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Critiques de Beaux Arts Magazine (108)
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Beaux Arts Magazine, n°412  octobre 2018

A noter

- Que va devenir la Villa Médicis ?

Son mandat s’est achevé le 16 septembre… dans la douleur. Sans surprise, la directrice de l’Académie de France à Rome, Muriel Mayette-Holtz, qui était candidate à sa succession, n’a pas été reconduite. …



- Au Brésil, l’avenir incertain d’Inhotim. « Jardin d’Eden pour les uns, Jurassic Park de l’art contemporain pour d’autres, le plus grand musée à ciel ouvert de la planète est au cœur d’un scandale sans précédent…. Une enquête à tiroirs.



- Frans Masereel pour les amateurs de gravure et de ses romans graphiques : nouveautés en librairies



- Ai Weiwei ou la défaite de la pensée, excellent article.



- CENSURE : « Rubens et Courbet se font caviarder par Facebook. Des militants afro-américains refusent à une artiste blanche le droit de représenter « la souffrance noire ». Adel Abdessemed retire une vidéo sous la pression de l’opinion publique…



La liberté de création est désormais la cible d’attaques émanant aussi bien de ligues de vertu que d’activistes luttant contre les discriminations. Pire : le réflexe d’autocensure serait même entré dans les mœurs.

Enquête aux quatre coins de la planète.



- Rétrospective Joan Miro qui, « comme l’écrivit l’ami Pierre Alechinsky, avait « les deux pieds dans le rêve ».



- Les Nadar, Portraits en série. « Les plus grandes personnalités du monde des arts et des lettres du Paris des années 1850 ont défilé devant l’objectif des Nadar… »



- Face-à-face : Schiele vs Basquiat – Fondation Vuiton du 3 octobre au 14 janvier



- Visite d’atelier : Grayson Perry alias Claire. Ça bouscule un brin !



- Pour ou contre Baltus ? Près de 20 ans après sa mort, il suscite toujours les passions. Débat par Alain Vircondelet à l’occasion d’une rétrospective en Suisse. Article très intéressant.



Un bon numéro.

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Beaux Arts Magazine, n°399

Pour mémo :

- Sanya Kantorovsky peintre né à Moscou en 1982 à la peinture figurative caustique : à découvrir

- «Degas, danse, dessin – Un hommage à Degas avec Paul Valéry» : sans lassitude…

- Exposition CINQUECENTO

- Monet : « En 1883, Giverny devient l’écrin des œuvres d’art acquises par Monet pour son seul plaisir et celui de ses proches. Le musée Marmottan Monet a recomposé ce panthéon intime dans une expo qui honore l’œil du collectionneur et dessine en creux le portrait de l’artiste. » (trop tard, c’était jusqu’au 14 janvier !)

- Architecture japonaise : « du chaos au zen »…. Surtout du chaos !

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Beaux Arts Magazine, n°400

Ce numéro nous annonce une nouvelle formule, entre autres : nouvelle typo, création d'un nouveau cahier « Marché et acteurs de l'art », prolongement sur le Net avec des vidéos, et…. une recette originale d'Alain Passard, inspirée d'une oeuvre d'art célèbre… ici un carpaccio inspiré d'une nature morte espagnole de Juan Sanchez Cotan.

- Mort de Pierre Bergé. « La création n'est pas là pour plaire aux bourgeois mais pour les emmerder » -Ambition, passion et démesure.

- Ouverture du Musée Yayoi Kusama à Tokyo. « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois ». Revenue au Japon en 1973, elle choisit de vivre en hôpital psychiatrique, lieu où elle réside toujours.

- Cinéma : « The Square » de Ruben Ostlund, palme d'or de l'art tourné en ridicule

- Polémique : les nouveaux ségrégationnistes de l'art. Consternant.

- Dossier : Qu'est-ce que la beauté aujourd'hui (esthétisation du monde)… Poser (à des artistes) la question de la beauté dans leurs oeuvres –quelle place elle y occupe, si elle constitue pour eux un objectif - ou se poser à soi-même la question de savoir si le beau demeure encore un critère esthétique, est un sujet aussi glissant qu' « un pétale de rose sur une tartine de camembert ».

Avec l'avis de Jean-Pierre Changeux : « L'art est bon pour le cerveau ».



