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4,02

sur 174 notes
On serait de prime abord tenté de classer ce roman comme une uchronie, l'intrigue se déroule dans notre monde mais avec une Histoire bien différente (voire même à la limite de la dystopie tant ce nouveau monde est pourri). Mais voilà dès les premières pages on croise des fées, bientôt rejointes par d'autres créatures magiques… Fantasy ? Fantastique ? Un roman susceptible de rentrer dans bien des tiroirs mais n'obéissant à aucun univers prédéfini.

Chaque composante de la Triade adopte un régime de type monarchie absolue, les nobles ont tous les droits, les classes inférieures celui de se taire et de travailler. Quant aux créatures magiques elles sont purement et simplement considérées comme des abominations, la pire de toute étant incontestablement la fée (voilà qui devrait plaire à Stelphique).

Mais même au sein de la noblesse tout le monde ne naît pas sur le même pied d'égalité, ainsi les femmes se doivent d'être soumises, d'abord au père, puis au mari. Nombre d'activité leur sont ainsi interdites.

C'est cet aspect des choses que l'on découvre via le personnage de Yuri, fille d'ambassadeur, intelligente mais l'esprit encombré des multiples mensonges et autres contre-vérités que lui ont inculqué son éducation. A ce titre plus d'une fois vous aurez envie de la prendre et de lui éclater la tronche à coup de parpaing tellement elle se montrera hautaine (rassurez-vous ça ne durera qu'un temps).

Heureusement face à cette noblesse autoritaire et hautaine et toute leur clique de serviles serviteurs en tout genre, il y a ceux qui n'obéissent pas au système. La première rencontre de Yuri avec ces esprits libres se fera à bord de l'Orient Express, lors du voyage qui la conduira à Paris ; le Rail est en effet une société totalement indépendante de la Triade, et son personnel (Les Fourmis) n'obéissent qu'à leur capitaine. Et il s'avérera très vite que la capitaine de la rame n°5 n'est pas du genre à se laisser emmerder.

Mais le top du top reste les Gens de l'Egout, la communauté qui prendra Yuri sous sa protection après sa fuite. Elle découvrira alors que les humains et les créatures magiques peuvent cohabiter en parfaite harmonie. Et ce n'est que le début de ses surprises et désillusions, elle aura heureusement le réflexe de se débarrasser de ses préjugés même si ça ne fera pas en un claquement de doigts (à sa décharge elle énormément de trucs à découvrir en un temps réduit). L'auteur nous délivre ainsi une ode à la tolérance, au respect et à l'égalité, sans mièvrerie et sans pragmatisme, c'est juste parfaitement intégré à son intrigue.

Au fil des chapitres on croisera de nombreux personnages hauts en couleurs et tous plus attachants les uns que les autres. A commencer bien entendu par Bran, une Selkie (la pire espèce de fées d'après les enseignements du Yuri) qui s'est portée volontaire pour être son guide, entre l'humaine et la fée se nouera une improbable mais solide relation d'amitié. Mais il y a aussi Pyro, un jeune Feu Follet débordant d'énergie et vouant une admiration sans faille à Bran. Sir Edward Longway, le fondateur de la communauté, et bien d'autres que je vous laisse découvrir…

Bref l'auteur déploie une imagination incroyable pour nous plonger en immersion au sein de son univers, et ça fonctionne à merveille, j'ai tout de suite accroché, pour ne plus lâcher le bouquin avant de le refermer (520 pages lues en deux jours… et encore parce qu'il fallait bosser, sinon je me le serai fait en lecture continue). Il faut dire aussi que Morgan of Glencoe ne nous laisse pas vraiment le temps de souffler, nous imposant un rythme survitaminé (surtout dans les derniers chapitres).

Une intrigue totalement maîtrisée, des personnages mitonnés aux petits oignons, une écriture d'une grande fluidité. Ce premier opus est une totale réussite, j'ai hâte de découvrir la suite (tome annoncé pour le printemps 2017).
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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...Si près de l'Excellence !

