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Critiques de Alain Blottière (96)
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Azur noir

Lors d’un été caniculaire aux allures de fin du monde, un garçon de dix-sept ans, Léo, découvre qu’à l’adresse-même où il vient d’emménager, à Paris, vécurent Verlaine et, pendant un temps, son amant Rimbaud. Tandis que d’étranges troubles le persuadent qu’il est en train de perdre la vue, le jeune homme, de plus en plus obsédé par les anciens occupants des lieux, se retrouve l’objet de véritables visions, où il assiste à des tranches de vie des deux poètes.





Lui-même passionné par Rimbaud puisqu’il a déjà écrit plusieurs fois à son sujet, notamment en préfaçant une édition des Oeuvres Complètes du poète, l’auteur parvient à ressusciter la personnalité de l’artiste et l’ambiance des lieux qu’il a fréquentés, dans une série de flashes saisissants de vie et de vérité. La partie contemporaine du récit m’a toutefois moins convaincue : construit autour de la cécité hystérique de Léo qui, tel le devin aveugle Tirésias, veut « voir mieux, au-delà du temps, au-delà de l’espace » les lieux où se développa la passion entre Rimbaud et Verlaine, ce versant du roman m’a paru trop artificiel et trop envahi par la sexualité d’un adolescent fasciné par celle des deux célèbres poètes.





J’ai par ailleurs toujours quelques réserves à voir un auteur, si brillant soit-il, se réclamer d’un prédécesseur de renom. N’est-il pas somme toute assez avantageux d’exalter les qualités rimbaldiennes de ses propres vers, certes ceux de Léo ? Si le style de l’auteur est globalement maîtrisé et élégant, il ne m’a pas semblé exempt de toute imperfection, comme ces phrases empilant les subordonnées relatives jusqu’à si perdre, et compromettant la fluidité de lecture.





Trop classique peut-être dans mes attentes, je referme donc ce livre sur un sentiment général de déception : certes impressionnée par la profondeur et la finesse de la compréhension rimbaldienne de l’auteur, intéressée par le portrait crédible qu’il nous livre du poète, je me suis sentie peu concernée par la partie contemporaine du récit et parfois perturbée par le style pourtant brillant de l’auteur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Comment Baptiste est mort

Livre qui ne laisse pas indifférent.

Baptiste, à peine quatorze ans, a été enlevé avec sa famille par un groupe de djihadistes en plein désert. Ils ont roulé des heures, des jours, ils se rappelle plus bien. A un moment ils se sont arrêtés, ont été alignés, avec un terroriste derrière chacun. C'est comme ça la mort ? Mais ce n'est qu'un simulacre destiné à asservir. Ils seront emmenés dans un camp au milieu de nulle part. Un camp qui manque de tout. Séparé du reste de la famille, il sera libéré avec sur lui une vidéo. Là-bas il avait un autre nom : Yumaï.

Les pièges de l'embrigadement. C'est savamment raconté. Une narration qui va droit à l'essentiel. Ce roman alterne sur deux formes : le récit est la conversation interrogatoire.

Une écriture simple qui s'efface pour laisser la place à la profondeur, à la violence de ce roman. Beaucoup de nos lectures s'envolent le lendemain du mot fin. Pas celui-ci.

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Comment Baptiste est mort

-" Je me suis déjà reconstruit

ils m'ont tout pris, ils m'ont fait souffrir, ils m'ont battu

ils ont voulu me tuer

ils m'ont privé de tout

pas seulement de nourriture et d'eau

pas seulement de mes parents

et de mes frères

(...)

et ils m'ont fait devenir ce que je suis

ce sont eux qui m'ont reconstruit (p. 127)"



Une belle rencontre dans ma librairie "Caractères" [Issy-Les-M], avec une connaissance rencontrée au fil de mon travail, grande lectrice, avec qui j'ai plaisir à discuter, régulièrement. Cette fois, je lui ai parlé de mon dernier coup de coeur pour l' ouvrage d'Hisham Matar "Le pays qui les sépare" [Gallimard], qu'elle a acquis , et de son côté, elle m'a parlé avec grande émotion d'une de ses dernières lectures:

un auteur dont je connais le nom sans jamais n'avoir rien lu de lui: Alain Blottière. j'ai donc choisi "Comment Baptiste est mort" , avec un sujet d'actualité des plus brûlants.J'ai ainsi appris qu'Alain Blottière a souvent

traité de l'adolescence et de ses tourments, errements....