Un numéro plutôt intéressant.
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Les secrets des chefs-d'oeuvre de la BD

Voilà un livre que je ne pouvais pas laisser passer … Un ouvrage collectif qui dissèque la manière de faire de 22 auteurs majeurs de la Bande dessinée depuis 1925, réalisé sous la direction de Vincent Bernière. Celui-ci s'est réservé la première (Alain Saint-Ogan) et la dernière monographie (Chris Ware), ainsi que la quatrième, avec un comparse. Chaque chapitre fournit un aperçu de la biographie de l'auteur, ses sources d'inspiration et de documentation, un commentaire technique de planche, les clés de son succès, et le plus souvent une histoire complète en quelques pages.

Une occasion d'enrichir le vocabulaire de ce 9ème art. Quelques définitions à retenir : le gaufrier est la grille classique d'une page avec ses différentes cases séparées par une gouttière plus ou moins matérialisée, les phylactères sont les bulles, les didascalies, les indications scéniques données par l'auteur et qui complètent le dialogue mais n'en font pas partie, les émanatas sont les petits signes autour et sous les personnages qui expriment le mouvement … sans oublier la technique scénaristique du McGuffin, très cinématographique : un objet le plus souvent mystérieux, un secret, une révélation qui sert de prétexte à une poursuite entre bons et méchants et lance l'aventure …

Une mine de notions donc, pour mieux apprécier l'art du dessinateur et le talent du scénariste, la symbiose nécessaire entre les deux – je pense à Goscinny et Uderzo - la manière dont l'un transmet ses instructions à l'autre. Une attention particulière donnée aussi aux éditeurs d'albums et aux revues spécialisées qui ont pris les risques de lancer de nouvelles séries : Casterman, Glénat, Dupuis, Pilote, Les Humanoïdes associés, Futuropolis, Métal Hurlant …

Sur ces 22 chefs-d'oeuvre, j'en connais et apprécie particulièrement près de la moitié, mais je ne me prétends pas une spécialiste. Simplement fan de Tintin (Le Lotus bleu), Blake et Mortimer (Le mystères de la grande pyramide), Astérix, Lone Sloane, Corto Maltese, les Frustrés, Partie de chasse, Maus, Nestor Burma. Et je découvre autant et plus de nouveaux auteurs qui me donnent des envies d'aller plus loin dans leur oeuvre.

De 1925 à l'irruption des mangas dans la sphère occidentale, un livre à conserver et consulter pour mieux comprendre et apprécier ces dessinateurs et écrivains qui ont fait sortir la bande dessinée de l'univers de l'enfance pour le hausser au niveau de l'excellence littéraire avec le roman graphique. Un cadeau de Noël à offrir ou à s'offrir …




Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Beaux Arts Magazine, Hors-série : Blake et Mo..

Ces albums, qui sont des « hors série » de magazine sont bâtis sur la même logique : faire des rapprochements avec la réalité, montrer l’envers du décor, expliquer la technique ou aussi chercher le personnage qui est transposé dans tel ou tel album.

On peut citer quelques de ces bd qui ont donné lieu à ce genre de publication : Tintin, Astérix, Blake et Mortimer pour les plus populaires.

Les bédéphiles en sont friands et pour cause : on y apprend des faits historiques, des anecdotes ; on y précise des dates, des événements…

Ils sont généralement de bonne facture et d’un prix abordable.



Celui-ci, consacré aux deux héros de E.P. Jacobs, revient sur des mystères tels que l’Atlantide, l’ère des dinosaures, l’Antarctique…..

Une masse de tentatives de réponses à notre nombre toujours plus grand de questionnements

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Beaux Arts Magazine, n°314

A noter dans ce numéro : ¼ de page sur la colère du président de l’Aripa qui accuse le musée du Louvre de restauration abusive sur un personnage (la mère de famille) des « Pèlerins d’Emmaüs de Véronèse, une œuvre de 1559 qui a subi déjà de nombreuses restaurations plus ou moins heureuses ; effectivement, au vu des 4 états successifs présentés, on comprend qu’il soit choqué…

A noter aussi un article sur la BnF « entrée dans l’ère du post-livre » qui implante un espace dédié aux nouvelles technologies de lecture, d’écriture et de diffusion des savoirs…. Intéressant … et pour en savoir plus : http://labo.bnf.fr