Deux mondes s'affrontent, le peuple des humains et le peuple des fées. Au centre, une princesse éduquée dans la supériorité de la race humaine et éloignée de la réalité féerique, et de celle de l'homme sur la femme.
Quand son destin bascule, une personne va lui laisser le choix qu'elle n'a pas eu. Mais est-ce vraiment un cadeau ? Découvrir l'autre côté, n'est-ce pas appréhender aussi la part d'ombre de son univers d'origine ?
La plume de cet auteur vous immerge d'emblée dans un monde en ébullition, ses connaissances des civilisations japonaises/ légendes celtiques qu'elle mélange avec bonheur indéniables.On découvre les arcanes de cette réécriture historique au fur et à mesure que l'on avance dans les lignes. Et on en redemande encore !
Plus qu'à attendre la suite... viiiiiiite !
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Je sais que ce roman a une grande fanbase, et je trouve ça très, très cool. L'autrice, qui est également harpiste professionnel, jouent en concert des morceaux qu'elle a créé spécialement pour son univers, etc'est toujours un moment super à vivre.

Par contre, je n'ai pas du tout, mais alors pas du tout aimé le roman.

Trop de personnages, pour la plupart inutiles et dont on sait comment ils vont finir, une héroïne agaçante au possible, une ambiance manichéenne du côté des révolutionnaire et surtout une absence totale d'évolution scénaristique. C'est un long roman (et je l'ai trouvé trop long), et pourtant on ne peut pas dire qu'à la fin l'histoire a avancé, bien au contraire.

C'est un non pour moi, je ne lirais pas la suite, et je dois avouer que j'ai été souvent très saoulée par le récit, que j'ai trouvé puéril, même dans sa violence extrême.
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J'ai lu Dans l'ombre de Paris, le premier tome de la Dernière geste de Morgan of Glencoe.

Pour être honnête, je ne l'aurais jamais lu sans les retours positifs de copinautes. Sur le papier, ce grand mélange d'inspirations, entre Japon, Grand Siècle, trains, bardes irlandais, geste arthurienne, uchronie, fées diverses et variées… ça me fait un peu l'effet d'une pizza aux frites surmontée de mayonnaise : ça semble pas hyper digeste xD Et pourtant, ça fonctionne vraiment bien, l'univers est très fun, on suit avec entrain cette aventure et la découverte de l'univers se fait très naturellement, sans qu'on ait l'impression d'une indigestion. L'aventure est classique mais efficace : Yuri la princesse découvre le monde et le lecteur le découvre également à travers ses yeux. Mais ma foi, ça passe très bien et les enjeux sont bien posés, avec ce qu'il faut de tension, et de rythme pour qu'on ne décroche pas du bouquin (en particulier, le climax de fin est hyper bien écrit, la tension narrative et l'émotion sont gérées avec brio j'ai trouvé).

Il y a des défauts : c'est très facile et l'héroïne qui change de point de vue sur la vie en 2 jours, c'est gros comme une maison. Et le volet « uchronie » n'est clairement pas ce qui fonctionne le mieux (on pige pas très bien le besoin de placer ça de nos jours). Mais vice-versa il y a vraiment de chouettes qualités, et je veux notamment saluer la gestion des personnages tertiaires (en particulier les visages de l'égout et du train), qui existent vraiment. On n'a pas l'impression d'instruments à l'histoire, on voit des personnages évoluer dans un monde, qui pourraient être les héros de leur propre histoire. Ca donne un monde hyper vivant et ça rajoute à l'immersion, en rendant l'univers d'autant plus cohérent et agréable.

