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sur 174 notes
J'ai très longtemps (trop, sans aucun doute) été une lectrice très solitaire : durant toute mon enfance, puis mon adolescence, la lecture était mon seul et unique refuge, mon petit jardin secret que je ne souhaitais partager avec personne d'autre, fuyant la solitude en m'y enfonçant plus encore. Tout au plus je concédais un petit « j'ai bien aimé » à la professeure documentaliste quand je venais rendre le roman emprunté la veille et dévoré d'une traite (officiellement durant la nuit, en réalité durant le cours d'histoire), ainsi qu'un plus petit encore « t'as qu'à lire ça, c'est bien et court » lorsqu'un autre élève me demandait quel livre il devrait choisir pour la « lecture libre » du cours de français. Ce n'est qu'en arrivant sur Livraddict, et plus encore en m'inscrivant sur de très (trop) nombreux challenges que j'ai commencé, par la force des choses, à rédiger un petit avis à destination des autres participants … ainsi qu'à lire les leurs, d'abord par simple curiosité, puis ensuite (lorsqu'il est avéré que nos gouts étaient identiques, ou tout du moins drôlement similaires) pour nourrir mon insatiable wish-list et ma monstrueuse pile à lire. Et, chemin faisant, les échanges sont devenus de plus en plus, fournis, et j'ai commencé à prendre un grand plaisir à confronter nos points de vue, à recommander certains livres, et aussi à me laisser recommander des livres par les autres. Et ce qui est merveilleux, quand on a des amis qui ont des gouts à la fois très similaires et un tantinet différents des nôtres … c'est qu'on est parfois amené à oser découvrir des livres qu'on n'aurait assurément même pas daigné regardé autrement !

Depuis son plus jeune âge, Yuri a toujours été celle que son père, le noble, puissant et respecté Ambassadeur de l'Empire japonais, voulait qu'elle soit : la plus irréprochable de toutes les petites princesses, stoïque, majestueuse et docile en toutes circonstances. Désormais âgée d'une vingtaine d'années, la jeune fille excelle dans l'art de peser ses mots, ses gestes, ses regards, ses silences, et évolue dans les plus hautes sphères de la Cour impériale avec une aisance savamment travaillée qu'elle s'efforce de rendre la plus naturelle possible. Appelée à Paris par son père, qu'elle n'a pas vu depuis de très nombreuses années, la troisième dame du Japon ne tarde pas à comprendre la raison de ce voyage imprévu : la voici promise au jeune et arrogant Louis-Philippe, héritier du Trône de France … Sans la consulter, son père a fait d'elle la future femme la plus puissante du Monde, du moins en apparence : dans son monde, les femmes n'ont pas d'autre puissance que de donner un héritier à leur respectable époux. le coeur brisé par la trahison de la seule personne à qui elle avait accordé sa pleine et absolue confiance, Yuri ne laisse toutefois rien paraitre de la tristesse, de la colère, du dégout que lui inspire cette union à venir : comme la parfaite petite princesse qu'elle est, elle se doit de se marier avec celui que son père a choisi pour elle, elle se doit d'honorer le nom de son illustre famille, elle se doit d'être l'épouse irréprochable et soumise qu'on attend qu'elle soit. Mais voilà qu'on lui propose une autre voie, celle du choix et de la liberté … mais aussi de l'inconnu et peut-être même du danger ….

S'il me fallait résumer en un seul mot ce roman, le plus juste serait sans aucun doute « fascinant » … et tous ses synonymes : captivant, passionnant, charmant, envoutant, séduisant, ravissant. Cela commence dès le prologue, mené d'une main de maitre : d'un côté, la jeune princesse à qui l'on déroule le tapis rouge, de l'autre, la fée, l'animal sauvage qu'on n'hésite pas à maltraiter sans le moindre état d'âme. Séparées par des milliards de mondes … mais profondément liées par leur servitude. Car Yuri a beau être l'une des jeunes femmes les plus puissantes du monde, elle est loin, très loin d'être libre : comme toutes les jeunes femmes de sa condition, de son milieu, de son rang, elle n'a d'autre avenir que d'être mariée au meilleur parti possible pour nouer des alliances diplomatiques avantageuses et de donner à son puissant époux un héritier et une ribambelle de petites filles à marier à leur tour … Je dois bien l'avouer, s'il avait été dressé un peu plus longuement, le portrait de cette société patriarcale aurait fini par m'agacer : ceux qui me connaissent le savent, je ne supporte pas les romans dans lesquels les revendications militantes prennent le dessus sur l'intrigue, dans lesquels l'histoire n'est finalement plus qu'un prétexte pour assener des messages pas discrets du tout. L'espace d'un instant, je dois bien le reconnaitre, j'ai eu terriblement peur que ce roman sombre dans cet odieux travers … fort heureusement, malgré quelques passages un peu trop orientés, mes inquiétudes ont rapidement été balayées : l'autrice ne camouflait pas un manifeste féministe derrière un simulacre de récit, elle nous offrait bel et bien une histoire, une véritable histoire.

