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Critiques de Agnès Desarthe (800)
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L'éternel fiancé

Une déclaration d’amour entre deux enfants aboutit, dans les contes de fées, à un mariage suivi de nombreuses naissances. Mais il arrive parfois qu’une sorcière s’en mêle et que d’un coup de baguette magique, le jeune homme devienne un crapaud et que le scénario dérape et s’achève tragiquement en cauchemar. C’est ce qui arrive à Etienne, l’éternel fiancé, qu’Agnès Desarthe condamne à finir en gigolo et ceci n’est qu’une catastrophe parmi beaucoup d’autres dans ces pages que j’ai trouvées particulièrement glauques.



Ca démarre pourtant bien, avec une peinture fine des rapports subtils entre familles ashkénazes et séfarades dans un milieu cultivé, aimant et pratiquant la musique classique, et des enfants qui deviennent adolescents, vivent leurs premiers amours, se fiancent, se marient, pendant que les parents divorcent. Mais la première partie s’achève par un dramatique accouchement qui emporte une jeune maman.



Et à partir de là tout se noircit. Les personnages deviennent obèses ou infirmes ou aveugles et l’un d’entre eux précise que c’est de la faute des « goys », remarque raciste que j’espérais ne plus lire en ce siècle. L’héroïne et sa mère se révèlent incapables de se servir d’un Lave Linge, anecdote aussi improbable qu’invraisemblable, avant que l’une décède et que l’autre déserte sa carrière et finisse en dépression …



Reste la musique classique, me direz vous, et bien la romancière introduit Clyde Spencer, chef d’orchestre victime d’un virus qui a effacé sa mémoire, pour achever son ouvrage. Trop c’est trop. Un tel catalogue de catastrophes est déprimant, « je lis le nom des morts donc je suis », et laisse au lecteur le choix entre se suicider ou prier Sainte Rita, experte en causes désespérées.



Manifestement ce livre n’est pas fait pour moi et me laisse perplexe sur les raisons qui l’ont intégré dans la première sélection du Goncourt ?
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Une partie de chasse

Ouverture de la chasse:

12/09/2021. Évitez les bois et forêts, on va lâcher des hommes armés et assoiffés de sang...





C'est Emma, sa femme, qui a forcé Tristan à participer à cette partie de chasse, avec 3 autres c.... euh chasseurs.





Tristan a caché le lapin blessé, dans sa gibecière. "Il pleure. Il n'a jamais rien tué, ni personne.".

- "Qu'est que tu fous, merde! Tu ne t'es pas tiré dans le pied, au moins? Rires pluriels et gras" des 3 chasseurs.





Et bientôt, par compassion ou parce qu'il aime les animaux, Tristan entend le lapin lui parler...





Tristan est resté avec Dumestre, un des chasseurs blessé: " une barrique montée sur 2 jambes raides, un cou de taureau." Et le regard bovin, (un chasseur blessé ? Le lapin caché doit rigoler!)





Grâce au lapin, (un lapin qui n'a pas la langue dans sa poche) Tristan va creuser un terrier, pour s'abriter de la tempête. Se souvenir de sa mère et réfléchir à ses relations avec les femmes et la Vie...





"Je voudrais avoir le temps de connaître l'amour et le luxe infini du désamour. Pour me donner du courage, je me répète ma devise : mourir de mort naturelle." Prix Goncourt des animaux en 2012.
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Comment j'ai changé ma vie

Anton est un petit garçon qui ne sait rien de la musique, mais vous allez "la do ré" !

Un enfant qui est seul, ses parents travaillent trop pour répondre à ses questions et sa mamie un peu bizarre, raconte des histoires...



Une histoire et au ...Liszt?

Mais, c'est une jolie musique!

"- Tu aimes la musique?"

Demande Marie José, une dame un peu belle, mais vieille (elle a presque 40 ans!)



"- J'aime lire. C'était une réponse tellement bête que j'aurais voulu que la terre m'engloutisse."

La dame s'est mise à fredonner une petite mélodie, sans queue ni tête, et a demandé à Anton de chanter aussi.

Anton a lâché couac après couac, flûte.

"J'ai chanté après elle, en plein milieu de la rue, devant tous les gens qui passaient et qui ne nous regardaient pas, mais quand même."



Mais ensuite, ils ont accordé leurs violons... Pom pom pom pom,

Anton est inscrit au CNP, Conservatoire National de Paris!



La plupart des petits élèves de ce conservatoire sont très concentrés. Une fois dans la musique, difficile de les envoyer...Boulez!

Anton va essayer de dérider une jolie petite Perla, qui joue du violoncelle. Car, son coeur bat la chamade, sans qu'il le sache...

- Je parie que t'es pas cap de sourire.

- Combien tu paries? Combien tu me donnes si je souris? Répond Perla.

Ce sera un... mais, n'allons pas plus vite que la musique!



On ne peut jouer de la musique n'importe comment, il faut le faire à bon Messiaen...

Anton est un peu perdu. Alto, contralto, ténor ?

Ténor ? Anton est vraiment à l'Ouest...