La forme de ce roman est originale ,en offrant une alternance de questions-réponses à notre "anti-héros", Baptiste, lors de son débriefing, après plusieurs semaines de captivité dans le désert, enlevé par un groupe de

djihadistes, et le récit plus distancié nous narrant à la troisième personne, le vécu de la captivité de Baptiste- renommé par ses kidnappeurs, Yumaï [ nom d'un renard du désert)



Un roman troublant qui rappelle le fameux syndrome de Stockholm,qui provoque des sentiments ambigus chez les ex- otages envers leurs persécuteurs... Baptiste-Yumaï a souffert atrocement, et en même temps, il dit aussi qu'Amir, le chef qui l'a enlevé lui a appris aussi des nouvelles choses...dont l'expérience nécessaire de la solitude absolue (en le laissant tout seul dans une grotte éloignée, où il va découvrir des traces humaines

de dessins et peintures d'humains, qui vont le fasciner et l'aider à tenir le coup),pour l'endurcir et en faire un guerrier, etc.



Au fil de ce temps de captivité, il y a eu les mauvais traitements, les coups, les insultes, les menaces de morts, pour lui, ses parents, et ses deux frères..la prise de drogue, les fameux "cachets du courage"...la faim, la

soif... Un ensemble qui a provoqué chez Baptiste-Yumaï des trous noirs gigantesques...



au fil des échanges et questionnements avec la personne qui doit l'aider à évacuer "l'horreur" , et le lavage de cerveau subi, il va retrouver des bribes des horreurs subies et des actions qu'on l'a obligé à exécuter, dans un état second...



"-Ne dis pas ça

si tu sens de la cruauté en toi

non pas la petite cruauté que nous avons tous, mais celle qui pourrait amener à faire souffrir sans

autre raison que le regard de sa victime

à tuer par plaisir

si tu sens cette chose en toi, c'est parce que ces monstres l'ont fait entrer en toi



cette chose peut partir comme elle est venue, ce n'est pas une maladie incurable (...)



tu as beaucoup souffert avec eux

les bourreaux , ce sont eux (p. 195)"



Un roman tout à fait bouleversant, écrit avec beaucoup de justesse , d'économie d'émotions [ce qui nous percute de plein fouet, d'autant plus...]; une forme de narration fort originale... et très resserrée, compacte...







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Azur noir

1 passion : la poésie. 2 époques : environ 30 ans avant 1900 et 20 ans après 2000. 3 hommes : Léo, Rimbaud et Verlaine. Point commun : Montmartre. Léo habite l’immeuble où vivait Verlaine. Il pense qu’il va devenir aveugle et déambule régulièrement avec les deux poètes. Son beau professeur, à qui il a envoyé ses poèmes, lui rend visite et... l’histoire se renouvelle. Une belle écriture qui m’a fait penser à Modiano pour les rues de Paris et à Philippe Besson pour le sujet.
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Azur noir

Arthur, te voici donc une fois encore la "vedette" d'un roman, avec ton ami Paul, que d'encre vous aurez fait couler, et coulera encore et encore, le sujet est inépuisable. Bon si j'ai aimé le portrait un peu foufou d'Arthur, j'ai moins aimé qu'on lui attribue autant d'incivilités chez autrui et en public, sans parler de sa relation. Certes, il en était peut-être ainsi, mais à quoi bon mettre en avant ce comportement qui cachait certainement un grand besoin de se faire remarquer et d'être aimer.

Pas de père à la maison, faut - il qu'on le rappelle ? Paul était - il le substitut ? Qui était plus en faute l'adulte ou l'adolescent. Mais c'est bizarre, il est rare qu'on montre du doigt cet autre personnage illustre !



Bref, Léo, chemine entre deux mondes, deux époques, j'ai bien aimé la construction subtile, où tout se mélange, ce jeune garçon livré à lui-même dans un Paris désert et accablé de chaleur. Je n'avais jamais lu ce pan de vie romancé, et ma fois hormis ce que j'ai dit plus haut, ce fut une très belle lecture. Une très belle plume également, semée de poésie, tout ce que j'aime. Retrouver un peu Rimbaud dans ce Paris d'époque m'a enchantée moi qui le connait plus à travers ma campagne ardennaise ; allant par monts et par vaux. Une belle découverte.

