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Critiques de Jason (92)
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Des morts et des vivants

J'ai essayé de perséverer dans la découverte de cet auteur après le Mauvais chemin qui ne m'avait pas convaincu. Je dirai que j'ai au moins compris toute l'histoire de ce récit où il y a encore des morts et des vivants. On dirait que c'est un thème de prédilection chez cet auteur.



On commence par une belle chronique sentimentale pour terminer sur un film d'horreur digne de Thriller du défunt MJ. On ne peut être que surpris par un tel virage dans l'histoire. Je dirai également qu'il y a une belle efficacité dans la mise en page : les scènes s'imbriquent parfaitement.



J'ai pas trop aimé la fin de ce récit. Cela demeure une bd un peu OVNI sur les bords. C'est singulier et je comprends qu'on puisse aimer le style de cet auteur. Je n'en suis pas trop friand pour l'instant mais qui sait si j'arrive un jour à changer d'avis...
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J'ai tué Adolf Hitler

J'ai plutôt bien apprécié ce récit qui met en scène un tueur froid et implacable. On lui demande de tuer un voisin, une belle-mère, un patron etc... : il exécute son travail avec professionnalisme. Que peut-on lui demander de plus ? Tuer Adolph Hitler par exemple pour peu qu'on possède une machine à remonter le temps d'une cinquantaine d'années. Voilà pour le constat de départ.



Je crois que le titre est un peu trompeur. Je comprends la déception d'un certain nombre de lecteurs qui s'imaginaient une histoire autour de ce dictateur néfaste pour l'humanité. Il n'est qu'un prétexte dans le récit qui va se focaliser à un autre niveau : celui de l'exploration du sentiment amoureux. J'ai trouvé le procédé intéressant d'autant que la fin m'a plutôt convaincu. Jason est un auteur qui sait nous surprendre : c'est un bon point.
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Le détective triste

Jason souhaite rendre hommage à Humphrey Bogart. Il nous concocte un polar noir où il est question d'une mystérieuse femme aux accents de Lauren Bacall qui va disparaître. Nous ne sommes pas dans le faucon maltais, ni dans Casablanca. Notre détective privé aura moins de mal pour retrouver un chat ou un tableau.



Le récit de Jason semble progresser sur le terrain d'une certaine maturité scénaristique. Désormais, ses personnages animaliers parlent. Il y a encore des zones de confusion lorsqu'il est question d'apparition. Il est dommage que la fin de ce récit flirte avec la science-fiction alors que les codes du genre appartiennent au polar.



Bref, j'ai encore du mal avec ce passage où l'on sombre dans le fantastique ou la folie... Cependant, les fans de Jason seront comblés car on retrouve son singulier univers où les silences des personnages animaliers en disent long.
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Le Char de Fer

Pour l'instant, aucune des séries de Jason que j'avais lues n'avait atteint le 4 étoiles. J'aime bien l'univers si particulier de cet auteur qui se sert des mêmes protagonistes animaux pour raconter ses histoires. Malgré un graphisme minimaliste, il y a ce quelque chose de suffisamment original pour accrocher.



Ici, on approche la perfection du récit policier dans toute sa splendeur. Il y a une énigme et un inspecteur coriace pour la résoudre afin de confondre l'assassin. J'ai franchement aimé le déroulement de cette enquête avec ces personnages. Je m'aperçois que Jason a simplement repris cette adaptation d'un roman de Stein Riverton. Pourquoi pas après tout si cela atteint cette qualité ?



Le meilleur de Jason ! A découvrir pour entrer dans un autre univers mais qui rappelle tellement le nôtre sous bien des aspects ...
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Un norvégien vers Compostelle

Je ne suis pas un grand fan des pèlerinages religieux à savoir pour quelque chose qui n'existe pas ou bien que dans le coeur des hommes. Au nom de la religion, on commet des horreurs sans nom et la triste journée d'aujourd'hui est là pour nous le rappeler. On pourra dire que la religion catholique est exempte de tout vice et que ce n'est que le fruit d'une autre religion mais nous savons tous que ce n'est pas la réalité. Au fond, chaque religion porte en elle un fond d'obscurantisme et de fanatisme et même de vices.