Côté enquête sur les 30 énigmes incroyables de l’art, on a droit aux terres de Nazca ou de l’île de Pâques aux salons spirites de la Belle Epoque en passant par l’atelier de Courbet ou le joyeux bordel d’Otto Dix …ici Jack l’Eventreur serait un artiste célèbre maniant le pinceau que le couteau, la Joconde enceinte et le Caravage un grand malade…. Et des questions peut-être pas si saugrenue qu’il y paraît : Titien a-t-il injecté du sang, voire du sperme dans la matière picturale ? Rubens ? afin de rendre ses chairs si vibrantes recourait-il à du sang aussi ? et bien d’autres mystères encore, entourant Michel-Ange entre autres

Et qu’y a-t-il au juste dans les boîtes fermées de Manzoni ? Est-ce ce qui y est mentionné : 30 gr poids net de Merde d’Artiste conservée au naturel ?



Relu ce magazine avec grand plaisir.

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Beaux Arts Magazine, n°5 : Exposition Gusta..

Au sommaire :

Segui à la Fiac

Gustave Doré : un artiste à l'écart du modernisme

l'oeuvre d'art total ou comment réunir tous les genres en une expression universelle

Les clichés du XIXe, des puces à la bibliothèque nationale (itinéraire de la photographie)

Expo : Max Ernst (fondation Maeght)

Histoire : David et ses élèves

Architecture : le nouveau centre d'art moderne de Lisbonne
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Hokusai : 1760-1849 - Grand Palais

Devenir célèbre grâce à un tsunami, impossible ? C’est pourtant le cas d’Hokusai (1760-1849). Une de ses estampes, « la Vague » est désormais le symbole même du japonisme, influence asiatique sur les artistes occidentaux de la fin du XIXe siècle. Mais l’art d’Hokusai vaut bien plus que cette élégante scène de naufrage.

Au Grand Palais, une vaste rétrospective est consacrée à cet artiste japonais (du 1 octobre 2014 au 18 janvier 2015). Hokusai est intimement lié à l’ukyio-e, mouvement artistique dominant la période Edo. Ces mots peuvent être traduits par « images du monde flottant », le monde préféré d’une bourgeoisie montante : animaux et végétaux, scènes érotiques et geishas, acteurs de théâtre, lieux célèbres, etc. Cette période est réellement un âge d’or de l’art graphique et des plaisirs raffinés. Et là, aux côtés d'Utamaro et d’Hiroshige, Hokusai, un vieil artiste, a créé une série de mangas (non, non, pas les bandes dessinées aujourd’hui populaires chez les ados). Bien des légendes courraient sur lui déjà de son vivant. Si bien que sa biographie plutôt bien connue peut se décliner en six périodes : Shunrō (1178-1794) – Sōri (1794-1798) - Katsushika Hokusai (1798-1810) – Taito – (1810-1819) – IItsu (1820-1834) – Gakyo Rojin Manji (1834-1849). Et il a participé à l’expansion de la technique de la xylographie en couleurs au Japon. Son recueil le plus célèbre est une série de paysages comprenant tous la silhouette reconnaissable du mont Fuji. Nous sommes là devant l’apogée de son art. L’un des aspects les plus étonnants de l’art d’Hokusai est qu’il participe à un effet «boomerang ». Je m’explique. Au Japon, arrivent, au XVIIe siècle, les Européens avec des livres et des gravures. Les artistes autochtones découvrent la perspective albertienne, la réinterprètent dans leurs estampes avec des maladresses, de mauvais raccourcis, des gros plans, etc. Ces mêmes estampes sont vendues par Bing à Paris aux esthètes et aux artistes impressionnistes. Ceux-ci s’en inspirent pour leur liberté d’expression spatiale. Retour à l’envoyeur.