Donc, une lecture très agréable, qui m'a fait passer un chouette moment distrayant.
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Encouragée par les nombreuses critiques plus que positives, en sus, la trilogie m'ayant été offerte par le Troll, je me suis jetée avec délectation sur cette saga, au moins sur les 2 premiers tomes Or, mon effort fut vain, car je n'accrochais pas à l'histoire, et surtout à de nombreux personnages. En premier lieu, Yuri dont l'immaturité invariable finissait pas m'excéder. Elle fut éduquée par un père ambassadeur dans un univers nippon aux liens étroits avec la France. Elle vit dans un monde politisé et particulièrement retors, et se destine à épouser l'héritier du trône de France. Couardise, cachoterie, faux-semblant, tout autant que courage et loyauté font partie de son quotidien, elle s'y montre habile, précise, affûtée et particulièrement fine. Elle est loin d'être une ingénue candide, pourtant ses réactions ont sonnées « faux » à mes yeux, notamment avec les gens du monde des égouts, dès lors qu'elle ne communiquait plus dans un cadre privé ou officiel. Sa découverte de l'injustice et de l'inégalité manquait de cohérence…
Trop de dichotomie, une princesse agaçante, un parfum de Youg Adult ont nuit à mon intérêt.
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La dernière Geste, premier chant : Dans l'ombre de Paris, de Morgan of Glencoe.
Une bonne surprise ! L'univers est extrêmement riche et foisonnant, mêlant diverses influences : Japon féodal, France du XVIIIe, bardes celtiques, train steampunk, abri post-apo, fées élémentaires... On pourrait craindre une surdose, et si elle affleure occasionnellement, le mélange est globalement réussi. Les différentes thématiques se mêlent, tout en gardant chacune une consistance, ce ne sont pas juste des façades ; chaque "monde" a ses personnages développés et intéressants (même si parfois un peu trop parfaits). J'ai personnellement regretté le manque d'explication sur les raisons de l'uchronie, et des précisions sur les différences techniques entre notre univers et celui de l'oeuvre, mais sur les autres domaines (comme la "magie" au sens large), le mystère est plutôt bien équilibré, piquant notre curiosité en nous donnant quelques éléments de réponse ouvrant de nouvelles questions. le style est globalement maîtrisé (quelques glissements de focalisation occasionnels, mais rien de bien grave, je suis juste maniaque :D), et certaines images et métaphores sont très poétiques. Léger bémol sur l'utilisation parfois forcée des langues étrangères - l'équilibre entre immersion et émersion est subtil à trouver, et dépend probablement des sensibilités.
L'intrigue, enfin, quoique suivant une trame classique ("la princesse découvre le monde"), est efficace et bien gérée, avec une intensification du rythme et de vrais enjeux. Et les thématiques abordées sont claires : l'alterité, le respect, l'acceptation d'autrui. Discriminations de genre, de race, de classe, tout y passe, et le message est clair !
Maintenant, on attend de voir comment la suite parviendra à continuer à jongler avec tous ces éléments :)
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A deux doigts du coup de coeur

J'ai complétement été envoûté par la plume, l'univers original et les personnages complexe mais extrêmement attachants.

L'autrice nous plonge dans un univers fascinant, rempli de nombreux sujets, comme la place de la femme dans la société, l'homosexualité, la tolérance et encore bien plus. On ressent tout du long une palette d'émotions et la fin m'a toute retournée. ( Heureusement j'ai le tome 2)

J'ai vite été happer par cette histoire d'une originalité rare et construit d'une main de maître , riche et surprenant. Une véritable pépite a mettre dans toutes les mains des lecteurs !!!
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Depuis le temps que ce livre traîne dans ma PAL, il était temps que je me lance !
La princesse Yuri est une jeune femme de l'aristocratie japonaise, élevée dans les traditions de son pays. Son père la convoque un jour en France, où elle apprend qu'il l'a fiancée à l'héritier du trône de France. Un destin auquel elle ne s'attend pas, et suite à une conversation importante, Yuri décide de s'enfuir et de trouver refuge dans un lieu pour le moins improbable et qui va lui ouvrir les yeux sur son monde et ses préjugés.
Avec ce premier tome de la Dernière Geste, Morgan of Glencoe nous introduit un monde mélangeant l'histoire (la cour royale française et japonaise) et la fantasy en introduisant un autre peuple : les fées. Il y a plusieurs espèces différentes, avec des capacités et des aspects différents, et tous très intéressants. Mais les fées sont traitées comme des animaux, des êtres à peine intelligent, et sont constamment rabaissés.
La confrontation entre l'ancien monde de Yuri et celui qu'elle découvre est passionnant, tout comme son acclimatation dans le monde des fées et les amis qu'elle s'y fait. Elle évolue, elle grandit, elle apprend... Vraiment une belle évolution de la part de ce personnage ! Parmi les autres personnages, il y en a trois que j'ai particulièrement aimé : Sir Edward Longway, le coordinateur des rebelles ; la Capitaine Trente-Chêne, qui dirige l'Orient-Express (un train possédant ses propres règles de conduite) ; et enfin Bran, la Selkie, au caractère sauvage mais tendre lorsqu'on arrive à l'apprivoiser. Morgan of Glencoe a créé toute une galaxie de personnages. Certains sont attachants, d'autres on ne peut que les aimer passionnément, et il y en a d'autres que l'on déteste avec tout autant de passion !
Dans l'Ombre de Paris est un roman qui se dévore tout seul. Il y a certains éléments de l'intrigue que j'ai vu arriver, tout en espérant qu'ils n'arrivent pas, et je suis toujours dans le déni... J'ai peur de commencer la suite tout en voulant l'univers et les personnages décrits par Morgan of Glencoe. Mais je m'y mettrais très prochainement, promis. D'ailleurs, Morgan of Glencoe, née en Bretagne, est une autrice, compositrice, harpeuse, chanteuse et conteuse : tout cela se voit dans son oeuvre ! Dans l'Ombre de Paris est empreint de poésie, de contes et légendes, de sang et de bataille, d'amour et d'amitié...
La Dernière Geste est donc une série qui commence très bien, qu'il faut que je poursuive et que je vous conseille vivement !
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Pour commencer, merci aux éditions ActuSF pour ce SP !