Cela fait longtemps que je n'avais plus lu du Jason. Je le retrouve mais en grande forme dans un récit autobiographique de randonneur pour changer un peu. C'est un récit sur une succession de réelles banalités qui ne m'ont guère passionné. Les nostalgiques de ce chemin y trouveront peut-être leur compte mais pour les autres, il faudra passer son chemin même s'il mène à Compostelle. Il y a des endroits plus jolies et harmonieux dans le monde.



C'est vraiment sans intérêt car trop limité à du descriptif de premier degré. C'était cela ou la Porsche pour les 50 ans de l'auteur. J'aurais choisi la Porsche. J'ai connu l'auteur mieux inspiré.
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Hemingway

Enfin une bande dessinée du fameux Jason que j'apprécie. J'aime bien les têtes de ces personnages animaliers. Cela ne manque pas d'expressivité rien que dans le regard. C'est déjà en soi une belle réussite dans le fait de transmettre une émotion aux lecteurs. L'image est pourtant simple.



La première partie de l'album m'a bien plu. Ensuite, il y a une espèce d'expérimentation des séquences via le point de vue des différents protagonistes qui a un peu tout gâché. On n'arrive pas vraiment à suivre le fil de l'histoire. Cela s'embrouille.



L'univers de cet auteur est effectivement particulier. Il nous livre une version forte amusante de la vie du célèbre écrivain Hemingway dans le Paris des années folles. C'est drôle et à la fois caustique.
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Low Moon et autres histoires

Ah, c'est du Jason tout craché ! On aime ou on n'aime pas. Il a un univers si singulier. Je prends toujours plaisir à retrouver ses personnages dans des aventures un peu déjantées.



Il y a des récits qui sortent du lot car ils nous poussent à la réflexion. J'ai beaucoup aimé le premier "Emilie vous passe son bonjour" ou encore "Proto film noir" ainsi que "Tu es là". Les autres me sont apparus très fades et sans saveur.



Dans l'ensemble, c'est plutôt un bon cru de cet auteur si particulier. Il y a toujours des histoires de meurtre et autres bizarrerie venues de l'espace. Cependant, cela m'a semblé par moment plus mature et destiné à un public plus adulte que d'ordinaire. Les thèmes traités sont parfois tristes (la perte d'un être cher, le désespoir etc...).



Je le recommande pour des lecteurs avides de découvrir un autre genre de style. Si affinités, le catalogue de l'auteur saura les combler. Low Moon est un bon début ...
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Chhht !

Cela fait des années que je connais cet auteur à l'univers bien singulier avec son personnage central mi-homme, mi-oiseau. Il est vrai que je n'avais pas lu ce qui constitue l'une de ses toutes premières oeuvres. Cela pouvait paraître un peu révolutionnaire à l'époque mais avec le temps et sans doute la prolifération d'autres oeuvres muettes tout aussi parlantes, c'est devenu plus commun et moins enchanteur.



Il n'en demeure pas moins que j'ai apprécié certaines nouvelles comme celle de la mort qui nous accompagne ou encore celle de l'amour qui disparaît tragiquement. Bref, cela parle même en l'absence de mots. Certaines histoires courtes n'apportent pas grand chose même en essayant péniblement de décrypter le sens. C'est couci-couça ! Léger et tragique à la fois...
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L'île aux cent mille morts

Cette drôle d'histoire de pirate est le fruit d'une collaboration assez inattendue entre l'étrange Jason et le prolifique Fabien Vehlmann.



Jason, auteur plutôt discret et dessinateur norvégien installé dans la belle ville de Montpellier. Il travaille généralement seul sur des scénarios décalés et poétiques, dans lesquels il met en scène des personnages insolites (de drôles de chiens et de volatiles au regard vide).



