Questions-Réponses

La mienne est une nature morte de Fernando Botero, Naturaleza Morta con helado ( Nature morte avec glace) 1990 (171x204cm), dont j'ai d'ailleurs photographié les détails dont je suis friande et agrandie, elles sont sur mon bureau :))

Le son des talons aiguilles de ma mère écrasant les gravillons et frappant en rythme sur le trottoir quand on allait chercher le pain... Mon frère dans le landau. Un rythme parfait, un son si harmonieux... si délicat, une telle résonnance! tout ses "croustillous" et la baguette si croustillante aussi...

Quand je mange un citron bio  ( avec l'écorce, les pépins et la pulpe  ) : je suis à Menton, en février dans le jardin de ma nounou Louise et, je les cueille sur l'arbre pour les déguster en entier ( à la mode mentonnaise  )  ! L'enfance me revient avec leur odeur, leur goût légèrement acide....et  à coté, je revois les mimosas aux branches chargées d'or qui ploient sous la bise marine !

Une onde de bonheur ...un moment magique et nostalgique  ! 

Il y a les casses-croûte BN et les petits beurres LU. Ah, ces saveurs de mes goûters d'antan!
La moleskine couleur caca d'oie des banquettes de deuxième classe des autorails omnibus du XXe siècle. Cette couleur!
La couleur jaune orangée et l'odeur (encore) de la grande tente canadienne des vacances des années 60 et 70.
Le son d'une berceuse perdue, et que je recherche encore vainement...

Des petits bonbons que m'offrait mon grand-père, que l'on trouve rarement et que j'appelais des pâtes grises. Je n'en ai retrouvé que bien plus tard, il s'agit de petits cubes de gomme arabique à la réglisse beige-gris. Le comble c'est qu'en dehors de ces bonbons je déteste tout ce qui a le goût de réglisse !
Mais dans la même veine, j'adorais l'odeur de l'immeuble du même grand-père, ce qui horrifie ma mère : il habitait au-dessus d'une triperie, facile d'imaginer l'odeur. Heureusement je ne crois pas que j'apprécierais cette odeur maintenant.
Donc les petites pâtes grises (je ne crois pas qu'il y ait un nom précis), et puis peut-être aussi le parfum de Chanel n°5 que j'associe à la poudre de riz. Est-ce que la poudre de riz sentait cette odeur, ou ai-je associé les deux chez une grand-mère ?
Les craquelins que mon autre grand-mère (bretonne) m'achetait les jours de marché. Rien d'autre n'a cette consistance, ce craquant un peu moelleux, et ce goût si simple.
L'odeur du grésil (oui, c'est bizarre, mais cette odeur plutôt liée à l'hôpital, tend à me rassurer) et dans le même genre, alors que je vis à la campagne, et que je n'ai plus vécu dans une grande ville depuis l'âge de 5 ans, jamais je ne dors aussi bien que dans un appartement de centre-ville, surtout si des fenêtres donnent sur un carrefour avec feux de circulation (les bruits de circulation doivent me bercer!)

L'odeur des petits pots de colle que nous utilisions en primaire (odeur d'amande). Une odeur totalement synthétique que l'on retrouve maintenant dans d'autres produits, mais que j'associerai toujours à mon école.
Et les omelettes aux pommes et à la cannelle que me faisait ma grand-mère quand je vivais chez elle, c'était le plat-réconfort quand je n'était pas trop bien. J'en ai fait par la suite pour mes enfants, mais je n'ai jamais réussi à reproduire la texture si moelleuse des siennes.

J'ai toujours eu un penchant particulier pour les moulins à vent, surtout lorsque, restaurés, ils déploient leurs grandes ailes. Ils me ramènent à ce temps lointain quand je lisais et relisais  Lettres de mon Moulin d'Alphonse Daudet

Au niveau des odeurs, c'est celle de la cuisson d'une tarte aux mirabelles qui me ramène à mes vacances chez mes grands parents. C'était à la fois un bonheur et un supplice que de sentir les effluves gourmandes de la tarte en train de cuire et de devoir attendre qu'elle soit cuite et refroidisse avant de la déguster;
Pour l’anecdote, cette "madeleine" est très proche de celle du critique culinaire Jean-Pierre Coffe. Je l'ai entendu, sur les ondes de France Inter, raconter le souvenir gourmand et olfactif de la tarte aux mirabelles en train de dorer dans le four en parfumant la cuisine de son odeur fruitée et j'avais l'impression de la sentir moi aussi! .

Certains parfums. Un que je n'arrive pas à identifier, je l'ai retrouvé il y a peu (dans un après-shampoing, il y a plus romanesque...) mais impossible de savoir de quel ingrédient il s'agit précisément. C'est l'odeur suave et ensoleillée des vacances sous le soleil de Nîmes, chez ma grand-mère ; c'était l'odeur de son aide ménagère qui avait une fille de mon âge et s'occupait parfois de moi. 
Un autre, plus net : le parfum Angel, de Thierry Mugler, que ma maman vaporisait sur un mouchoir en tissu pour adoucir les séparations les jours d'école ou de centre de loisirs.