Un coup de coeur pour ce roman jeunesse !



Roman à l'univers singulier s'il en est ! Et il a tellement de choses à en dire que je ne suis pas certaine d'y parvenir.



Je parle d'univers, mais en fait, il serait presque plus juste de parler d'univers singulierS ! Au pluriel ! L'autrice nous transporte dans un monde uchronique où la France domine l'Europe, le Japon l'Asie et un Sultanat de Bagdad ce qu'il y a au milieu (à noter que ce troisième Empire est peu présent dans ce premier tome. J'espère que cela changera dans la suite). Et en plus de cette triade – toute somme fort peu sympathique -, deux autres « mondes » viennent les compléter : le Rail et ses trains, puis le monde des égouts. Si les trois premiers nous proposent des royaumes et empires autoritaires, les deux seconds font l'effet d'utopie (surtout les égouts en fait) où les lois entre les êtres en beaucoup plus enviables malgré certaines difficultés.

Mais Empire ou Utopie, des êtres de légendes, des Fées, arpentent plus ou moins ces lieux. Si elles sont considérées comme des animaux chez certains, elles possèdent un statut plus égalitaire chez d'autres (je vous laisse deviner).

J'avoue que je vais m'arrêter là pour ce qui concerne l'univers. Il est bien trop riche pour tenir dans ma chronique. Je n'ai pas trop envie de faire un roman.



Univers puissant. Personnages merveilleux qui donnent une force à l'ensemble. Avec quand même un tonnerre d'applaudissement pour Yuri qui durant tout le roman ne cesse de nous surprendre, en dépassant son titre de princesse. Et que dire de tous les autres, Bran, Sir Edward, Pyro… Franchement, lisez ! Chacun a une personnalité bien construite dans ce récit chorale. Impossible de ne pas avoir de « chouchou » et d'en haïr certains.

Pour revenir rapidement, sur l'univers, Yuri, notre personnage principale, voit aussi tout son monde être déconstruit pour qu'elle puisse s'en constuire un où elle serait « elle-même » et pas juste un objet (vous ai-je déjà dis que ce livre est juste nickel niveau univers ?)

L'autrice propose aussi, bien sûr (qui en aurait douté au regard des univers), des personnages féminins puissants. Sans oublier la diversité, qu'elle soit humaine ou féérique.



L'intrigue. J'ai envie de dire qu'il y en a deux. Une en sous-sol et l'autre à la surface, le tout en lien avec la jeune Yuri. Une multitude de personnages et donc une foule de desseins. Problèmes en lien avec l'univers, on voit aussi s'affronter, d'une certaine manière le monde des « enfants » et celui des « parents ». Si les deux se rejoignent parfois, ils s'opposent aussi souvent. Les actes des uns entrainant des conséquences chez les autres.



Le roman a peut-être un défaut. J'ai trouvé certains passages, certaines scènes, parfois un peu « gros » avec un manque de subtilité un peu pénalisante. MAIS ! Ce roman vise plutôt un public jeunesse (Il est chez Naos après tout). Je ne suis donc pas le public type. du coup, ces passages prennent un autre sens. Ils sont directs, disent les choses telles qu'elles sont sans une pléiade de tournure des phrases alambiquées qui sous-entendrait des conceptions philosophiques gnagnagna. Non, les choses dites cash ! L'autrice a su faire sauter une certaine forme « d'autocensure » que l'on peut retrouver dans certains ouvrages. du coup, le « défaut » pour le public que je suis n'en est plus un. Et ça, c'est quand même super chouette.

En fait si, il a un défaut (mais qui reste très personnel). Certaines phrases sont en anglais et d'autres en japonais. J'avoue que je ne suis pas très fan de l'inclusion de ce type de phrase dans les romans. En jeunesse encore moins, surtout qu'il n'y a pas de traductions. Pour les chansons, c'est pas très grave. Mais pour le reste, j'avoue que ca m'a gêné dans ma lecture. Mais c'est bien peu de chose en comparaison de ce que ce roman propose.