Et quelle histoire ! Quelle épopée ! Rares sont les romans à toucher aussi profondément le lecteur dans tout son coeur, toute son âme, tout son être : ouvrir ce roman, c'est un peu comme se laisser envahir par la puissance d'une symphonie déchainée, par la fureur d'un ouragan mélodieux. Cela commence comme une valse, lente et régulière : on sait à quoi s'attendre, ou du moins le pense-t-on jusqu'à ce que notre partenaire s'autorise une petite folie aussi audacieuse qu'inacceptable, qu'on ne s'autorise pas à apprécier pleinement car on ne songe qu'aux « qu'en dira-t-on ? ». Une jeune noble, très noble, marche vers son destin comme un condamné vers l'échafaud : persuadée qu'elle n'a aucun moyen d'échapper à ce mariage, à son devoir. S'interdisant obstinément de rêver à une autre existence, mais ne pouvant s'empêcher d'admirer très secrètement la Capitaine Trente-Chênes. Et puis, la mélodie s'emballe soudainement : revirement. Sans réfléchir, la princesse accepte une scandaleuse mais si séduisante proposition, et fuit ses responsabilités, fuit sa prison dorée. Elle attrape au vol la main de la liberté, sans savoir ce qui l'attend au terme de cette folle échappée. Commence alors la plus virevoltante des balades des temps anciens : aux côtés de la princesse volontairement déchue, le lecteur découvre littéralement un autre monde. Celui des rebuts, des reclus, des exclus : bien planqués dans les sous-sols de la ville, survivent tous ceux à qui on ne veut reconnaitre le droit de vivre. Tous ceux qui sont trop différents, qui « bouleversent l'ordre établi ».

Sans grande surprise, car c'est une situation relativement classique dans la fantasy, notre jeune princesse va éprouver quelques … difficultés à se fondre dans cette nouvelle masse. Même avec toute la bonne volonté du monde, il est bien difficile de se détourner, de s'arracher, aux conditionnements de notre éducation. Même avec toute la force de caractère du monde, il est bien difficile de tirer un trait, de faire table rase de tout ce qu'on nous a profondément inculqué, de laisser s'effondrer toutes les certitudes sur lesquelles notre existence toute entière a été bâtie. Tout l'enjeu de ce premier tome est là, finalement : laisser le temps à Yuri de remettre en question tout ce qu'on lui a appris, tout ce qu'elle tenait pour acquis. Et cela ne se fait pas en un claquement de doigts, ne se fait pas sans douleur, sans heurt. Un pas en avant, deux pas en arrière. Un pas d'un côté, un pas de l'autre côté. Comme une danse tout en hésitation, toute en retenue. Au premier abord, on a le sentiment qu'il ne se passe pas grand-chose dans ces quelques cinq-cents pages : la fantasy traditionnelle nous a habitués à bien plus de rebondissements, de mouvements. Mais ici, point d'épiques péripéties. La quête est d'autant plus ardue qu'elle est intérieure : ce n'est pas le monde que Yuri doit changer (pas encore), mais bien elle-même. Elle doit changer son regard, changer son coeur. Elle doit lutter contre elle-même, et c'est peut-être la bataille la plus difficile à gagner : car il n'y a pas de retour en arrière possible … le changement est irréversible. Elle ne sera plus jamais la même.