Et si vous êtes admiratifs de Rimbaud, ou simplement curieux, restons à Paris, il est question dans ce livre de son fameux poème le plus long " Le bateau ivre" il est sur un mur à Paris calligraphié sur 300 m² au Centre des Finances Publiques (bizarre ! mais c'est ainsi) rue Férou dans le 6ème. Ce poème avait été récité par Rimbaud le 30/09/1871, non loin d'ici dans un restaurant disparu à ce jour. Alors un petit tour après le confinement si ça vous chante en attendant vous pouvez toujours ouvrir ce roman.

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Azur noir

Alain Blottière nous parle d'Arthur Rimbaud et de sa rencontre avec le Paris des poètes à travers le récit d'un été caniculaire de Léo, un adolescent, hébergé dans l'ancien immeuble de Paul Verlaine. Le mélange de passé et de présent, de sentiments humains immuables donne au récit un souffle universel. L'auteur évite facilement le piège de la vulgarité du monde moderne (les sms et les batteries de téléphone qui se déchargent par exemple) et nous offre un texte poignant, comme toujours écrit avec finesse et dans une langue parfaitement maîtrisée. Il y a beaucoup de fauteuils vacants au Quai Conti. M. Alain Blottière y aurait une place méritée tant il est vrai que ses écrits sont immortels.
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Le tombeau de Tommy

Le tombeau de Tommy, qui oscille entre roman et biographie, fait partie de ces livres qui – me semble-t-il- passent « à la trappe du succès », sans que l’on sache pourquoi…. ?

Je ne saurais donc que vous le conseiller, car bien PLUS qu’un livre sur la résistance, c’est un livre fait pour MAINTENIR LA VIE.



L’histoire : Le tombeau de Tommy ou Comment filmer un héros ?



Il s’appellait Thomas Elek, alias Tommy, mort fusillé au fort du Mont Valérien, à 19 ans.

Il était Juif d’origine Hongroise et se rapprocha du groupe FTP-MOI de Manouchian qui s'est illustré en menant contre l'occupant une série d'attentats spectaculaires. Son nom et sa photo figuraient, parmi dix autres, sur l’ « Affiche rouge » - placardée par les Allemands avec la mention :

« ELEK JUIF HONGROIS, 8 DERAILLEMENTS ».



Elle s’appelait Hélène. Hélène Elek. La mère de Thomas.

Résistante communiste, aimante et affolée, elle donna à son fils tout son Amour comme une Arme. L’un et l’autre se vouaient amour et complicité. Il la voulait toute à lui. Elle le voulait près de lui : toujours disponible pour qu’il se blottisse contre elle tel un enfant apeuré ; toujours prête à entendre le récit de ses exploits.



Ce sont ces scènes qui vont entraîner le narrateur-réalisateur dans l’aventure d’un film. Inspiré qu’il était par la vie brève et fulgurante du héros bien réel que fut Tommy. Pour le réaliser, il cherche l’acteur IDEAL pour incarner le rôle. Il souhaite, avant tout, ne pas trahir LA mémoire, et proposer au spectateur des images justes, fidèles.



Après de nombreux casting ratés,… un jour d’hiver, alors que le cinéaste marche dans la rue, vient vers lui « une silhouette penchée, ondulante, couronnée de blond et perchée sur des roulettes ». C’est Gabriel.

Gabriel d’une beauté juvénile, « nimbé d’évidence et de mystère », dont « la grâce de danseur effleure les ombres et l’intensité du regard cherche la lumière ». Gabriel EST celui qui interprétera le rôle de Tommy.



Une fois la distribution des rôles faite, c’est une projection à trois voix qu’Alain Blottière fait défiler sous nos yeux.



Pour moi, la force de ce livre, réside dans la quête d'un IDEAL et la force de CONVICTION pour y accéder.

Pour moi, Tommy, Hélène et Guillaume sont HABITES.

Habités par une force qui les guide dans leur intention de promouvoir, de propulser, de faire (re)-connaître des idées, des convictions, des sentiments, face à la barbarie, l’intolérance, le scepticisme, le désenchantement. Cette force de conviction, cette croyance, donne sens à leurs actes, à leur vie. Elle les anime pour, au final, rayonner de ses bienfaits POUR et SUR les Autres.

