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Citations de Erckmann-Chatrian (189)


Bien des gens ont raconté l’histoire de la grande révolution du peuple et des bourgeois contre les nobles, en 1789. C’étaient des savants, des hommes d’esprit, qui regardaient les choses d’en haut. Moi, je suis un vieux paysan et je parlerai seulement de nos affaires. Le principal, c’est de bien veiller à ses propres affaires ; ce qu’on a vu soi-même, on le sait bien ; il faut en profiter.
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Il m'a toujours semblé que la nuit de Noël était une nuit spéciale, où il survenait des choses particulières, des événements plus heureux ou plus malheureux. Ce soir, j'ai comme une appréhension...
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« Et quand, à la cinquième ou sixième bouteille, les figures s’animent quand les uns éprouvent tout à coup le besoin de louer le Seigneur, qui nous comble de ses bénédictions, et les autres de célébrer la gloire de la vieille Allemagne, ses jambons, ses pâtés et ses nobles vins (…). »
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Mais, à dire la vérité, personne n’était encore sûr du déficit ; les gens en parlaient, et quelquefois aussi les gazettes, d’une façon détournée, quand le roi nomma pour ministre un marchand de Genève, qui s’appelait Necker. Cet homme, à la manière des marchands qui ne veulent pas faire banqueroute, eut l’idée de dresser le compte de toute la France : d’un côté les gains, et de l’autre les dépenses.
Les gazettes appelaient cela le compte rendu de M. Necker.
C’était la première fois, depuis des siècles, qu’on disait aux paysans où passait leur argent, parce que, de rendre des comptes à ceux qui payent, c’est une idée de marchand, et que les seigneurs, les abbés et les moines étaient trop fiers et trop saints pour avoir une idée pareille.
Quand je songe au compte rendu de M. Necker, c’est comme un rêve ! Tous les soirs, maître Jean en parlait ; la guerre d’Amérique, Washington, Rochambeau, Lafayette, les batailles sur la mer des Indes, tout était mis de côté pour ce compte rendu, qu’il épluchait en levant les mains et gémissant : « Maison du roi et de la reine, tant ! Maison des princes, tant ! Régiments suisses, tant ! Traitements des receveurs, fermiers, payeurs, régisseurs, tant ! Communautés, maisons, édifices de religion, tant ! Pensions sur la cassette, tant ! » – Et toujours par millions !
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Oui c'est de l'habitude que vient presque tout, car bien peu d'hommes ont le courage et la persévérance nécessaires pour changer leurs mauvaises habitudes, lorsqu'ils s'en aperçoivent.
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Tout cela, comme le disait le sergent Pinto, n'était encore que le commencement de la fête, car la danse allait venir.
En attendant nous faisions le service de la citadelle avec un bataillon du 27e, et, du hauts des remparts, nous voyions tous les environs couverts de troupes, les unes au bivac, les autres cantonnées dans les villages.
Le 18, en revenant de monter la garde à la porte de Warthau, le sergent qui m'avait pris en amitié me dit :
"Fusilier Bertha, l'Empereur est arrivé."
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Ceux qui n'ont pas vu la gloire de l'Empereur Napoléon dans les années 1810, 1811, et 1812 ne sauront jamais à quel degré de puissance peut monter un homme.
Quand il traversait la Champagne, la Lorraine ou l'Alsace, les gens, au milieu de la moisson ou des vendanges, abandonnaient tout pour courir à sa rencontre ; il en arrivait de huit ou dix lieues : les femmes, les enfants, les vieillards se précipitaient sur sa route en levant les mains, et criant : Vive l'Empereur! Vive l'Empereur! On aurait cru que c'était Dieu ; qu'il faisait respirer le monde, et que si par malheur il mourait, tout serait fini.
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Et David Sichel, alors tout ému, prononça cette belle sentence, qu'il avait lue dans un livre hébraïque, et qu'il trouvait sublime, quoiqu'elle ne fut pas du Vieux Testament :
" Mes bien aimés, aimons-nous les uns les autres. Quiconque aime les autres connaît Dieu. Celui qui ne les aime pas, ne connaît pas Dieu. Car Dieu est amour ! "