Comme la différence, le changement fait peur. Surtout dans le milieu de Yuri, englué depuis toujours dans une vision du monde datée et étriquée : fermement attachée à ses privilèges, comme une moule à son rocher, la noblesse voit d'un très mauvais oeil tout ce qui risquerait d'ébranler leur supériorité, de toucher à leur petit confort. Alors on méprise tout ce et tous ceux qui compromette la pérennité de leur petit univers. Alors on se met des oeillères pour se convaincre qu'on a raison d'agir comme on agit. Alors on met des oeillères à nos enfants pour qu'ils perpétuent le système. Mais voici qu'une fausse note brise l'harmonie si durement acquise, voici que la cage a été ouverte de l'intérieur, voici qu'un petit oiseau encore assez jeune pour apprendre une autre mélodie prend son envol. Doucement, mais sûrement. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, il va falloir du temps à Yuri pour apprivoiser, et plus encore apprécier, cette liberté qu'elle n'avait jamais goutée jusqu'alors. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle avait soif de liberté avant de savoir ce que c'était … Mais les belles choses ne durent jamais bien longtemps : les chasseurs n'aiment pas les petits oiseaux chanteurs en liberté, sans doute car eux-mêmes n'ont pas le courage de les suivre. Jaloux des petits oiseaux qui jouissent d'une liberté qu'ils n'ont pas, ils préfèrent briser les ailes des petits oiseaux que d'ouvrir les leurs. Que le coeur de l'homme est prompt à se laisser contrôler par la jalousie, la rancune, la haine ! Voici que s'élève un chant martial et vengeur, promesse de destruction, de mort et de pleurs … Et quand sonne la trompette de la victoire, les oiseaux sont réduits au silence. Dans leur cage, à nouveau.

En bref, vous l'aurez bien compris, le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai été non seulement agréablement surprise, mais bien plus émerveillée et époustouflée par ce roman auquel je n'aurai sans aucun doute jamais prêté la moindre attention si une amie chère ne me l'avait pas offert, et si je n'avais pas fait aveuglément confiance en son jugement. Dire que j'aurai pu passer à côté de ce coup de coeur sans elle : je ne la remercierai jamais assez de m'avoir évité cette triste perspective ! Car j'ai vraiment été bluffée par ce roman qui ne ressemble à aucun autre : c'est de l'art, du grand art même. Avec une maitrise parfaite, l'autrice nous entraine dans une épopée des plus poignantes, des plus saisissantes : on se laisse porter par le récit, comme on se laisse bercer par une mélodie. On tremble, on rit, et on pleure avec les personnages : ce qu'ils vivent, on le vit. Parce que ce qu'ils vivent, c'est ce qu'on vit. C'est la joie, la peine, l'espoir, le doute, le courage, la peur. C'est tout ce qui façonne une vie, car toute vie est ordinaire, toute vie est extraordinaire : chacun à notre manière, nous vivons en réalité tous la même chose. Si différents mais si semblables en même temps. Et c'est vraiment parce qu'on se sent en harmonie parfaite avec ces personnages qu'on est si profondément chamboulé par ce récit, si viscéralement bouleversé par les joies et les peines qui émaillent ce roman palpitant par sa sobriété même. Nul besoin d'un rythme endiablé, quand le chant est si joli …
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Dans l'ombre de Paris de Morgan of Glencoe est un roman qui me faisait de l'oeil depuis longtemps et je me suis offert les deux tomes il y a peu. Une fois n'est pas coutume, ils n'auront pas traîné longtemps dans ma pile à lire, et je suis enchantée de la découverte.

Le roman nous présente un univers où les fées sont traitées comme des animaux dangereux par les humains terrifiés. En cause ? Leurs pouvoirs qui terrifient. La Princesse Yuri, a grandi dans un beau cocon protecteur, et son voyage pour la France sera un élément décisif dans sa vie. Elle y découvre avec stupeur qu'elle est fiancée, mais elle découvre aussi que le monde n'est pas aussi manichéen qu'elle le croit, et, pour la première fois de sa vie, elle a le choix. Être ce que la société attend d'elle ou partir pour se trouver en comptant sur la vague promesse qu'on l'aidera…

Le roman déploie sous nos yeux un univers chatoyant et fabuleux. Chaque être de ce livre est décrit de manière très visuelle, si bien que tous prennent corps sous nos yeux avec une facilité déconcertante. Ici, une multitude de créatures existe pour notre plus grand bonheur: Les Aelings sont des fées de l'air, les Spectral à l'instar de Ren, sont des guérisseurs hors du commun, les Feux-Follet sont attachants et drôles, Pyro en est l'exemple parfait, les Selkies sont aussi fascinantes que dangereuses et que dire des Bardes et de leurs pouvoirs tout bonnement hors normes! Les capacités de chacun sont complémentaires et permettent de former un tableau chamarré, vivant et terriblement attachant. Ici, chaque détail a son importance. le monde décrit parle à notre âme d'enfant et à notre coeur. Pour autant, l'univers ne bascule pas dans la gentille simplicité : Morgan of Glencoe imagine des Etats à la géopolitique complexe, héritée d'un passé mouvementé, elle distille des luttes intestines pour obtenir le pouvoir, elle glisse des rêves pacifiques d'union, et enfin, elle saupoudre d'un zeste de violence et d'intolérance avec les fées traitées en animaux par des humains arrogants. Ainsi, l'univers est complexe et dense, tout en nuances et en finesse.