Car lors de son audition, Anton laisse tomber son archet, ça crin... devant Charles Dexter le professeur de violoncelle, en découvrant ses photos sur les murs. Les photos de...



-Qui aime bien, Satie bien.

Anton va se mettre au diapason de sa Mamie et la remettre au piano! Et ça, c'est pas du pipeau...
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Le Château des Rentiers

« Vous ne serez peut-être pas heureux d’être vieux, mais vous pouvez vous efforcer d’être joyeux. » C’est avec une fantaisie irrésistible d’allant et de malice, qu’à cinquante-sept ans, Agnès Desarthe s’empare des thèmes de la vieillesse, du temps qui passe et de la mémoire, pour un récit empruntant de manière faussement improvisée les chemins semés d’images et d’anecdotes de sa réflexion.





Il est possible de vieillir heureux. Preuve en est l’exemple des grands-parents maternels de l’auteur, Boris et Tsila Jampolski, des Juifs originaires d’Europe centrale pour qui, après la guerre, les pogroms et les camps, vieux ne signifiait pas « bientôt mort », mais « encore là », et la mort non « pas ce vers quoi ils cheminaient mais ce à quoi ils avaient échappé. » Au milieu de la soixantaine, ils s’étaient installés dans un modeste immeuble parisien, rue du Château-des-Rentiers, où ils avaient battu le rappel de leurs amis, souvent eux aussi des survivants de la Shoah. Leur « phalanstère improvisé » abritait une vie joyeuse et solidaire que l’auteur évoque avec délice au travers de la dentelle de ses souvenirs, entre les comptines russes et l’inimitable gâteau aux noix de sa grand-mère, les cavalcades d’un étage à l’autre de la bande d’enfants et de cousins ravis de s’y retrouver, et surtout la chaude et bruyante affection de cette communauté soudée en famille élargie par un passé commun et par la ferme intention de « sur-vivre ».





Alors pourquoi la vieillesse nous effraie-t-elle tant ? Est-ce de n’avoir pas souffert, d’avoir « vécu dans un confort tel », que notre génération a cessé de voir dans le grand âge un privilège, pour ne plus retenir que la perte et la déchéance ? Armée de sa mémoire et de son imagination, en une narration originale simulant avec humour et sensibilité, pour mieux nous convaincre, le cheminement soi-disant à bâtons rompus de sa réflexion, Agnès Desarthe use avec virtuosité d’anecdotes personnelles, d’interviews de son entourage, de dialogues avec son alter ego, ou encore d’un projet vaguement utopique d’un lieu communautaire inspiré de l’immeuble où vivaient ses grands-parents, pour, de fil en aiguille, nous projeter avec elle dans « un moment-lieu où il [serait] possible de vivre [vieux] en espérant. Où les souvenirs cesse[rai]nt d’être un poids » pour devenir... « une rente ».





Formidable hommage de l’auteur à ses grands-parents et à leur force de vie grandie sur le silence de leur incommunicable expérience, réflexion originalement menée sur le temps qui, entremêlant passé et présent dans nos mémoires, fait perdurer en nous chacun de nos âges comme autant de poupées russes, ce livre apaisant et apaisé séduit autant par sa réflexion pleine de pudeur, de sensibilité et d’auto-dérision, que par le brio de sa construction, faussement à bâtons rompus. Coup de coeur.


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C'est qui le plus beau ?

Milos est un petit gnou que sa maman qualifie comme le plus beau de tous les gnous. Même s'il en doute un peu, lorsqu'il apprend qu'un concours de beauté ouvert à tous les animaux va avoir lieu, son grand désir est d'y participer. Si maman gnou est tout de suite partante, papa gnou est un peu plus réticent mais finit par accepter. Dans la foule des 245 participants, pas moins, il se sent un peu seul mais voilà que Denis le pingouin s'approche de lui, la discussion s'engage, une amitié est née.

Mais rapidement le concours va tourner court…

C'est qui le plus beau ? belle petite histoire met en exergue la gentillesse de Milos, son courage et sa générosité, des qualités tellement plus importantes que la beauté. En lisant ce petit livre qui s'adresse aux jeunes enfants, à partir de 7 ans, ceux-ci ne pourront qu'être touchés par cette belle amitié née spontanément entre Milos le gnou et Denis le pingouin ainsi que par la solidarité de Milos envers Denis de même que par l'entraide apportée par tous les autres animaux. Les nombreuses illustrations d'Anaïs Vaugelade, en bichromie, pleines d'humour embellissent et enrichissent cette belle aventure signée Agnès Desarthe que je connaissais comme auteure de livres pour adultes mais pas encore pour enfants et pourtant, elle en a écrit bien d'autres...

Ces personnages originaux et plaisants, aux regards bienveillants devraient permettre aux jeunes lecteurs d'avoir une autre vision de la beauté. À la fin du livret où les deux parents se disputent, la maman affirmant c'est le plus beau et le papa c'est le plus brave, je vous laisse lire la réflexion de notre héros :

« - Ne vous disputez pas. J'en ai marre des plus ceci, des plus cela, dit Milos d'un ton philosophe. Je suis comme je suis. Et c'est bien suffisant. »


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Mangez-moi

Myriam est un brin de femme assez spéciale, dans le sens bordélique, spontanée, fonceuse, déboussolée, elle décide d’ouvrir un restaurant entre deux hasards. Son restaurant « chez moi » est aussi sa maison, et mis à part une ardoise des menus devant l’entrée, un mobilier rafistolé, Myriam gère sa petite entreprise comme elle peut.