Cette sorte de vitalité universelle, propre à l’homme, ne serait-elle pas, alors, le moteur de changement, qui donnerait sens à leur vie ?… (et à la vie)



Ecrit dans une langue simple, forte et pudique, Alain Blottière, tout en nous éclairant sur le destin de Thomas Elek – depuis son enfance d’émigré hongrois jusqu’à son exécution-, tout en nous impliquant dans la description du scénario du film – reconstitution sobre de moments clés de la vie de Tommy-, tout en s’interrogeant quant à l’identification dévorante de Guillaume pour Tommy, -identification qui lui servira de tremplin pour « grandir »-, rend un hommage bouleversant à la mémoire de tous les jeunes résistants.



Au final, un livre magnifiquement BEAU.

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Comment Baptiste est mort

Après avoir été enlevé avec sa famille par des terroristes, Baptiste est le seul à revenir vivant.

Mais est-il réellement vivant?

L'histoire tragique d'une destruction lente et préméditée nous est dévoilée avec une alternance de récit et de séances chez le psy au cours desquelles Yumai (anciennement Baptiste) semble réticent à tout révéler.

La monstruosité, l'inhumanité des terroristes est décrite en toute simplicité et neutralité; sans jugement. Notre lecture et notre empathie vis-à-vis de ce qu'a vécu cet adolescent font le reste.
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L'Oasis

Siwa, l'oasis mystérieuse, l'oasis de l'Oracle d'Ammon, où se rendit Alexandre....Par cette visite d'Alexandre, fils de dieu, s'ouvre cette célébration de l'oasis.

Célébration poétique plutôt que récit de voyage. Oasis rêvée où l'auteur situa un roman sans pouvoir la visiter alors qu'elle était interdite aux étrangers.

Célébration d'une oasis présentée comme une île préservée, farouche, qui se refusa longtemps aux visiteurs. Récit des expéditions des aventuriers du début du 19ème siècle qui, même sous le déguisement furent démasqués et chassés.

Célébration de l'amitié, de l'innocence de la rencontre avec les enfants de l'oasis...

Déploration de l'arrivée de la modernité, de la télévision, de la route en goudron qui amènera les touristes et emportera les oasiens vers la grande ville.

Mieux qu'un guide, un très joli livre qui fait rêver.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Comment Baptiste est mort

Un livre d'une grande beauté malgré un sujet glaçant, celui de la prise d'otages et de la transformation d'un jeune adolescent de quatorze ans en un autre malgré lui.

La forme mi- romanesque à la première personne pour narrer les souvenirs qui émergent après les traumatismes, mi- dialogue de débriefing avec les autorités , en l'occurence ici un psychologue pour localiser l'endroit de la détention par les djihadistes de la famille du jeune homme et l'aider à verbaliser l'indicible de son vécu.

Le décor dans un désert écrasé de chaleur avec la peur constante de mourir, l'abandon dans une grotte couverte de desssins préhistoriques en guise de rite initiatique, la fausse camaraderie du groupe soumis au désir d'un chef imprévisible, l'apprentissage du métier de guerrier et de la survie, tout cela donne une image fort juste de ce que vivent les otages perdus à jamais, même s'ils sont retrouvés en vie ce qu'illustre le changement de prénom du héros.
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Azur noir

Quelle belle plume ! Alain Blottiere raconte ici la rencontre entre Arthur Rimbaud et Paul Verlaine ainsi que la relation si particulière qu'ils vont entretenir par la suite. L'originalité de ce roman tient au fait que ce récit se fait au travers du regard d'un jeune garçon, Léo, qui vient d'emménager à Montmartre avec sa mère et qui passe les vacances seul.



Le passage entre la vie du jeune garçon et le Paris de la deuxième moitié du XIXème siècle est d'une fluidité remarquable tout le long du récit. L'auteur a choisi, pour le jeune Léo, un monde quasi-apocalyptique à base d'épisodes de canicule interminables et démesurés. Par ailleurs, celui-ci semble être en train de devenir aveugle, puis il va découvrir un peu par hasard que l'appartement de Montmartre a abrité Verlaine et Rimbaud. Au fil de ses recherches, il va faire plusieurs rencontres et cela donnera d'ailleurs lieu à des scènes un peu particulières mais je ne vais pas en dire plus.



En parallèle, la deuxième histoire, Verlaine qui découvre le talent de Rimbaud, leur rencontre, le caractère invivable de Rimbaud, l'histoire d'amour...



