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Citations de Abdellah Taïa (265)


Je devenais comme eux, moi aussi. Je parlais précis. Je parlais en très bon français, parfait, faussement doux et incroyablement froid. Je parlais chic avec le sentiment d’être guindé. Et au fond, je ne disais rien. Rien ne se disait. Les jours passaient, les mois passaient, ma vie passait, et l’essentiel n’était pas là.
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J’étais en apparence si libre à Paris, si maître de moi, si réfléchi, si cultivé, si indépendant. Mais malgré moi une nostalgie du monde d’avant m’habitait désormais jour et nuit. Pas une nostalgie des gens du Maroc et de leur dictature stérile, la famille et tout ça, non, non. Plutôt une nostalgie des sensations fortes, violentes, trop violentes que je ressentais en traversant ce monde. Le monde. Ici, à Paris, on ne me regardait pas, personne ne jouait avec moi, ne faisait attention à moi. Je pouvais passer des jours et des jours sans parler à personne. Que moi à moi. Dans trop de moi.
 
J’étais moi. Et c’est tout.
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Ce ne sont pas des illusions, non. J’ai cessé de rêver d’amour, sauf avec lui. Une première et dernière fois une petite fenêtre s’est ouverte : j’ai respiré l’air pur qu’elle a laissé entrer. Cet air et l’odeur du sperme de l’homme du bus sont encore dans mes poumons, dans ma peau, dans mes veines et tout au fond de mes yeux avec lesquels, aveugle, je vois le monde.
 
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C’est horrible. C’est triste. C’est dégoûtant. Tout, absolument tout, nous sépare. Le rêve est fini. Les images du paradis entre lui et moi sont en train de tomber. De se remplir petit à petit d’amertume, de distance, d’un rappel à l’ordre.
 
Je ne suis rien. Pauvre. 15 ans.
 
Il est tout ce que je ne serai jamais.
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Ce n’était pourtant pas la première fois. Le corps des hommes, je connais. Le mien, pour des raisons qui m’échappent, les attire. C’est comme si, à mes côtés, l’interdit, le péché et Allah ne faisaient pas le poids. Je leur avais offert ce que je pouvais, à ces hommes tendres malgré eux, malgré leurs gestes violents.
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Vous êtes un solitaire qui aime lire et qui est devenu, à force de lire, obsédé par le moindre petit bruit extérieur, étranger à sa bulle. Un rien vous dérange. C’est bien résumé ?
 
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Le monde ne comprend que la violence, directe ou indirecte. Les gens jouissent quand ils ont l’occasion de montrer encore et encore leur supériorité, leur petit pouvoir, leur soi-disant hauteur, et au passage d’écraser l’autre, tous les autres. Sans pitié. Sans regret.
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Les mots violents, à force d’être répétés, étaient vides. Ils ne signifiaient rien d’autre qu’un simple amusement, un simple ricanement.
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Hé, toi, Mounir, tu as beau avoir obtenu un doctorat en littérature française du XVIIIe siècle à la Sorbonne, tu es inférieur à moi. Tu restes un Marocain, quoi qu’il arrive, ne l’oublie pas. Ne l’oublie jamais.
 