Ce roman qui paraît d’un premier abord très gourmand, entre deux salades et deux tomates, laisse passer quelques beaux passages extrêmement bien écrits appelant une certaine philosophie et réflexion. Le seul hic c’est ces vagues incessantes entre les salades et la prose, on part dans tous les sens, sur tous les fronts, et au final on s’y perd. Enfin moi, je m’y suis perdue. J’aurai bien aimé un fil conducteur plus romancé, j’aurai certainement adhéré davantage car la plume reste vraiment sympathique et jolie.
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Le Château des Rentiers

Derrière tout ce qu’évoque le titre, riche d’une aisance sociale et d’un peu de rêve de princesses et de cour festive, se cache une adresse chère au coeur de la narratrice. La rue du Château des Rentiers, loin de l’image que son nom renvoie, abritait dans une de ses tours une communauté de juifs d’Europe centrale, et parmi eux les grands parents de la narratrice. La tristesse et la banalité du décor contrastait avec l’esprit communautaire unissant les résidents.



Les souvenirs d’enfance surgissent au fil des pages, réminiscences d’un enfance emplie d’histoires et d’amour, et c’est sans doute ce qui détermine chez la narratrice la volonté de créer une communauté, alternative aux anonymes ehpads, pour abriter ses vieux jours, encore lointains malgré les signes annonçant progressivement la couleur, à travers les douleurs variées et les trous de mémoire.



L’écriture plaisante d’Agnès Desarthe contribue au charme de ce roman nostalgique, parsemé d’indiscutables éléments autobiographiques. Mémoire d’une histoire récente pour laquelle la littérature est le dernier rempart pour ne pas oublier, récit de souvenirs personnels tendres comme peut l’être l’amour qui unit une enfant et sa grand-mère, ce sont de bien belles pages que nous offre là Agnès Desarthe.



176 pages L’olivier 18 août 2023


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Mangez-moi

Quelle drôle de bonne femme Myriam! A l'âge où la plupart de ses congénères sont bien installées dans la vie, elle reprend tout à zéro. Elle n'a pas la quarantaine triomphante, c'est le moins qu'on puisse dire mais comme elle n'a plus rien à perdre, elle a l'audace du désespoir. Ouvrir un restaurant, seule et y dormir parce qu'elle n'a pas d'autre solution, Myriam relève avec brio ce pari un peu fou et trouve en chemin d'autres têtes brûlées qui vont l'aider à mener à bien cette aventure de la dernière chance.

Myriam est attachante et sa conception de la restauration qui est avant tout faite de partage et d'amour ne peut que toucher le lecteur au plus profond de ses tripes. Petit à petit nous nous lions d'amitié avec elle, elle nous révèle ses failles, son bannissement de la famille après une grosse erreur dont elle se tient pour responsable. Seule, lâchée par son mari, rejetée par son fils, Myriam relève courageusement la tête et entame devant nous une symphonie sans tambours ni trompettes, mais sa musique lyrique est toute empreinte d'émotions et de saveurs suaves.

Mangez-moi est un hymne à l'amour. Mitonner pour ceux qu'on aime est un acte d'amour, certes très quotidien, parfois trivial mais je suis persuadée que pour bien cuisiner il faut aimer les autres, en tout cas être dans ce don de soi.

Je me suis personnellement régalée à la lecture des belles phrases d'Agnès Desarthe, une écriture émouvante et très "punchy", oserais-je dire épicée? Un livre que j'ai gloutonné en quelques heures, hips!
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Le Château des Rentiers

Esprit es-tu là ?



Agnès Desarthe a reçu ( entre autres) la joie de vivre en héritage,elle nous le prouve en abordant des thèmes plutôt plombants comme le deuil et la vieillesse. Mais dans le mot vieillesse il y a vie !

Avec un savant dosage d'autobiographie, d'imaginaire et de réflexions,elle nous livre la version à la fois fantasque et fantasmée de sa projection dans un futur encore lointain où l'on pourrait profiter jusqu'au bout de tout ce qui fait le sel de l'existence.

Pour cela,elle puise dans le réservoir de ses souvenirs familiaux et l'on apprend que ses grands-parents maternels étaient des juifs immigrés, comme leurs amis et voisins,et que cette petite communauté débordait de joie malgré un passé douloureux et indélébile comme leurs poignets tatoués.

On apprend aussi que la mère d'Agnès a été cachée dans une ferme pendant la guerre située...dans la Sarthe.Cette transmission silencieuse est un exemple : tout resurgit,d'une façon ou d'une autre,tout s'entre-mêle,passé et présent,et par la grâce d'Agnès, tout devient possible,tout s'illumine.

On adhère presque à son projet de phalanstère pour vieillir ensemble dans la gaieté,moi qui le voit plutôt comme un remake de " Vol au dessus d'un nid de coucous"...