Bref, ce numéro Hors-série de Beaux Arts magazine ne remplace certainement pas l’imposant catalogue de l’exposition mais peut initier certains néophytes aux fondamentaux de l’estampe japonaise. Les reproductions rendent avec beaucoup de volupté le bleu des gravures d’Hokusai, un véritable ravissement pour les yeux. Et le lexique en fin de volume est succinct mais utile pour ceux qui ne sont pas familiers du vocabulaire japonais.
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Beaux Arts Magazine, n°4

Relecture de ce numéro très ancien déjà puisqu’il date de 1983 et qui rendait hommage à Calder, à l’occasion d’une rétrospective de ses œuvres à Turin. On peut ne pas beaucoup apprécier son travail et ses sculptures, d'ailleurs c’est un peu mon cas, mais le personnage est très attachant et bourré d’humour. L’article qui y est consacré ici est très intéressant et raconte très bien l’homme et l’artiste.



Sinon on trouve dans ce magazine une curiosité : une exposition qui avait eu lieu à la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (qui m’avait semble-t-il échappée à l’époque) sur le thème surprenant de « Boucles, nœuds et ligatures ».

Je ne résiste pas à en reproduire ici la présentation qui en est faite dans ce magazine, d’abord pour mémoire, et ensuite pour le partager, parce que je trouve cela plutôt intéressant.

(l’illustration jointe est un dessin de Jean le Gac - né en 1936 à Alès - de ses séries « Le délassement du peintre » mais que je n’ai pas retrouvée sur le Net et ne peux donc vous en donner le lien)



« Boucles, nœuds et ligatures » : sous ce titre intrigant, Gilbert Lascault nous propose une exposition aussi originale que curieuse. Au cœur de cette démonstration, presque en guise de motif, le nœud, comme acte de culture et geste quotidien et banal. Réunissant et confrontant aussi bien des œuvres d’artistes contemporains (Chacallis, Gette, Hantaï, Tapiès, Clareboudt, Viollet, etc.) que des objets pré-colombiens, africains, océaniens, ou des objets quotidiens et des affiches, Gilbert Lascault nous offre l’aliment d’une réflexion déambulatoire sur le noué et le dénoué, le ligaturé et le lié, au milieu de nœuds réels, figurés ou représentés, de nœuds de ficelle ou d’autres matériaux (métal toile, bis), de nœuds défaits ou à refaire.

Mais le critique et grand amateur de bizarreries culturelles qu’est l’auteur des « Ecrits timides sur le visible » ne tente pas ici de faire une histoire du nœud, quand bien même elle serait possible. Il s’est plutôt attaché à faire voir les multiplicités des figures du nœud dans l’ensemble des cultures, à travers ses représentations, ses usages et ses utilisations, ses significations sociales (décorative, mythologiques, magiques, religieuses : n’y a-t-il pas d’ailleurs le sens de « lien » dans le religieux ?). Le nœud, commun à un très grand nombre de cultures, n’en a pas moins une infinité de sens. Notre seule culture occidentale nous offre d’ailleurs de nombreuses figures du nœud et du lien : nœud gordien, nœuds de l’amour, nœud de serpents, sans même évoquer toutes les locutions et expressions autour du mot. Gilbert Lascault a en plus la chance de parler une langue qui utilise beaucoup de lettres liées entre elles (comme dans nœud, précisément, ou dans cœur, ou œil). C’est dire combien cette exposition pourrait encore se prolonger avec une réflexion sur le mot et la langue (ou même se voir dotée d’un catalogue dont le texte, inspiré des méthodes oulipiennes, utiliserait tous les mots de la langue française comportant des lettres ainsi liées entre elle…)

Cette exposition, dont on voit bien maintenant ce qu’elle a de plastique et de graphique à la fois, a encore l’avantage d’installer un va-et-vient entre des espaces bien différents, en montrant l’irruption d’une pratique banale dans un travail artistique, d’une pratique artistique possible dans la vie quotidienne, d’une pratique rituelle, magique ou religieuse, dans l’un et l’autre. Nous sommes tous, sans exception possible, des auteurs de nœuds ou de liens.

Nous osons à peine vous dire que vous pouvez toujours faire un nœud à votre mouchoir si vous craigniez d’oublier de passer rue Berryer. Ce serait dommage de rater cette exposition, somme toute bien ficelée… »

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Beaux Arts Magazine, Hors-série : Monumenta 2..