Quand l'orage éclate, c'est l'immense bonheur de l'amour de ma maman qui m'envahit et me comble d'une joie que je n'ai jamais connue dans d'autres circonstances... L'orage devient ainsi la Beauté de la Vie !

J'aime l'odeur de tout ce qui touche à l'eau : le chlore à la piscine, ça me rappelle ces après-midi brûlants au bord de la piscine municipale, l'odeur des étangs, un peu fade et minéral, mais aussi assez organique, les embruns de la Manche les jours de vent, surtout par temps froid, l'odeur de la pluie les jours d'été, plutôt une odeur de poussière mouillée en fait.

Pour moi, c'est un yaourt au parfum pêche, J’étais toute petite puisque je tenais encore dans mon confortable et tout doux petit fauteuil d’enfant, jaune,  avec un dossier figurant la tête d’un poussin. Je lisais un album de Lucky Luke, tome 19 : Les Rivaux de Painful Gulch  René Goscinny  Morris  et je ressens encore ce bien-être,  ce bonheur, cette paix... juste avant de retourner pour l’après-midi à l'école ! Très certainement en fin de CP ; je déjeunais encore à la maison de mes parents. C’est très loin mais c’était hier. Toutes mes sensations et perceptions sont restées intactes. Ma madeleine : le parfum d’un yaourt industriel !

La nonette de Dijon: pain d'épice, marmelade d'orange et miel en écoutant, avachi sur mon canapé,   "échos" de PINK FLOYD (nonette ou madeleine il faut choisir)

L' eau de Cologne "Saint-Michel" que portait mon grand-père. Les sachets de lavande qu'on mettait dans les armoires pour parfumer le linge. L' odeur de la lessive dans les bassines en plastique. Les "pastilles idéales" que ma grand-mère nommait des "bonbons noirs". L'odeur de la terre labourée fraîchement au motoculteur, de la terre brûlée et crevassée par le soleil. L'odeur du feu de feuilles mortes.

Pour moi, ce sont les odeurs.
Celle du lait chaud avec quelques gouttes d'eau de fleur d'oranger et une cuillère à café de miel, boisson que ma maman nous préparait régulièrement, à mes soeurs et moi, quand nous étions petite. Depuis, il suffit que j'utilise de l'eau de fleur d'oranger dans mes pâtisseries pour qu'une foule de (bons) souvenirs remontent à la surface.

Et puis, les parfums, celui de ma maman d'abord (encore elle) et l'un de ceux que ma soeur aînée porte depuis des siècles (j'exagère, mais à peine). Je me rappelle aussi parfaitement de l'ambiance de ma classe de dessin de 1e année secondaire (en Belgique, l'équivalent de la 6e dans les collèges français), parce que notre professeure portait un parfum qui embaumait toute la pièce.

Comme la majorité d'entre vous, mes madeleines sollicitent l'odorat ou le goût, car contrairement à Marcel Proust, je n'ai pas de petite phrase de Vinteuil...
Comme Marcel, je vais vous parler d'un goût, forcément perdu mais pas tout-à-fait non plus -heureusement, sinon, il n'y aurait pas de réminiscence. Il s'agit tout simplement des fraises. A chaque fois que j'en mange une, bien grosse, bien sucrée et bien juteuse, je me revois,enfant, dans le jardin de mon grand-père, en manger une bien tiède car chauffée par le soleil et légèrement recouverte de terre, celle légèrement sablonneuse du Lot-et-Garonne. Je vous jure que ce sont les meilleures, mais le goût est perdu à jamais, comme le reste...

Ma madeleine de Proust, L`appel de la forêt   c'est le premier roman que j'ai lu. A l'époque, j'avais 11ans.

Le papier d'Arménie que tu brûles quand tu as fait du poisson et que ça pue chez toi. Sans hésiter.

L'aboiement des chiens, qui me ramènent dans des pays où j'ai vécu petite, des chiens sauvages ou de villages, des aboiements qui se répondent dans le soir, sentinelles nocturnes qui me protègent dans mon sommeil et veillent sur lui.
Quand on entend dans le lointain les derniers aboiement des chiens, l'île s'endort enfin.

Une des mes Madeleines les plus puissantes est musicale : il s'agir de deux disques du groupe Police, qui en quelques notes me renvoient direct dans la vallée de Palancar, a chevaucher et m'envoler aux côtés d'Eragon et Saphira. Souvenirs des heures passées sous la couette a écouter en boucles des vieux CD de mes parents en dévorant des livres.

Je ne peux pas manger du pain au levain sans le sentir, le humer, m'imprégner de ce parfum un peu acide, et repartir immédiatement sur les lieux de mes vacances d'enfant, dans les gorges du Tarn. le pain des vacances, un grand plaisir qui n'avait tellement rien à voir avec celui que nous mangions au quotidien en région parisienne...