Mais qu'importe.Il faut aller dans le château des Rentiers,pour se dire qu'on peut toujours se réinventer et le faire avec tendresse et élégance.
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L'éternel fiancé

Merci aux camarades-Libraires [Librairie Caractères / Issy-Les-Moulineaux ] pour m’avoir prêté ce texte d’Agnès Desarthe, à paraître en août 2021…



Deux enfants à un concert de Noël : un petit garçon qui déclare à la petite fille qu’il l’aime. Cette dernière lui rétorque « Je ne t’aime pas. Parce que tu as les cheveux de travers »



Des dizaines d’années plus tard ils se rencontrent à nouveau par hasard…Le fil conducteur … de l’histoire de cette jeune femme retrouvant cet amour d’enfance, marquée par le départ de sa mère, tombée amoureuse d’un autre homme… l’évolution de sa vie, entre un mari aimant, deux enfants, des périodes de doute, le souvenir fort de personnages ayant croisé son chemin, comme cette figure lumineuse d’une arrière-grand-mère, Marie-Louise et son arrière-petite-fille, étonnamment complices… le père, Etienne, l’é »éternel fiancé » dépassé par la vie, depuis la mort de sa femme , ayant laissé sa petite Rita à l’aïeule !



Il est question aussi de la mère de la narratrice qui pour conjurer son mal de vivre, collectionnait les sacs en plastique, l’obsession du « polythylène »… rien, ni personne n’est venu l’aider, ou l’entendre dans son mal-être pendant un flot d’années !



« Ce qui m'étonnait surtout- car on voit souvent des couples mal assortis-, c'est que ma mère ait eu le temps et l'idée de tomber amoureuse non de lui, mais amoureuse en général.



A la maison, elle avait toujours l'air si préoccupée. Les tempes creusées par une anxiété constante. Elle rangeait, elle classait, elle pliait et repliait. Je me disais parfois que, si on l'avait laissée faire, elle aurait tout plié et replié en carrés de plus en plus petits, sa famille, sa maison, les voisins, la ville, la campagne tout autour, les montagnes, les lacs, la mer, les océans, les continents lointains et leurs habitants, jusqu'aux régions polaires, tout ça, en minuscules carrés qu'elle aurait consignés dans le bas du placard (…) »



Une dernière partie avec des allusions et un hommage au musicien , Sir Clyde Spencer…Le Gospel , le blues… Un roman assez mélancolique sur le passage du temps , la disparition des parents que l’on voudrait « éternels »… Comment fait-on , parfois, pour affronter au mieux la Vie, pour « la vivre « le moins mal possible…Comment on tient le coup ? ?



J’avais lu avec intérêt de cet écrivain « Comment j’ai appris à lire »…mais là, j’ai eu un mal fou à achever ce roman… Je n’ai pas accroché à l’histoire…tout est éparpillé…décousu, sans véritable unité, ni fait saillant ! Je renâcle à être dans la critique négative, mais là j’avoue que j’ai beaucoup de mal à rédiger ce « billet » et encore plus, de terminer ce roman…trop morcelé…qui nous laisse sur un sentiment d’ »inachevé »…de « manqué »…Pourtant, le style est fluide, des plus agréables et élégant…Texte de qualité qui a toutes les raisons de trouver un public plus réceptif que moi-même, n'ayant pas réussi à me laisser embarquer !

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Le Château des Rentiers

Mon premier Agnès Desarthe, et une belle découverte ! Il faut reconnaître qu’avec un retard de lecture de plus de trente ans j’ai encore de quoi faire beaucoup de découvertes ! Certes le sujet, avec une famille survivante de la shoah, a des airs de thème abondamment traité, ! Mais, d’une part il ne le sera probablement jamais assez, d’autre part si ce thème est essentiel dans ce roman, fondateur même, pourrait-on dire, il n’en est pas pour autant central, contrairement à la vieillesse. Et quelle plume douce, légère, papillonnante, malgré la gravité apparente du sujet. Sa vision personnelle de la vieillesse concerne tout un chacun, et son cheminement personnel m’a permis de comprendre mon goût pour les récits de descendants de survivants de la shoah. Chacun des courts chapitres de ce roman est prétexte ou occasion à revisiter des instants passés, des souvenirs personnels ou familiaux fondateurs de son rapport à la vieillesse. L’écriture délicate et les talents de conteuse de l’auteur rendent fluide et facile la lecture de ce texte aux sujets si lourds.
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Le Château des Rentiers

Dans ce récit, Agnès Desarthe imagine sa vieillesse calquée sur le modèle de celle de ses grands-parents qui avaient acheté un appartement rue du Château des Rentiers, à Paris, une rue plus belle de nom que de cadre visuel.

Ils avaient acheté ce logement sur plan et pendant la construction avaient attiré des amis , anciens prisonniers des camps pendant la guerre.

S'en était suivi une vieillesse joyeuse et solidaire.

Agnès Desarthe imagine réunir ses amis de jeunesse dans un même projet pour leur avenir, pour vivre leur vieillesse ensemble.

Entre les chapitres, elle interroge de nombreuses personnes dans la soixantaine et plus sur le sujet de la vieillesse , de la mort.