L'échiquier politique est, dans ce roman, une réelle source de rebondissements : cela donne de l'épaisseur à l'intrigue. Non seulement, nous avons un conflit presque ouvert entre le monde des fées et le monde des humains, mais en plus, nous avons des tensions entre la France et Keltia, avec au centre, la question de l'indépendance du Rail – ce chemin de fer reliant les continents ; l'Empire japonais et le Sultanat qui observent l'avancée des pions des uns et des autres, en essayant de maintenir l'équilibre et de sortir leur épingle du jeu. A cette vaste partie d'échecs, s'ajoutent les machinations individuelles des uns et des autres pour sauver leurs intérêts personnels. le père de Yuri orchestre des fiançailles qui ont un intérêt tant politique que personnel, la reine Gabrielle a des raisons de s'intéresser à cette union, Sir Edward et les Rats eux aussi mettront leur grain de sel dans cette mécanique un peu trop huilée… et que dire de Yuri elle-même qui transgressera de nombreuses règles de la Cour! Vous l'aurez compris, dans ce premier tome, nous n'avons pas le temps de nous ennuyer!

Yuri est une jeune femme intelligente qui découvre non seulement Paris, mais la réalité concrète du monde et l'envers du décor. Son fiancé est beau…. et convoité par toutes les demoiselles, mais elle comprend aussi à ses côtés la destinée qui l'attend et, bientôt, l'heure du choix arrive. Au gré de ses décisions, elle découvrira l'oppression, la cruauté et la violence, elle sera confrontée à la mort, mais fera l'expérience aussi de la liberté, du droit inaliénable d'être soi-même et de prendre ses propres décisions… pour le meilleur et pour le pire. Elle découvrira enfin l'amitié, la vraie amitié, celle qui résiste à tout, celle qui gonfle le coeur de bonheur et de tristesse, celle qui nourrit et noue la gorge. Yuri apprend à vivre, et, telle un bébé, elle trébuche en faisant ses premiers pas, mais avec un courage de femme déjà, elle encaisse et avance, se redressant toujours un peu plus pour finalement faire reculer le joug de la Cour et s'épanouir. En trame de fond, nous assistons donc à une véritable quête initiatique dans ce roman. de l'enfant soumise aux règles édictées par son père surgit une jeune femme forte et résiliente qui a souffert plus en quelques mois qu'en plusieurs années. Ses compagnons d'aventures se dévoilent également sous nos yeux et prennent leur envol. Chacun a son intérêt et son importance pour le reste de l'histoire, plantant une écharde de trahison dans le coeur, réchauffant d'un rire un moment douloureux ou illuminant le parcours d'un soutien indéfectible.

La plume de l'autrice est particulièrement savoureuse et fluide. Ce roman se dévore (comme le deuxième tome d'ailleurs!). Les différentes langues évoquées permettent d'offrir une dimension cosmopolite au récit, et les chants, les poèmes offrent une part de musicalité et de littérarité certaine. Ce sont autant d'éléments qui enrichissent l'univers et portent le lecteur aux confins du monde connu, vers des berges nouvelles, sources de découvertes hautes en couleurs.

Ainsi, j'ai adoré ma lecture. Dans l'ombre de Paris est un roman riche, rythmé doté d'une intrigue savoureuse alternant beauté d'un monde nouveau et turpitudes politiques. L'équilibre est parfait pour nous entraîner toujours plus avant, sans jamais nous laisser sur notre faim. Une pépite de fantasy.
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Dans un monde où les humains cohabitent, de manière très peu inclusive, avec les fées, nous rencontrons la princesse Yuri, jeune aristocrate japonaise qui se retrouve promise au dauphin de France. Elle est donc amenée à le rejoindre à Paris où elle va découvrir les fées sous un autre regard, et où toutes ses convictions vont être mises à rude épreuve.