Pour l'île aux 100 000 morts, il s'est associé avec Fabien Vehlmann, scénariste plus connu du grand public (Seuls, Jolies ténèbres...). Et le résultat est forcément étonnant : nous faire découvrir une étrange île où l'on forme les futurs bourreaux !



Le début de ce scénario paraît très intrigant. Il est vrai que Fabien Vehlmann construit un récit sans temps mort avec une violence banalisée. On découvre un humour noir assez féroce qui n'était pas vraiment coutumier de l'auteur. On sentira presque l'influence manifeste de Jason. Ce dernier, quant à lui, reste fidèle à ses cases répétitives, ses décors minimalistes, à la simplicité de son dessin et à l’étrangeté de ses personnages dans un style faussement naïf. C'est presque trop cynique et trop cruel pour convaincre totalement le lecteur. Il faut s'accrocher !



J'ai quand même bien aimé ce titre mais je dois dire que j'ai surtout été attiré par le fait même de cette étrange collaboration entre deux auteurs dont je connaissais bien les oeuvres. Un titre à découvrir !
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Les loups-garous de Montpellier

Toujours curieuse de ce qui se fait en matière de B.D indépendante de tous horizons, j’ai eu envie de m’intéresser au norvégien Jason et j’ai donc emprunté ces « loups-garous de Montpellier ». Mauvaise pioche, je suis passée complètement à côté de cette B.D.



Tout était là pour me plaire : un trait très épuré, une mise en couleurs simple, une histoire originale, des personnages décalés, une tonalité légèrement mélancolique… Et pourtant la sauce n’a pas pris. Je suis restée hermétique à l’humour déployé et surtout j’ai trouvé que cette B.D ne racontait rien du tout. J’ai trouvé l’ensemble finalement assez creux.



Je ne sais pas si ce titre est représentatif du travail de Jason, je ne le saurai jamais car je ne vais pas poursuivre ma découverte de l’auteur et en rester à cette unique lecture.

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Low Moon et autres histoires

BD unique en son genre, au style pour le moins original. Récit minimaliste, tant au niveau du dessin que des dialogues. Qu'elles soient absurdes, noires ou (et) sérieuses, on ne sait jamais si l'on doit (sou)rire ou pleurer devant ces (courtes) histoires. Difficile de les classer dans un genre, l'auteur Jason surprend par son aisance à casser les barrières. Certains y verront sûrement un côté provocateur et limite malsain, mais pour peu que l'on s'y laisse embarqué, une poésie affleure, ici et là, au détour de personnages jamais antipathiques et souvent touchants.



Même si une ou deux fins m'ont (légèrement) laissé un goût d'inachevé à la lecture, j'avoue avoir beaucoup apprécié l'ensemble, en particulier "&" et "Proto film noir", aux déroulements implacable. Dans le genre, l'auteur semble maîtriser son art à la perfection.



L'île aux cent mille morts (en collaboration avec Velhman) m'avait déjà conquis, j'ose espérer que le reste de son oeuvre soit du même niveau.
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Les loups-garous de Montpellier

Voler, à Montpellier, grimé en loup-garou, c'est possible. J'en ai fait l'expérience. Mais il faut pas miser sur le pactole. On déniche plus d'emmerdes que de bijoux. Je remercie d'ailleurs la prison de me laisser libre accès à Babelio pour cette chronique.



Dingue, les ressemblances avec ma vie ! Comme moi, le perso principal est un voleur professionnel. Comme moi, il passe peu l'aspirateur. Il marche sous la pluie, joue aux échecs, aime Juliette Binoche et déteste Louis de Funès, boit plus que de raison et est amoureux d'une inaccessible donzelle qui se prend pour Audrey Hepburn. Décidément, les voleurs ont la vie dure de nos jours. Et je ne vous parle pas des mythomanes...