Beaucoup d'humour dans le récit ou plutôt de la légèreté sur un thème qui pour moi l'est un peu moins.

Et oui je suis dix ans plus âgée que l'auteure.

J'avais sans cesse envie d'ajouter une notion intergénérationnelle à son projet car des personnes plus âgées peuvent encore apporter leur temps aux plus jeunes, aux enfants quand ils sont toujours valides. Les jeunes peuvent apporter le dynamisme par contre.

Il y a moyen de se compléter et non pas se complaire entre gens du même âge.

Chacun son point de vue à ce sujet.

Néanmoins, j'ai quand même noté le livre de 3 étoiles car l'écriture est délicate, sincère.

J'ai partagé pas mal de réflexions avec Agnès Desarthe, notamment avec le temps qui s'écoule lentement pendant l'enfance puis très vite par la suite ou sa réflexion très profonde sur l'expression "faire son deuil".

Par moments, elle m'a un peu agacée à tourner toujours tout autour d'elle, avec je lui reconnais, beaucoup d'intériorité.

Vous m'avez compris, c'était une lecture agréable mais pas un coup de coeur.
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L'éternel fiancé

Une vie.

Oui, incontestablement cette histoire je l'aurais sous-titrée ainsi. Car c'est bien la vie de la narratrice qui nous est contée depuis la découverte des premiers mots d'amour, alors qu'elle avait quatre ans et qu'elle écoutait un concert lors d'une fête de Noël, premiers mots d'amour qu'elle a dédaignés. Ces premiers « je t'aime » prononcés par ce jeune inconnu, vont plus tard faire de lui un objet constant de désir et un point de mire pour construire sa vie. Mais on ne peut pas tout reprendre du début, comme lorsqu'elle s'exerce en musique. La vie ne s'inscrit pas comme une partition.

Elle va alors, inconsciemment ou non, faire en sorte que leurs chemins se croisent à plusieurs reprises, mais ce qu'elle a imaginé, elle, n'est pas le rêve qu'il s'est construit, lui.



Une vie qui passe.

Une vie à poursuivre des chimères parce que petite, on n'a pas su saisir la perche tendue. Et puis le collège, le lycée, le travail, le mari, les enfants. Et le temps s'écoule. Les regrets arrivent. Les souvenirs affluent. Les mots qu'on n'a pas dits forment barrière au bord des lèvres. le mal-être s'installe.

Et puis…



J'ai beaucoup aimé cette lecture, celle d'une vie qui passe avec ses moments de bonheur et de désillusion, ces instants rêvés et d'autres vécus, cette corrélation qui parfois se met en place, ses rendez-vous manqués, ses surprises inattendues, ses peines et ses élans retrouvés.

J'ai aimé également l'apport de la musique pour servir de base, de comparaison, de soutien et de trait d'union avec la vie, ainsi que l'écriture douce et délicate.



Le chemin est parfois long pour se comprendre soi-même et s'accepter.
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L'éternel fiancé

Des rendez-vous qui marquent une vie



Dans son nouveau et somptueux roman, Agnès Desarthe raconte surtout des rendez-vous manqués. Mais entre la narratrice et Étienne, qui se rencontrent à quatre ans, il s’agit d’autant de jalons dans leurs vies respectives.



Cette histoire commence vraiment quand deux enfants de quatre ans se rencontrent lors d'un concert de Noël. En croisant le regard de la petite fille Étienne lui déclare tout de go: «Je t'aime parce que tu as les yeux ronds». Cette petite fille, la narratrice de ce superbe roman, interloquée, ne trouve rien de mieux à lui répondre que: «Je ne t'aime pas. Parce que tu as les cheveux de travers». Une phrase qui la hantera dès lors longtemps, car elle scelle en quelque sorte leur histoire commune. Celle d'un amour contrarié, caché derrière un mensonge de circonstance, derrière une promesse non tenue, derrière des chemins qui vont se recroiser mais jamais se rejoindre.

Ainsi, au lycée, quand ils se retrouvent, Étienne affirme qu'il ne se rappelle l'avoir déjà croisée et s'intéresse davantage aux autres filles, même s'ils partagent un point commun, la musique. Un art omniprésent dans le livre et qui va accompagner cette histoire de rythmes nostalgiques ou entraînants, joyeux et tristes, soulignant le tempo. On passe ainsi du temps de l'apprentissage à celui de l'harmonie familiale où le père et ses trois filles forment un quatuor à cordes sous l'œil attendri de la mère. Puis on bascule dans une période rock and roll quand la mère décide de quitter le domicile pour suivre son dentiste. On finira par les créations contemporaines avec un chef aussi étonnant que pathétique, car il n'a plus de mémoire immédiate.

Encore un joli symbole de cette vie qui file, de ces générations qui défilent en emportant leurs secrets. Chaque fois qu'elle va croiser Étienne la narratrice constatera que le temps a passé, que son histoire aurait pu être différente. Elle sortira avec son frère, se liera d'amitié avec son épouse Antonia, se mariera à son tour, avant de tomber dans d'autres bras. Le tout émaillé de drames et de rendez-vous avec la mort. Mais si son parcours est teinté de regrets, il est surtout admirablement bien raconté, avec un humour délicat qui emporte l'adhésion du lecteur déjà conquis par les jolies formules de la romancière qui démêle son existence «comme une chevelure qui n'a jamais connu le peigne».