Monumenta est une exposition d'art contemporain qui se tient annuellement dans la nef du Grand Palais (Paris). Le premier à avoir essuyé les plâtres, en 2007, est l’artiste allemand Anselm Kiefer. Vu le succès public (135.000 visiteurs), il sera décidé de répéter l’expérience de confier ce vaste espace à un artiste contemporain (et vivant) pour une œuvre originale. Vont se succéder, avec des bonheurs divers, Richard Serra (2008), Christian Boltanski (2010), Anish Kapoor (2011), Daniel Buren (2012). En 2013, pour des raisons budgétaires, le Monumenta consacré au couple Kabakov est reporté à 2014.

Du 10 mai au 22 juin, 145 000 visiteurs (Libération, 25 juin 2014) ont donc visité cette installation d’art conceptuel, créée de toutes pièces par Ilya et Emilia Kabakov. Mais qui sont-ils ? Ce sont deux Russes, vivant maintenant aux Etats-Unis, à Long Island, qui, régulièrement, critiquent la culture de l’Union soviétique, envisagée sous ses aspects les plus totalitaires (censure, réalisme socialiste, propagande, etc.) Ilya (né en1933) a une longue carrière de peintre, dessinateur et créateur, privilégiant une démarche contemporaine : l’idée qui sous-tend l’œuvre est plus importante que sa concrétisation. Avec son épouse, Emilia (née en 1945), il produit des œuvres sous forme d’installations apparemment documentaires, mais non dénuées pour autant de poésie, voire de spiritualité.

Mais le défi, comme pour les artistes précédents, est de parvenir à prendre possession des 13.500 m² courant sous la verrière, haute de 35 mètres. Ils ont dès lors conçu « L’Etrange Cité », un croisement entre une médina arabe et un dédale crétois, entre une architecture et un parcours initiatique. En fait, ce sont des installations dans l’installation, avec autant d’espaces à taille humaine (les chapelles) dans l’espace de la nef, une mise en abyme surprenante au cœur de la verrière monumentale. Le propos est particulièrement nourri de nombreuses racines historiques : l’histoire artistique de la France et de la Russie. Ils évoquent aussi bien l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1935 et le pavillon de Constantin Stepanovitch Melnikov (1890 - 1974) et d’Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko (1891 – 1956) que l’Exposition universelle de 1937, célèbre pour son pavillon soviétique dominé par « L'Ouvrier et la Kolkhozienne » de Vera Ignatievna Moukhina (1889 - 1953).

L’Etrange Cité est donc une œuvre sous-tendue par la mythologie personnelle de ses auteurs, bien souvent inconnue d’une bonne partie des visiteurs. Mais est-ce nécessaire pour vivre l’œuvre comme une expérience esthétique ? En effet, derrière les chiffres assénés comme autant de butoirs (1500 m² de surface totale, 1,5 tonne de peinture, 12 km de calicots, etc.), se cache une volonté d’introspection, de repli en soi, de recueillement presque. Mais cette œuvre nécessite aussi une qualité bien particulière chez le spectateur, qualité aujourd’hui bien rare : le goût pour la contemplation.

Le parcours se fait en grosso mode dix étapes (ou dix stations, si vous voulez). Premier artefact, « la Coupole » est un véritable écho du lieu où elle déploie ses 13,5 mètres de diamètre et pèse de ses 24 tonnes. Elle oscille entre cathédrale gothique et architecture industrielle. Elle fait référence au compositeur Alexandre Nikolaïevitch Skriabine (1872-1915) qui lie étroitement musique et lumière. Puis vient l’entrée de la cité à proprement parler, une arche blanche, austère et pure, mais tombée en ruine : elle ouvre à la fois sur les civilisations du passé mais également sur celles qui sont en gestation. Ensuite, le musée vide, avec ses 180 m² de classicisme désuet, évoque un musée de l’Ermitage dépouillé de ses Rubens, Fragonard et autres Caravage, le tout au son de la musique de Bach. « Pour les Kabakov, l’espace de l’art serait sacré et consacré. » Le deuxième espace, intitulé Manas, fait référence à la ville utopique du bouddhisme tibétain, présente ici sous forme de maquettes, à la fois terrestre et céleste. Le centre de rencontre cosmique, quant à lui, fait référence à l’architecture des constructivistes russes et de Vladimir Ievgrafovitch Tatline (1885 - 1953) en particulier. Ensuite, les Kabakov imaginent un procédé pour aller à la rencontre d’un ange, pour ensuite nous confronter à l’ouverture d’esprit que permet l’art à travers une série de tableaux ayant le portail pour thème. Enfin, avant de quitter la cité, de manière clairement signifiante, nous sommes confrontés à deux espaces. L’un blanc, l’autre sombre. Ils constituent les deux versants de la perception du monde. Dans le premier, les œuvres du réalisme socialiste se dissolvent dans la pureté immaculée des murs, tandis que dans le second, baroque et théâtral, d’immenses tableaux, les plus personnels de Ilya Kabakov.