BD douce-amère sur les rêves inaboutis, Jason prend le temps de poser ses personnages. Le livre brasse des envies en perte de vitesse, l'impossibilité de dire les choses, le mal de vivre, la difficulté de la séduction. Les personnages sont touchants, bancals, une belle tranche de jeunesse désoeuvrée. En cela, le portrait brossé est porteur d'un fond social sans fioritures, parcimonieux et pas appuyé, le classieux reflet d'une époque. J'apprécie la tentative.



Les moments de vie au sein de Montpellier façonnent le côté humain et commun du personnage : oui, finalement, le vol est l'apanage de tous. En chacun de nous, un rapineur sommeille. Alors, laissez-vous aller à vos penchants tabous, et dérobez ce bouquin dans toutes les bonnes boulangeries, manquerait plus que vous l'achetiez...
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Chhht !





-Quoi?

-Quoi, quoi?

-Ben, vas-y!

-Chhht ! Mr Jason vide les entrailles du monde dans lequel on vit.

-Ah...

-Bah oui, son truc c'est de signifier l'insignifiant tu vois, de faire quantité du négligeable.

-Ouah, il doit en dire des choses...

-Non justement, il dit rien, il ne fait que montrer. La solitude, par exemple, ben, c'est le fléau de nos sociétés de consommation de masse, alors pour décrire la solitude, ben Jason, il montre des gens seuls, désespérés.

-Bah dis, il a pas l'air marrant ton Jason...

-Au contraire, toutes les situations qu'il mets en scène prêtent bien souvent à rire. Il utilise souvent le comique de répétition, les situations aussi sont désarmantes.

-Alors, il traite ça un peu à la légère.

-Pas du tout. Son dessin clair et précis, son découpage des planches est vraiment efficace. Et puis, la manière dont il différencie ses personnages d'un petit rien, d'une couleur de veste ou juste sur la longueur du museau, c'est vraiment du grand art.

-Ouais, mais je ne suis pas convaincus...

-Bah tiens, par exemple, dans la première, un homme jette une pierre dans un ruisseau. Il se retourne et trouve une jeune femme juste derrière lui. C'est le coup de foudre immédiat. Finalement, bon, je ne te raconte pas toute l'histoire mais, l'homme perd la femme qu'il aime. Il est désespéré. Alors, il retourne sur le pont qui enjambe le ruisseau. On pense qu'il va se suicider évidemment. Mais non, l'homme jette une nouvelle pierre dans le ruisseau et il se retourne, tout simplement.

-Ah ah, c'est vrai que c'est marrant. Bah tiens, je vais le lire.

-Tu m'étonnes, Jason, c'est vraiment de la balle!























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Attends... - Chhht !

Voici le genre de BD qui généralement me plait beaucoup : les histoires sans texte, ou avec presque pas de texte.

J'ai compris "Attends", j'ai bien aimé cette histoire d'ados, ces moments partagés qui semblent rien quand on est adulte mais qui sont tout à cet age là.



Par contre je crois que je n'ai absolument rien compris à "Chhht". J'ai tourné les pages, j'ai regardé, je suis revenu en arrière et ça m'échappe totalement. J'ai eu l'impression de plusieurs histoires mélangées sans réussir à décrypter chacune d'entre elle.



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Chhht !

Attention, cœurs sensibles s'abstenir.



C'est plutôt la caution de l'humour que je cherche habituellement chez Jason. Amateur du décalage qui claque, de l'inattendu dans les dialogues, John Arne Sæterøy s'attaque ici à un exercice de style ambitieux : le récit sans dialogue. Le dessin, juste le dessin. Et même si le comique guette ci ou là (c'est bien la moindre des courtoisies), l'émotion qui s'en dégage m'a vraiment surpris.



