendues, particulièrement celles des femmes, et avec les moyens contemporains (les réseaux sociaux notamment). le fait que Ne suis-je pas une femme ? soit traduit trente ans après sa sortie aux États-Unis est en effet affligeant, mais cela montre aussi que les choses bougent. Un peu.

Parce qu'on pourrait croire, naïvement, qu'un livre écrit dans les années 1980 n'aurait plus guère de résonance avec notre société actuelle. Déjà, bell hooks fait le point sur l'histoire des luttes afroféministes aux États-Unis, avec bien sûr de nombreux chapitres, nécessaires, sur l'esclavage. Et ce, dès les enlèvements faits en Afrique, jusqu'à leur situation une fois que les Noir·e·s étaient sur les plantations, à travailler dans les champs ou dans les maisons. L'autrice remet en contexte les pratiques qu'avaient ces personnes africaines de divers pays et diverses cultures, afin de montrer la violence ressentie par les tâches qu'on leur imposait. Par exemple, pour certains, le travail dans les champs était un travail typiquement féminin et lorsque les planteurs blancs ont réclamé que les esclaves hommes aillent dans les champs de coton, nombreux ont refusé.

Cette mise au point sur les réalités de l'esclavage des femmes, dont la particularité est souvent invisibilisée, est absolument nécessaire. Ces passages n'étaient pas sans me rappeler un autre livre à ce sujet, Femmes et esclaves : L'expérience brésilienne 1850-1888 de Sonia Maria Giacomini, qui se focalise sur cette même question, mais au Brésil (sans surprise, il y a beaucoup de similitudes).

Même une fois « sorti » de l'esclavage, le tableau est loin d'être plus joyeux. Ce qui m'a vraiment marqué, c'est tout le passage sur les Sufragettes et la lutte pour le droit de vote des femmes. J'ai déjà eu l'occasion d'étudier ce sujet, soit à l'université soit dans mes recherches personnelles et jamais je n'avais réalisé à quel point ce mouvement avait été raciste. Ce qui fait absolument parti de mon privilège de Blanche, de ne jamais m'être posé la question, et aussi du racisme (dont l'invisibilisation fait partie) dans lequel j'ai été conditionnée par la société. Bref, j'ai encore beaucoup à (dés)apprendre.

Toujours est-il, bell hooks montre parfaitement l'hypocrisie de beaucoup de militantes de l'époque qui réclamaient des droits pour « les femmes » alors qu'elles entendaient bien sûr « femmes blanches ». L'autrice rappelle ainsi la violence de nombreux écrits qui parlent des « femmes » sans précision alors qu'ils entendent parler des « femmes blanches » en réalité. Comme si elles étaient la seule représentation de leur genre. S'ajoute à cela une vision classiste qui fait que ces mêmes droits étaient souvent demandés pour une certaine catégorie sociale, et certainement pas la plus pauvre.

Ainsi, des féministes blanches ont été outrées qu'on puisse donner le droit de vote à des hommes noirs, et non à elles. Elles n'avaient d'ailleurs parfois aucun scrupule à encourager le patriarcat (qu'elles combattaient supposément) si cela pouvait les valoriser comparé aux femmes noires.

Je ne pourrai jamais être assez éloquente pour faire justice à ce livre, aussi je vous laisse avec une dernière citation et la très forte recommandation de le lire. Je sais qu'en tous cas, je vais m'intéresser aux autres écrits de bell hooks.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (627) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
565 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}