Au fil du périple de salle en salle, nous croisons aussi bien l’histoire de l’art que les sciences, les utopies philosophiques que les croyances, la politique que la culturelle. Bien entendu, la portée métaphysique du propos de l’installation peut échapper au commun des mortels, aussi une interview du couple vient nous éclairer, ainsi que dix clefs pour comprendre son univers. Une visite dans leur atelier, et un coup de projecteur sur l’installation « la Cuisine communautaire » (présentée au Musée Maillol) vient compléter le décryptage.
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Beaux Arts Magazine, Hors-série : L'École de P..

L'Ecole de Paris peut être divisée en trois époques marquantes :



- 1900-1914. Arrivée à Paris, dès le début du siècle, d'artistes émigrés : Van Dongen ; Pablo Picasso qui se fixe au Bateau-Lavoir ; Brancusi qui arrive à pied de Bucarest, devient l'élève de Rodin et s'installe à Montparnasse ; en 1905 Pascin arrive de Munich. En 1907, Picasso peint "les Demoiselles d'Avignon. En 1909, arrivent Zadkine et Lipchitz ; en 1910, Chagall quitte la Russie pour Paris ; il s'installera à la Ruche, ce vivier de talents artistiques qui comprendra plus d'une centaine d'ateliers.. Enfin arrive Foujita après une traversée en bateau de 45 jours.

(Pour mémoire, en 1900 : inauguration du métro parisien ; en 1913 : Roland Garros traverse la Méditerranée en avion).



- 1914-1918. La Grande Guerre disperse le premier groupe d'émigrés de l'Ecole de Paris. Restent Modigliani, Soutine, Kisling et Kikoïne. En 1915 Modigliani peint une série de grands nus qui seront saisis, à Paris deux ans plus tard, pour outrage aux bonnes moeurs. En 1918, Chagall retourne en Russie.

( En 1914 : assassinat de l'archiduc François-Ferdinand a Sarajevo ce qui déclenche la Première Guerre mondiale. 1918 : signature de l'Armistice. Exécution du tsar et de sa famille).



- 1919-1931. Après 1918, les conditions matérielles se sont améliorées pour certains, car un collectionneur américain connu, le docteur Barnes a acheté en masse, notamment les toiles de Soutine, ouvrant ainsi la voie à des amateurs puis des spéculateurs avisés, et permettant l'arrivée de quelques artistes dans les musées les plus ouverts à la modernité. Beaucoup d'artistes viennent à Paris, via Berlin. Chagall est de retour. En 1920 Modigliani meurt, sa compagne Jeanne Hébuterne se suicide. De nouveaux endroits ouvrent chaque jour, mais le Dôme et la Rotonde accueillent nombre d'intellectuels au milieu desquels évolue Kiki, le jeune modèle de Kisling. Man Ray arrive à Paris, la prend pour modèle et vivra avec elle. Le photographe hongrois Kertész arrive en 1923 et se lie avec Chagall, Man Ray et Abbott. En 1923 Brancusi se rend aux Etats-Unis. Foujita, Cocteau, Cendrars et Vlaminck assistent à l'inauguration de la Coupole en 1927. Cette même année Kertész initie BrassaÏ à la photo ; Pascin se suicide. Brassaï réalise une série sur Paris la nuit.

(1920 : instauration de la prohibition aux Etats-Unis).
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A la mode : L'art de paraître au 18e siècle

En lisant ce catalogue d’exposition, je n’ai comme regret que celui de ne pas avoir assisté à cette exposition qui semblait grandiose.