[ERCKMANN-CHATRIAN, "L'Ami Fritz", 1864, chapitre XVIII]
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– Les modes peuvent changer tant qu'on voudra, répondit Katel [...], le bon sens ne change jamais. Nous allons d'abord vous chercher une chemise. C'est dommage qu'on ne porte plus de culotte car vous avez la jambe bien faite comme monsieur votre père ; et la perruque vous aurait aussi bien convenu, une belle perruque poudrée à la française ; c'était magnifique ! Mais aujourd'hui les gens comme il faut et les paysans sont tous pareils. Il faudra pourtant que les vieilles modes reviennent tôt ou tard, pour faire la différence ; on ne s'y reconnaît plus ! »

[ERCKMANN-CHATRIAN, "L'Ami Fritz", 1864, chapitre XV]
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Pendant le déjeuner, je dis à ma femme :
– Tout a bien été ! Nous allons être enfermés quelque temps, jusqu’à ce que l’Empereur ait remporté la victoire ; mais on ne tirera plus sur nous, on se contentera de nous bloquer ; le pain, le vin, la viande, les eaux-de-vie deviendront plus chers. C’est le bon moment pour nous de vendre ; autrement il pourrait nous arriver comme à ceux de Samarie, lorsque Ben-Haddad assiégeait leur ville : il y eut une grande famine, la tête d’un âne se vendait jusqu’à quatre-vingts pièces d’argent, et la quatrième partie d’un kad de fiente de pigeon, cinq pièces. C’était un bon prix ; malgré cela les marchands attendaient encore, lorsqu’un grand bruit de chariots, de chevaux et d’armée venu du ciel fit sauver les Syriens avec Ben-Haddad ; et le peuple ayant pillé leur camp, le sac de fine farine ne valut plus qu’un sicle, et les deux sacs d’orge un sicle. Tâchons donc de vendre quand les choses ont un prix raisonnable ; il faut s’y prendre de bonne heure.
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Cela fait que la guerre , la plus belle chose autrefois - un art, un sacrifice, un dévouement à la patrie - est devenue un métier, qui rapporte plus qu'une boutique. C'est toujours très noble, puisqu'on porte des épaulettes; mais il y a pourtant une différence entre se battre pour des idées éternelles et se battre pour enrichir sa boutique.
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Que l'air est vif sur ce haut plateau des Vosges ! que la lumière est claire entre ces petites façades blanches et roses ! et là-bas que la verdure de la petite place des Acacias est brillante !
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Sous la république, on ne parlait que du Contrat social et des autres livres de Jean-Jacques ; c’était la Bible et l’Évangile de ce temps-là !… Cent fois j’ai voulu les lire, mais c’est tellement beau, tellement savant et magnifique, que je n’y comprenais rien. Ces ouvrages, comme le Génie du christianisme, que m’a prêté M. le curé, comme les chefs-d’œuvre de la chaire de Bossuet, sont pour les rois, les princes, les grands seigneurs et les savants ; il faut des années et des années d’étude avant de comprendre au juste ce qu’ils signifient. Nous autres gens d’en bas : ouvriers, paysans, petits bourgeois, on ne s’inquiète pas de nous ; les bœufs qui traînent la charrue n’ont pas besoin de comprendre ; pourvu qu’ils aillent… qu’ils aillent… qu’ils remplissent leur métier, c’est assez, on ne leur en demande pas davantage.
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Ceux qui, durant leur jeunesse, ont eu le bonheur de rencontrer un site pareil en pleine forêt, à l'heure où la nature sort de son bain de rosée et se drape de soleil, où la lumière s'éparpille dans le feuillage et plonge ses lames d'or au fond des fourrés les plus impénétrables; où la mousse, le chèvrefeuille, toutes les plantes grimpantes fument dans l'ombre et confondent leurs parfums sous le dôme des hautes futaies; où les mésanges bleues et vertes tourbillonnent autour des branches, à la recherche des pucerons; où la grive, le bouvreuil et le merle descendent au ruisseau et boivent en se rengorgeant, les ailes palpitantes étendues sur l'écume des petites cascades; où les geais pillards traversent par bandes la cime des arbres, s'appelant et se dirigeant à la file vers les cerisiers sauvages; à l'heure enfin où tout s'anime, où tout célèbre l'amour, la vie, la lumière : ceux-là seuls comprendront mon extase.
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… un obstacle vaincu, d'autres se présentent. La vie humaine ressemble à la mer agitée : une vague suit l'autre, de l'ancien monde au nouveau, et rien ne peut arrêter ce mouvement éternel.

