AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B0BP927PCS
La Découverte (26/01/2023)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Les expulsions locatives jettent chaque année en France des milliers de familles pauvres à la rue, dans une indifférence quasi générale. Pourtant, ces procédures sont au cœur de l’accroissement de la pauvreté et des inégalités sociales. Et leur nombre a augmenté au cours des vingt dernières années.

À partir d’une longue enquête de terrain, ce livre s’intéresse aux institutions et aux « petites mains » chargées de réaliser les expulsions. Il décrit la ... >Voir plus
Que lire après De gré et de force : Comment l'État expulse les pauvresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Aujourd'hui je vais évoquer de gré et de force essai sociologico-ethnologique de Camille François sous-titré Comment l'État expulse les pauvres. Cet ouvrage est le résultat d'une enquête de terrain conduite il y a une petite décennie en France. L'auteur a suivi les différents services locaux et de l'État impliqués dans les processus de recouvrement des loyers pouvant conduire faute d'accord et de solde de la dette à des procédures d'expulsion y compris avec intervention de la force publique.
De gré et de force est une narration en immersion et en crescendo. Cet essai est basé sur l'observation participante dans plusieurs services, la consultation d'archives et de statistiques et des entretiens avec les protagonistes. le livre s'intéresse aux expulsions de force de locataires de logements par la police. Avant d'en arriver à cette situation extrême (qui ne peut pas se produire n'importe quand dans l'année et est l'aboutissement d'un long processus codifié) le sociologue suit les différentes étapes qui peuvent conduire à ces situations dramatiques. Il réalise des observations dans les locaux d'un grand bailleur social de logements dans des quartiers paupérisés, il analyse le travail des personnels (féminins) en charge du recouvrement des loyers et des relances. L'enquête se poursuit dans un tribunal où les services judiciaires sont en charge de ces affaires opposant locataire à bailleur. Force est de constater que tous les locataires endettés ne sont pas traités de façon identique. Ensuite l'enquête se poursuit dans les services préfectoraux qui vont être responsables du suivi de l'exécution des délibérés de la justice. Les chiffres montrent que le nombre in fine d'expulsions réalisées par la force augmente plus vite que le nombre de plaintes et de dossiers d'impayés. Les différents services sont partagés entre la compassion face à des situations de dette et de misère et les conséquences que les impayés font peser sur la collectivité ou sur des petits propriétaires qui faute de percevoir des loyers réguliers sont eux-mêmes mis en porte à faux et menacés d'endettement. A la lecture de l'essai certaines attitudes semblent dénuées d'humanité mais ces positions relèvent de l'application du droit et contribuent à défendre chacun. Il existe au niveau local et régional des commissions en charge d'étudier les dossiers et d'apporter des avis ou des aides. C'est le préfet qui donne son accord pour le recours à la police (étape que le sociologue a choisi de ne pas suivre in situ). Une fois la décision prise et le locataire prévenu il voit arriver sans préavis de la date un huissier et la police qui le contraint à quitter les lieux. L'enquête montre que souvent avant cela les locataires sont invités à libérer les logements avant l'intervention des forces de l'ordre. Lorsqu'une décision de justice valide une expulsion si celle-ci n'est pas effective l'État doit indemniser les propriétaires ou bailleurs. Camille François explique qu'une motivation financière et économique peut être à l'origine de l'accroissement du taux d'application des décisions de justice y compris avec participation de la police. Son enquête montre que la plupart des expulsions se déroulent néanmoins dans le calme.
De gré et de force est un texte passionnant, une fois de plus les éditions La Découverte proposent une enquête étayée. Les expulsions locatives sont une réalité que l'auteur scrute avec précision. Cet essai permet de prendre conscience de réalités parfois médiatisées mais qui dans l'ouvrage sont décrites de l'intérieur.
Voilà, je vous ai donc parlé de de gré et de force de Camille François paru aux éditions La Découverte.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          40
Livre extrêmement important pour comprendre les dynamiques à l'oeuvre lors des procédures d'expulsions pour impayés de loyers. C'est un sujet dont la recherche parle peu et qui pourtant nous concerne tous de près ou de loin. L'auteur fait un travail de pédagogie remarquable et ses analyses sont fines et permettent de comprendre les rapports de domination et la violence d'état qui se jouent dans ces procédés (et des diverses discriminations qui s'y ajoutent). J'ai été impressionnée par la qualité de l'écriture (le livre se lit tres facilement) en plus de la rigueur intellectuelle de cet ouvrage. A lire absolument pour comprendre les rouages des procédures d'expulsion, avoir quelques pistes de réflexions sur comment sortir de l'enfer de la capitalisation immobilière, et rappeler l'importance du droit à un logement décent.