Comme dans La chance de leur vie, son roman «américain», Agnès Desarthe s'attache à ses personnages pour raconter mieux que personne la vie qui passe, les familles qui se construisent et se défont, l'héritage que l’on transmet aux enfants. Avec au bout de cet éternel fiancé l'idée que le premier amour a quelque chose d'indélébile. Peut-être parce qu'il est teinté d'innocence, mais plus sûrement encore parce qu'il restera à jamais le premier.






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Ce coeur changeant

Rose, fillette négligée d'une aristocrate Danoise nymphomane, Kristina, éblouissante de beauté, à la chevelure flamboyante et d'un officier français, gauche et sans charme, obsédé par Spinoza , débarque seule à Paris, à l'âge de dix- sept ans, décidée coûte que coûte à rester dans cette ville.....



Immédiatement livrée à la pauvreté et à l'exploitation, courageuse, elle s'adapte, retombe....elle devient femme de ménage dans un "café"pour lesbiennes. Elle fume de l'opium à en perdre les dents et les cheveux, est sauvée un temps par la passion qui la lie à Louise qui lui trouve un emploi d'habilleuse à l'opéra comique, puis par l'amour qu'elle découvre auprès d'un nourrisson abandonné....

Multiples visages de mére, de fille, d'amante.En compagnie de Rose, nous traversons la politique, les époques, la société, l'affaire Dreyfus, les Années folles, la grande guerre, la vie d'artiste, les bonheurs fugaces, la solitude, la misére, les bas- fonds, les rêves scintillants, les ruptures amoureuses......

Une existence virevoltante, un récit original, un peu baroque, aux rebondissements feuilletonesques, et cœurs " changeants ".

L'auteur décrit une héroïne et ses aventures contradictoires et mystérieuses dans les années 1900- 1930, bohème et bourgeoisie mêléés.

L'écriture, légère, ciselée, gracieuse, attachante, mêle habilement l'épaisseur du roman historique à l'aisance d'un feuilleton que l'on dirait tout droit sorti des contes scandinaves couplés aux romans réalistes français...

Une œuvre d'apprentissage féministe envoûtante diablement moderne où les époques et les identités successives de Rose alimentent une narration subtilement enchevêtrée.

Entre intime murmuré à l'oreille et souffle de l'histoire, entre vaudeville et mélodrame : voilà une existence " incroyable" pour une femme " singulière".

Agnès Desarthe porte un regard insolent et narquois sur la société française du début du siècle. On ne s'ennuie pas une seconde, tandis que l'auteur convoque avec fantaisie, poésie, volupté et gravité délicieuse "les miséres de Zola",Apollinaire et Dickens, Paris et le Danemark...

Un bien bel ouvrage !

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Le Château des Rentiers

L'aquarelle, les pastels, couleurs telles qu'elles

OU

Dürer à la dure ? C'est pile ou face, ça dépend.



Agnès Desarthe rêve. Son livre ressemble à une succession de rêves éveillés.

Courts, agréables, couleur pastel ou aquarelle : elle explore le passé, à la fois réel et imaginaire, de ses parents, de ses grand-parents, et le sien. Ainsi nous nous promenons à Paris, en Normandie, en Europe de l'Est, même dans les camps pendant la guerre : soudain les couleurs chatoyantes virent au gris et au glauque. Très brièvement. Mais toujours nous revenons à cet immeuble du XIIIième arrondissement, rue du Château des Rentiers, où ses grands-parents avaient acheté un petit appartement. Et convié tous leurs amis à faire de même. Tous de Moldavie, tous juifs rescapés de la Seconde Guerre mondiale. L'immeuble était ainsi devenu une sorte de commune: les portes des logements restaient ouvertes, on entrait, on prenait le thé, on jouait aux cartes, on bavardait, on chantait puis on ressortait. Pour aller ailleurs. Joyeuse communauté, chaleureux milieu où il faisait bon vieillir avec ses amis. Agnès, qui sent poindre rides et cheveux gris, aimerait faire de même. Rêver semble être sa façon d'explorer un vécu hybride où se mêlent passé, présent et futur, le réel et l'imaginaire. C'est pourquoi elle rêve avant d'écrire et elle vit en écrivant. Tout ça communique et échange. Elle se met à rêver de ce qu'elle appelle une phalanstère, ou un EHPAD en autogestion …



J'ai passé un bon moment à partager les rêves couleur framboise d'Agnès. Ça me rappelle… le temps de mon enfance. Enfant très introverti, j'avais ma chambre et mes livres, que je relisais des dizaines de fois, et je rêvais. Beaucoup. Les années ont rajouté des anneaux à l'arbre, mais bien sûr il y a toujours cette curiosité, cet émerveillement. A seize ans, j'ai regardé autour de moi, et je me suis dit que je ne voulais pas de la vie que menaient tous ces gens. Et j'ai fait ce que j'ai pu pour en avoir une autre. Ce qui a impliqué l'adoption de tout un attirail analytique. Qui m'a quand même beaucoup changé. Ce n'est ni l'aquarelle ni le pastel, c'est le trait de plume du dessinateur à l'encre. Enfin, ça dépend. C'est pile ou face.