La construction est remarquable tant le passage d'une histoire à l'autre se fait sans à-coups allant même jusqu'à quasiment fusionner. L'auteur arrive à jongler habilement entre le Paris du jeune Léo et le Paris à l'époque de Verlaine et Rimbaud avec à la clé des descriptions savoureuses le tout servi par une écriture magnifique et moderne.



C'est donc ici une très belle découverte pour moi. Un roman audacieux avec une construction incroyablement maitrisée et une plume magnifique. J'ai pris du plaisir à découvrir ces histoires qui se rejoignent. Un beau roman à découvrir !
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Comment Baptiste est mort

Que dire en tournant les dernières pages ? On a plutôt envie de décrire ses sentiments en tant que lecteur : colère, bêtise, inhumain, monstre, assassin, mouton, et encore plus. Dialogue entre un jeune garçon et on suppose un psy ou éducateur. Baptiste raconte, par petites touches, ses années de captivité, après avoir été enlevé, lui et sa famille, par des djihadistes. Lecture rapide pour un récit dérangeant avec une scène d'une telle force que ce livre n'est pas pour les âmes sensibles. Trop dur pour moi.



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Fils de roi, portraits d'Égypte

Ce livre se compose d'une série de photographies qui nous font voyager en Egypte. On y découvre en plus de paysages, ses visages et ses maisons, nous plongeant dans une atmosphère intime. Ce voyage n'est pas celui du touriste lambda. Nous sommes guidés par l'auteur de cet ouvrage qui connaît bien le pays. Il ne nous reste plus qu'à profiter.
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Le point d'eau

Avec force pudeur et poésie, Alain Blottière nous parle du renoncement en général et du deuil de l'être cher en particulier
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Le tombeau de Tommy

Une technique littéraire originale: le narrateur veut réaliser un film sur la courte vie de Thomas Elek, jeune juif d'origine hongroise qui a adhéré au mouvement de résistants FTP-MOI.,qui fut arrêté et exécuté avec le groupe Manouchian, ceux de l'Affiche Rouge, le 21.2.44.

Il choisit comme acteur Gabriel,17 ans, jeune lycéen sans expérience cinématographique. Jeune des années 2000, sans idéal, sans rêve d'avenir,va totalement s'identifier au personnage, au risque de perturber son équilibre psychologique.

Le texte alterne entre scènes de tournage du film, références précises aux évènements réels,réflexions du cinéaste sur son rôle et son efficacité à transmettre l'Histoire, et analyse psychologique des différents protagonistes. Les rapports mère-fils, présentés à partir des mémoires de Hélène Elek,qui a survécu aux déportations sont particulièrement émouvants.
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L'enchantement

Avec Alain Blottière, le lecteur ne peut s'attendre qu'à une langue pure et à un ouvrage ou le non-dit l'emporte sur les mots. Ici, dans un décor égyptien, un voyage le long du Nil nous relate l'existence d'un destin articulé autour de: "En me débarrassant un à un de tous mes masques, devant, vous, je parviens enfin à la pauvreté, c'est à dire à la vérité."
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Comment Baptiste est mort

C’est dans le cadre du prix des CBPT (Culture et Bibliothèque Pour Tous) association dont je suis membre, que j’ai eu à lire "Comment Baptiste est mort" le superbe mais terrifiant roman d’Alain Blottière. Et j’avoue que l’ouvrage refermé depuis quelques jours déjà, j’en suis encore retournée.



Il raconte l’après, après l’enlèvement d’une famille par des terroristes dans un désert, après la libération d’un seul des cinq membres de cette famille composée des parents et de trois fils. Baptiste est en effet le seul… et nous assistons à son interrogatoire par une personne non identifiée. Difficile, en effet, de savoir s’il s’agit d’un psychologue destiné à aider Baptiste, devenu Yumaï, ou d’un agent en recherche d’informations sur les ravisseurs, leurs pratiques, le lieu de détention, ou les deux à la fois.



