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Citations de Abdellah Taïa (265)


Me construire dans le doute. Avancer seul. Être heureux seul. M'évanouir fréquemment. Décider de boire ou non du vin, de manger ou non du porc. Revoir petit à petit ma vision de la culture arabe, des traditions marocaines et de l'islam. Me perdre complètement pour mieux me retrouver. Constituer enfin, le matin d'un jour gris et de grand froid, une armée pour mon salut. Cela ne se ferait pas du jour au lendemain.
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« Je veux sortir du français, de cette langue, sortir de ce rapport entre toi et elle, si fort en moi. Je veux quitter le français tel que je le pratique depuis que je te connais. Tu es si présent, Emmanuel, si dominant. Tes références intellectuelles sont trop devenues les miennes. Où que je tourne la tête, chercher ta bénédiction est devenu un réflexe si naturel, toujours et toujours nécessaire. C’est trop. Trop. Je ne suis plus moi. Je ne suis qu’un objet qui pourrait être remplacé facilement par un autre. Un jeune Arabe très cultivé grâce à toi qui pourrait du jour au lendemain être jeté et échangé contre un autre jeune Arabe. »
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C'est toi qui ouvrira la porte du ciel.
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𝐉𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐦𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫, 𝐒𝐢𝐦𝐨𝐧𝐞. 𝐌𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫 𝐥à, 𝐝'𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐮𝐢.
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Tu as fini par me fatiguer. M’épuiser. Je n’avais plus la force, au bout d’un an et demi d’amour intense, possédé, de répéter les mêmes histoires, de subir ton autorité, d’être moins que toi dans l’amour.
Tu as réussi, avec le temps, à fixer en moi l’idée que mon amour était inférieur au tien. Tu étais un poème mystique. Je n’étais qu’une petite nouvelle de Maupassant.
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J’avais désormais une image. Une étiquette officielle. Un label. Un garçon efféminé. La petite femme. On allait passer sur moi. On allait chaque jour et de plus en plus abuser de moi. On allait me tuer à petit feu. Me tuer vivant.
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Voilà. Vous avez décidé d’être frères. Vous avez quitté l’autre monde en frères. Mathis a été le plus fort. Le plus décidé. Mais toi, Jallal, tu n’attendais rien d’autre de lui. N’est ce pas ? La force de Mathis t’a guidé, a donné sens au chaos de ton existence, au noir de ta solitude, aux malheurs qui n’ont cessé de te poursuivre.

Tu as trouvé un cœur, Jallal.

Tu es ce cœur, Mathis.
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Là-bas, mon fils, j’ai compris, je te le dis et je te le redis : il n’y a plus de musulmans. Il n’y a que des esclaves obéissants, sans cœur, assoiffés de pouvoir, de sang, de sperme, de cris.

J’ai pris les chaussures rouges de Marilyn. Et je suis partie. Vers Agadir.

Je savais que je trouverais dans cette ville touristique des sœurs, des égarés comme moi, des sacrifiées comme moi. Des mortes vivantes. Des saintes.

Trouver du travail. Mon ancien travail.
Et préparer le départ. Avec détermination.
Le plus rapidement possible.
Fuir au Caire.
Te retrouver mon fils, mon Jallal, au Caire où, juste avant qu’on m’arrête, j’avais réussi à t’envoyer, avec l’aide miraculeuse d’un de mes riches clients.

Brûler mon passeport marocain.

Brûler ma carte d’identité marocaine.

Renaître pour toi, Jallal. Pour nous.

M’accrocher à ce rêve : Marilyn.
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Mon fils est à moi. Il aime ce que j’aime. Il est ma mémoire et mon oubli. Il aimera ce que je lui dirai d’aimer. Il sera ce que je lui dirai d’être.
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Les âmes se regardent. Elles sont une.
Ma mère, cette nuit-là, s’appelait Marilyn. Elle était mécréante comme elle. Malheureuse comme elle. River of No Return me révélait ma mère autrement. Elle n’était pas seulement ma mère. Elle n’était pas qu’à moi. Elle était la mère des autres aussi. La mère, la sœur jumelle de Marilyn.
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C’est comme ça, mon fils. Je suis née pour cela. Vivre nue. Ne pas avoir peur d’être nue pour les autres. Je n’ai pas honte.
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Tu seras, comme moi, introductrice.
Tu seras, comme moi, libre.
Une reine. Pas aux yeux des autres, qui, ignorants, te considéreront toujours comme une prostituée. Une reine parce que c’est toi qui l’auras décidé.
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Ma mère m'avait vendue. Elle avait, depuis le jour de ma naissance passe un accord avec eux. Elle disait qu’on allait devenir riches, très riches. Elle a été gentille, elle m’a expliqué, elle m’a prise pour une idiote, une simplette. Il fallait accepter l’accord. Il était trop tard pour renoncer. Il fallait me sacrifier.