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Ce coeur changeant

Rose, l'héroïne, est née au Danemark . Sa mère Kristina est danoise et carrément déjantée. Son père René est un militaire français passionné de Spinoza.

Le père vit en Afrique avec Rose jusqu'au jour où il lui déclare qu'elle est assez grande pour se débrouiller.

C'est ainsi qu'elle débarque à Paris, au début du vingtième siècle avec comme bagage culturel, ses lectures d'Alexandre Dumas et la connaissance de plusieurs langues.

Elle est tout à fait désarmée et va vivre une vie faite de hasards et surtout de pauvreté.

Personnellement, je n'ai pas accroché aux personnages ni au style du roman.

Je reconnais les qualités d'imagination mais cela manque de vibrations humaines.
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L'éternel fiancé

Ça arrive une fois tous les cinq ans, tous les dix ans, parfois ça n'arrive jamais : l'impression d'être complètement en phase avec un texte, d'en saisir toutes les nuances, toutes les allusions, de se sentir absolument sur la même longueur d'onde, d'avoir fait soi-même l'expérience de ce qui est dit. Alors, un phénomène étrange a lieu, une espèce de stupéfaction teintée d'émerveillement, d'exultation et en même temps, l'émotion est telle que l'on achève la lecture à la fois empli des mots de l'autre et comme vidé de soi-même…

Singulière expérience que j'ai bien du mal à formuler en réalité...

Quoi qu'il en soit, on s'en trouve soudain réduit au silence. D'abord les mots ne viennent pas. C'est bien normal, on vient de les lire. Et l'on n'a plus qu'à se taire maintenant que tout est dit. Et puis, parler de l'oeuvre revient tellement à parler de soi que cela paraît presque impudique.

Que vais-je vous dire alors ? Par quoi commencer ? Où se cacher pour n'être pas trouvée, pas découverte, pas trahie ?

« L'éternel fiancé » commence par une déclaration d'amour : « Je t'aime parce que tu as les yeux ronds » avoue le petit Étienne à la narratrice enfant. Elle refuse ces mots. Qu'il se les garde ! Il est si laid, lui, avec ses cheveux de travers…

Et le temps passe. Les années collège, le lycée. Et Étienne que l'on recroise, qui est devenu très beau et qui a déclaré sa flamme à une autre. Étienne est pris. Pas son frère. Alors pourquoi pas son frère ? Il ressemble certainement un peu à Étienne, le frère… Peut-être pourra-t-on ainsi se rapprocher de celui qu'on a renoncé à ne plus aimer… Et la vie continue, le mariage, les enfants. Et un jour, tiens, bonjour Étienne, qu'est-ce que tu deviens ? Trente ans ont passé, on vacille, il parle, longtemps, on l'écoute raconter des choses terribles, extraordinaires et l'on se dit qu'elle est bien banale cette vie qui est la nôtre à côté de l'autre, la merveilleuse, la passionnante et folle de celui que l'on n'a jamais oublié. Que faire de mieux que de se projeter dans cette autre vie, s'absenter de soi, être double, se perdre encore un peu plus… Il y a des blancs ? Qu'à cela ne tienne… Comme une romancière, on va remplir les vides, les creux, inventer ce que l'on ne sait pas de l'autre, se créer un autre monde, une deuxième existence virtuelle, se projeter ailleurs, vivre par procuration. On y arrive bien, on est très forte dans ce domaine, c'est un peu notre spécialité de créer, d'imaginer.

« Je ne dis rien de la sensation de plus en plus présente d'avoir une double vie. Celle qui m'appartient et dans laquelle je me déplace sans joie, et l'autre dont je ne fais pas partie et qui, néanmoins, me passionne. Une vie à laquelle je ne peux rien retrancher ni ajouter, que je ne puis ni améliorer ni empirer, dont les personnages ne pensent rien de moi, dans laquelle il n'y a aucun enjeu ni aucun risque. Cette autre vie qui m'aspire et ne sera jamais ratée ni accomplie. »

Réflexion mélancolique sur le temps qui passe, sur ce qui a eu lieu ou pas, « L'éternel fiancé » m'apparaît aussi comme une métaphore de la littérature dans le sens où celle-ci, par le pouvoir des mots, de la fiction, permet d'accéder à des vies qui ne sont pas les nôtres, de les investir, de s'y voir vivre. Pourquoi se limiter à être soi quand on peut être un autre ?

« Être soi, quelle solution décevante, un résultat piteux, surtout lorsqu'on le compare à la beauté de l'équation que pose toute existence. »

La littérature pour aider à supporter…

La littérature, peut-être, pour trouver le courage…

« Le courage, me dis-je, le courage qu'il faut à chacun pour accomplir cette expérience brève et dénuée de signification, sans la possibilité de reprendre pour corriger, de faire mieux ou autrement. Le courage qu'il faut pour supporter qu'il ne reste rien. »
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une partie de chasse

Ce qu'il y a de bien avec Babelio, c'est qu'à force de donner des appréciations à chacun des livres qu'on lit, on arrive mieux à percevoir pourquoi on aime ou pas un livre. Si les qualité et style de l'écriture sont un facteur important, il est évident qu'ils sont loin d'être les seuls à déterminer notre appréciation générale.