La qualité des reproductions visuelles des œuvres qui ornent ce livre est exceptionnelle, elles trônent durant des pages et des pages, aérant le texte, plaisantes au regard. Elles font la part belle aux détails, tant c’est un livre d’une grande qualité : zoom sur le plissé d’un vêtement, d’un ornement, ou sur la dentelle reproduite en peinture, léger reflets violets dans des cheveux argentés… Comme si nous étions devant les tableaux, les costumes, les broderies venues de toute la France. C’est vraiment beau et exceptionnel, que je regrette de ne pas y être allée !



Le tout, d’un ton grinçant au milieu des dorures, des dentelles et des points raffinés, déjà la mode était critiquée. Déjà, on le sait, le paraître (à la cour, surtout) était essentielle. Si bien que les commentateurs, dans se livre, se questionne sur la véracité des représentations que nous avons-là, plongeant les portraits de maîtres et autres parures somptueuses dans leurs propres contextes.

Non vraiment, les tableaux sont véritablement somptueux, toutes les œuvres aussi, même textiles ou de joailleries. Les deux sont mis en parallèle : voilà le regard de l’artiste, voilà ce que cela donnait en mouvement, sur l’ancêtre de la photographie, et juste à côté : voilà ce à quoi ressemblait réellement ce type de vêtement, voilà la superbe archive.

On se balade à travers l’Historie de l’art du XVIIIe siècle, par les différentes typologies de tableau, la manière dont elles sont traitées, dont est étudié la composition, les gestes figés, les accessoires et les tenues bien sûr, jusqu’aux déguisements.



Des grands noms passent à travers ses pages, mais aussi des statuts exemplifiés : l’artiste, la tisserande ou encore la marchande… C’est un panorama extrêmement complet que cet ouvrage, et on n’a aucun mal a imaginer la nécessité de réunir autant de grands Musées pour ce seul ouvrage, cette seule exposition.

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Beaux Arts Magazine, n°411 Septembre 2018

- Edito : le marché de l’art dopé par les musées ?

- Picasso, encore, mais en rose et bleu joli ! (Musée d’Orsay du 18 septembre au 6 janvier) avec en prime ici de très belle reproductions.

- Grayson Perry qui m’amuse toujours beaucoup.

- Histoire du mois la Fondation Cartier (je suis de glace)

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Beaux Arts Magazine, Hors-série : Raphaël : L'i..

Magnifique numéro : Raphaël, la beauté, Rome et ses fouilles archéologiques, Le Vatican et ses secrets, Florence, la Renaissance, les appartements pontificaux et l’Ecole d’Athènes…. plein les yeux.

Un magazine sur Raphaël et son temps qui n’a rien à envier à un bouquin du même nom… à conserver en bonne place.

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Beaux Arts Magazine, n°401

Retenir :

- Editorial : relooking Elysée

- FIAC : une forme olympique ! : un dossier spécial, long et fastidieux (à mon goût).

- Découverte de Christian Hidaka : Quel étrange univers …au-delà de toutes les modes !

- Analyse d’une œuvre : Paolo Uccello : voir achat du livre, mais cher !

- Marina Abramovic, la performance d’une vie : « Depuis près de 50 ans la performeuse serbe enflamme le monde de l’art en livrant son corps à des expérimentations extrêmes. Elle se met à nu aujourd’hui dans une autobiographie qu’elle dédie à ses ennemis autant qu’à ses amis. » : hallucinant !

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Beaux Arts Magazine, n°403

- De tout un peu … et les expositions du 1er semestre en vedette

- Dossier Femmes artistes « Femmes ? Femmes de…, surtout. Nombre d’artistes sortent enfin de leur strict statut d’épouse, et l’année 2018 s’annonce comme un moment phare pour leur réhabilitation tardive. » …. Je crains pour ma part que ce ne soit là encore qu’une question d’écriture inclusive….



Cru très moyen.

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Beaux Arts Magazine, n°390 - décembre 2016

- Découverte du peintre Hugo Wilson. Bluffée !

- Au maroc, une oasis de street artists, sanctuaire pour les graffeurs du monde entier, implanté à proximité de Marrakech sur la route de Fès (Jardin rouge, une résidence créée spécifiquement pour les artistes urbains par un philanthrope français souhaitant conserver l’anonymat) : séduite !

- Affaire Wildenstein « La dynastie de marchands d’art régnant à Paris depuis le XIXe siècle risque de sombrer suite à une affaire de fraude fiscale. Récit d’un procès hors normes, où Manet et Corot sont venus accélérer le déclin d’un empire. »

- Francis Picabia « Le loustic de la peinture ». Bon papier qui explore bien les différentes facettes de cet artiste en tous genres.