Les chapitres alternent entre interrogatoires et récit intérieur de l’adolescent. J’ai beaucoup aimé ce roman d’une grande force, d’une profondeur indicible, servi par une écriture si simple qu’elle n’interfère en rien dans l’importance des faits. Le dialogue fait de phrases courtes chiches en ponctuation, de questions sans réponses, d’informations livrées sans être sollicitées, sublime les éclaircissements révélés, par bribes, avec douleur. Baptiste est là, certes, mais ailleurs aussi, il a oublié, peut-être, ne souhaite pas dévoiler, sûrement. Il est interrogé mais c’est lui qui mène la conversation… il est des choses qu’il ne veut pas, ne peut pas divulguer. Alors forcément le dialogue est haché, les blancs nombreux, le mutisme récurrent. Et puis vient le récit intérieur de sa mémoire qui petit à petit renaît, les descriptions minutieuses des endroits, de sa vie là-bas où, quelque part il est resté. On s’imprègne de la douleur, de la souffrance, des humiliations, et, parfois d’un espoir, d’un désir d’y retourner, "J’aimerais retourner là-bas rien que pour le ciel, la nuit, la magie des étoiles". Et puis il y a la grotte et ses dessins…"Ces choses sont la preuve que les hommes de ce temps adoraient les djinns comme des dieux, qu’ils étaient des égarés. Je t’ai laissé dans cette grotte (c’est Amir, l’un de ses geôliers qui parle) pour que tu comprennes cela. Que tu voies à quoi ressemble un temple d’égarés avec toutes ces images sacrilèges qu’ils ont dessinées. On va jeter des pierres sur ces icônes illicites, puis on va les cribler de balles et pour finir on fera tout exploser." Et je ne peux m’empêcher de penser à Palmyre. Et le dialogue reprend, difficile, douloureux.



Véritable plongée dans le cœur et la tête d’un adolescent à la personnalité volée par des êtres manipulateurs, à la fois violents et fascinants, étude méticuleuse de leurs procédés, sérieuse réflexion sur le jihad, le récit, sidérant, impensable mérite amplement les prix dont il a été couronné.

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Comment Baptiste est mort

Le récit se détricote au fur et à mesure que les pages se tournent. Il alterne entre les échanges oraux de Baptiste et d’un psychiatre ou d’un agent de l’anti-terrorisme et un texte narratif, linéaire, qui relate les faits. Progressivement, le jeune adolescent, qui a eu 14 ans lors de sa captivité et qui est devenu un « homme », recouvre la mémoire.



Il y a eu l’enlèvement tout d’abord. Ses deux petits frères, sa mère, son père et lui-même ont donc été kidnappés. La peur, l’humiliation et peut-être même la honte, se sont télescopées. L’image dégradée de son père est à mon sens la source originelle de la suite des événements. Lorsqu’on est enfant, la vision du père s’apparente à « mon père ce héros »; adolescent on surfe sur « mon père ce connard »; mais dans notre cas c’est « mon père ce loser ». Et la souffrance infinie de cela est terrible.



La vie d’otage a du ensuite s’organiser -la faim, la soif, la peur, le froid de la nuit qui s’oppose à la chaleur sèche de la journée- rythmée par les AK-47, les prières et les odeurs des tentes.



Plus tard, Baptiste est devenu Yumaï. Le groupe de djihadistes l’a lobotomisé. Il y a eu les pilules du courage mais aussi la solitude, voire l’abandon, dans la grotte dite des « hommes d’avant ». Hypnotisé par la beauté des paysages et de la voie lactée, Baptiste devient à ses dépens un « homme » au sens des terroristes, pour la plus grande satisfaction d’Amir, le gourou du groupe.



Enfin, Baptiste a été relâché. Les autorités françaises l’ont pris en charge. Mais que s’est-il passé? Il faut reconstituer les bribes de souvenirs enfouies dans l’inconscient pour obtenir le puzzle final, sauf que la folie de l’homme est sans aucune limite.



Un roman coup de poing, alourdit par les silences, où il n’y a ni héros ni réponses. Seule l’adolescence, fragile articulation dans nos histoires personnelles, est décortiquée dans sa perte absolue de repères.



Je remercie Gallimard et la fameuse masse critique de Babelio qui m’ont permis de lire cet ouvrage que je vous recommande.
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Le tombeau de Tommy



Roman d’un tournage, roman en miroir où le passé prend corps dans le présent sous les traits d’un adolescent que rien ne prédisposait à priori à tourner un tel rôle, à l’endosser avec une telle force, comme si instinctivement tout l’y poussait, comme s’il en allait de sa vie même.