J’avais peur. J’ai cessé d’aimer ma mère. Je suis partie.
Je suis libre.
Je passe une maison à l’autre. Je fais la bonne. Je fais l’esclave. Je fais la putain.

Les autres, ils croient m’acheter en faisant de moi ce qu’ils veulent. Des ordres. Des insultes. Des mauvais regards. Des crachats. Des coups. Du sperme.

J’ai décidé: je fuls pour être lbre. Rester libre. Malgré les autres. Malgré la possession. Je pense à Hlima et je lutte. Je me dévergonde pour ne plus étre pure. J'espère qu'alnsi souillée, sale, ils ne voudront plus de moi. Ils renonceront. Ils finiront par m'oublier. lIs passeront à une autre.

J’attends. Je ne change pas de direction. Je ne fais que fuir. Depuis toute petite je suis sur les routes. Dans l’errance.
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Je n’avais pas peur. Je pensais, sans culpabilité. J’ai poussé Khalid. C’est lui qui l’a voulu. Je l’ai poussé. C’était la seule possibilité qu’il me restait.
La fin de la jalousie.
Répondre à l’injustice par l’injustice.
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J’ai tourné la tête vers lul. Mon ami. Khalid. Ses yeux étaient fermés. Son corps était raide, froid, détaché du mien. Son corps était redevenu orgueilleux. Égoïste. Il. avait rejoint son premier monde.

Et j’ai compris. Khalid était mon ennemi. J’étais son ennemi. C’était écrit. Rien ne pouvait plus changer cette fatalité. J'ai fermé les yeux, moi aussi. Pour mieux me préparer au dernier combat. Le dernier round. Le dernier chapitre. L'un contre L’autre. Ce qul allait suivre était justifié. Logique. C'est la loi, il n'y a toujours qu'un seul gagnant. Ce qui allalt venir, c’était de l'amour. L'amour aveugle, sans dieu ni mère pour le protéger. C’était de la guerre. Sans paroles. En dehors du monde. Au tout début. Au-dela de moi. Au-delà de Khalid. À travers nous deux, le combat primitif, innocent, sauvage, libre, recommençait.

Le Pont Cassé était notre théâtre. Sans spectateurs. Sans metteur en scène. Le mal nous avait repris. Les yeux fermés, chacun l’accueillait à sa manière.
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Nous avons repris notre voyage dans la forêt d’Aïn Houala. Sans but. Sans direction. Protégés par les arbres et les esprits. Cachés du reste du monde. Un couple retrouvé, en fuite.

Je n’en voulais plus à Khalid. J’avais oublié son mensonge, sa trahison. Nos différences. Le noir de la forêt et le rituel que nous venions d’accomplir nous portaient loin des rancœurs et des disputes. Momentanément, Hassan 2, la peur et la méfiance avaient disparu.

Khalid n’était plus un riche.
Je n’étais plus un pauvre.
Nous étions tous les deux ailleurs, ensemble dans le même sentiment. Le bonheur ? Sur le même tapis d’herbes vertes et jaunes. En train d’admirer le ciel. Deux garçons portant des slips qui marchaient vers leur destin.

une falaise les attendait.
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Depuis le début tu n’es pas là, avec nous, avec moi. Dans ce monde. Mon monde Je croyais que tu étais avec moi, vraiment avec moi. Je te racontais tout. je te disais tout. Pour te plaire, entre autres, je l’admets. Je croyais. que tu faisais pareil avec moi. Pas seulement tout me raconter. J’espérais plus. La confiance totale. Le don. On a quand même tout fait ensemble depuis qu'on se connaît. Le sexe, les rêves, les films interdits, les sorciers, la plage de Salé en hiver, le vin bon marché en bouteille de plastique de couleur verte..Tout.. Tout.. Tout jusqu’à hier, le dernler jour au collège, le dernier jour dans le même monde scolaire, La fin, Khalid, tu l'as rendue moche, tu l’as bousillée par ton secret. Ton stupide secret royal.
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Il m’attire, il me domine. Je suis à lui. Il est le Roi.
Le roi Hassan II.
Il est beau. Je l’aime. Sans douter, je l’aime. On m’a appris à l’aimer. A dire son nom. A le crier.
Il est beau. Il est important. Tellement beau, tellement important.
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Avec le temps, j’ai fini par comprendre que j’étais non seulement un assisté mais également, à plusieurs titres, un colonisé. Ne sois pas surpris par ces grands mots en lisant.
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. Comment al-je fait peur construire un lien entre cet univers des idées sophistiquées et ma réalité marocaine si pauvre à lépoque? Comment ai-je fait pour ne pas voir tout ce que j’étais en train de rater, de tuer, et ce qui se passait autour, en moi, dans ma vraie vie quotidienne et celle de mes sœurs ?Comment fait-on pour devenir à ce point-là aveugle, donner tout de soi à l’autre et à sa culture dominante ? Comment ai-je pu abdiquer si facilement ?
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