Je crois que je pourrais parler encore pendant des heures de ce roman. Mais lire une chronique, c'est long (et parfois chiant). Mais résumons : super univers riche et multiple, personnages travaillés à la perfection et aussi divers que variés, des intrigues très bien menées qui nous laissent fous de rage à la fin.



Ne vous posez pas de question, foncez ! Vous ne savez pas quoi acheter à votre ado pour nowel ? La réponse est là ! Coup de coeur total pour ce premier tome !

Vivement la suite !
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Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=44821

J'ai mis la note de : 19/20

Mon avis : Dans l'ombre de Paris appartient à la catégorie de ces romans inattendus, qui offrent de nouveaux horizons, dans une littérature de fantaisie qui a parfois du mal à se renouveler. L'univers de cette série est complexe, et joue sur plusieurs tableaux. L'auteure a choisi de s'imprégner de notre propre société, et de se l'approprier, pour en faire un monde unique où, créatures magiques et légendaires côtoient des humains que nous aurions pu croiser aussi bien dans le passé, notamment à l'époque de la royauté française, qu'à notre époque.

D'un côté, la Triade, principalement composée de royaumes puissants et à tête couronnée, s'oppose à Keltia, un ensemble d'états indépendants, moins radical et plus juste. le Royaume de France, qui s'étend bien plus loin que nos frontières, l'Empire Japonais, plutôt semblable à l'image des coutumes contemporaines de son jumeau Terrien, et le Sultanat Ottoman, mis à l'écart dans ce roman, promulguent des lois racistes et réfractaires, traitant les fées comme des esclaves ou des animaux, voire les deux.

Ces royautés totalitaires que l'on apprend rapidement à détester, notamment à cause de systèmes inégalitaires et injustes, paraissent quelque peu stéréotypées, et peu enclines au changement. Elles amènent des passages sombres, marqués de décisions lourdes et peu appropriées à un univers aussi diversifié. Pourtant, tous les faits restent cohérents et réalistes. En effet, la Triade craint les fées pour, nous explique-t-elle, d'excellentes raisons, bien que ces dernières soient préjudiciables. Leur peur de l'inconnu et de celle de l'intelligence supérieure des fées, font des citoyens de la Triade des personnages aux descriptions peu flatteuses, agrémentées de grains de sottise et de racisme.

Cependant, au fil des pages, des explications et des révélations, les personnages que l'on pensait simplets, ou portés sur une seule ligne directrice, se dévoilent et offrent des scènes tout aussi surprenantes que captivantes. Bien que les lois de la Triade portent à croire à un monde manichéen, celui-ci ne l'est en aucun point. L'auteure dépeint une société imparfaite, riche et complexe, qui se cherche et qui traverse des troubles politiques majeurs, aussi bien religieux qu'économiques. Tout est à construire, et la fin de ce tome annonce de grands changements à venir pour ces monarchies. Mais ces transformations ne viendront surement pas sans de grands bouleversements.

Morgan Of Glencoe dépeint une société étonnante, que l'on pourrait qualifier d'uchronie-fantasy. En effet, les premières pages ne trompent pas. le lecteur est plongé dans un Paris des années 1995, où les lecteurs cassettes cohabitent avec des caméras de surveillance haute-gamme, et où l'Orient-Express reste un moyen de transport réservé à une classe riche. Ce Paris ressemble à celui que l'on connaît, sans pour autant que l'on s'y retrouve complètement. Certains détails diffèrent, comme les conditions de vie du peuple, qui n'ont fait que perdre en qualité et qui rappellent ceux d'une époque antérieure. L'auteure joue avec les codes et nos connaissances, troublant le lecteur de manière plaisante.

Le peuple des fées fourmille d'idées magiques. Les Feu-follets cohabitent avec les Selkies, des créatures d'eau aux pouvoirs élémentaires grandioses ; les Fomoires, d'étranges batraciens peu intelligents, ne sont pas compris des Spectraux, des êtres puissants pouvant influer sur les émotions ; et les Sylfes, des êtres liés à la terre et pacifistes, s'allient aux Aelings, les fées de l'air, pouvant voler à toute allure. L'auteure ne tarie pas d'inspiration. Certains connaisseurs reconnaîtront certaines créatures provenant de légendes celtiques, de contes de fées ou d'univers hybrides. Les personnages féeriques, tout en finesse et poésie, marquent les esprits par leur bon sens, leur générosité, leur altruisme, leur compassion et leur bienveillance. Bien qu'ils soient tous loin d'être parfaits, heureusement, le lecteur les apprécie rapidement et s'y attache.