Ici France. Ici pas Maroc.
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Elle me parlait comme on parlait aux indigènes. En mauvais français. Sans le vouloir peut-être, elle avait retrouvé les réflexes pour diminuer l’autre, l’étranger, le colonisé, l’immigré, le ramener à sa vraie place : en situation d’infériorité éternelle par rapport aux autres, tous les autres. Même madame Marty, pauvre Française qui survit depuis les années 1970 dans un studio de 14 mètres carrés, pouvait et savait utiliser parfois le langage des maîtres pour se défendre.
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Je ne supportais plus cette nouvelle voix dans ma tête. Elle était là tout le temps et elle me disait que j’étais nul, que la France, à vouloir me cultiver, me civiliser, m’avait castré. Mais est-ce que tu te vois un peu, pauvre chose, pauvre et imbécile Mounir ? Regarde. Regarde bien dans le miroir. C’est qui ? Toi ? Non. Non, ce n’est plus toi. Tu n’es plus digne de ce très beau prénom. Mounir. Tu devrais t’appeler Philippe ou Baptiste. Ou alors, tiens, pourquoi pas, Fabien. Cela t’irait mieux. Ce n’est pas possible.
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Je cherchais la bagarre moi aussi ce jour-là, je l’avoue. Augmenter l’intensité. Plus de feu. Plus de cris. Plus de venin. Plus de mots meurtriers. J’ai attendu sur le palier. Je l’entendais qui marchait dans son minuscule studio comme un vieux lion dans sa cage au zoo. Je savais ce qui allait se passer.
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Être pute, ce n’est pas seulement enlever ses vêtements et ouvrir ses jambes aux hommes. C’est aussi jouer plusieurs rôles, les jouer parfaitement dans la vraie vie. Jouer et diriger les clients… Je sais tout de ce métier…
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Le monde d’ici, d’aujourd’hui, ne comprend pas Isabelle Adjani. Ne l’aime pas à sa juste valeur. Les hommes ne voient en elle qu’une actrice très talentueuse et très capricieuse. Ils ont tort. Dix mille fois tort. Isabelle Adjani, l’actrice, n’est pas dans une idée de carrière. Elle est au-delà de cela, de cette petitesse moderne.
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J"ai devrais me sentir femme. Être heureuse. Joyeuse. Faire une fête. Être légère, comme avant. Comme dans mes rêves d’avant.
C’est l’inverse qui m’arrive.
Je pleure jour et nuit. Nuit et jour.
En bas, entre mes jambes, ce qui était lourd, gênant, est parti.
On l’a coupé. En moi, à la place, il y a une ouverture. Mais je ne sens rien.
Rien.
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Je ne suis ni prophétesse ni poétesse, et encore moins une âme pure. Ne change pas de regard sur moi. Je suis pute comme toi. Enfin, je ne le suis plus. Mais je ne renie rien de mon passé. Ne change pas, Zahira. On ne change pas. On avance. On va et, un jour, les choses se mettent ensemble, s’organisent. Font sens. Ou pas. Alors, s’il te plaît, ne me traite pas comme la femme que je ne suis pas devenue… Tu connais mon histoire, non ? 
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Les hommes pakistanais de Paris sont les plus doux de la terre. Bien élevés. Polis. Jamais je ne leur demande de se laver. J’aime leur odeur, leurs manières suaves, leur timidité, leurs murmures.
Je ne comprends pas leur langue. Ils ne comprennent pas l’arabe et parlent très mal le français. Ils sont différents de mes clients arabes tout en étant musulmans comme eux. Mais ce côté musulman est tellement plus inspirant sur eux. Tellement beau, rare. Les Pakistanais, pour moi, sont ceux qui ont le mieux gardé cette qualité musulmane. Ce qui fait que l’islam est l’islam.
Parfois, je ne leur demande même pas de payer. Les regarder faire de moi ce qu’ils désirent me suffit largement.
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Iqbal,il est est déjà à moi. C’est juste qu’il ne le sait pas encore. Il m’appartient cœur, corps, âme et sexe. Il a été créé pour moi. Uniquement pour moi.
Je l’aurai, quoi qu’il arrive. Il me passera au doigt une bague très chère un jour, un jour très proche. Je travaille pour cela. Sérieusement.
J’ai trois sorciers. Un, juif, à Paris pour les dépannages. Un deuxième, berbère, à Gennevilliers. Un troisième, marocain, à Azilal, dans les montagnes de l’Atlas : c’est mon préféré, celui qui me comprend le mieux, qui me laisse tout lui raconter, même les détails les plus crus, les plus sordides. Le seul problème avec lui c’est qu’il habite loin de Paris, au fin fond du Maroc.
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On ne cesse de me dire, depuis toute petite, que les hommes ne se marient jamais avec leur fantasme sexuel. Ce n’est pas la peine d’essayer. C’est la réalité du monde partout, à ce qu’on dit. Les hommes épousent les femmes qui leur rappellent leur maman, pas celles qui les font bander, jouir.
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Iqbal a besoin de moi. Il n’y a que moi qui le comprenne. Et, en plus, je suis musulmane et arabe. C’est-à-dire : le fantasme ultime pour les Sri Lankais, les Pakistanais, les Indiens et leurs cousins. Une musulmane devant laquelle Iqbal n’a pas peur de se laisser aller, de s’ouvrir complètement.
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