Commenter  J’apprécie          10
C'est un beau livre de sociologie que nous propose Camille François, avec de gré et de force, Comment l'Etat expulse les pauvres (La Découverte, 2023). On y trouvera aucun enjeu numérique, mais ce qui m'intéressait ici, c'est la question de l'organisation du tri social des populations, parce que j'ai tendance à penser que quelles que soient les méthodes et les formes, les manières de trier se ressemblent. En tout cas, la matière idéologique qui façonne le tri s'y rassemble.
L'enquête de Camille François s'intéresse aux inégalités de traitements entre locataires menacés d'expulsion, à comment la justice, la police et l'Etat distinguent certains pauvres d'autres. Les expulsions sont à la hausse depuis 20 ans, rappelle-t-il, parce que l'Etat expulse davantage que par le passé. le nombre de recours judiciaires intentés par les propriétaires n'est pas en cause, c'est bien la politique de l'Etat qui a changé, c'est bien l'Etat social qui a rétrécit. Face à l'endettement des familles pauvres, si l'Etat est devenu plus stricte, c'est pour n'avoir pas, lui, à suppléer aux décisions de justice, c'est-à-dire à payer les propriétaires si les locataires ne sont pas expulsés dans les deux mois après décision de justice. C'est le budget déboursé par l'Etat au titre de l'indemnisation des propriétaires (on parle de 30 millions d'euros par an) qui explique la sévérité de l'Etat. C'est à nouveau une politique d'austérité, sans jamais que ne soit évalué si le coût des conséquences de ces expulsions n'est pas plus élevé que ce budget. C'est à nouveau par le petit bout de la lorgnette du contrôle des dépenses publiques que l'Etat met à la rue les familles en décrochage.
Lien : https://hubertguillaud.wordp..
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (3)
NonFiction
23 janvier 2023
Une enquête sociologique revient sur le processus aboutissant aux expulsions, expliquant ainsi le relatif consentement des concernés.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
23 janvier 2023
Bien que, en France, la « contrainte par corps » (l’emprisonnement) ne s’applique plus aux dettes de loyers depuis 1867, et que le droit au logement se soit imposé dans les années 1990 comme un impératif moral et un objectif constitutionnel, un nombre grandissant de locataires endettés auprès de leurs bailleurs sont chaque année expulsés de leur logement par la force publique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
23 janvier 2023
Bien que, en France, le droit au logement se soit imposé dans les années 1990 comme un impératif moral et un objectif constitutionnel, un nombre grandissant de locataires endettés auprès de leurs bailleurs sont chaque année expulsés de leur logement par la force publique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est l'une des ruses de l'ordre social que d'être activement défendu et reproduit par ses prétendants plutôt que par ses établis, par ses petits porteurs plutôt que par ses grands actionnaires, à l'image de l'identification des petites fonctionnaires de l'expulsion au sort des détenteurs d'un capital immobilier.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Camille François (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille François
De gré et de force, comment l'État expulse les pauvres - Entretien avec Camille François Garantir le respect des contrats économiques privés, garantir le taux de rendement du capital, défendre les droits des propriétaires : voilà la mission centrale et première de l’État. Pour ce faire, il faut des moyens, des méthodes et des infrastructures. Le sociologue Camille François a travaillé sur prérogative quotidienne et banale des services de l’État : expulser de leur domicile des personnes qui ne payent plus leur loyer. Il décrypte la chaîne des « petites mains » – employées des bailleurs HLM, juges, employées des préfectures, élus locaux, travailleuses sociales, policiers – qui s’échinent docilement à expulser les locataires de chez eux. Il montre toute la violence symbolique qui se déploie dans un dispositif où des employées de bureau accomplissent un sale boulot au service de l’ordre capitaliste. A mille lieux de l’indignation bon marché qui souhaiterait que la défense farouche de la propriété privée s’accompagne d’un peu d’humanité, le sociologue décrit et décortique les mécanismes et dispositifs, sociaux, institutionnels et même psychologiques qui permettent et maintiennent cette logique infâme, de gré et de force.
+ Lire la suite
autres livres classés : pauvretéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (39) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}