Lyrique et désabusé, Jason gagne en poésie à user du muet. Des silences qui en disent long. Des situations critiques, une esthétique de la dèche, l'ombre de la mort, partout, façon "Idées noires, tome 1" d'André Franquin, le tout fonctionne merveilleusement. Ne vous leurrez pas, tout finira mal, historiettes après historiettes, faudra apprendre à se quitter, alors, prenez plaisir avant la douche froide.



Son dessin, toujours dans l'économie, et le côté anthropomorphique des personnages, rappelle Lewis Trondheim dans ses productions minimalistes. Côté gorge nouée, certaines histoires m'ont fait penser aux excursions à fleur de peau de Renaud Dillies qui me touche tant (Sumato, Betty Blues, Bulles & Nacelle, Mélodie au crépuscule, Abélard, Le jardin d'hiver).



Féru de boucles et de cycles, le dessinateur montre ici l'éternel recommencement de notre bêtise. Une situation est portée jusqu'à sa résolution, puis la situation initiale se joue à nouveau, comme pour signifier l'universalité de toutes ces vanités. C'est brillant, touchant mais pas pesant. Bref. Réussi quoi !
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Attends

La BD a longtemps été pour moi, synonyme de gaieté, de distraction, Lily, Aggie, Tintin, Lucky Lucke ... Ensuite, j'ai filé, toutes voiles dehors, dans l'univers glacé d'Enki Bilal.



Et puis, il y a quelques années, j'ai eu une révélation lorsque j'ai lu "Attends" de Jason. Rien à voir avec les BD précédentes.

Une BD en deux parties. La première partie est l'histoire de deux amis d'enfance, insouciants. Ils vont à l'école, s'amusent, font de petites plaisanteries, ont de grands projets.

Et le drame arrive. Et on bascule, dans la seconde partie. L'âge adulte, la culpabilité, la tristesse.



Tout au long de l'histoire, on est totalement investi. C'est comme si le personnage "attendait" qu'on la lise pour pouvoir avancer. C'est une drôle d'impression.

Les planches sont en noir et blanc. L'émotion, d'entrée est présente, car le drame qui se noue, il est annoncé, il est prédit, on le sent mais on ne le voit pas arriver ou ... trop tard.

Les personnages ne sont pas des humains mais des animaux. Mais des animaux debouts, habillés, qui vont travailler, prennent le bus. Des hommes tout simplement, comme nous. Cette histoire est la nôtre. Une histoire toute simple. Une BD chargée d'émotions.



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J'ai tué Adolf Hitler

Diantre ! Quel vertige ! Comme son titre ne l'indique pas du tout, c'est une magnifique histoire d'amour que nous livre mon géant norvégien préféré. C'est aussi une réflexion sur le voyage temporel et sur l'espèce humaine, c'est avant tout une excellente bande dessinée que je prends plaisir à relire régulièrement ; ne boudez pas votre plaisir, découvrez Jason !
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Le perroquet de Frida Kahlo

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il nous fait son cinéma, le gus ! Livre après livre, Jason affiche son goût pour le 7ème art. Comme si la vie se déclinait mieux sur écran géant, le ciné-club n'est jamais bien loin pour cet artiste. Livre-hommage à de nombreux artistes, Jason pond ici une sorte de bestiaire de ses icônes personnelles, entre peinture, musique et cinoche.



On peut vite passer à côté de ces saynètes souvent cyniques ou cafardeuses, ou l'on peut prendre son temps et y voir des références, des clins d’œil, un peu plus que ce qu'il n'y paraît de prime abord, chercher, fouiner, en faire la lecture avec la bande-son qu'il nous propose, recevoir ses états d'âme, se complaire dans sa mélancolie, confiant dans le récital de l'artiste.



Je suis sûr qu'il me manque un tas de références, tant cela foisonne là-dedans, et que chaque lecture révèle un nouvel aspect des choses...