Le souci lorsqu'un livre ou une saga a une fanbase très investie, c'est qu'on a tendance à en attendre énormément. Et si j'ai plutôt apprécié ce tome, mes attentes étaient telles que j'en sors effectivement assez déçu, là où j'aurais sûrement passé un bien meilleur moment si on ne m'avait pas autant (sur)vendu cette série.

Alors attention, je ne dis pas que le roman est mauvais, ça n'est pas du tout le cas. J'ai été un peu décontenancé au départ car ça ne ressemblait vraiment pas à ce que j'imaginais mais j'ai fini par rentrer dans l'histoire et à plutôt prendre plaisir à découvrir cet univers.

J'ai cependant été un peu embêté par le rythme qui est quand même assez lent, à part sur les 2-3 derniers chapitres. Ça ne m'a pas particulièrement gêné pendant toute la première partie mais ça m'a un peu lassé par la suite.

J'ai aussi eu du mal à m'attacher au personnage principal (mais ça c'est plutôt habituel chez moi) que j'ai trouvé plutôt froide. Son éducation très traditionnelle et surtout aristocratique explique évidemment son attitude ainsi que certains de ses préjugés, mais ça ne la rend pas sympathique pour autant.

Les points forts de l'histoire sont pour moi l'univers et l'introduction des différentes fées (même si dans ce premier tome on n'a que 3-4 races et que ça manque un peu de variété), et surtout les messages véhiculés, notamment autour de la tolérance et du consentement.

Ceci étant dit, j'ai été vraiment embêté par certains points. A commencer par le traitement du personnage de Taliesìn le barde. A un moment de l'histoire, un des personnages, certes antipathique, le qualifie en utilisant un mot qui est tout sauf anodin, et on passe immédiatement à autre chose, sans jamais nous dire d'où ça sort.

Il y a forcément un contexte pour que ce mot soit lâché, et j'ai du mal à comprendre que ce ne soit non seulement jamais explicité, mais surtout je trouve gênant de voir à quel point cette accusation ne suscite aucune réaction chez personne. On reprend tranquillement comme si de rien n'étant en faisant comme si ce personnage était juste une personne exceptionnelle. Pour le coup ca m'a mis très mal à l'aise.

Un autre point, bien moins grave, qui m'a agacé concerne la relation entre Bran et Sir Edward. Pendant l'essentiel du roman, on nous fait comprendre qu'ils sont assez proches, mais sans tellement insister dessus. Mais 2 ou 3 chapitres avant la fin, leur relation est soudainement assimilée à une relation père-fille de manière très appuyée et ça semble vraiment sortir de nulle part. de même, à partir de ce stade ils ne communiquent plus qu'en anglais (dans le texte) entre eux, là où ce n'était pas le cas jusque là, ou alors très ponctuellement.

Ces quelques points négatifs peuvent paraître assez anecdotiques, mais pour ma part ça m'a beaucoup gêné, et même agacé à vrai dire…