2153 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 243]
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Au-dehors, on entendait le « qui vive ? » des sentinelles, le passage des rondes, et sur les cimes d'alentour, les hurlements des loups qui suivaient nos armées par centaines comme depuis 1812. Ces animaux carnassiers, assis sur les glaces, leur museau pointu entre les pattes, et la faim aux entrailles, s'appelaient du Grosmann au Donon avec des plaintes semblables à celles de la bise.

2152 – [Le Livre de Poche n° 5075, p. 149]
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Hullin, devenu grave, monta sur une pile de « tronces » et, promenant sur la foule des regards profonds, il dit au milieu du plus grand silence :
« L'ennemi a passé le Rhin avant-hier soir ; il marche sur la montagne pour entrer en Lorraine : Strasbourg et Huningue sont bloqués. Il faut nous attendre à voir les Allemands et les Russes dans trois ou quatre jours. »
Il y eut un cri général de « Vive la France ! »
« Oui, vive la France, reprit Jean-Claude, car si les alliés arrivent à Paris, ils seront maîtres de tout ; ils peuvent rétablir les corvées, les dîmes, les couvents, les privilèges et les potences ! Si vous voulez ravoir tout ça, vous n'avez qu'à les laisser passer. »

2148 – [Le Livre de poche n° 5075, p. 92/93]
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... un de ces vieux maîtres d'école allemands, qui se farcisent la tête de vieilles histoires de ma tante l'Oie, et vous les débitent gravement. A force d'étudier, de rêvasser, de ruminer, de chercher midi à quatorze heures, leur cervelle se détraque ; ils ont des visions, des idées biscornues, et prennent leurs rêves pour des vérités. J'ai toujours regardé Yégol comme un de ces pauvres diables, il sait une foule de noms, il parle de la Bretagne et de l'Austrasie, de la Polynésie et du Nidexk, et puis de Gérolseck, du Turkestein, des bords du Rhin, enfin de tout, au hasard; ça finit pas avoir l'air de quelque chose et ça n'est rien.

2107 - [Le Livre de Poche n° 5075, p. 28]
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Si le peuple était instruit, le suffrage universel serait très bon ; mais dans ce moment où le quart de la nation ne sait pas lire, l’adjonction des capacités me paraît meilleure. Guizot et Louis-Philippe ne veulent dans leur Chambre que l’esprit de gain et d’avarice, qu’ils appellent l’esprit d’ordre, de conservation ; ils repoussent l’esprit d’honneur, de justice et de liberté, qui fait pourtant seul les grandes choses : ils repoussent l’adjonction des capacités. Odilon Barrot et Duvergier ne demandent que cela pour le moment ; je leur donne raison. Il faut d’abord instruire le peuple, et quand il est instruit, lui demander son avis.
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" Peut-on croire, monsieur, que des mains de femmes aient fait cela ! disait-elle, n'est-ce pas merveilleux !
– Oui, c'est beau ! " répondait Kobus, songeant à l'effet qu'il allait produire sur la petite Sûzel avec ce superbe jabot étalé sur l'estomac, et ces manchettes autour des poignets. "Crois-tu, Katel, que beaucoup de femmes soient capables d'apprécier un tel ouvrage ?
– Beaucoup de personnes ! D'abord toutes les femmes, monsieur, toutes ; quand elles auraient gardé les oies jusqu'à cinquante ans, toutes savent ce qui est riche, ce qui est beau, ce qui convient. Un homme avec une chemise pareille, quand ce serait le plus grand imbécile du monde, aurait la place d'honneur dans leur esprit ; et c'est juste, car s'il manquait de bon sens, ses parents en auraient eu pour lui. »

[ERCKMANN-CHATRIAN, "L'Ami Fritz", 1864, chapitre XV]
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