L'ambiance, le caractère des personnages, la morale de l'histoire sont d'autres facteurs qui rentrent en ligne de compte et croyez moi, c'est bien ces éléments là qui ont fait pencher la balance vers un "deux étoiles" plutôt qu'un trois ou un quatre pour ce roman d'Agnès Desarthe.





Une partie de chasse est un roman très sombre, qui ne laisse guère la place à la fantaisie et encore moins à la dérision.

Pourtant, ce dimanche de chasse commençait plutôt bien. Tristan , le plus jeune des quatre chasseurs, poussé par sa femme à participer à une activité "sociale", ne peut se résoudre à achever le lapin qu'il vient de blesser et le cache dans sa besace. Ce dernier, doué de parole humaine intérieure, entame une sorte de dialogue avec lui. ça, c'est le côté amusant de l'histoire. Parce que rapidement, ça va se gâter...

On en apprend plus sur la vie de Tristan. Et plus ça va, plus on a envie de le secouer ! Tristan subit sa vie plus qu'il ne la vit. C'est triste et pathétique.

Les autres personnages apparaissent comme des ogres à côté de lui. D'humain, ils n'ont que les caractéristiques biologiques..Ils sont grossiers et aigris par la vie.

Pour tout vous dire, il n'y a guère à espérer du côté de l'humain dans ce roman car finalement

Alors, voilà, lorsqu'un roman me rappelle trop l'absurdité du monde dans lequel je vis ou encore tout son côté sordide, il y a fort à parier que j'en ressorte chagrinée et peu enthousiaste.
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L'éternel fiancé

"Dans la vie, tu dois te taper chaque seconde. Il n'y a pas d'ellipse qui t'amène deux heures, une semaine ou cinq ans plus tard."



Et à la lecture de ce roman, je la remercie, la vie de me donner à savourer chaque seconde de ce texte dont je ne voudrais pour rien au monde sauter la moindre saveur. Je lis Agnès Desarthe depuis très longtemps et je ne m'attendais pas à ça. Je l'aime pour son univers, sa fantaisie, son élégance à s'emparer de sujets importants, parfois graves en parvenant à les traiter avec une légèreté intense ou une intensité légère mais toujours d'une plume précise. Je l'aime pour son intérêt aux autres, son envie de raconter de vraies histoires, son intelligence raffinée. C'est peut-être grâce à toutes ces qualités qu'elle parvient à me transmettre avec ce roman, que l'on sent pourtant très proche d'elle, des sensations et des émotions qui touchent à l'universel et me touchent moi au plus profond.



Ce texte magnifique est empreint d'une mélancolie à la profondeur inédite qui laisse peu de place au sourire d'habitude tellement bienvenu chez les lecteurs d'Agnès Desarthe. Il nous parle du temps ou plutôt non, il incarne le temps. Ce texte a la même dimension magique que les fameuses robes demandées à sa marraine par la future Peau d'âne, couleur de lune, couleur de soleil et couleur de temps. On n'imagine pas représenter la couleur du temps, et pourtant, c'est ce que parvient à faire Agnès Desarthe à travers le fil invisible qui relie la narratrice à son éternel fiancé depuis cette scène inaugurale où le petit Etienne, à 4 ans, lui déclare son amour dans la salle des mariages de la mairie. Leurs vies parallèles se croiseront à quelques reprises, autant de repères pour mesurer ce qui passe, s'échappe, tous ces carrefours porteurs de choix, ces instants qui filent et disparaissent, impossibles à rattraper même en se retournant. Les scènes s'égrènent, au rythme des notes d'une bande-son musicale dont la présence s'incarne autant que celle des personnages, et l'émotion gagne face à cette lutte acharnée contre l'oubli.



La beauté de ce livre... L'écho qu'il a trouvé en moi, peut-être parce que l'auteure et moi sommes nées la même année, et que ce texte traduit un état d'esprit, des sensations qui me sont familières à ce stade de mon parcours sur Terre. Aussi parce que nombre des références culturelles parsemées au fil des pages me sont si familières. Il n'y a cependant rien de cartésien dans la forme qui pourra en déstabiliser certains, mais les autres, ceux qui percevront toute la finesse et l'intelligence de ce chaos organisé vivront une expérience qui dépasse celle de la simple relation avec un texte. Une sorte d'osmose spatio-temporelle, née de l'inventivité d'une romancière passionnée par les mots et l'imaginaire qu'ils véhiculent. Du grand art, tout simplement.



"Le courage, me dis-je, le courage qu'il faut à chacun pour accomplir cette expérience brève et dénuée de signification, sans la possibilité de reprendre pour corriger, de faire mieux ou autrement. Le courage pour supporter qu'il ne reste rien. On ne va nulle part et on y va très vite."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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