Au final, je suis donc un peu mitigé. L'histoire a beaucoup de potentiel mais la combinaison de la hype (qui me semble démesurée, en tout cas pour ce premier tome) et des derniers points mentionnés m'a un peu gâché la lecture. Reste à voir si je tenterais la suite ou pas.
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Jolie découverte du travail de Morgan of Glencoe avec de T1 de la Dernière Geste. Un mélange de fantastique, steampunk, uchronie, historique qui paraît dense au premier abord, mais est bien géré pour un 1er tome. En effet, on reste dans un cadre spatio-temporel assez restreint dans ce T1, le temps de se faire aux différentes couches de l'univers, de sa politique, de ses enjeux, ses magies et ses personnages. le scénario reste assez simple, mais pas pauvre pour autant. Il y a effectivement plusieurs rebondissements et enjeux pour garder du peps au long de l'histoire. J'ai quand même hâte d'en savoir et d'en découvrir plus, car je sens qu'on a touché qu'une petite partie de l'univers. J'espère que la suite réserve plus d'ampleur.
Pour les personnages, je les ai trouvés diversifiés, nuancés, attachants et orignaux. Une belle panoplie de personnages présentés et même les secondaires sont sympa, même si je pense pas me souvenir de chacun d'entre eux d'ici le T2. En attendant, Yuri est une héroïne très agréable à suivre, car on apprend facilement avec elle. Elle est intuitive, maligne, bienveillante sans être mièvre ou hautaine. J'ai hâte de la voir se développer complètement.
L'écriture est chouette. Parfois très poétique (parfois trop à mon goût et ça fait un drôle d'effet au milieu de la narration plus classique). Je suis juste plus mitigée pour l'ajout d'anglais et de japonais au milieu du texte. Autant je comprends leur impact par rapport à l'univers, autant mettre des phrases complètes dans la langue sans traduction, je suis pas fan. Quel intérêt si le lecteur lambda peut pas comprendre (heureusement que j'ai appris l'anglais et des bases de japonais du coup).
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Dans l'ombre de Paris, est incontestablement une des mes meilleures lectures de 2021 et comme souvent avec les gros coup de coeur l'écriture d'un avis argumenté est compliqué et on recule la rédaction. La princesse Yuri arrive à Paris pour apprendre qu'elle doit se marier au prince héritier du royaume. A l'aide de sa potentielle belle-mère, elle fuit et découvre tout un monde caché dans les égouts. Si le point de départ est assez simple à expliquer, toute la densité et le foisonnement qui suivent rendent la tache plus ardue. L'univers est à la fois complexe mais tellement bien amené qu'il reste très accessible. C'est même impressionnant d'avoir réussi à ne jamais perdre les lecteurs malgré tous les concepts et personnages qui cohabitent et le tout en restant en littérature jeunesse. La dernière geste est une saga où se recoupent différents genres de l'imaginaire. C'est une uchronie, la répartition des puissances est complètement réévaluer et c'est palpitant de suivre les aspects politiques. L'esthétique colle au steampunk. La présence de différentes espèces/créatures issues de folklores variées ainsi que la magie rapproche le texte de la fantasy. Tous les personnages même les plus mineurs sont consistants. On les aime tous entre ceux qu'on apprécie vraiment et ceux qu'on adore détester, aucun ne laisse indifférent. Je trouve cette galerie de personnages vraiment aux petits oignons. Ils sont truculents, attendrissants, complexes… J'en dis très peu car c'est le genre de texte qu'il est bon de découvrir en se laissant porter. Juste une chose pour essayer de vous convaincre de le lire : j'ai enchainé avec le tome 2 et c'est important à noter car ça ne m'arrive presque jamais.
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Yuri, fille de l'ambassadeur japonais en France est sommée de le rejoindre à Paris. Embarquée à bord d'un train Orient Express, elle manque de mourir empoisonnée et est sauvée in extremis par une fée. Elle découvre en arrivant à Paris qu'elle est promise au Dauphin du royaume de France. Mais est-ce que Yuri acceptera de suivre ce destin tout tracé ?
J'ai vraiment adoré l'univers décrit, un Paris royaliste de 1995 peuplé d'humains et de créatures magiques, avec une influence celtique. Les personnages sont magnifiques. Attachants. Et le roman traite de plusieurs cultures (Japonaises, française) et aborde des thèmes forts comme la discrimination, les classes sociales, la lutte contre les préjugés. Il est aussi question de magie, et de stratégies politiques.
Le rythme de l'histoire en revanche s'est avéré assez déséquilibré. le récit contient de très nombreuses scènes d'exposition et des dialogues descriptifs, et peu de rebondissements (souvent assez convenus ou attendus).
L'action s'emballe finalement 3 chapitres avant la fin, pour un final intense.
Ce défaut de rythme est vraiment dommage avec un fond aussi riche et prometteur.
J'espère que le tome 2 sera plus équilibré...
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Nous faisons la connaissance de Yuri-Hime, princesse japonaise, durant son voyage à bord de l'Orient-Express qui l'emmène à Paris où elle a été mandée par son père, ambassadeur à la cour de France. Parce que oui, si nous sommes au XXe siècle, la monarchie est toujours là. Nous en sommes à Louis XX, et la liste de ses titres est pour le moins impressionnante : Roi de France, d'Espagne, de Suède et de Norvège, Prince de...(3), Grand-Duc de...(1) Souverain Suprême de...(4), Grand Protecteur de...(3), et Seigneur de...(2). En gros de l'Europe élargie ! Et ce n'est qu'arrivée à Paris qu'elle comprend qu'elle vient d'être "donnée" par son père au Dauphin, Son Altesse Royale le Prince Louis-Philippe Auguste Capet de France.