01. IL Y A QUELQU'UN ?

Dans un univers bourré d'allusions au peintre René Magritte, s'entrecroisent des tragédies urbaines. Solitudes croisées, âmes éparses, on se débat dans le tumulte absurde. Y'a-t-il seulement quelqu'un qui nous entende ?



02. KARMA CHAMELEON

Un caméléon géant vivote dans le quartier, se gavant de ses habitants. Mais il y a pire : le Docteur en pince pour la fille du héros ! Autour d'un personnage porté sur la chose sexuelle (rire garanti), l'auteur s'approprie ce titre de Culture Club (groupe de Boy George), non sans négliger l'aspect tendancieux de la chanson. Le scénario n'est pas sans rappeler celui de "Des monstres attaquent la ville" (Them!) de Gordon Douglas (1954) ou "Le Monstre des temps perdus" d'Eugène Lourié (1953).



03. EN ATTENDANT BARDOT

Deux personnages à la Samuel Beckett attendent Bardot près d'un arbre. Rien à l'horizon, sinon le goût de l'homme pour la femme, et du dialogue pour l'humain. La saynète rappelle immanquablement Estragon et Vladimir face à l'arbre d' "En attendant Godot".



04. LORENA VELAZQUEZ

Pas facile de sauver Lorena, quand tous les dangers de ses films se liguent contre elle. Sauce "Hammer Film Productions", zombies, vampires, momies, Faucheuse, martiens et autres personnages haut en couleur font face au héros délivreur, le célèbre catcheur mexicain el Santo, bien déterminé à en découdre. Mais diable, que cela épuise... Inattendu témoignage d'estime à l'encontre de cette actrice de série B, Jason s'amuse à produire ici de l'action, lui si calme à l'accoutumée.



05. UN NOUVEAU VISAGE

Un assassin présumé en cavale décide de recourir à la chirurgie pour changer de visage. Mais change-t-on vraiment de visage ? Un chirurgien peut vite en faire les frais.



06. MOONDANCE

Sur le titre de Van Morrison, hommage aux couvertures des pulps américains, ces magazines à 10 cents de la première moitié du 20ème siècle, tantôt horrifiques, bluettes, polars, fantastiques ou de science fiction.



07. LA NUIT DU CHASSEUR DE VAMPIRE

Quand Robert Mitchum rencontre des vampires, ça justifie un peu mieux que dans le film de Charles Laughton sa cruauté et la main de Dieu.



08. LE PERROQUET DE FRIDA KAHLO

Faut pas déconner avec Frida Kahlo, surtout quand elle campe un féroce tueur à gages. Jason concocte ici une amusante variation des autoportraits de l'artiste mexicaine et de ses fameux perroquets. On se demande même de qui il faut le plus se méfier. L'hommage au polar noir de Melville ("Le Doulos") en fond n'est peut-être pas pour rien dans le scénario de cette histoire...



09. THE THRILL IS GONE

Sur le titre de Lew Brown et Ray Henderson, autour de cette idée que le "frisson est parti", on retrouve la déliquescence du couple et de l'homme, sous le trait de Jason. Des risques inconsidérés pris pour se sentir vivant, l'espoir caché dans les passions anciennes, la course pour une dose de drogue. Overdoses, larcins, trompette. Tout fait penser à la biographie de Chet Baker. A lire en écoutant la chanson du même titre.



10. LA THÉORIE DU COMPLOT

Jason revisite l'assassinat de JFK à travers les âges, l'Histoire, le temps. Tout y grouille, pêle-mêle, Nostradamus, les serpents de la série V, Marilyn Monroe, Fidel Castro, Captain America, le tournage supposé de l'alunage de 1969, la multiplicité des Présidents. Et si tout ce qu'on nous vendait n'était que fantasme et complot ?



11. RIEN

La solitude de l'existence, encore et toujours, traitée ici sur fond d'Alzheimer. Tragique et poétique.
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J'ai tué Adolf Hitler

Attention, chute d'humains en vue, on fait rarement de vieux os chez Jason !