Comment expliquer qu’un adolescent, à priori comme les autres, libre comme l’air, insouciant, bascule peu à peu dans une réalité à milles lieues de lui jusqu’à la faire sienne. Soixante cinq ans séparent Tommy et Gabriel, et toutes ces années ne comptent plus…



« A ce moment-là, dès le premier jour de tournage avec Gabriel, après avoir entendu sa démarche et entendu sa voix, l’idée de possession m’est venue à l’esprit. Après mille précautions. Je n’ai jamais pensé à une incarnation surnaturelle, à un prodige spirite ou autre grande farce grand-guignolesque. Non, mais à un phénomène seulement étrange, qui venait peut-être de mon vertigineux désir de revoir Tommy revenir et s’incarner. »



L’irruption de Gabriel dans le film, comme s’il était prédestiné, bouscule grandement les plans du cinéaste en même temps qu’il les sert et les magnifie au-delà de toute espérance. Et c’est là toute l’ambigüité… Au départ, il n’était pas question pour le cinéaste de réaliser un film trop « sentimental », trop facilement mélodramatique, d’où le choix de Tommy plutôt que celui de Rayman ou de Wajsbrot. « Je ne voulais pas aimer Gabriel, tout comme je ne voulais pas aimer Tommy. ». Une seule ligne directrice : être au plus proche de la réalité historique, ne pas trahir, ne pas inventer surtout, ne pas sur jouer, ni embellir, mais être au plus près de la réalité, telle qu’elle fut.

Mais c’était sans compter Gabriel. Gabriel qui endosse le manteau de Tommy pour ne plus le quitter, Gabriel qui le rend présent, presque tangible. Gabriel qui se fait l’interprète (au sens premier du terme) de Tommy auprès du cinéaste…

Etrange jeu de miroirs… Tandis que la caméra tourne, la vie de Tommy défile sous les projecteurs, dans toute sa complexité, alors que celle de Gabriel se métamorphose, s’emplit et bascule.



« Comment filmer un héros ? »…

Oui comment ? sans le diminuer, le tromper… ou sans l’incarner, totalement, sans restriction et sans limite, au péril de sa vie…

Lente descente aux enfers dans un processus d’identification, de fusion, dangereuse et bouleversante. L’adolescent touche du doigt, dévoile ce que l’adulte ne peut percevoir, dans un face à face quasi mystique. Et tandis que le film s’infléchit, riche de cette confrontation entre deux adolescents que soixante cinq ans pourtant séparent, le cinéaste découvre, dans cette mise en abyme, un sentiment qu’il avait inconsciemment mis à l’écart, qu’il n’avait pas su voir, avant, l’attachement d’un père pour son fils, le secret de Gabriel, peut-être…



Le tombeau de Tommy est aussi celui de l’enfance de Gabriel, de son innocence et de son insouciance. Gabriel n’est pas un acteur, il n’a pas joué, il a été… Tommy. Son double, celui qui le sauve de l’oubli, cette deuxième mort. Celui qui offre une sépulture, un "tombeau" à celui qui en fut privé, assassiné, un certain 21 février 1944, au Mont-Valérien. Mais le prix est lourd à payer, lourd de retentissements intimes, imprévisibles et dévastateurs…



Comment filmer un héros ? Comment transmettre l’Histoire, celle de ces héros, si jeunes, dont l’existence après avoir été brisée, menace de sombrer dans l’oubli…

Comment transmettre… Faire comprendre (prendre avec, tout contre soi) sans trahir…

Histoire de transmission, d’héritage, de sens à donner à la vie….



Il faut lire « Le tombeau de Tommy » et l’aimer dans toute sa complexité, dans ce face à face entre le présent et le passé, dans ce face à face avec un tout jeune homme, Tommy, qui va tout au bout de ses actes pour que l’espérance et la liberté ne soient pas de vains mots.

Ce livre m’a transpercée plus que je ne saurais le dire.

Un grand coup de cœur.
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Azur noir

Léo habite le 14 rue Nicolet où, en d’autres temps, Verlaine et Rimbaud ont vécu un moment de leur liaison. C’est avec frénésie que le jeune homme suit la trace des deux poètes, il se fait presque voyant lui qui perd la vue tranquillement tant son exaltation semble le conduire au bord de l’hystérie, tant sont proches de lui ces deux fantômes du passé. Blottière sait recréer l’atmosphère du Paris de ces années-là et décrire avec force l’emportement de ses trois protagonistes. C’est l’occasion aussi pour nous de nous retremper dans le monde des deux poètes et de vivre de l’intérieur leur passion et leurs dérives. Un beau roman !
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