Si la pilule est dure à avaler, il n'en reste pas moins que la rigidité de l'éducation japonaise, qui plus est d'une princesse japonaise, lui fera faire courbettes et sourires impassibles. Une histoire vue et revue n'est-ce-pas ! Mais outre le contexte d'une France d'aujourd'hui monarchique, Morgan of Glencoe va nous faire une véritable petite révision du bestiaire folklorique celte et là, ce n'est que du bonheur. Au diable les grincheux de l'intrigue classique !
La suite sur le blog ;)
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Dans un monde où humains et fées vivent dans le même monde mais où ces dernières n'ont pas plus de valeur que des animaux dangereux, Yuri-hime est séparée de son père depuis 7 ans. Elle, rentrée au Japon, 3ème femme du pays. Lui, l'ambassadeur blanc, vivant à Paris.
Lorsque ce dernier lui demande de revenir à Paris par le moyen d'une lettre étrange, Yuri-hime s'inquiète, et à forte raison car une fois arrivée, elle découvre qu'elle est fiancée à Louis-Philippe, Dauphin de France, fils de Louis XX et futur roi.
Son seul espoir ? La promesse de sécurité qu'elle pensait ne jamais recevoir. Surtout pas de ces gens.

Un roman que j'ai pris plaisir à découvrir pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, on ne va pas se mentir, grace à cette magnifique couverture de l'édition ActuSF. Ensuite, parce que j'ai aimé cet univers de style steampunk, mélange de culture française du XVIIIème siècle mais également et surtout, pour tout le côté culture nipponne !
Il s'agit d'un joli mélange.

Le personnage de Yuri-hime est attachant, complexe mais relativement simplifié. D'ailleurs,pas mal de choses le sont, simplifiées, ce que j'ai un peu regretté. J'aurais aimé une petit histoire d'amour concernant Yuri-hime, mais elle a découvert l'amitié. C'est déjà pas mal dans ce premier volume.

Le style de l'auteure est sympa. Son univers intéressant et l'histoire captivante.
J'ai aimé la critique de la société, les relations entre humains et fées et surtout, l'évolution du regarde de Yuri-hime.

Je regretterai cependant la simplifications des relations entre les personnages et le rythme qui n'est pas toujours présent, tout comme la tension et l'attention du lecteur.
J'avoue avoir déccroché quelques petite fois parce qu'il y avait quelques creux.
Bon, il s'agit d'un premier volume qui n'est pas parfait mais qui a rempli son job, à savoir me donner envie de lire la suite. J'espère que le volume suivant apportera ce qui m'a manqué dans cette lecture !
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Yuri est la princesse du Japon. Appelée par son père à rejoindre la cour de France, elle ne sait pas ce qui l'attend. Mais bientôt, elle est mise face à un choix inattendu, continuer à être celle qu'elle est, ainsi qu'elle a été élevée ; ou abandonner sécurité et préjugés pour découvrir la réalité qu'en tant que noble et femme, on lui a caché.

J'ai vu par hasard ce roman dans la masse critique de Babelio alors que je n'en avais absolument pas entendu parler, et l'ayant reçu, j'en suis vraiment très heureuse ! merci donc à Babelio et aux éditions ActuSF qui m'ont permis de le lire !

Le début de ce premier tome (oui, parce que j'espère bien avoir une suite !!!) est assez déroutant. On ne sait pas vraiment quand on se passe (une ambiance un peu victorienne, avec un orient-express, mais aussi des cassettes audio et des hologrammes…), bref, on apprend finalement qu'on est en 1995. Pas de révolution française, les Louis sont toujours au pouvoir et ont fait alliance avec les japonais. Tout aussi important, ce monde est peuplée de fées, présentées par les nobles comme de vulgaires animaux incapables de raisonner ou de comprendre, mais ayant selon leurs espèces des capacités extraordinaires. On comprend bien assez vite, qu'elles sont plus que ça !

Dans ce roman, il y a une myriade de personnages, mais jamais on ne se perd, ce qui est un gros avantage ! L'histoire se complexifie petit à petit, les personnages se dévoilent, eux aussi dans leurs complexités.

Yuri a un destin assez classique en fantasy, c'est une jeune noble qui n'a jamais rien fait par elle-même (même ouvrir une porte) et qui doit apprendre à s'adapter et à se faire son propre jugement. Ça permet à la fois d'amener de l'humour dans le roman, mais c'est fait de façon intelligente, je n'ai pas trouvé Yuri trop caricaturale. Bien sûre, qu'il s'agisse d'elle, des autres personnages ou de l'histoire en général, le roman reprend un certain nombre de codes du genre, mais la narration est vraiment très bien faite, avec beaucoup de justesse et d'originalité, ce qui est vraiment agréable.