Belle entrée en matière dans cet ouvrage : le monde griffonné connaît ses propres règles, celle du meurtre commandité. Quiconque monnaie l'assassinat d'un opportun. Un collègue vous fait des misères ? Un riverain continue son tapage nocturne ? Rien de plus simple, mettez un contrat sur sa tête ! Le crime est ici banalisé, l'effondrement de votre voisin de rue, une routine. Associé au style de Jason, l'atmosphère créée est du plus froid et comique, façon "The Lobster" de Yórgos Lánthimos. J'adore.



La suite prend un tour plus moelleux, s'affadit un tantinet à mon goût autour de boucles temporelles déjà vues ci ou là dans l'oeuvre de Jason, pour rejoindre le postulat de départ : l'homicide d'Hitler, figure faussement centrale de cette histoire, mais qui offre un titre accrocheur. Machine à remonter le temps, bévues, corrections, rectifications, le divertissement avance, mais moins ambiancé. L'ensemble est vif, se lit en un rien de temps, et s'apprécie sans fioritures. Comme toujours chez cet artiste.
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J'ai tué Adolf Hitler

Cela faisait déjà un moment que j’étais attiré par les œuvres de cet artiste norvégien, mais, malgré les critiques élogieuses et les nombreux prix (nominations à Angoulême pour le meilleur premier album en 2003 et le meilleur scénario en 2005, Eisner Award en 2008), il y avait toujours quelque chose qui me rebutait lorsque je feuilletais ses albums. J’ai finalement craqué et comme c’est cet album qui m’intriguait le plus, j’ai commencé par celui-ci.



Déjà, la couverture et le titre prennent le lecteur solidement à contre-pied car le thème principal de l’album est une histoire d’amour. Pourtant, à la base, on est invité à suivre un tueur à gages qui accepte n’importe quel contrat sans trop se poser de questions. Si les demandes qu’il reçoit vont dans tous les sens, la dernière en date décroche tout de même le bouquet : remonter le temps pour tuer Adolf Hitler !



« – Mon boss m’avait promis une augmentation et le bureau du fond. Et qui l’a eue cette promotion !? Wagner du département ventes. Je le hais !

– Qui voulez vous supprimer, votre boss ou Wagner ?

– Les deux, c’est possible ? »



C’est au moment où notre tueur s’apprête à éliminer le Führer avant qu’il ne déclenche la seconde guerre mondiale que l’auteur nous prend à contre-pied. Il aurait pu s’attarder sur les conséquences d’un monde sans Hitler ou démarrer une course-poursuite haletante entre Adolf et notre assassin, mais non, il délaisse ces nombreuses possibilités alléchantes pour nous servir une « banale » histoire d’amour. Notre tueur va certes jusqu’au bout de sa mission, mais l’on comprend bien vite que ceci n’est plus qu’un prétexte pour nous servir une belle histoire d’amour qui traverse les époques. Arrivé à la conclusion émouvante de ce récit pourtant empli de noirceur, force est de constater que l’auteur nous a bien eu et que son approche s’avère brillante !



Visuellement, le trait épuré proche de la ligne claire de l’auteur sert admirablement le récit, tout comme la superbe colorisation de Hubert. Jason propose des personnages anthropomorphiques qui se ressemblent fortement et qui sont peu expressifs, mais cela confère un certain stoïcisme et une nonchalance à ces protagonistes qui semblent constamment détachés face à la gravité des différentes situations. Cette approche graphique minimaliste et cette déshumanisation se poursuivent au niveau des décors, des nombreux passages muets riche en non-dits et du formatage en cases identiques servies sous forme de gaufrier. Derrière la solitude des personnages, le vide apparent de leurs existences et la noirceur du monde qui les entoure, Jason parvient néanmoins à dégager des sentiments profonds, une petite lueur d’espoir et de nombreux regrets, comme souvent à la fin d’une vie… Brillant !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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