Des keltians, pour qui les fées sont leurs égales, redorent l'image du genre humain, grâce à leurs idéaux d'un monde en paix et sans laissés-pour-compte. Taliesin, personnage portant le nom d'un personnage incontournable de la mythologie celtique, qui est un barde aux capacités extrasensorielles étonnantes, et Sir Edward Longway, un Chevalier Dragon aux moeurs anglosaxonnes classieuses, nous subjuguent par leurs talents au combat, leurs rêves de justice et leurs personnalités flamboyantes. On ne peut pas ne pas les aimer. Leur charisme impressionnant nous marque, et nous entoure encore, même après la fin de la lecture. Courageux, bons et loyaux, ils représentent tous deux des idéaux puissants, qui toucheront davantage les plus sensibles.

Yuri, la future princesse de France, évolue de jolie manière Dans l'ombre de Paris. Eduquée par la Triade depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme croit en de nombreux principes contrenatures et malsains. Par exemple, Yuri a appris qu'une femme ne peut pas se battre, ou qu'une femme de son rang ne peut s'habiller toute seule. Habituée à une vie millimétrée et sans surprise, Yuri possède de nombreux préjugés sur les fées, que ses pairs considèrent comme de la vermine, ou sur les homosexuels, que son peuple ne tolère pas.

Sa vie parmi les fées va tout changer, et le monde de la jeune femme en sera bouleversé à jamais. L'évolution des idées de Yuri est réaliste et bien construite. La jeune femme se situe loin des clichés des princesses futiles et inintéressantes, obnubilée par le prince charmant. le lecteur s'y attache et espère que Yuri finira par trouver sa voie, tout en permettant à la Triade de se transformer.

Le roman possède de nombreux autres personnages secondaires, qui ont tous leur place, et qui possèdent tous une identité marquante. L'auteure rappelle souvent l'espèce à laquelle appartient telle ou personne, nous permettant de mieux retenir les caractéristiques de chaque catégorie de fées. En plus de la découverte de ce peuple aux capacités incroyables, l'auteure nous présente également un système de magie innovant, navigant entre notes de musique et spiritualité, qui se bonifie lors des scènes de combat, notamment lorsque Taliesin et Edward entament la Danse des Dragons. Bien que l'on ne comprenne pas très bien ce que cela veut dire, la sphère magique qui englobe les deux personnages nous envoie, à ce moment précis, des images pleines de poésie et de tranquillité.

Le final est à la fois épique et morbide. L'auteure joue avec nos émotions, et les dernières pages ne plairont certainement pas à tous les lecteurs. Nos nerfs sont mis à rude épreuve, passant du rire aux larmes, tandis que notre coeur se balade sur des montagnes russes. L'avant-dernier chapitre se divise en une multitude de sous-parties, chacune très courte et se concentrant sur un petit groupe de personnages, permettant à la bataille finale de durer longtemps, tout en alternant sur des suspenses palpitants.

Le roman est une vraie perle. Quand la fantaisie s'associe aux légendes celtiques, aux mythes arthuriens, aux contes, à la musique, à la féerie, à des personnages poétiques et riches, et à un univers tout aussi fascinant que complexe, la lecture ne peut qu'en être réussie. Cependant, le roman recèle un point plus ou moins négatif. Effectivement, étant donné la diversité des peuples, le roman utilise plusieurs langages, autres que le français, dont le japonais et l'anglais. Aucune traduction n'est fournie et cela est dommage, surtout pour les lecteurs désireux d'apprendre. Avec les explications de l'auteure, certains dialogues ne nécessitent pas d'être compris, alors que d'autres en auraient besoin. Bien que l'idée de cette utilisation soit davantage liée à la musicalité des langues qu'à leur stricte compréhension, ne pas pouvoir tout traduire gênera sans doute une partie des lecteurs.

Morgan Of Glencoe nous donne à réfléchir sur de beaux sujets, comme la paix, l'amitié et l'harmonie, à travers une histoire unique, pleine de bonnes ondes.
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