Le fait de faire une uchronie mélangeant la culture française, japonaise et celte (les keltiens sont bien sûrs les celtes) est hyper original, de même que le traitement des êtres féeriques, leur place et leur évolution dans le roman. J'ai adoré le fait que certains passages soient en anglais ou en japonais (personnellement je n'avais pas besoin de traduction, même si un public plus jeune pourrait en avoir besoin), ça fait longtemps que j'attendais ce genre de mélange dans un roman !

L'intrigue est vraiment intéressante et aboutie. Comme je le disais, il y a une vraie intelligence dans le traitement des personnages puisqu'on ne reste pas toujours qu'avec Yuri, ce qui permet de nous attacher bien sûr à Bran, mais également de voir le point de vue d'autres personnages comme le colonel et son lieutenant ; la reine de France et le père de Yuri ; le prince de France ; ou encore les « rats » des égouts. Seul petit bémol sur le personnage « mystérieux » qui remonte des égouts, le mystère qui l'entoure n'est vraiment pas nécessaire et même carrément superflu, puisqu'on sait dès le départ de qui il s'agit et qu'on est pas surpris ni par son identité, ni par ses actions par la suite.

Mais à part ça, c'est vraiment un bon roman, j'ai été ravie de me plonger dedans et même s'il a l'air d'être passé assez inaperçu en librairie, vraiment, je vous le conseille vivement !!!
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Musicienne et barde, Morgan of Glencoe a un peu délaissé ses partitions pour prendre la plume qu'elle manie avec tout autant de talent. Cette enchanteresse des mots nous emporte ici dans un Paris uchronique des plus étonnants. Elle fait honneur à ses origines bretonnes en invitant les fées, avec lesquelles elle a grandi, à venir égayer son récit.

Dans L'Ombre de Paris est une dystopie qui nous attache aux pas de Yuri-hime Nekohaima, la fille de l'ambassadeur de l'Empire japonais, qui est destinée à épouser le dauphin de France. C'est à bord de l'Orient-Express qu'elle débarque à Paris et apprend l'avenir que son père lui a tracé. En bonne princesse japonaise, elle doit se conformer au désir de ce dernier qui reste son tuteur jusqu'à son mariage. Mais, même si elle ne montre rien, elle vit comme une trahison de ne pas avoir été prévenue avant de ce qui l'attendait. La voici qui se retrouve donc au Louvre à devoir se laisser courtiser par un prince qui ne l'intéresse pas sans même pouvoir demander des explications à son père. Son salut viendra de là où elle ne l'attend pas mais sera-t-elle capable d'écrire sa propre histoire ?

Morgan of Glencoe nous ouvre les portes d'un Paris déconcertant où la splendeur n'est pas là où on l'imagine. Ici, le lustre et le faste des rois et de leurs pairs sont aussi factices qu'illusoires. Pour la jeune princesse, ce ne sont que les murs d'une nouvelle prison dorée qui va bientôt refermer ses portes sur elle.

Dans l'imaginaire de cette autrice, il y a le Paris d'en haut et le Paris d'en bas. Alors que celui d'en haut sonne comme un faux-semblant, celui d'en bas, lui, carillonne de féerie. C'est ici, au coeur des égouts de la capitale que se sont réfugiés les fées, les rejetés, les incompris de ce monde étroit et sectaire. C'est là que l'on rencontre, par exemple, certaines figures de la geste arthurienne comme Taliesin le barde. L'autrice s'est amusée à peupler ces lieux inattendus de créatures tout droit sorties du folklore celtique. Maltraitées et haïes par les hommes, qui ne les comprennent pas, ces fées ont su se rassembler pour former une communauté hétéroclite et joyeuse. C'est dans ce royaume que Yuri va faire ses vrais premiers pas dans la société. En abandonnant peu à peu ses préjugés, elle découvre un monde insoupçonné, peuplé d'êtres de qualité, tolérants, bienveillants et enrichissants. Une rencontre bouleversante pour une princesse appelée à devenir une grande dame.

Dans L'Ombre de Paris n'est qu'un prélude à une saga de fantasy déjà éblouissante qui redéfinit notre conception du merveilleux. Cette nouvelle plume a su se nourrir de son héritage, constitué de récits populaires et teinté d'une forte tradition orale, pour construire un univers fabuleux, sombre et lumineux à la fois, fait de larmes et de joie... plus d'infos sur Fantasy à la Carte.
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