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Beaux Arts Magazine, n°381 mars 2016

Rien de bien affolant dans ce numéro.

A noter pour ceux que cela intéresse, un guide 2016 des Ecoles d'art.
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Beaux Arts Magazine, n°371

Je retiens, dans ce numéro l'enquête,"Est-ce un Caravage ?, sur la manière d'identifier des chefs d'oeuvres inconnus. Pour le reste et en particulier l'art de rue qui m'intéresse beaucoup et qui était l'accroche du magazine, je suis restée sur ma faim...

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Beaux Arts Magazine, Hors-série : Martial Ray..

« Si la France veut un grand peintre en ce début de XXIe siècle, c’est moi, ce n’est pas Buren. Il n’y a personne d’autre. » (lu dans le JOURNAL DES ARTS) Voilà les propos de Martial Raysse qui prétend surpasser Daniel Buren qui, me semble-t-il, ne se définit plus comme un peintre (bien qu’il bande encore, si je puis me permettre). Pourquoi ne pas plutôt se comparer à Gérard Garouste, lui aussi peintre figuratif, avec un réel univers intérieur ? J’ai tenté de trouver la réponse avec la lecture du numéro hors-série de Beaux-Arts magazine consacré à sa rétrospective (1960-2014). Dans mon souvenir, Martial Raysse est, en vrac, un artiste français incontournable pendant les années 60, un utilisateur de néons dans ses œuvres, une prédilection pour les couleurs saturées, un assembleur d’objets tirés des supermarchés, une fascination pour les femmes, la publicité, la société consumériste et l’entropie. Et, également, un sujet régulier (souvent « Made in Japan », inspirée par « la Grande Odalisque » d’Ingres) pour une dissertation sur la modernité, voire pour le baccalauréat (philo, français ou artistique)…

Cette revue est fort agréable à feuilleter. Premièrement, elle permet de prendre conscience à quel point les œuvres pop du Nouveau Réalisme ont nourri sa peinture actuelle. Il suffit de comparer « Life is so complex » (1966) et « Comment ça va, Irma ? » (2013) pour s'en rendre compte. Ensuite, elle ne néglige aucun aspect de cet univers bien singulier : assemblage, peinture, dessin, sculpture, photographie, film, installation. En 1964, Raysse peint « Suzanna, Suzanna », tiré du célèbre tableau du Tintoret, conservé à Vienne. Il prévoit une zone blanche, une sorte d’écran, propre à recevoir la projection d’un film Super 8. Et, soudain, apparaît la figure spectrale du regretté Arman, un de ses amis les plus fidèles. Et ainsi de suite, au fil des pages, je pense très souvent au Pop Art américain (Warhol, Rosenquist, Wesselmann) : il suffit de remplacer Campbell’s par Génie sans bouillir, ou Brillo par Lux et nous nous retrouvons devant le même regard sur la société de consommation des Golden Sixties. Mais ce regard est également une critique non dépourvue d’humour : les néons sont omniprésents, toutes les images sont prépondérantes, le plastique à tous les étages …

Mais la réelle découverte (et de l’exposition, et de cette revue) réside en de grands tableaux (huile et liant acrylique sur toile). Raysse revient à la peinture en 1977. Et, comme celle de Garouste, elle est le lieu d’une énigme. Les deux artistes ont en commun un regard acéré sur notre monde anxiogène, mais leur technique est très, très différente. Là où Garouste se fait souple, Raysse propose un dessin plutôt raide, très hiératique, en fait. Là où Garouste se fait discret, Raysse, avec sa passion assumée pour le fluo, nous propose un monde clinquant, que certains, j’en suis sûr, qualifieraient de « vulgaire ».

Après un entretien avec Catherine Grenier, la commissaire de l’exposition, la biographie de Martial Raysse est évoquée en neuf dates, photographies à l’appui. Les autres chapitres nous exposent les différents médiums utilisés par l’artiste, puis ses points communs avec le Pop Art américain. Pour terminer, diverses œuvres (dont trois installations cultes) sont commentées. Une bibliographie succincte se trouve en dernière page.

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